Rigueur
Il paraît que la petite délinquance est en constante régression dans les banlieues et les cités sensibles. Au prix, bien entendu, d’un déferlement policier jamais vu jusqu’alors. Davantage de policiers, c’est la recette. Comment expliquer autrement cette multiplication des délits constatés, et la diminution de la délinquance ? En revanche, le grand banditisme se porte bien, et le nombre d’enquêtes résolues ne fait que stagner. Peu im-porte. Ce qui compte prioritairement, ce sont les statistiques qui, recensées pêle-mêle sur l’ensemble des délits, permettent des communiqués triomphants. Selon les lieux, l’occupation du terrain par les forces de l’ordre ne peut que rappeler les anciens temps que l’on croyait révolus, lorsque le policier était devenu le bras armé d’un régime autoritaire, lorsqu’un Maréchal avait fait le don de sa personne à la France !
Les contrôles d’identité au faciès sont devenus la règle car la volonté d’expulser des sans-papiers en grand nombre est nettement affichée, et les policiers se comportent avec ces parias comme s’il s’agissait de criminels. Parfois, on se frotte les yeux, pour être certain qu’il ne s’agit pas d’un cauchemar. C’est pourtant une réalité qui ne paraît pas choquer les bons citoyens. Particulièrement la vue de dizaines de policiers déambulant en permanence dans la correspondance du RER, à la station Châtelet-Les Halles, à Paris, arrogants, bras croisés ou mains sur les hanches, alors que le calme règne. Cette forme de pseudo-prévention n’a d’autre objet que de mettre en condition une population déjà soumise car plus motivée à la peur de l’uniforme qu’à la volonté d’échapper à la société policière qui nous menace !
Juin-Juillet 2003
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