La trique !
Nous y sommes. Le 6 mai, au lendemain de la « brillante » réélection de Jacques Chirac à la présidence de la République, le Premier ministre, immédiatement nommé, Jean-Pierre Raffarin, prenait comme directeur de cabinet le patron de la gendarmerie nationale. C’était déjà plus qu’un clin d’œil. Ce même 6 mai, Éric Raoult revendiquait la création de centres fermés pour les « sauvageons ». Le 7 mai, nous apprenions la nomination de Nicolas Sarkozy à la tête d’un grand ministère de l’Intérieur, flanqué de Patrick Devedjian, chargé des libertés locales. (Tiens ! deux rejetons d’immigrés pour nous protéger de l’ennemi clairement désigné : les jeunes des banlieues issus de l’immigration maghrébine.) Décidément, nous sommes chaudement habillés pour les semaines à venir.
Nous sommes prévenus : tous suspects, tous coupables potentiels, tous surveillés en tout cas. Nos socialistes l’ont voulu, mais c’est la droite « républicaine » qui va mettre en lambeaux ce qui subsiste de démocratie formelle dans ce pays. Avant d’avoir claqué la porte, au soir du 21 avril, Lionel Jospin avait pris soin de laisser en héritage cette loi sécurité quotidienne (LSQ), loi liberticide, et la remise à plat de la loi sur la présomption d’innocence. Merci à Julien Dray, maître d’œuvre de ces réformes. Merci à cette gauche convenable qui a préparé le terrain du tout répressif à une droite revenue au pouvoir avec cette soif de revanche qui s’annonce déjà , accompagnée de proclamations dangereuses. Ainsi, cette véritable déclaration de guerre du doux UDF, Gilles de Robien : « Nous allons reconquérir les quartiers ! » On sait ce que vaut l’aune de tels discours.
Juin-Juillet 2002
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