Vichy-pirate : le retour !
L’attentat à la bombe, perpétré le 3 décembre 1996 à la station Port-Royal du RER, à Paris, a fait sortir les CRS, les gendarmes mobiles et les parachutistes de leurs cantonnements. Le soir même, en effet, le plan Vigipirate était rétabli. Depuis, les citoyens de ce pays qui ont le tort d’avoir la peau un peu trop colorée sont de nouveau sous le regard de policiers peut-être plus attentifs à les contrôler qu’à la recherche d’un éventuel paquet suspect. Comment oublier les communiqués triomphants – il y a un an – nous expliquant que les réseaux terroristes avaient été démantelés ? À quoi peut donc servir cette police, si nombreuse – si pugnace souvent –, si elle est incapable d’assurer la sécurité des hommes et des femmes de ce pays ?
Depuis le 3 décembre, la chasse aux terroristes a été déclarée ouverte. Bien. Il n’en reste pas moins que cette nouvelle expression de la sauvagerie a des retombées qui permettent au gouvernement de replacer à l’arrière-plan les mauvais sondages du Premier ministre, les divisions de la majorité et les « affaires » financières crapuleuses d’un certain nombre d’éminences de ce régime. Il est certain, également, que la police, chargée de la sécurité et des biens de tous, se préoccupe surtout de la sécurité des biens de certains, dans le même temps qu’elle terrorise les jeunes issus de l’immigration maghrébine, et les jeunes Noirs, dans les ghettos de la banlieue, les poussant ainsi à la haine, s’étonnant ensuite de les voir sensibilisés au chant des sirènes des mollahs intégristes. Vichy-pirate est donc de retour et si cette occupation des lieux publics par des forces de l’ordre de plus en plus encombrantes peut rassurer les bien-pensants, elle ne peut qu’inquiéter les esprits libres, bien persuadés que cette surveillance policière accrue vient à point nommé pour museler une possible contestation.
Janvier 1997
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