Poulets ou coucous ?
Nicolas Sarkozy n’est pas un véritable novateur. Il a d’illustres devanciers. Le ministre de l’Intérieur a simplement permis aux policiers d’en faire un peu plus qu’à l’ordinaire – en y ajoutant la manière. L’heure étant aux gains de productivité, il est prévu de constater de plus en plus de délits. Il suffit donc d’interdire ce qui ne l’est pas encore, tout en multipliant les obligations. Un peu comme dans le Code de la route. Cela fait des mois que le locataire de la Place Beauvau ne cesse de rappeler que la police n’est pas là pour faire du social ou du préventif. C’est là un discours propre à satisfaire nombre de policiers qui n’ont pas choisi cette institution pour faire de la dentelle.
Comme le policier vit dans notre société, en fait sur notre société, il serait possible de le comparer au coucou, cette variété d’oiseau prédateur qui pond ses œufs dans le nid d’une autre espèce. Ce qui ne serait pas trop dramatique, mais, l’œuf à peine éclos, le jeune coucou se préoccupe immédiatement de balancer ses petits colocataires par-dessus bord. C’est un peu le comportement du policier face aux sans-papiers et aux précaires. Comme le défenseur de l’ordre public se refuse à jouer les assistantes sociales, il apprécie la situation selon l’attente de sa hiérarchie, et au-delà . Peu importe la nature d’un manquement aux édits dont le citoyen ordinaire serait coupable. L’essentiel étant de faire du chiffre, on n’est pas regardant sur les moyens. En clair, comme la police qui sert la France d’en haut est estimée à la qualité de son rendement, nous pouvons envisager des lendemains qui cognent…
Août-Septembre 2003
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