Sans intention
Le 31 août 1998, un policier de la BAC, en poste à Tarbes, prend la décision de faire régner la justice à sa manière. Ce gardien de l’ordre public, à une heure où il n’est pas de service, abat de sang-froid un SDF qui a eu le culot de lui demander une cigarette. Mais, dans cette petite ville, le maire – communiste – a décrété que la mendicité est interdite. Décidé à faire respecter les édits, le policier dégaine posément son arme et tire quatre balles dans le dos du guenilleux. 1 à O pour le policier, et le SDF n’aura plus à souffrir des rigueurs de l’hiver. Près de deux ans après cet assassinat – il n’y a pas d’autre mot pour qualifier cette intervention policière –, les jurés de la cour d’assises des Hautes-Pyrénées ont condamné le flingueur à dix ans de prison ferme mais en requalifiant les faits, homicide volontaire, en coups et blessures sans intention de donner la mort.
Les témoins, présents sur les lieux, ont entendu des propos, rapportés par le chroniqueur du Monde qui assiste au procès : « Je suis policier, j’ai une arme. Si je veux, je te mets une balle sans problème » ou « Si tu bouges, je te plombe. » Pour ses supérieurs, ce délinquant en uniforme était un bon élément, « sûr et solide pour les missions difficiles ». Le 9 juin 2000, à l’énoncé du verdict, les nombreux policiers présents dans la salle ont donc hurlé à l’injustice – certains manifestant leur intention de démissionner de la police. Chiche…
Juillet-Août 2000
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