C’est la guerre !
Nicolas Sarkozy ne rêve que de sécurité intérieure. Ce qui veut signifier clairement que l’ennemi n’est plus aux frontières mais bien plutôt chez nous. Il ne prétend même plus rétablir l’ordre, comme ses prédécesseurs socialistes. Le ton est encore plus ferme : il fait la guerre (déclaration du ministre de l’Intérieur, le 25 octobre, à Strasbourg). Pourquoi serait-il donc question de prévention ? Ce n’est pas son métier. Certes, placer vingt ou trente policiers supplémentaires dans un quartier désigné comme « sensible » coûte bien plus cher que d’y faire travailler des éducateurs de rue, ou des pions dans les lycées. Bagatelle. Seul compte l’effet d’annonce ! Il faut que les jeunes des cités aient peur. Faute de quoi, la guerre déclarée n’aurait pas de sens. À cette fin, il convient de diaboliser plus encore tous ceux que le Front national désigne clairement depuis bien des années : les étrangers et, prioritairement, les plus colorés d’entre eux. Le 5 mai 2002, en votant Chirac à plus de 82 %, les Français se forçaient à croire qu’ils votaient contre Le Pen. Ils ont surtout voté pour son programme, repris en sous-main par une droite revancharde. Jamais à court d’idée, Nicolas Sarkozy crée de nouveaux délits afin de pouvoir les réprimer, tout en désignant comme des tartufes ceux qui s’indignent de ses dérives. Jadis, à l’école primaire, nous répondions aux injures, très simplement : « C’est celui qui le dit qui l’est… ».
Décembre 2002
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