Les successeurs
Lorsque les policiers partent en retraite, il faut bien les remplacer. Logique. Pourtant, si 4800 policiers vont quitter le service, en 1999, ils sont d’ores et déjà remplacés par plus de 6100 petits nouveaux, frais émoulus des écoles de police et presque tous munis du baccalauréat. Les tenants du tout sécuritaire ne peuvent qu’être satisfaits : on ne chôme pas dans le domaine de l’ordre public. S’il en allait de même à chaque fournée de départs en retraite, dans les entreprises, le problème du chômage serait rapidement réglé dans ce pays.
Il paraît que ces nouveaux retraités font partie de la génération recrutée suite aux événements de mai 1968. Ceux qui, sous Marcellin, Poniatowski et Bonnet, ont conduit la chasse aux étudiants et aux lycéens, puis sous les ordres de Pasqua puis Debré et… Chevènement ont perfectionné un apartheid à la française, avec charters en bout de piste, partent planter leur jardin, doivent sans doute avoir la conscience tranquille. Et puis, ce n’est plus leur problème. Cette volonté d’anticiper les départs en retraite ne peut que contribuer à renforcer davantage encore les effectifs policiers, mais les syndicats professionnels estiment que « cet effort » est encore insuffisant et qu’il est nécessaire de le poursuivre jusqu’en 2004. Qu’en sera-t-il alors que le budget de la police atteint déjà la coquette somme de 24 milliards de francs ? Il est vrai qu’au siècle prochain, nous compterons en euros et la facture paraîtra ainsi moins élevée…
Septembre 1999
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