Adjoints de sécurité
Nous y sommes. Le projet de Jean-Pierre Chevènement consistant à alléger, à sa manière, le chômage des jeunes, vient d’être formalisé. Un décret et deux arrêtés ont été publiés dans ce sens au Journal officiel du 4 novembre. Il y aura donc 8250 chômeurs de moins mais autant de policiers de complément, en 1998. À ces jeunes recrues, qui devront « être dotées d’une constitution particulièrement robuste », on ne demandera aucune « condition de diplôme ou de formation » particulières. Il n’en reste pas moins que si leur candidature est jugée recevable, tous seront soumis à des tests psychologiques, suivis d’une formation professionnelle de deux mois. Placés sous les ordres de fonctionnaires de la police nationale, ces « adjoints de sécurité », âgés de moins de vingt-six ans, ne participeront pas aux opérations de maintien de l’ordre, mais n’en seront pas moins dotés d’une arme de service. Curieusement, on demandera à ces supplétifs de la police nationale de « contribuer aux actions d’intégration, notamment en direction des étrangers »… Cette précision ne saurait déplaire à MM. Pasqua et Debré, et moins encore à un certain Jean-Marie Le Pen. Au final, il serait odieux qu’au travers d’une apparente volonté de réduire le chômage des jeunes des milliers d’entre eux soient utilisés, tels les harkis en Algérie car, n’en doutons pas, il se trouvera de bonnes âmes pour suggérer aux jeunes issus de l’immigration algérienne de devenir ces « adjoints de sécurité » tellement utiles à une société qui s’inquiète surtout de la montée conjointe du chômage et de l’idéologie du Front national.
Décembre 1997
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