QUE FAIT LA POLICE ? Bulletin intérieur d’information – Numéro 58 – Février 2000
Éditorial : Rubans rouges
Les grands serviteurs de l’État – souvent à la tâche – méritent d’être à l’honneur. La récente fournée de nominations et de promotions dans l’ordre de la légion d’honneur nous en apporte la nécessaire démonstration. En la matière, il nous faut constater que Jean-Pierre Chevènement a fait très fort.
Tout d’abord, c’est Philippe Massoni, homme lige de Charles Pasqua et préfet de police de Paris depuis 1993, qui est élevé au grade de commandeur. À sa suite, huit contrôleurs généraux de la police nationale et cinq commissaires divisionnaires ont été distingués.
II est dans la nature des choses qu’un ministre de la police veuille faire connaître l’estime en laquelle il tient ses meilleurs limiers, mais il n’en reste pas moins que ces attributions de rubans rouges, de rosettes et de » canapés » de même couleur sont très représentatives de la volonté sécuritaire de ce gouvernement.
En effet, dans cette liste de promus, émanant du ministère de l’intérieur, publiée dans le Monde du 4 janvier 2000, nous ne trouvons que quatre pompiers. Ce qui est bien naturel car la coutume, en matière d’ordre public, est bien plus de récompenser ceux qui mettent le feu que ceux qui s’obstinent à l’éteindre…
Maurice Rajsfus
LA POLICE SOCIALISTE VEILLE
Liberté, liberté chérie…
Il nous arrive, de plus en plus fréquemment, des témoignages de victimes ordinaires de la police. Telle cette triste aventure survenue à un retraité de Pessac (Gironde), qui nous écrit. Ce militant de la Ligue des droits de l’homme a mai à la France : » J’ai 69 ans et je pense difficilement être confondu avec un adolescent éventuellement en mal de délit. » Les faits remontent au 3 août 1999 mais les retombées ire sont pas terminés. Ce jour là , notre correspondant conduit son épouse invalide dans un centre de radiologie. Le parking client étant en travaux, il gare sa voiture au plus près, en limite d’un » bateau « . II est 14 heures 30. Au cours de la visite, le médecin darde d’anciennes radios qui sont restées au domicile, d’où nécessité de reprendre la voiture. C’est alors que tout se gâte car un policier est en train de verbaliser et se refuse à écouter les explications de l’homme, qui insiste pour monter dans sa voiture. « … J’ai été violemment cravaté par cet agent vigoureux, les bras brutalement ramenés dans le dos, et menotté fortement serré au point de provoquer diverses contusions et hématomes aux poignets, purs embarqué sans ménagements par un groupe d’agents appelés à la rescousse, comme un malfaiteur, dans un fourgon de police, sans qu’il me soit autorisé de prévenir mon épouse, toujours en salle de radiologie. Emmené au poste de Pessac, je suis resté une heure, une heure trente, poignet gauche toujours menotté très serré, attaché au mur. Au bout de 45 minutes, la menotte a été enfin desserrée. J’ai vainement, et à plusieurs reprises, expliqué l’état de santé de mon épouse aux agents chargés de me surveiller (!!!), ainsi qu’à ceux qui allaient et venaient, mais je n’ai pas été autorisé à prévenir téléphoniquement mon épouse, pour laquelle je me faisais beaucoup de soucis. Vers 17 heures 30, j’ai été démenotté, détaché du mur, emmené à un OPJ qui m’a autorisé, après 15 minutes, à prévenir l’hôpital. « Libéré après avoir signé une déposition, dont i! n’a pas obtenu copie, cet homme se voit convoqué devant le tribunal correctionnel de Bordeaux, à l’audience du 3 novembre 1999.De son côté, il a porté plainte pour : brutalités suivies de contusions, entraves à la liberté de circulation, non assistance et entrave à assistance à personne en danger. C’est bien le moins. Comme le souligne notre correspondant.- » Ces faits sont attentatoires aux principes fondamentaux des droits de l’homme et du citoyen. »
Faux-témoins
Deux policiers marseillais ont été mis en examen pour « usurpation de fonction, intimidation de victime et faux en écritures publiques. » Ces deux gradés – un commandant et un lieutenant – sont soupçonnés d’avoir rédigé un faux procès-verbal et tenté d’exercer des pressions sur la jeune victime d’un violeur qu’il convenait peut-être de protéger.
(Source, Libération, 19 janvier 2000)
Paranoïa profonde
Les prévisionnistes de la préfecture de police de Pans et du ministère de l’intérieur en ont été pour leurs frais. Pour les seuls Champs-Élysées et l’esplanade du Champs de Mars, environ 6500 policiers et 3500 gendarmes mobiles avaient placé les Parisiens sous haute surveillance, et plus encore les jeunes des banlieues, au teint plus bronzé que supportable pour un gardien de l’ordre public. Dans l’après midi du 31 décembre, les RG prévoyaient l’arrivée de 500 casseurs potentiels à Paris, vers 17 heures, et peut-être 2000 dans la nuit. Avec cette déferlante annoncée: 2000 voitures brûlées pour l’an 2000! Les plus précis évoquaient même des « caillassages » en banlieue. Au fil des heures, alors qu’une soirée calme s’annonçait, les endurcis expliquaient qu’en dix minutes tout pouvait basculer. Ce que contredisait le dispositif de surveillance plus léger que prévu dans des lieux « sensibles » comme Saint-Lazare ou la gare du Nord. Fort heureusement, la cellule de crise qui veillait place Beauvau n’a pas été alertée…
Plus illégal, tu meurs !
A Nîmes, paisible préfecture de notre douce France, l’administration s’est permis de ficher 179 jeunes, dont 151 sont d’origine maghrébine. Ces jeunes français, âgés en moyenne de 16 à 18 ans, se prénomment Toufik, Farid, Mohamed, Kamel – il y a même parmi eux un petit Abderahmane qui n’a pas dépassé 12 ans. Quel est le crime de ces garçons? Aucun, semble-t-il. Ce sont simplement des suspects aux yeux de l’administration, et fichés comme tels, en toute illégalité. Dans ce fichier informatique figurent, le nom, le prénom, l’âge, l’adresse, le niveau scolaire, les contacts éventuels avec la police et la justice. Les renseignements proviennent de l’Éducation nationale, de la direction du travail et de l’emploi, de la protection judiciaire de la jeunesse, etc. Ces renseignements divers ont été recueillis, sur un fichier centralisé, sans l’accord de la CNIL. Le 12 novembre 1999, un collectif d’organisations s’est plaint de cette situation auprès d’Élisabeth Guigou pour contester » la légitimité d’utiliser un fichier d’origine policière pour le croiser avec des fichiers à finalité radicalement différente et, d’autre part, sur le respect des principes de confidentialité et le secret professionnel. » La police est-elle choquée par ces mauvaises manières? Pas du tout. C’est ainsi que le directeur de cabinet du préfet du Gard explique benoîtement » Des noms nous viennent bien de la Sécurité publique qui, avec la mise en place de la police de proximité, repère dans les quartiers des jeunes en difficulté d’insertion. » Nous y voilà : la police de proximité arrive au petit trot, mais le fonctionnaire poursuit, en jouant les naïfs : » La finalité est de vérifier si les dispositifs d’aide à (intégration concernent bien les jeunes, et de repérer, le cas échéant, les dysfonctionnements. » En la matière, il s’agit surtout d’un dérapage intolérable et il conviendrait de se demander pourquoi les élus de Mmes, ville contrôlée par la gauche plurielle, ne se sont pas émus de cette situation intolérable.
(Source, Libération, 10 janvier 2000)
Police Socialiste
Le 14 janvier, Lionel Jospin visite la cité du Luth, à Gennevilliers (92), en compagnie de Claude Bartolone, ministre de la ville. Des personnels du collège Guy Moquez déploient une banderole : » Non à la précarité! Oui à l’embauche! Oui à de vrais postes! « ,sous les yeux du premier ministre mais cela ne plaît pas aux autorités et quelques dizaines de policiers se ruent sur les deux enseignants qui portent la banderole :ils sont jetés à terre et la banderole est détruite. Un peu plus loin, d’autres enseignants sont rudoyés. Pendant que Lionel Jospin serre les mains de quelques » emplois jeunes « , tout près du collège, des policiers en civil tentent de s’emparer d’un enseignant mais cette tentative ayant échoué, ils essaient, sans l’autorisation du principal du collège, de pénétrer dans (établissement. Ils en sont empêchés par l’intervention d’un membre de l’administration. Il n’en reste pas moins que, peu après, l’enseignant est interpellé par des policiers qui veulent le faire monter dans leur fourgon, » pour s’expliquer un peu plus loin « , précise le commissaire qui commande l’escouade. Grâce à l’arrivée de centaines de jeunes et de parents d’élèves, les policiers sont contraints de renoncer à cette arrestation.
(Communiqué par Internet de Sud-Education, 17 janvier 2000)
Pénurie ou pléthore ?
0n en apprend de belles à la lecture du récent rapport de la Cour des comptes. Ainsi, au chapitre » Police « , il apparaît que 14 % des policiers sont occupés à d’autres tâches que celles concernant directement leur fonction. Un constat: » Le flou le plus grand pèse sur la connaissance des effectifs de policiers réellement disponibles. » Et, plus loin, une découverte pleine d’intérêt: « … Un policier actif coûte 50 % de plus qu’un agent administratif de grade et d’ancienneté équivalente. » Il y a d’autres trouvailles dans ce rapport : 1641 fonctionnaires de police sont détachés pour mise à disposition des très nombreux syndicats professionnels (une vingtaine, semble-t-il), auxquels il convient d’ajouter 320 policiers qui s’activent dans les mutuelles de la police, plus 264 musiciens de la police nationale, sans oublier les policiers sportifs de haut niveau qui ne pointent que très rarement dans leurs commissariats respectifs. D’où cette perte de 14% des effectifs. Nous ne saurions nous plaindre de cette perte de substance mais les ministres de l’Intérieur successifs ne cessent d’ouvrir grandes les portes de la Grande Maison qui, même en période de chômage ne cesse d’embaucher.
(Source, Le Monde, 11 janvier 2000)
Marteau-pilon
Mardi 4 janvier, 19h45, dans la correspondance métro-RER, à la station Nation, un contrôleur du métro exige d’un usager – un jeune noir – qu’il présente ses papiers d’identité. Ce qu’il se refuse à faire, à bon droit, car il est muni de son titre de transport. Bien entendu, ce cow-boy au visage fermé appelle les renforts, qui arrivent à grande vitesse : six CRS plus trois paras, mitraillette à la hanche (c’est toujours impressionnant, même si le chargeur n’est pas engagé). En ajoutant à cette petite troupe six contrôleurs, cela fait quinze uniformes pour tenir en respect un grand gaillard qui rigole de la stupidité d’une société sécuritaire dont les gardiens ne verraient même pas passer en cet instant un terroriste ordinaire, au visage clair et bien mis de sa personne. Finalement les CRS, moins hargneux que les contrôleurs vont laisser partir ce garçon dont la couleur constituait sans doute un délit majeur. L’année 2000 se présente bien.
(Un usager des transports en commun).
Plus ça change
Peu à peu, Jean-Pierre Chevènement renouvelle le personnel du ministère de l’Intérieur. Ce qui ne signifie nullement un retour vers une police plus humaine, et en tout cas plus conforme à l’image que devrait donner en la matière le pays des droits de l’homme. Le 5 janvier, le directeur adjoint des Renseignements généraux, Bernard Squarcini, a été élevé au grade d’inspecteur général de la police nationale. Tout comme pour la nomination de Roger Marion, en août 1999, au poste de directeur central adjoint de la police judiciaire, les conseillers proches de Lionel Jospin étaient opposés si cette promotion. En effet, selon cette source, ce » grand flic « , comme on dit, aurait été très lié avec des réseaux proches de Charles Pasqua lorsque celui-ci était ministre de l’Intérieur. Question : lorsque le préfet de police de Paris, Philippe Mas », ancien homme-lige de Pasqua pourra faire valoir ses droits à un placard doré, quel autre humaniste de qualité Jean-Pierre Chevènement sortira-t-il de son chapeau ?
(Source, Le Monde, 13 janvier 2000)
Pour la dissolution des BAC
Les Brigades anticriminalité (BAC) représentent un trouble permanent à l’ordre public, dans les quartiers populaires et les banlieues. Par leurs interventions provocatrices, violentes et fréquemment racistes, les BAC constituent un ferment de haine et créent régulièrement des situations de conflit. Alors qu’il est surtout question de médiation et de prévention dans le discours du ministre de l’Intérieur, l’intervention des BAC tend à exacerber la haine plutôt que de faciliter la paix sociale. C’est pourquoi nous demandons la dissolution de ce corps de police qui n’a pas sa place dans une société digne de ce nom.
Suite à notre pétition lancée dans le numéro de décembre 1999 de Que fait la Police? continuez à nous envoyer vos signatures et à démultiplier notre appel (Fax 01 42 70 64 07)…
Chassez le naturel…
Une lettre récemment arrivée à l’Observatoire des Libertés publiques nous apprend que les mauvaises manières policières envers les citoyens de ce pays, d’origine maghrébine, ont toujours force de loi. C’est la fille d’un homme de soixante quatre ans, qui a subi des traitements dégradants de la part de policiers lillois qui nous écrit. » Nous avions de grands espoirs en la justice et la police : une enquête a été ordonnée et tout s’est retourné contre mon père. Il va devoir maintenant faire face à la plainte de quatre policiers, sûrs de leur impunité, qui accusent mon père de dénonciation calomnieuse ».
Le samedi 4 septembre, jour de braderie à Lille, mon père se faisait lâchement agresser par quatre policiers de la brigade du métro, aux environs de 14 heures. Mon père s’apprêtait à traverser sur le passage pour piétons devant la gare de Lille-Flandres lorsqu’un véhicule est passé au rouge et l’a frôlé. Mon père a contesté et l’automobiliste s’est mis à l’insulter. Quatre gardiens de la paix, apparemment une brigade du métro sont alors intervenus pour faire circuler les gens. Ils ont donné l’ordre à mon père de » dégager « . Mon père leur a rétorqué: » On n’est pas des chiens, si j’avais été écrasé, vous m’auriez ramassé là comme un chien « . II ne comprenait pas, en effet, pourquoi l’automobiliste qui était passé au rouge ne soit pas inquiété. L’un des policiers lui a alors dit : » Tu cherches à comprendre? « . II s’est alors emparé du poignet gauche de mon père (la trace a été constatée par la médecine légale) et il a reçu un coup de pied au tibia droit par le policier qui se trouvait en face de lui. Il a alors entendu un craquement et a crié devant deux témoins : » vous m’avez cassé la jambe « . Malgré ses cris, mon père a été emmené jusqu’au poste qui se trouve devant la gare. La femme policier lui tenait la jambe cassée, l’auteur du coup lui tenait la jambe gauche et les autres policiers le maintenaient aux bras.
Pendant tout ce temps, les témoins protestaient et ont même suivi mon père jusqu’aux escaliers qui mènent au poste. Mon père a dit à quelques maghrébins qui s’apprêtaient à intervenir de ne pas s’en mêler. II craignait que la situation ne dégénère un peu plus. Les témoins ont été écartés par les policiers.
Arrivés en haut de l’escalier, ils l’ont redressé, la femme policier a fait remarquer que la jambe, était bien cassée, mais son collègue n’a pas tenu compte de cette remarque et a dit à mon père: » Allez, débrouilles-toi! » Mon père a alors roulé jusqu’ en bas des escaliers. Les quatre policiers l’ont rejoint. La femme policier et un de ses collègues sont restés en bas des escaliers pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis et les deux autres policiers ont traîné mon père jusque dans une cellule. Dans la cellule, l’un d’eux s’est mis à lui mettre des coups de genou dans le bas du dos, alors qu’il était étendu à terre. Ils lui ont alors demandé s’il avait des papiers. Mon père, allongé sur le sol, a tendu son portefeuille à l’un d’entre eux en disant: » Les papiers sont là dedans « . Le policier a fouillé dans le portefeuille et a pris la carte de résidence de mon père, il lui a rendu le portefeuille sans remettre la carte. Ils lui ont alors demandé s’il n’avait rien sur lui et mon père a déclaré avoir un canif qu’il leur a tendu. Dans la cellule, mon père a tout le temps crié à la femme policier et son collègue qui circulaient dans le couloir : « Madame, s’il vous plaît « , mais ces deux personnes ont refusé d’entendre ses plaintes. Ils ne sont même pas intervenu lorsqu’il a demandé d’aller aux toilettes. Mon père a donc été abandonné dans sa cellule jusqu’ à l’arrivée des pompiers, vers 19 heures 40, soit 5 heures 40 plus tard !
Les pompiers ont trouvé mon père dans la cellule, allongé sur ses excréments. L’un d’eux a demandé aux policiers : » Alors, qu’est-ce qui se passe ? » Un des policiers a répondu : » II est tombé « . Mon père a protesté et a dit » Non, Monsieur, je ne suis pas tombé, c’est eux qui m’ont frappé ! » Les pompiers ont dit à mon père de ne pas crier et ont déclaré être venus pour le soigner ils l’ont ensuite conduit à l’hôpital Saint-Vincent de Lille. Aux urgences, un médecin a accueilli mon père et lui a demandé ce qui s’était passé. Le pompier lui a répondu que mon père avait la jambe cassée. Mon père a expliqué que la police était responsable de son état. Honteux de l’état dans lequel il se trouvait, mon père a refusé d’ôter son pantalon, il l’a soulevé du côté droit et a expliqué avoir reçu des coups de genou dans le bas du dos. Le médecin a fait faire des radios du bassin et de la jambe et lui a finalement fait rejoindre sa chambre.
Sa famille a été prévenue le lendemain en début d’après-midi par une des infirmières du service traumatique. Je me suis donc rendue à l’hôpital et, en rangeant ses affaires, j’ai constaté le désordre inhabituel qui régnait dans son portefeuille, ainsi que la disparition de sa carte de résidence. J’ai interrogé le personnel soignant : rien.
Le lundi 6 septembre, mon père se faisait opérer et a » bénéficié d’une ostéosynthèse par plaque vissée « . Mon père présentait, en effet, à son entrée dans l’hôpital » une fracture à la jonction tiers moyen supérieur du tibia et du péroné droits. » (Certificats joints au dossier) Cet état occasionne une interruption temporaire de travail de quatre mois.
En ce qui concerne la carte de résidence, elle a miraculeusement fait son apparition aux » objets trouvés » de Lille. Nous avons reçu un courrier de ce service le mercredi 15 septembre. Le lundi 20 septembre, je m’y suis rendue, mandatée par mon père, et j’ai appris que les policiers du métro, dans leur grande bonté, avaient trouvé la carte le 4 septembre et l’ont eux-mêmes déposée aux objets trouvés, le 7 septembre, en déclarant l’avoir » trouvée dans une bouche de métro »
Ces événements me poussent à me poser un certain nombre de questions. Comment un homme qui a fait une chute sur la voie publique – selon les dires de la police – a t-il pu être transporté dans une cellule et attendre 5 heures 40 les secours ? Comment la carte de résidence, enlevée du portefeuille par les policiers et ce sous les yeux de mon père, ait pu être déclarée retrouvée dans le métro par ces mêmes policiers ?
EN BREF….
Indiscret
En 1995, un inspecteur de la police judiciaire parisienne avait violé le secret professionnel et, pour cette raison, suspendu sous l’accusation supplémentaire de corruption. Rien de très grave, finalement, car c’est là une pratique courante mais il ne faut pas se faire prendre la main dans le sac. Ce policier informait des suspects de l’avancement de l’enquête les concernant, et notamment de l’imminence d’une perquisition ou de la délivrance d’un mandat d’arrêt. En échange, le fonctionnaire bénéficiait de nombreux avantages en nature: voiture, téléphone et repas. Le 4 janvier, ce ripou a été condamné à trois ans de prison, dont deux avec sursis.
(Source, libération, 5 janvier 2000)
Plein emploi
Environ 500 fonctionnaires de police, secondés par 40 adjoints de sécurité veillent au maintien de l’ordre dans le métro parisien. Cela fait bien du monde, mais ce n’est pas tout car, à ces gardiens de la paix il faut ajouter 70 CRS. Sans oublier les paras (non quantifiés) qui accompagnent fréquemment les policiers, ainsi que les cow-boys du GPSR dont on ne connaît pas davantage le nombre. Le tout pour sécuriser 326 stations de métro, soit plus de deux membres des forces de I `ordre par station. Ces chiffres sont communiqués par la commissaire principale qui dirige le nouveau Service de protection et de surveillance des réseaux ferrés parisiens.
(Source, Liaison, magazine de la préfecture de police, décembre 1999)
Humanistes
18 janvier. À la hauteur du 13, rue du Sahel (à Paris, 12e) un petit fourgon vitré à usage de transport de malades et portant l’inscription » Entraide universitaire » est immobilisé au bord du trottoir par un » sabot de Denvers « . Sur la porte de l’immeuble, une simple plaque de cuivre, » Entraide universitaire, hôpital de jour pour enfants « . Qu’importe. Un brave gardien de la paix a fait son devoir, même si ce véhicule ne gênait pas la circulation. Quelques enfants souffrants pourront attendre. La morale policière est prioritaire…
(Correspondante indignée, 12 janvier 2000)
Formation
» L’expérimentation de police de proximité, pilotée parla direction centrale de la Sécurité publique, sera systématiquement accompagnée de formations. Elles concerneront la totalité des fonctionnaires engagés dans cette expérimentation Les formations à l’îlotage, à la connaissance psychologique et comportementale des mineurs, au recueil et à l’exploitation du renseignement, à la communication, à l’animation des équipes, à l’accueil, seront développées » II y a du pain sur la planche.
(Source, civique, revue du ministère de l’Intérieur, novembre 1999)
La tactique du gendarme
La Cour européenne des droits de l’homme a examiné, le 11 janvier à Strasbourg, la plainte d’un artisan martiniquais qui accuse les gendarmes du Lorrain (Martinique) de lui avoir infligé de mauvais traitements pendant une garde à vue. II s’agit de la troisième plainte portée contre la France, en vertu de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants. La France a été condamnée dans les deux premières affaires, une fois pour traitements inhumains (affaire Tomasi) et une fois pour torture (arrêt Seimouni). Jamais deux sans trois, n’est-ce pas?
(Source, Libération, 12 janvier 2000)
Faux témoin et vrai salaud
Le tribunal correctionnel de Pontoise a sévi le 4 janvier, en condamnant à cinq ans de prison – dont deux avec sursis – un policier auteur de faux témoignages, en 1998. En poste à Garges-lès-gonesse, le représentant de l’ordre public avait été blessé de plusieurs coups de couteau par sa compagne, suite sans doute à une violente querelle de ménage. Réconcilié avec sa tendre et douce, se trouvant dans l’obligation d’expliquer l’origine de ses blessures, le policier avait accusé deux jeunes de l’avoir agressé dans la rue.
(Source, Le Monde, 7 janvier 2000)
Il l’a dit
Dans son plan pour juguler la violence dans les établissements scolaires, Claude Allègre évoque : « la tolérance zéro », tout comme les policiers qui ont « nettoyé » New York. Sur cet aspect de la répression se reporter nécessairement à l’ouvrage de Loïc Vaquant dont nous parlons ci-dessous. Toujours est il que ce discours virile ne peut que conforter les plus « humanistes » de nos policiers.
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