quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? Bulletin intérieur d’information – Numéro 56 – Décembre 1999

ÉDITORIAL : Dissolution des BAC

En période répressive, on voit apparaître régulièrement, dans notre douce France, des corps de police dont la violence dépasse les pratiques habituelles, déjà peu conviviales. Dans l’immédiat avant-guerre, il y avait les gardes mobiles, qui officiaient au temps du Front populaire. Sous l’occupation allemande, ce fut la création des Brigades spéciales, composées de véritables assassins, dont les membres étaient recrutés sur la base du volontariat dans chaque commissariat de police.

Dès 1945, sans véritable nécessité d’État, nous avons assisté à la création du corps des CRS, lesquels avaient pour vocation de prendre le relais des GMR, sinistre fer de lance de la police de Vichy. Ces GMR étaient surtout spécialisés dans la chasse aux résistants, et aux maquisards, aux côtés de la Milice de Darnand. Les CRS, peu après leur apparition; furent lancés contre les mineurs et les dockers en grève, en 1948.

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Au fil du temps, selon les circonstances, nous avons vu parader les « voltigeurs », ces passagers du siège arrière des motos, dont la tâche consistait à matraquer, au hasard, après la dispersion des manifestations. C’est ainsi qu’est mort – assassiné – l’étudiant marocain Malik Oussekine, dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986 à Paris.

Quelques années plus tard, ce corps d’élite était dissous, mais rapidement, nous avons bénéficié de la création des BAC (Brigades anti-criminalité). Ces policiers, recrutés sur la base du volontariat, sont également très attentifs à la qualité de vie des jeunes des banlieues dites sensibles, auxquels ils empoisonnent la vie au quotidien.

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Ces policiers, provocateurs, violents et racistes, ne sont en rien les représentants d’un ordre que l’on qualifie tranquillement de «Républicains». S’il est un acte de salubrité publique à exiger prioritairement, c’est la dissolution des BAC.
Motif : trouble à l’ordre public !

Maurice Rajsfus

LA POLICE SOCIALISTE VEILLE

Police nationale : ça se corse

La Commission d’enquête parlementaire sur le fonctionnement des forces de sécurité en Corse a rendu récemment son rapport. Il semble que les défenseurs de l’ordre public, présents dans l’Ile se soient surtout appliqués à rejeter les responsabilités sur leurs collègues. Des députés commentent : « II est regrettable que certains chefs de service de la police nationale aient cru bon de se livrer à des règlements de compte devant la Commission. Cette attitude, extrêmement grave, s’agissant d’officiers de police judiciaire, conduit à s’interroger sur le contrôle hiérarchique exercé par les plus hauts responsables de la police nationale. » On ne le leur fait pas dire. Nous attendons impatiemment les suites de ce rapport et les réactions de Jean-Pierre Chevènement.
(Source, Le Canard Enchaîné, 17 novembre 1999)

Îlotage musclé

« Le ministre veut faire des CRS une police de proximité. Matignon tique ». Cette information fournie par Libération évoque la constitution d’un « îlotage musclé », tel que l’envisage Jean-Pierre Chevènement. Ce qui promet un avenir radieux pour nos banlieues. Le ministre de l’Intérieur voudrait faire croire qu’en «fidélisant» les CRS sur un territoire limité, alors qu’ils ont un statut de nomades une police de proximité succéderait à une police d’ordre. Lorsque l’on connaît les exploits des CRS, il est permis de s’interroger sur l’évolution de la police telle que l’envisage le ministre de l’Intérieur. A suivre.
(Source, Libération, 9 novembre 1999)

Sondage

Selon une enquête Sélection/CSA, publiée au mois de novembre, 75 % des personnes interrogées éprouveraient sympathie et confiance envers les forces de l’ordre. Dans le prochain bulletin, nous analyserons ce pourcentage en grattant un peu sous le vernis de cette performance statistique.

Quand la police fait son cinéma

Nous avons reçu tardivement un communiqué qu’il est important de publier dans notre bulletin. Il émane de l’Association Résistance à l’agression publicitaire. « Le soir du lundi 27 septembre 1999, au cinéma UGC-Montparnasse quinze militants avaient choisi de couvrir le son de la publicité en soufflant dans des cornes de carnaval… Après la publicité, tout est rentré dans l’ordre et l’on attendait le long métrage. Mais une quinzaine de policiers ont fait irruption dans la salle, en expulsant sans ménagement six des militants, dénoncés par les employés du cinéma. Dans le hall, suite au comportement brutal de l’un des policiers, l’interpellation a dégénéré. Une militante, de faible corpulence et âgée d’une cinquantaine d’années, pour s’être plainte d’avoir été bousculée, s’est retrouvée plaquée au sol, les mains menottées dans le dos. Deux autres militants, pour avoir protesté verbalement contre ce mauvais traitement, se sont également trouvés menottés. Les six manifestants ont ensuite été emmenés dans un commissariat du VIe arrondissement pour les interrogatoires d’usage. Ils risquent d’être poursuivis pour trouble à l’ordre public, mais ne vaut-il pas mieux parler, en l’occurrence, de trouble à l’ordre publicitaire? RAP dénonce la disproportion entre l’action bonne enfant de ses militants et la brutale répression policière qui semblait plutôt s’adresser à de dangereux émeutiers… » Belle action d’éclat de la police parisienne à ajouter à un palmarès déjà bien rempli.
(Communiqué du 29 septembre 1999)

CRS contre harkis

I1 y a quarante ans, la France colonialiste s’était offert l’ignoble joie de transformer des milliers d’Algériens en supplétifs des forces de répression. Comme toute ignominie a sa morale les harkis, et leurs enfants, qui se croyaient Français à part entière, désiraient déposer une gerbe sur la tombe du soldat inconnu, le 11 novembre 1999. Grossière erreur : ces patriotes de complément se sont heurtés aux CRS dépêchés par la préfecture de police. Notre pays, gouverné par la gauche plurielle, n’allait tout de même pas laisser ces Français à la peau basanée  » troubler  » une cérémonie à la gloire d’un inconnu sans doute bien blanc.
(Source, Libération, 12 novembre 1999)

Rallye permanent

Comme chacun sait, lorsque les policiers circulent avec leur véhicule de service – en mission ou pas – la chaussée leur appartient. C’est un rallye permanent, à grands coups d’avertisseurs et de gyrophares clignotants, et les pékins ont intérêt à s’écarter impérativement. Le 13 novembre, sur la RN 7, près de Villefranche-sur-Saône, cinq occupants d’une 405 ont été tués  » après un accrochage avec un fourgon de la CRS de Roanne, avant de percuter un autre véhicule de police.  » Cette information, qui souffre de précisions indispensables, provient sans aucun doute d’un communiqué aux termes bien balancés. Attendons la suite.
(Source, Libération, 15 novembre 1999)

Cassation pour les castagneurs

Les mois passent et il semble que la France ne soit pas disposée à obtempérer à la décision de la Cour européenne des droits de l’homme. En effet, par arrêt du 28 juillet 1999, la victime des policiers de Bobigny (Se reporter à Que fait la Police? septembre 1999) devait recevoir 500 000 francs, à titre de « dommages moraux et matériels ». Par ailleurs, les cinq policiers de Bobigny, tortionnaires d’un dealer… en 1991, n’ont toujours pas quitté leur poste. Suite au verdict du tribunal de Versailles, les condamnant le 01 juillet 1999, et au recours en cassation, le dossier paraît bloqué pour au moins une année de plus. Dans cette affaire, même si ces policiers sont finalement condamnés – même à des peines légères – la procédure à duré au moins dix ans. Moralité : mieux vaut être un policier tortionnaire que voleur de pommes.
(Source, Libération 12 novembre 1999).

Pénurie de commissaires ?

De passage à Mulhouse, le 12 octobre, le secrétaire général du Syndicat des commissaires et hauts fonctionnaires de la police nationale a tiré le signal d’alarme :  » Il n’y a plus, actuellement, que 2 100 commissaires de police en France et, en 2010, il n’y en aura plus que 1700. Les officiers ont déjà perdu 2 000 des leurs sur 18 000, et sont amenés à en perdre 3 900 dans les quatre ans à venir. Cela a fait baisser les taux d’élucidation des affaires… On va droit dans le mur!  » Si l’on faisait la quête pour doter nos commissaires d’un airbag…
(Source, Les Dernières nouvelles d’Alsace)

Adjoints de sécurité

Le même commissaire de police s’est laissé aller à critiquer les emplois jeunes de la police, ces adjoints de sécurité (ADS) chers à Jean-Pierre Chevènement : «On a tort de considérer les adjoints de sécurité comme des policiers à part entière, alors qu’ils n’ont pas toutes les compétences. Cette dérive nous semble poser problème. Comment expliquer les notions judiciaires des jeunes ADS qui sont en échec scolaire? » Bien dit, mais il serait également nécessaire d’expliquer ces notions aux policiers des BAC qui sévissent dans les banlieues.
(Source, Les Dernières nouvelles d’Alsace)

Pandores intouchables

Deux gendarmes, poursuivis pour subordination de témoins ont comparu devant le tribunal correctionnel de Montbrison (Loire). Tous deux ayant pris leur retraite anticipée avant de se retrouver sur le banc d’infamie. L’un d’eux, commandant de la brigade de gendarmerie de la ville, déjà poursuivi pour faux et usage de faux en écriture dans une autre affaire, était connu pour son acharnement à poursuivre toute infraction. Les deux pandores ont été relaxés, bien que le représentant du parquet ait stigmatisé la volonté de préserver à tout prix l’image de la gendarmerie. Tout naturellement, le parquet de Montbrison a fait appel de ce jugement.
(Source, Le Progrès, 30 octobre 1999)

EN BREF….

Triste policier

Le 01 novembre, deux employés d’un sauna Gay de Paris étaient assassinés et un troisième grièvement blessé. La recette du jour, 20000 francs était emportés par l’agresseur. C’est le 3 novembre que le meurtrier, un policier de Thionville, était arrêté suite à ses aveux. Ce policier, père de cinq enfants avait, dit-il, des besoins d’argent. Cet homme, dont les supérieurs ne disent pas qu’il était sérieux et bien noté, avait simplement oublié son arme de service sur le lieu du crime.
(Source, Libération, 4 novembre 1999)

En douceur

La veille de l’arrivée à Paris du grand gourou islamiste iranien Khatani, la police parisienne, sur autorisation du Parquet, a procédé à l’arrestation musclée de plusieurs dizaines d’opposants au régime de Téhéran. Une jeune femme, libérée quelques heures après son interpellation, témoignait à la télévision : « Ils nous ont attaqués dans notre chambre, pointé sur nous des revolvers, et cassé nos ordinateurs… » Avec menottes dans le dos, bien entendu.
(Source FR 3, 27 octobre 1999)

Effectifs

La vieille garde policière, recrutée au temps de Marcellin va bientôt partir en retraite. En visite dans les commissariats de police, et sur le terrain, à Vélizy, le 15 novembre, Lionel Jospin a tenu à rassurer les tenants de l’ idéologie sécuritaire en annonçant l’embauche progressive de 25 000 policiers. On se sent rassurés…
(Source, Libération, 16 novembre 1999)

Convivialité

Au cours de sa tournée des popotes, dans l’Essonne, le 15 novembre, Lionel Jospin a tenu lancé un clin d’Å“il à la jeunesse des banlieues :  » Il convient de faire en sorte que des jeunes de tous les quartiers, et de toutes origines sociales soient en encouragés à entrer dans la police nationale…  » C’est le modèle américain, tant vanté par le ministre de l’Intérieur : des policiers chinois à Chinatown, des policiers noirs à Harlem. Rien de tel pour la paix sociale..
(Source, Le Monde, 17 novembre 1999)

Modèle

Depuis juin 1997, Jean-Pierre Chevènement s’est toujours montré admiratif du modèle fourni par la police américaine. Qu’on en juge. À Los Angeles, il est question de policiers dépravés, d’arrestations musclés d’innocents, faux témoignages, prostitution, trafic de drogue organisé, etc. II ne s’agit pas ici des dérives de quelques ripoux mais des exploits de toute une brigade, se comportant tel un gang. L’ un des policiers repentis a comparé ces pratiques à « un cancer qui s’est développé pendant longtemps sans avoir été traité. » C’est le Los Angeles Times qui a fait ces révélations.
(Source, Le Journal du Dimanche, 14 novembre 1999)

Bibine

Un policier de Saint-Amand Montrond (18) a été écarté de ses fonctions, après avoir, dans un rapport, dénoncé l’alcoolisme de ses « collègues ». L’IGS n’a pas voulu tenir compte de cette information désespérante pour l’image du corps policier.
(Source, FR 3, 22 novembre 1999)

Surprotégés

Le sénateur RPR du Haut-Rhin estime que les Français ne bénéficient que d’une sécurité limitée. Il lance un appel pour donner plus de moyens aux policiers, aux gendarmes, aux parquets, aux juridictions pénales, juges des enfants, juges d’application des peines… Au secours. Nous avons déjà le sentiment d’être surprotégés par les forces de l’ordre.
(Source, Les Dernières nouvelles d’Alsace, 24 octobre 1999)

Rap-CRS

Un CRS, dont il est charitable de taire le nom, vient d’écrire un rap pour répondre aux à « assertions » de Ministère Amer sur la police. Afin de défendre sur scène l’honneur de la police et de faire graver sur disque son petit « poulet » ce CRS cherche activement des sponsors. On affirme, dans le milieu policier, que cette intrusion d’un CRS dans le rap, présenté aux « collègues » en petit comité, aurait obtenu le plus grand succès.
(Source, Europe 1, 20 novembre 1999)

Gentils pandores

À Lagon, village situé à vingt kilomètres de Pau, début novembre, plusieurs jeunes faisaient de la planche à roulettes sur un parking. Une voiture les gênant un peu, ils l’on déplacée, et la propriétaire a averti la gendarmerie de Lagon. Les jeunes, âgés de 11 à 13 ans, ont été amenés à la gendarmerie. En rentrant le soir, le garçon de 11 ans a dit à ses parents: « Je suis un voyou, un délinquant », et sort dehors. Ses parents l’ont retrouvé, pendu dans la grange. Sur les journaux et les radios, rien. Une mort naturelle sans doute. (Correspondant, Pau)

Grand froid

À Tours, on a trouvé le corps d’une jeune femme dans le congélateur d’un fonctionnaire de police. La jeune femme avait disparu depuis plus d’un mois. Motif, le policier, interpellé a expliqué qu’il n’avait pas supporté l’idée que son amie puisse le quitter.
(Source, Europe1, 18 novembre 1999)

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