Inciviques
Depuis le colloque de Villepinte, à l’automne 1997, on nous rebat les oreilles avec cette sacro-sainte sécurité, qui serait une « valeur de gauche » incontournable. Dans ce cadre, Jean-Pierre Chevènement s’était plu à mettre l’accent sur ces « délits d’incivilité » censés gangrener les établissements scolaires dans les quartiers dits « sensibles ». Pour les tenants de cette idéologie de la répression, qualifiée de « tolérance zéro », ou théorie du « carreau cassé » aux USA, la France profonde serait menacée par ces hordes qui remettraient en cause les fondements même de l’État républicain. Il serait peut-être temps de prendre conscience de la sinistre réalité. L’incivilité est devenue le fait d’une forte proportion des citoyens de ce pays : conduite meurtrière des automobilistes – souvent avinés – (refus de priorité et queues de poisson, injures, voies de fait, etc.), sexisme ambiant, racisme ordinaire. De quoi occuper suffisamment policiers et gendarmes qui préfèrent ne pas voir ce reflet de leur propre comportement. Bien que nous ne soyons pas fanatiques de répression, la question doit être posée : à quoi servent ces forces de l’ordre dont la seule motivation paraît être la chasse aux jeunes Français dont la famille est visiblement venue d’ailleurs ? Il est possible d’affirmer que cette police musclée et arrogante n’est pas celle d’un État qui se veut démocratique. C’est en fait la démocratie qui perd sa dignité en tolérant des dérives considérées comme naturelles dans les régimes autoritaires. La police est incivique, et il ne faut jamais manquer de le faire savoir.
Octobre 2001
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