La trique et la rose
Notre ami Siné traduit toujours aussi remarquablement le comportement de nos forces de l’ordre, qui n’a guère varié depuis le mois de juin 1997. Nos policiers sont toujours aussi violents, toujours aussi racistes, toujours aussi asociaux. Même au service d’un gouvernement de gauche. Nous savions que les policiers n’aimaient pas les immigrés, nous avons désormais la certitude qu’ils n’apprécient pas davantage les chômeurs. Entre le 1er et le 12 janvier, ces hommes en uniforme, qui ont trouvé leur propre solution au problème de l’emploi en choisissant de servir dans la police, n’ont pas failli à leur devoir en procédant à l’évacuation des locaux sociaux occupés par les chômeurs. Le plus souvent sans trop de violence, il faut le reconnaître, mais parfois très brutalement comme à Paris, à Limoux ou à Arras. Il faut avoir vu, à la télévision, les images de ces exclus, violemment matraqués ou jetés à terre, pour comprendre la capacité de nos policiers à combattre l’ennemi intérieur quel qu’il soit.
Demain, sous un autre gouvernement, ils n’hésiteront peut-être pas à se conduire de la même façon avec des ouvriers en grève ou des militants politiques ou syndicaux. Il est vrai que l’exemple est venu d’en haut : après le coup de clairon de Lionel Jospin sur « l’occupation illégale des bureaux Assedic », auquel répondait le propos dédaigneux de Jean-Pierre Chevènement sur les « spécialistes du sit-in », les policiers pouvaient passer à l’action sans états d’âme, et pas plus de cauchemars que notre gauche plurielle…
Février 1998
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