La Légion saute, sur le métro
Le 9 janvier 1997 est un jour à marquer d’une pierre noire. De quoi s’agit-il ? Peu de chose en fait, pour certains ; d’une opération tout à fait inacceptable si l’on y regarde de plus près. Dès l’aube, trois cent cinquante légionnaires du 3e R.E.I. ont été introduits dans le métro parisien, en treillis de combat, béret vert et fusil d’assaut à la hanche. Comme si la police et la gendarmerie mobile – accompagnée de parachutistes – ne suffisait plus. Dans le cadre de l’opération Vigipirate, ces hommes ont été affectés, pour deux semaines, à la sécurité des Parisiens, dans le RER, les gares et le métro de la capitale. Ce groupe de militaires était de retour d’opérations récentes au Gabon et en Centrafrique. Naïvement, nous étions persuadés que la Légion n’était utilisée que dans les conflits postcoloniaux. À moins que les Français soient désormais considérés comme des « bougnoules » qu’il convient de surveiller avec la plus grande attention.
Curieusement, la presse écrite n’a pas fait ses choux gras de cette information. Plus généralement, l’opinion publique a oublié qu’en avril 1961, lors du putsch des généraux, à Alger, le 1er régiment de parachutistes de la Légion représentait l’unité la plus sûre de ces militaires félons – comme on dit. Comment oublier la menace faite, depuis Alger, de faire sauter ces parachutistes sur Paris pour mettre les Français au pas ? En ces temps déjà anciens, le Premier ministre s’appelait Michel Debré et cet incorruptible avait demandé, par radio, aux Parisiens de se tenir en alerte pour empêcher cette troupe dévoyée de s’emparer de la capitale pour la soumettre aux ordres de l’OAS. D’un Debré à l’autre… (Sur le comportement des légionnaires dans le RER, se reporter absolument à l’enquête consacrée à ce sujet par Le Monde du 24 janvier 1997.)
Février 1997
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