Sainte sécurité
Depuis un an, Nicolas Sarkozy est aux manettes, au ministère de l’Intérieur. Il agite la police d’une main, la gendarmerie de l’autre – et la douane n’est pas loin. La répression s’est amplifiée contre les sans-papiers, les jeunes des banlieues et les précaires. Les rues de nos villes et les transports en commun sont submergés d’uniformes bleu marine. Les bons Français de France se sont habitués. Comme si rien ne s’était passé depuis le mois de mai 2002. Il est vrai que l’opinion publique avait déjà été préparée à cet état de siège moral, pendant cinq ans, par une gauche plurielle qui s’était appliquée à parfaire à sa manière l’idéologie sécuritaire. Il nous faut plus de policiers, clamaient à l’unisson les maires socialistes et communistes : la vue des policiers fera peur aux sauvageons de nos cités ! Dès l’automne 1997, Lionel Jospin voulait nous convaincre que « la sécurité est une valeur de gauche ». Cette proclamation ayant pour fonction de démontrer au bon peuple que la gauche n’avait rien à envier à ceux d’en face dans le domaine de la répression. Ce qui est certain, c’est que la sécurité est une authentique valeur de droite, et pas seulement un argument de campagne électorale. Le sentiment sécuritaire, poussé à son paroxysme, permet de mettre en condition toute une population. La sécurité, c’est le miroir aux alouettes de la « majorité silencieuse ». La sécurité, nouveau dogme, concerne surtout les innocents aux mains pleines, tout comme les Évangiles tentent de faire croire aux « pauvres en esprit » que le royaume des cieux leur appartient.
Mai 2003
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