Le syndrome sécuritaire
Le citoyen qui lit les gazettes, de droite comme de gauche, est de plus en plus persuadé qu’il est en situation d’insécurité permanente. On lui répète à longueur de colonnes qu’il doit avoir peur. Les sondages confirment donc que les policiers sont le dernier rempart de la République. Il y a, certes, des malfrats, mais pas plus que du temps de la droite au pouvoir. Plus généralement, nous le savons, la police s’intéresse bien plus aux jeunes des banlieues qu’aux truands du grand banditisme. Il est vrai que des policiers meurent, parfois, « victimes du devoir », comme on dit. Nul ne peut s’en réjouir, mais il y a beaucoup plus d’accidents du travail meurtriers, et cela n’encombre pas les pages de la presse écrite ou les écrans de télévision. Ne mélangeons pas les genres : les uns participent au développement économique du pays, les autres étant censés défendre les institutions. La population, sensibilisée par une lourde campagne sécuritaire, qui tient lieu de débat politique, devrait se sentir réconfortée par la vue de nombreux uniformes dans les gares et les correspondances des lignes de métro. Depuis bientôt quatre mois, si la réactivation du plan Vigipirate n’a pas permis l’arrestation du moindre terroriste, les centres de rétention pour étrangers sans papiers souffrent du même surpeuplement que les prisons. Il faut bien que nos policiers fassent du chiffre pour rassurer cette France profonde qui préfère la protection illusoire d’un État fort que celle d’une véritable démocratie.
Janvier 2002
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