Pauvre police
La police est mal lotie, et crie misère. Les policiers se sentent mal aimés et calment leur chagrin en retournant leur hargne contre les jeunes des banlieues. Le mal de vivre des défenseurs de l’ordre public est pourtant bien ordinaire. Qui peut prétendre, en effet, se sentir tout à fait à l’aise sur son lieu de travail ? Les commissariats de police seraient-ils plus infects que certains ateliers ou usines où l’on travaille dans le bruit et la pollution, avec des cadences infernales ? Les policiers aimeraient, comme tout un chacun, disposer d’horaires de travail à leur convenance et « travailler » dans des locaux aseptisés. Quoi de plus naturel. Dans cette « profession », où nul ne peut craindre les licenciements (révocations) sauf faute professionnelle très lourde, il est rarissime de voir les képis prendre fait et cause pour protester contre les conditions de vie et de travail des autres salariés. Il faudrait pourtant s’attendrir sur la précarité des locaux de police et se proclamer solidaires de ces fonctionnaires dont les outils de travail (revolver, matraque, gaz lacrymogène et menottes) constituent une panoplie peu conviviale.
Faute d’être entendus, les policiers en tenue se sont mis en grève des PV, le 5 juin, sur le mot d’ordre peu réglementaire : « Limitation de l’action de la police à la seule prévention des infractions mineures ». Que leur dire d’autre, sinon continuez ! Finalement, si leur sort de mercenaires du pouvoir ne leur convient pas, qu’ils cherchent une autre activité. Au moins, le soir, de retour de leur travail, ils pourront se regarder dans une glace sans avoir honte. Comment ne pas compatir au triste sort de ces policiers qui se plaignent, comme l’a rapporté Libération, daté du 4 juin 2001, de ce qu’il a fallu deux rapports pour obtenir un dévidoir de papier hygiénique. À ce stade, une conclusion s’impose : qu’ils aillent faire leurs besoins ailleurs et oublient leurs habituelles victimes !
Septembre 2001
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