Le culte de la sécurité
Lors de son intervention sur France 2, le 6 octobre 1998, le Premier ministre, Lionel Jospin, s’est évertué à nous convaincre que l’ordre était aussi une notion de gauche, et que cela ne mettait nullement en cause une politique de mouvement. Sans doute voulait-il dire « de gauche ». Hélas, le miel des paroles enrobe mal les arrière-pensées que dissimule cet ordre. Il s’agit en clair d’une politique sécuritaire qui n’est en rien différente de celle des devanciers de cette gauche plurielle au pouvoir. On peut le constater chaque jour avec la force brutale mise en œuvre contre les sans-papiers, et le comportement des policiers face aux SDF et aux squatters. On le voit mieux encore en ce qui concerne les fameux emplois jeunes, qui s’inscrivent surtout dans le domaine de la sécurité. Lors des récentes grèves des transports en commun, cheminots et employés de la RATP dénonçaient prioritairement le manque de personnel, mais la solution proposée aurait pu l’être par Pasqua, Debré, ou même Le Pen : augmenter le nombre d’agents de sécurité, c’est-à -dire répressifs. Nous savons d’expérience que la présence policière ne fait souvent qu’aggraver les problèmes. Les policiers ne sont pas là pour calmer les tensions mais pour réprimer. Une société policière ne peut jamais protéger la démocratie…
Novembre 1998
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