Encombrement
Les fourgons de police sillonnent nos villes. Toutes sirènes hurlantes, les rambos agressent nos tympans dans les rues calmes de nombreuses cités, comme pour nous persuader que la République est en danger. À voir les policiers, partout et en toutes circonstances, le sentiment est fort, certains jours, que le pays est sous occupation. Et ce terme n’est pas trop fort, même s’il peut déplaire à certains. Bien sûr, il n’y a pas cette perception oppressive dans les quartiers bourgeois, où l’on est plutôt favorable à cette présence policière de plus en plus pesante. La vue des gyrophares bleus qui accompagnent ce tintouin sécuritaire me remet en mémoire, les quelques jours passés à Manhattan en 1988.
J’étais hébergé chez des amis, au bord de la grande avenue qui longe l’East River, et mes nuits étaient constamment troublées par cette armée de l’ordre, toujours en quête d’un délit possible, toujours dans l’urgence, dans des bolides lancés à pleine vitesse. Nous y sommes désormais, dans notre pays des droits de l’homme. La police dispose de toutes les priorités, partout, pour brûler les feux rouges, emprunter les sens interdits, risquant de faucher au passage (cela arrive) ceux qui traversent paisiblement un couloir protégé, persuadés d’être en sécurité. Peu importe les embouteillages provoqués. Il faut faire place à la police, même si, bien souvent, les occupants de ces véhicules désirent simplement dégager la route pour retourner au commissariat, une fois leur service terminé.
Décembre 2003
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