La rose et le bâton
Lorsque la gauche se veut plus répressive, la droite fait la moue. Nos socialistes étant persuadés d’avoir perdu les élections municipales à cause de leur faiblesse dans le domaine du sécuritaire, il leur paraît indispensable de faire de la surenchère et d’agiter plus vigoureusement le bâton que d’offrir des roses – sinon du pain. Au premier plan de ses préoccupations, la délinquance des mineurs. D’où cette volonté de Lionel Jospin et de son équipe de rompre avec un discours qualifié d’« angélique ». Ce qui devrait réjouir les partis de droite, mais ces formations témoignent d’une insatisfaction permanente, qualifiant la gauche de faible. En effet, même si la gauche se veut aussi répressive que la droite, elle sera toujours jugée incompétente. Seul peut être Jean-Pierre Chevènement trouvait grâce aux yeux de la droite lorsqu’il lançait les BAC contre les « sauvageons » des banlieues.
Les débats parlementaires sur la loi « sécurité quotidienne » sont révélateurs de cette volonté de la gauche plurielle de jouer les pères Fouettard bien plus que de s’inquiéter de la véritable violence : l’arrogance patronale et le développement de la précarité. Un des axes de réflexion consiste à aggraver l’ordonnance du 2 février 1945 relative à la délinquance juvénile. Ce qui permettrait de peupler les prisons de jeunes de treize ans – et peut-être moins. Dans leur splendide isolement, Debré tout comme Chevènement doivent estimer qu’ils ont malgré tout semé le bon grain et permis d’activer la haine des policiers dont les effectifs ne cessent d’augmenter. Curieux paradoxe, la gauche reproche à la droite de n’avoir pas suffisamment recruté de 1993 à 1997…
Juin-Juillet 2001
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