quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 16 – Janvier 2008

Editorial : 2008, sous le signe de la police !

Au cours des récents mouvements de grève, il nous été possible de constater l’importance des effectifs policiers déployés à travers la France. Particulièrement autour des universités. Comme si les étudiants pouvaient représenter une menace grave contre l’Etat sarkozyste. Pour ceux qui attendent tout de leur horoscope, il conviendrait de compléter les douze signes du zodiac par un treizième : celui de la police. Quel plus bel avenir pourrait être promis pour celles et ceux qui seraient nés sous le signe de la police. Les imaginatifs, frustrés d’être privés d’un tel patronage, pourraient trouver des faux amis à ces signes qui fournissent prétexte à une rubrique dans nombre de journaux. Sans problème, les Taureaux seraient remplacés par des BÅ“ufs, tandis que les Balances resteraient bien dans leur rôle. Bien entendu, la police peut être ressentie comme un Cancer, contre lequel la solution miracle n’a pas encore été découverte. A l’ occasion, on ne reste pas Vierge longtemps si l’on se trouve affrontée à des policiers déviants. De nos jours, les Scorpions sont équipés de flash-ball et de Taser, pour piquer plus efficacement. Si les Verseaux policiers étaient munis d’un cerveau humaniste, les bavures seraient sans doute moins fréquentes. Les Poissons pourraient écarter de leurs bancs les quelques maquereaux que l’on peut parfois trouver sous l’uniforme bleu marine. Si les antennes des Capricornes ne manquent pas d’esthétique, celles de la police pourraient être comparées aux cornes des cafards. Quant aux Sagittaires, peut-être faudrait-il que les policiers cessent de s’agiter, ce qui les rendrait moins antipathiques à la population. Restent les Lions, qui devraient éviter de se comporter comme des hyènes, dès qu’ils endossent l’uniforme, les Béliers, qui ont le désavantage de n’être que de tendres agneaux face aux loups qui se multiplient dans nos contrées inhospitalières, et les Gémeaux qui, trop souvent, ne sont que des faux-frères. Bonne année quand même !

Maurice Rajsfus

Ivresse

Soucieux de la bonne santé des « individus » que nous sommes, les policiers s’appliquent fréquemment à faire souffler les automobilistes dans les alcootests. Limite autorisée, 0,25 mg. d’alcool par litre d’air expiré. Entre 0,25 et 0,40, 1e pékin peut abandonner son véhicule, et rentrer chez lui à pieds. Dans la nuit du 9 au 10 octobre 2007, un automobiliste est invité à souffler dans le ballon. Manque de chance, le résultat est accablant, 0,43 mg. Pour ces 0,03 mg., l’ivrogne présumé va être menotté, passer d’un commissariat à l’autre, puis en cellule de dégrisement immonde, et puis être mis à nu -c’est la procédure- avec interdiction de prévenir sa famille car son téléphone portable lui a été confisqué -toujours la procédure. Interpellé tel un criminel, à 2 heures du matin, cet homme ne sera relâché qu’à 15 h 30, après qu’un policier compatissant (cela existe encore) explique que s’il était tombé sur lui, il aurait été autorisé à rentrer pieds, sans autre suite judiciaire. Au final, on lui explique qu’ il n’y aura pas de casier pour si peu -alors qu’il a été photographié sous tous les angles. (D’après Le Canard Enchaîné, 14 novembre 2007)

Au viol !

Un policier, âgé de 38 ans, en poste à la brigade de surveillance urbaine de Fréjus, a été mis en examen, et placé sous contrôle judiciaire, le 8 novembre 2007, pour viol. Ce policier, qui a été relevé de ses fonctions, est soupçonné d’avoir violé la fille (17 ans) de sa compagne, elle même fonctionnaire de police. (Source, L’Est Républicain, 10 novembre 2007)

Ordre moral

Extraits d’un courrier de lecteur adressé à la revue CQFO : « Je me suis permis un geste, ô combien blasphématoire en écrivant sur une affiche d’un candidat UMP pour les législatives l’inscription : Union pour un monde précaire. Quelle ne fut ma surprise lorsque je vis une voiture avec des forces de l’ordre faire marche arrière, en sens interdit, et quatre policiers en descendre afin de me faire payer mon insolence. Ils m’ont bombardé de questions aussi subtiles les unes que les autres. Avez-vous bu de l’alcool ou pris des stupéfiants ? Vous ne savez pas ce qu’est la démocratie ? Vous êtes de gauche, c’est ça ? Vous êtes communiste ? Je préfère ne pas répondre, et les laisser débiter une série d’amalgames brillants tels que : il doit faire partie de ceux qui vont brûler des voitures quand ils ne sont pas contents. Une démocratie, ça se respecte, Monsieur ! Finalement, on me laissa partir avec un simple rappel à la loi, et mise à l’épreuve de trois ans… » (Source, CQFD, novembre 2007)

Curieux vol

Le 15 novembre 2007, 1es CRS de La Talaudière (Loire), près de Saint-Etienne, découvrent que l’armurerie de leur caserne a été pillée. Treize pistolets automatiques de marque Sig-Sauer ont été dérobés, ainsi que 24 chargeurs de 15 cartouches. Selon la police : »C’est le plus important vol d’armes jamais réalisé dans une caserne de CRS de l’exagone ! » Ce ne serait donc pas la première fois. On n’ose imaginer qu’un des CRS de cette caserne soit dans le coup… (D’après Le Figaro, 17 novembre 2007)

Slogan

Tout au long du récent mouvement étudiant, contre la réforme des universités, un slogan a fleuri sur les murs des facs :  » Avec Précresse Pas de tendresse Trop de CRS ! »

Suicide

Le 17 novembre, un commissaire de police, âgé de 36 ans, se suicide avec son arme de service. Marié et père de deux enfants, ce policier commandait la circonscription de sécurité de Castres, dans le Tarn-et-Garonne. Selon sa hiérarchie, il ne semblait pas avoir de problèmes professionnels. Pourtant, il n’est pas indifférent de noter que ce jeune commissaire se soit supprimé sur son lieu de travail. Ce qui peut signifier aussi bien un appel au secours que le refus de poursuivre une tâche qui ne lui convenait plus. (Source, Libération, 19 novembre 2007)

Chauffard

Dans la soirée du 21 novembre, à Colombes (92) un véhicule de police, banalisé, avec trois fonctionnaires à bord, gyrophare allumé et sirène deux tons hurlante, circule en centre ville sur une voie réservée aux autobus. Manque de chance, une femme et un garçon âgé de 7 ans sont renversés par le policier chauffard qui est au volant. La maman, souffrant de légères contusions, pouvait quitter l’hôpital rapidement, ce qui n’était pas le cas de son fils, victime de traumatismes crâniens. Excuse évoquée par les policiers : ces personnes traversaient la chaussée hors d’un passage protégé. Les mêmes oubliant de préciser qu’ils étaient simplement de retour au commissariat, sans autre urgence. Bien entendu l’IGS enquête. (Source, 20 Minutes, 23 novembre 2007)

Autodéfense

Il semblerait qu’à l’Assemblée nationale on soit inquiet, suite aux différentes manifestations qui se sont déroulées récemment près du Palais-Bourbon. Selon le colonnel commandant l’unité de gendarmerie protégeant les représentants du peuple : « Nous avons affaire à des groupes de plus en plus incontrôlés, qui peuvent surgir à tout moment ! » C’est ainsi que, depuis ces derniers mois, les moyens des pandores ont été développés. Ils ont reçu en dotation des grenades lacrymogènes « CZ à 25% », des grenades de désencerclement dispersant des palets à hauteur des chevilles, et des flash-ball, » permettant de stopper les éléments les plus avancés des manifestants » ; Il convient de rappeler qu’en 1886, lorsque les grilles de la Chambre des députés avaient été hérissées de bouquets de pointes, dites « artichauts », un certain nombre de députés avaient protesté, jugeant « antidémocratique d’empêcher le peuple d’envahir le Palais-Bourbon. » (Source, Le Monde, 23 navembre 2007)

Couleur de peau

Le 21 novembre 2007, une mère de famille française, d’origine ivoirienne, de retour de vacances au Bénin, est retenue pendant onze heures, à l’aéroport d’Orly par les policiers de la PAF. Au vu de la photo de son passeport, elle était soupçonnée d’usurpation d’identité. Finalement, cette Française, sans autre problème que sa couleur de peau, était libérée sans explication après son rapide séjour en rétention. Dans le même temps, c’est un Martiniquais, sans doute un peu trop noir, lui aussi, qui avait également été interpellé. Pour la Paf : Il n’y a pas eu abus, ni de zèle… mais un doute qui nécessitait la vérification qu’il fallait. » (Source, Le Parisien, 23 novembre 2007)

Services de police cherchent auxiliaires

A Toulouse, la chasse à l’étranger s’organise. Dans une note, datée du 10 octobre 2007, 1a préfecture de Haute-Garonne a commencé à former un « groupe de référents » dans les organismes et administrations du département tels que la Caisse d’allocation familiale, la Ddass ou les Assedic. La mission qui serait fixée à leurs employés : alerter directement les policiers de la PAF ou de la gendarmerie par tout document qui leur semblerait falsifié. Une note préalable, émanant de cette préfecture, indique qu’il s’agit de « lutter contre les fraudes à l’identité commises par des ressortissants étrangers. » Dans un premier temps, un groupe de ces « référents » a entamé, le 8 juin et le 5 octobre 2007, sa formation, effectuée par les soins de policiers de la PAF. La Ligue des droits de l’Homme de Toulouse soupçonne la préfecture de Haute-Garonne de mettre en place « un dispositif parallèle quasiment clandestin ». De plus, il apparaît que la préfecture souhaiterait « croiser les informations de chacune des administrations concernées, ce qui la dispenserait de croiser les fichiers nationaux, opération en théorie interdite par la CNIL. Dans l’attente de ces renforts hypothétiques et non-policiers, la préfecture de Haute-Garonne exprime le vÅ“u, concernant les organismes sociaux de pouvoir contrôler l’identité de chaque patient… (Source, Libération, 26 novembre 2007)

Encore un mauvais contact

Le 25 novembre 2007, à Toulouse, cinq personnes, dont trois policiers, sont blessées dans une collision entre un véhicule et un fourgon de police, lors d’une intervention des forces de l’ordre. (Source, Métro, 26 novembre 2007)

La police au secours de Pécresse

Le 27 novembre, à Nantes, lors d’une manifestation d’étudiants et de lycéens, contre la loi Pécresse, les CRS et les gendarmes mobiles sont déployés en nombre. Casqués et bouclier en mains, les hommes en noir chargent et matraquent à tout va. Des policiers de la BAC, en civil, arrivent en renfort, et font usage des flash balls. Un lycéen, âgé de 17 ans, reste à terre, blessé à la tête, il risque de perdre un oeil. Le garçon sera d’ailleurs hospitalisé au CHU de Nantes. Sa maman est attérée : « Avec mon fils, une étape a été franchie dans la violence : les forces de l’ordre s’autorisent des choses qu’elles n’osaient pas, durant la crise du CPE, en 2006 ». Comme le confirme la mère du lycéen : « Selon les témoignages, mon fils était déjà hors du parc de la préfecture (où la manifestation s’était déroulée) quand il a reçu une balle de flash ball ou quelque chose de proche dans l’oeil. » Les parents du garçon ont porté plainte contre la police. (Sources, Le Monde, 30 novembre, Libération, 1er décembre 2007)

CRS, Lycéens, c’est la guerre !

Le 29 novembre, à Lille, quelque 400 CRS chargent des lycéens qui s’apprêtent à bloquer leur établissement. Une photo de cet affrontement donne le sentiment que les policiers sont partis en guerre. (Source, Métro, 30 novembre 2007) Un étudiant lillois commente cette violence : « L’implication des CRS est venue plus rapidement que pendant le CPE. Ca fait vraiment peur. Je ne comprends pas les gens devant leur télé qui regardent ces images de charges et ne s’indignent pas. C’est quoi ? C’est parce que les étudiants l’ont bien cherché qu’ils se font matraquer ? Alors quoi ? C’est leur faute ? Les parents d’étudiants qui aiment leurs enfants, qu’ils soient bloqueurs ou non, devraient se révolter, et ne pas accepter que des jeunes se fassent matraquer… » (Source, Libération, 3 décembre 2007)

Suicide (2)

Un brigadier-chef en poste au commissariat de Metz a mis fin à ses jours dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre 2007, avec son arme de service, à proximité du commissariat. (Source, 20 Minutes, 3 décembre 2007)

Constat réaliste

Lu sur un mur, dans une petite ville de la banlieue nord de Paris : « Quand le soleil se cache, c’est peut-être parce que les policiers et leurs fourgons font de l’ombre… »

Flingueur

Le 1er décembre, à Champigny (94), un policier, qui n’est pas en service, tire sur un jeune qui paraît s’apprêter à voler une moto., le blessant à une jambe. Le fonctionnaire est mis en examen, le 3 décembre. Question : pourquoi un policier qui n’est pas en service peut-il déambuler dans la rue en étant muni de son arme de service ? (Source, 20 Minutes, 4 décembre 2007)

Indigènes ?

Le 3 décembre 2007, s’adressant aux policiers de Saint-Etienne, le premier ministre, François Fillon, leur a tenu un curieux discours: « Vous êtes affrontés à des populations qui viennent de loin, et qui vivent dans des ghettos… » Autrement dit : attention, vous faites face à de véritables sauvages ! (D’après Le Figaro, 4 décembre 2007)

La « racaille » ne peut « qu’outrager »

Commentant les événements de Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007, le sociologue Fabien Jobard, jette une lumière crue sur la conscience policière : « …Dès que l’on aborde les conflits avec la population clientèle de la police, il est très difficile de faire la preuve de quoi que ce soit. Bien souvent, l’autorité administrative (IGPN ou IGS), ou l’autorité judiciaire, dévalorisent les témoignages qui peuvent être apportés. Quand un témoin ou une victime est, je cite, bien connu des services de police, la charge de la preuve devient absolument démesurée pour lui. A la fin des années 1980, un directeur de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) expliquait que les chances de succès d’une plainte (contre la police) étaient bien moindre lorsque la personne avait fait l’objet d’une procédure d’outrage, précisant qu’il est toujours facile, pour un fonctionnaire de police, de s’abriter derrière un rapport d’outrage. (Source, Libération, 4 décembre 2007)

Collision avec les forces de l’ordre

Il n’y a pas qu’en France métropolitaine que des contacts trop proches avec les forces de l’ordre peuvent provoquer des drames. Le 3 décembre 2007, dans l’Océan indien, une petite embarcation, avec à son bord une quarantaine de Comoriens, qui tentent de rejoindre l’île de Mayotte (seul territoire français de l’archipel des Comores), pour y trouver du travail, entre en collision avec une vedette de la PAF. Il y a deux morts et huit disparus. Brice Hortefeux a demandé à l’IGPN d’enquêter… (Source, France 3, 4 décembre 2007)

Comptine

Ce petit chef d’œuvre de concision nous a été envoyé par un correspondant malicieux de la région d’Orléans. Si le cœur vous en dit, continuez à alimenter cette rubrique :

« Bleu, bleu, bleu L’uniforme est bleu Rond, rond, rond, Le bâton est rond Flic, flac, floc, je me moque »

Cafteurs sécuritaires

Quelle que soit la motivation, l’appel à la délation – surtout s’il y a promesse de prime à la clé – n’est jamais porteur de bonnes manières. Après les événements de Villiers-le-Bel, suite au décès de deux adolescents, mais bien plus après que quelques dizaines de policiers ont été la cible de fusils de chasse, des tracts ont été distribués par des porteurs d’uniformes bleu marine, le 4 décembre, dans une cité sensible de la ville, incitant les bons citoyens, possibles témoins, à se manifester de façon anonyme. Plusieurs milliers d’euros étant promis aux délateurs qui fourniraient de bons renseignements. C’est ainsi que 2.000 tracts se sont retrouvés dans les boîtes aux lettres mais presque autant dans les poubelles de cette cité du Val d’Oise. Bien entendu, les syndicats de policiers, unanimes, ont approuvé cette initiative. Il convient de rappeler que cet appel à la délation, avec témoignage sous X, constitue l’un des dispositifs créés par les lois Perben de 2003. Il faut également rappeler qu’au lendemain des « émeutes » des 25 et 26 novembre, à Villiers-le-Bel, Nicolas Sarkozy, retour de Chine avait lancé aux représentants des forces de l’ordre qu’il avait réunis à la Grande Arche de la Défense : « Mettez les moyens que vous voulez ! Retrouvez les coupables ! » L’appel à la délation ne peut que rappeler de fâcheux souvenirs et nous renvoyer en un temps – sous l’occupation nazie – lorsque la dénonciation anonyme était devenue le sport national des « Bons Français ». Selon des sources sérieuses, ce sont environ 5 millions de lettres répugnantes qui, à cette époque, avaient été adressées aux commissariats de police et aux sièges des kommandanturs allemands. (Source, Libération, 5 décembre 2007, et commentaires d’un correspondant indigné)

Un peu d’humour quand même

C’est le coup de gueule poussé par un lecteur de Libération : « Une prime offerte par la police à Villiers-le-Bel…Dénoncez plus pour gagner plus ! » (Dans Libération, 7 décembre 2007)

Pas raciste la police ?

Un candidat au concours interne d’officiers de police, en 2007, a été recalé. Ce n’est pas une affaire. Sauf que ce policier, prénommé Abdelhadj, était l’unique candidat portant un patronyme maghrébin. Déçu de ne pas avoir été reçu, pour d’autre motif que son origine, il affirme que le jury lui a posé des questions discriminatoires à l’oral, du type : « Faites-vous le Ramadan ? » ou « votre femme porte-t-elle le voile ? ». Persuadé d’avoir été victime d’un comportement raciste, le policier a saisi la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations.) Ce qui est bien naturel… (Source, Métro, 6 décembre 2007)

Travailler plus

Le ministre de l’Intérieur a décidé d’attribuer une prime de 400 euros aux policiers qui se trouvaient sur le terrain, à Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007. Question : quel sera le montant de l’indemnité versée aux familles des deux ados, victimes d’une collision avec un véhicule de police ? (D’après France 3, 7 décembre 2007)

Inflation policière

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Le 6 décembre 2007, vers 12 h 30, un paquet explosif provoque la mort de la secrétaire d’un avocat et de graves blessure sur un avocat. Cela se passe boulevard Malesherbes, à Paris,. Dans le même immeuble, Nicolas Sarkozy avait un cabinet d’avocats, avant son élection à la présidence de la République. Est-ce pour cette raison que des centaines de policiers et gendarmes mobiles vont encombrer cette artère, jusque tard ans la soirée ? Le 7 décembre, de nombreux policiers sont toujours présents sur les lieux pour filtrer les passants. (Sources, informations et images, France 2, 6 et 7 décembre 2007)

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Le 9 décembre, la cour d’assises qui juge Ivan Colonna, se transporte en Corse, à Ajaccio. Cinq cents policiers sont présents pour protéger les magistrats. (Source, France Inter, 9 décembre 2007)

Juste pour rire

Dans une tribune libre donnée au quotidien gratuit Métro, le secrétaire général du syndicat SGP-FO nous a livré ses états d’âme : « Trop souvent, la police apparaît comme le bras armé du pouvoir politique. Or c’est un piège mortel pour une société démocratique. La police est uniquement au service du peuple français… » Il fallait que cela soit dit, n’est-ce pas. (Source, Métro, 30 novembre 2007)

Revendicateurs policiers

Le 8 décembre 2007, plusieurs milliers d’officiers de police manifestaient dans Paris, à l’appel du SNOP (Syndicat national des officiers de police – un peu moins de droite que leurs collègues du syndicat Synergies officiers.) Motif de cette grogne ? Protester contre les conditions de leur passage au statut de cadre, en janvier 2008, « sans compensations particulières. » Selon le porte-parole du SNOP, pas content, « les officiers vont travailler plus et gagner moins (car) les heures supplémentaires ne seront plus payées… » Une solution pour les officiers, retourner à la base… (D’après 20 Minutes, 10 décembre 2007)

L’appel des policiers aux voyous

Au cours d’une émission de variété sur France 2, le 11 décembre 2007, dans la soirée, un certain Ribeiro, secrétaire général du syndicat Synergie officiers a fourni une curieuse explication à l’appel aux délateurs, suite aux événements de Villiers-le-Bel. Selon cet honorable fonctionnaire d’autorité, l’appel par tract distribué dans les boîtes aux lettres par des policiers s’adressait prioritairement aux voyous, pour que ceux-ci dénoncent d’autres voyous. Cyniquement, ce « syndicaliste » expliquait qu’un tel appel ne pouvait s’adresser aux honnêtes gens. Nous sommes donc fixés sur les qualités morales de nos cadres policiers. Sans oublier que cet appel à délation avait été décidé par Martine Monteil, directrice centrale de la police judiciaire. (D’après France 2, 11 décembre 2007)

Les SDF ? A l’eau !

Le 14 décembre 2007, de passage à Lille, Christine Boutin, ministre du logement, avait lancé cet avertissement aux Enfants de Don Quichotte : « Nous ne tolérerons pas de nouvelles installations de tentes dans Paris. Au cas contraire, le gouvernement fera intervenir immédiatement les forces de l’ordre pour les démonter ! » Parole tenue. Dans la matinée du 15 décembre, alors que des tentes commencent à être montées, pour les SDF, sur un quai de Seine, au pied de la cathédrale Notre-Dame de Paris, les gendarmes mobiles et les CRS déboulent en nombre. Il y a des bousculades, des coups échangés, y compris des matraquages et un militant tombe à l’eau, visiblement poussé par un policier. Selon des témoins dignes de foi, des gendarmes s’activaient à détruire les tentes à coups de cutter. Dans l’après-midi, sur le parvis de la cathédrale, les policiers vont encore ntervenir et jouer de la matraque contre les militants venus en soutien des SDF. (Sources, images TV, surtout France 3, et France Inter, 15 et 16 décembre 2007)

Les pompiers pyromanes

Il y a un mois, la banlieue nord prenait feu – une fois de plus. C’était à Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007. Le fait brut : deux adolescents de 15 et 16 ans sont morts, à bord de leur mini-moto, après avoir percuté (ou été percutés) par un véhicule de police en patrouille. Cela s’est passé le 25 novembre, vers 17 heures et, très rapidement, les informations distillées par la police précisent que les deux jeunes circulaient sur une moto volée. Premier mensonge. Pour la procureure de la République de Pontoise, qui s’exprime avant même que la moindre enquête a débuté : « C’est un simple accident de la route. » Il n’en faut pas plus pour mettre le feu aux poudres, alors que les jeunes de cette banlieue sont en émoi. Déjà, le porte-parole du syndicat Alliance de la police nationale tient à décrire les jeunes de ce quartier comme des « voyous ». Evidemment, les deux victimes sont bien connues des services de police. Avant même que la violence ne déferle sur Villiers-le-Bel et les communes limitrophes, des renforts de police ne tardent pas à arriver en nombre, après qu’un commissaire de police qui, semble-t-il, s’appliquait à calmer les esprits, a été lourdement tabassé.

Dans la nuit, alors que de nombreux bâtiments, dont un commissariat de police et une école, flambent à Villiers-le-Bel, le préfet du Val-d’Oise explique prudemment qu’il n’est pas possible de déterminer les circonstances de ce qu’il qualifie d’ »accident ». une certitude, pourtant, le choc a du être d’une grande violence, vu l’état du véhicule de police – ce dont témoignent les images rapidement vues à la télé. Il est important de noter que, dès le drame, et dans le calme, des jeunes du quartier montent une garde vigilante autour de la voiture des policiers, expliquant que c’est une pièce à conviction qu’il ne faut absolument pas déplacer. , et qu’il faut garder en l’état pour l’édification des enquêteurs.

Le 26 novembre, alors qu’a été abandonnée l’affirmation selon laquelle la mini-moto aurait été volée, les autorités policières s’appliquent désormais à vouloir démontrer que la capot du véhicule de police a été abîmé à coups de barres de fer, ce qui a pour but évident de faire croire que le choc n’aurait pas été tellement violent avec les deux victimes. Deuxième mensonge, qui apparaîtra rapidement, car la presse écrite et la télévision se sont procuré un document vidéo réalisé dans les minutes qui ont suivi la collision. Il est évident que la vue du capot, ouvert, ne peut que démentir l’affirmation des policiers, car des coups de barres de fer auraient plutôt écrasé le capot.

Lorsqu’il devient de plus en plus évident que la responsabilité des policiers est engagée, la procureure du Val d’Oise annonce l’ouverture d’une enquête pour homicide involontaire, et non-assistance à personnes en danger. En revanche, alors que, durant les nuits du 25 et du26 novembre, des policiers ont été blessés avec des plombs de fusils de chasse, cela est immédiatement qualifié de « tentative d’assassinat. » Dans le premier cas les policiers, – couverts par leur hiérarchie – ne risquent pratiquement rien, puisqu’il y aura sans doute non-lieu, tandis que les tireurs présumés peuvent être condamnés à dix ou quinze ans de prison – même si les preuves sont approximatives. Il n’en reste pas moins que, selon le l’IGPN, qui n’a pas encore divulgué le moindre résultat d’enquête : « La responsabilité des policiers ne serait pas engagée… »

Dès le 25 novembre, dans la soirée, nombreux sont les « grands frères », les familles, les élus locaux qui, rapidement, tentent de calmer les esprits. Ce qui n’est pas du goût des CRS venus « sécuriser » les quartiers. Le père de l’une des victimes, qui va passer la nuit à raisonner les jeunes, dans les rues de Villiers-le-Bel, s’entend dire par des policiers : « Rentrez chez vous, espèce de con ! » (Libération, 27 novembre 2007). De son côté, la procureure se laisse aller à décrire les deux adolescents comme des « individus ». (France 3, 27 novembre 2007)

Une certitude. Trop souvent, les véhicules de police provoquent des collision, en dehors même de leurs heures de service. Comme si la priorité leur serait due en tout temps et en tout lieu. Par ailleurs, une fois de plus, il n’est pas possible de ne pas rappeler cette attitude des policiers consistant à stopper de possibles délinquants., circulant sur des deux roues, quitte à provoquer de graves accidents – afin que force reste à la loi. Il n’en reste pas moins que les policiers récusent la thèse de la course poursuite alors que des té »moins affirment que ces jeunes avaient déjà été contrôlés trois fois au cours de cette journée. Rien n’est exclu mais nul ne se risque plus à évoquer le refus de priorité des jeunes. Et pas davantage à quelle vitesse circulaient les policiers – même si la ministre de l’Intérieur affirme légèrement qu’ils ne roulaient qu’à 40 km/heure. Ce qui est peu crédible, vu l’état de leur véhicule. Ici, on ne ment plus, on élude.

Retour de Chine, le 29 novembre, alors que la banlieue est redevenue calme, Nicolas Sarkozy s’applique à jeter de l’huile sur les braises fumantes. Sans faire dans le détail, il s’applique à décrire globalement les jeunes des quartiers « sensibles » tels les membres d’une « voyoucratie » organisée, menaçant les institutions. Laissant même entendre que toute une population serait sous la coupe de trafiquants de drogue. Le 4 décembre, pour mieux semer le doute, et la haine, entre les habitants de cette banlieue, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, justifie l’appel à la délation lancée par les autorités policières : « Cela est inscrit dans la loi », nous précise la première flic de France.

Comme l’a fort bien formulé Hamé, porte parole du groupe de rap La Rumeur : « On est sarkozyste ou l’on est un voyou, un marginal ! » (Libération , 1er décembre 2007)

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