quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 17 – Février 2008

Editorial

Le mauvais exemple français

Notre président de la République est un grand défenseur des droits de l’homme…à l’étranger. Il s’est dépensé tant et plus pour les infirmières bulgares prisonnières du dictateur Khadafi, avant de tenter de signer avec lui de fructueux contrats, en vain. De la même façon, il n’a cessé de multiplier ses efforts pour arracher Ingrid Bétancourt des griffes des guérilléros des FARC de Colombie. Que lui demander de plus ? Pas grand chose. Très simplement qu’il respecte les droits de 1’homme, en France. Particulièrement lorsque « l’individu » est de nationalité étrangère et, plus grave encore, sans papiers. Nicolas Sarkozy n’hésite jamais à montrer du doigt les ennemis de l’esprit humanitaire mais trouve naturel de lancer des hordes policières contre des parias en situation irrégulière. I1 dénonce les geôles lamentables où sont enfermées de pauvres victimes innocentes, loin de chez nous. Pourtant, dans le même temps, en France, il y a des dizaines de centres de rétention administrative où les policiers de la PAF ont des comportements que la morale démocratique ne peut que réprouver. Notre pays des Droits de l’homme n’a rien à envier à certaines dictatures qui s’appuient sur des forces de l’ordre considérables. Si l’on ajoute aux 150 000 policier, les 100 000 gendarmes -tous sous une même autorité- cela ne peut donner qu’une idée approximative de la situation de haute surveillance à laquelle nous sommes affrontés. Nul ne doit ignorer qu’une des tâches prioritaires de nos défenseurs de l’ordre public consiste à détecter, et à pourchasser, des étrangers qui seraient en situation irrégulière. Nul ne doit ignorer que la PAF (Police de l’air et des frontières), présente dans les aéroports, les ports, les grandes gares, est depuis le mois de mai 2007, sous la tutelle d’un ministère -dit de l’Identité nationale. L’existence de cette unité spécialisée signifie clairement que quiconque n’est pas français -ou même Français de souche- risque d’être considéré comme suspect.
Maurice Rajsfus

Les bons esprits

Le 21 décembre 2007, 1a bouche en coeur, le porte-parole du syndicat de police Synergie-Officiers s’est plu à nous faire savoir, sur une chaîne de télévision (Canal +) qu’il n’y aurait pas de brigades anti-tabac pour traquer les fumeurs impénitents dans les bars et les lieux de restauration. Cela au nom, sans doute, de la liberté d’intoxiquer les autres. Pourtant, dans les couloirs du métro, ou sur les quais, lorsqu’un policier avise un voyageur au teint basané, ou à la peau noire, tirant sur sa cigarette, il n’hésite jamais à l’interpeller, puis à le fouiller, face au mur, jambes écartées, avant même le moindre contrôle d’identité. Comme il faut faire la part des choses, le bon blanc qui se risque à fumer, dans les mêmes circonstances, se voit simplement inciter à éteindre l’objet du délit.
L’Observatoire des libertés publiques

Pandore corrompu

Un gendarme de la Brigade de recherche de Mantes-la-Jolie (78) a été mis en examen, le 13 décembre 2007 pour « corruption passive ». Le jour même, il était incarcéré à la prison de la Santé. Ce pandore est soupçonné d’avoir fourni des informations à des « gens du voyage » sédentarisés, contre de l’argent. (Source, Métro, 14 décembre 2007)

La police et la Justice

Le 17 décembre 2007, à Carpentras, les avocats du Vaucluse, qui manifestent contre la carte judiciaire de Rachida Dati, sont violemment expulsés de la cour de la sous-préfecture par des policiers visiblement en guerre. Après une brève sommation, les forces de l’ordre arrosent abondamment de gaz lacrymogène les avocats qui protestent paisiblement -sous le regard étonné des magistrats. Suite à cette véritable agression, la conférence des bâtonniers demande des excuses aux policiers. Pour la préfecture du Vaucluse, il n’y a pas eu de blessés. Alors… (Source, France Inter, 17 et 18 décembre 2007)

Pas de trêve d’hiver

I1 semble qu’il n’y a pas de trêve d’hiver pour les Roms. Le 18 décembre 2007, dans la matinée, une centaine de Roms, installés depuis un an sur un terrain, à Saint-Denis (93) sont évacués par la police, malgré le grand froid. (Source, 20 Minutes, 19 décembre 2007)

Les brutes de la PAF

Le 16 décembre 2007, un Algérien, en voie d’expulsion, depuis le centre de rétention de Lyon, est giflé à plusieurs reprises par des policiers de la PAF, avant d’être mis en slip pour une fouille intégrale. Pourquoi ? Après avoir subi quelques brimades, l’homme avait dit aux policiers : « fait chier ! » Ces derniers se sont alors appliqués à le « calmer », comme ils disent, dans une salle à part. Une enquête, en interne, a été ouverte par la direction du centre de rétention. Cet « incident » a été révélé par la CIMADE. (Source, Libération, 19 décembre 2007)

Pris en charge par les RG

Au matin du 20 décembre 2007, 1es policiers expulsent une vingtaine de Roms roumains d’un campement installé sur un terrain appartenant à La SNCF, près de la Porte de Clichy, dans le 17ème arrondissement de Paris. Petit détail, ces Roms sont pris en charge par des policiers des RG. Pour quelle destination, peut-on s’interroger car, sauf erreur, les Roumains font désormais partie de l’Espace Schengen. (Source, Métro, 21 décembre 2007)

Dans le calme ?

Le 20 décembre 2007, dans la soirée, la police évacue, « dans le calme », parait-il, une trentaine de sans papiers installés depuis la veille dans un temple protestant de la rue de Grenelle, à Paris. Dans le calme, peut-être, mais une femme, prise d’un malaise cardiaque doit être conduite à l’hôpital. Dans le même temps, les vingt-cinq personnes qui protestent contre cette intervention sont dispersées par les policiers vers les stations de métro. (Source, 20 Minutes, 21 décembre 2007)

Comptine

Nos correspondants ont du talent. Quand ils n’ont pas l’occasion d’adapter de vieilles comptine, ils ont suffisamment d’inspiration, comme ce grand père malicieux de Dunkerque, qui n’oublie pas de célébrer la Saint Nicolas.
« A la Saint-Nicolas
Bla, bla, bla
Grande soirée de gala
Carla, Carla,Carla
Les grands dans les petits plats
Gras, gras, gras
Les autres ventre plat
na,na,na… « 

Le Taser ne serait donc pas inoffensif…

Nous a-t-on suffisamment dit et répété sur tous les tons que le pistolet à décharge électrique Taser, dont nos policiers sont de plus en plus souvent dotés, était une arme non létale (Qui ne tue pas). C’est sans doute la raison pour laquelle la presse nationale ne s’est pas trop empressée de répercuter une information qui nous venue du Canada -pays où la police n’est pas très tendre. Le 14 octobre 2007, à l’aéroport de Vancouver, des policiers ont tiré deux coups de Taser contre un homme d’une quarantaine d’années qui « pétait les plombs », mais sans mettre la vie d’autrui en danger. Il en est mort le soir même. Ce même 14 octobre, à Montréal, un homme d’origine haïtienne est interpellé par la police, pour « conduite désordonnée », dans la rue. Il reçoit une décharge de Taser, « pour le calmer ». Quelques heures plus tard, cet homme à la peau colorée tombe dans le coma et va décéder trois jours plus tard. Jamais deux sans trois doivent estimer les policiers et, à la mi-novembre, un homme de 36 ans décède dans un hôpital de la Colombie britannique, cinq jours après une altercation avec les policiers. Lesquels ont indiqué qu’ils avaient dû utiliser plusieurs méthodes -matraque, poivre de Cayenne dans les yeux, puis Taser- pour maîtriser cet homme qui paraissait par trop « agité ». (Sources, La Liberté de l’Est, 26 novembre et Courant Alternatif, décembre 2007)

Pandore trop voyeur

Cela durait depuis plusieurs années. Un gendarme de la brigade de Dabo (Moselle), convoquait des jeunes filles, mineures de préférence, dans son bureau. Sous divers prétextes, le pandore leur demandait de se déshabiller, afin de prendre leurs mensurations. Bien sûr, ce commandant de brigade a fini par être rayé des cadres car le scandale commençait à être connu depuis 2003, mais la justice est bonne fille avec ses serviteurs, même s’ils sont déviants. C’est ainsi que le procès de ce soudard, qui devait débuter le 5 décembre 2007 a été reporté au 9 avril 2008. Le tribunal invoquant un emploi du temps trop chargé. Il en va souvent de même avec les policiers qui font traîner la procédure, le temps sans doute de faire oublier leur turpitudes. (D’après L’Est Républicain, 6 décembre 2007)

Aux viols

Un policier municipal de Rivedoux, sur l’Ile de Ré, est mis en examen, le 30 novembre 2007, et aussitôt incarcéré. Ce bon fonctionnaire local est accusé d’agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans, et de viols par personnes ayant autorité. Suite à une plainte déposée par un homme, aujourd’hui majeur, plusieurs témoins ont déjà été entendus. Parmi les dossiers retenus, deux remontraient à une vingtaine d’années, et les plus récents à 2006. Pourtant si ce policier municipal a bien reconnu  »la matérialité des faits », il s’est refusé à reconnaître la qualité de mineurs de ses victimes. (Source, L’Est Républicain, 12 décembre 2007)

Pas raciste la police

Une mère de famille de Villiers-le-Bel témoigne de la volonté provocatrice des policiers, pour pousser les jeunes à se « rebeller ». Son propos est édifiant : « (il y a) une carte de la Martinique sur la plaque d’immatriculation de la voiture de mon fils aîné. I1 a payé 90 euros pour cette carte de trois centimètres. Je trouve ça ridicule de mettre un PV pour si peu, ça ne gène pas la visibilité de la plaque. C’est, pour moi, symbole de harcèlement policier. Mon fils allait au travail en voiture, des policiers l’ont contrôlé, peut-être à cause de ses dreadlocks ou de sa couleur, l’ont fait descendre de sa voiture, ont fouillé, à la recherche de je-ne-sais-quoi, mais n’ont rien trouvé. Finalement, ils lui ont donné trois amendes, dont celle-là, et une autre parce que, paraît-il, il troublait l’ordre public en jouant de la musique dans sa voiture. » (Source, Libération, 22 décembre 2007)

La machine à expulser

Le 28 décembre 2007, en début de soirée, une centaine de sans papiers occupaient l’église Saint-Joseph des Nations, dans le 11ème arrondissement de Paris, pour protester contre les mesures d’expulsions massives d’étrangers en situation irrégulière. Soutenus par des militants du réseau Education sans frontières et le 9ème Collectif des sans papiers, tous étaient expulsés de l’Eglise par les CRS. Cette manifestation en soutien aux clandestins en grève de la faim au Centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (77) intervenait alors que, comme en décembre 2006, 1es forces da l’ordre sont sous pression pour atteindre les quotas d’expulsion fixés par Nicolas Sarbozy – soit 25 000 expulsés avant le 31 décembre 2007. (Sources, Images TV sur FR 3, 28 et 29 décembre, Libération, 29 décembre 2007)

Légalité policière

En cette fin d’année 2007, une centaine d’étrangers, en situation irrégulière étaient retenu dans les aérogares de Roissy. Cela dans des « conditions inhumaines », a dénoncé l’Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé). La plupart de ces parias étaient Tchetchènes. Comme nous connaissons bien les bonnes manières des policiers de la PAF, il n’y a pas de difficulté à comprendre ce que peut signifier le communiqué de l’Anafé, daté du 26 décembre 2007, où il était précisé : « Du fait de la situation dans la zone d’attente pour personnes en instance d’expulsion, elles passent jours et nuits dans ces salles de transit des aérogares, dans des conditions d’hébergement non conformes à la législation, et dans l’impossibilité de s’exprimer et de se faire comprendre, n’ayant pas accès à un interprète, et sans possibilité de déposer une demande d’ asile… » Lorsque la police de la République est à l’Å“uvre, il est facile de comprendre à quel point la légalité peut ne pas être respectée. (D’après Le Monde, 31 décembre 2007)

France : ancienne terre d’asile

Il semble que l’objectif de 25.000 expulsions d’étrangers, en 2007, fixé par Nicolas Sarkozy à Brice Hortefeux, n’a pas été atteint. D’où une certaine nervosité à tous les niveaux de l’appareil répressif.
Depuis la fin du mois de décembre 2007, dans le même temps, les interpellations d’étrangers en situation irrégulière n’ont fait que se multiplier. Dans le même temps, le comportement des policiers s’est fait plus brutal dans les différents centres de rétention administrative (CRA) où l’on prépare l’expulsion des sans papiers – désormais, e langage codé, on dit « éloignement ». D’où des grèves de la faim dans les CRA du Mesnil-Amelot (77) et de Vincennes (94). Durant les nuit des 29au 30 décembre puis du 30 au 31 décembre 2007, les forces de l’ordre sont intervenues de façon musclée au CRA de Vincennes.
Il est désormais bien connu que les brimades sont constantes en ces lieux qui, selon la loi, devraient bénéficier également de « prestations de type hôtelier ». Rien n’est moins certain : la nourriture est immonde, les locaux sales, les douches ne fonctionnent pas toujours et les cerbères sont de plus en plus violents et injurieux.
Dans la nuit du 29 au 30 décembre, selon un Angolais en rétention – en langage administratif, on dit maintenant « retenu » – au CRA de Vincennes, les premiers incidents seraient intervenus à cause d’un briquet utilisé par un « retenu » pour allumer une cigarette. Or, les briquets sont interdits, à Vincennes. Il raconte : « Les gardiens l’ont menotté et c’est alors que d’autres retenus sont venus à son secours, et ça a dégénéré. Ils ont appelé les CRS et une cinquantaine d’entre eux se sont livrés à des comptages vexatoires. » Suite à cette intervention, il y aurait eu trois blessés, la préfecture expliquant n’être pas au courant.
Au cours de la nuit du 30 au 31 décembre, les policiers font rentrer dans leur chambre les étrangers qui protestent. Selon l’un des « retenus » du CRA de Vincennes, des policiers casqués et matraque en main ont bousculé les protestataires, qui criaient « liberté ». Il y aura de nouveaux blessés. Selon un autre témoins, les « retenus » se sont plaints d’avoir été réveillés à huit ou dix reprises dans la nuit, au prétexte de comptages. Ce que nis mollement la préfecture de police.
« On nous traite comme des sauvages », s’est indigné un porte-parole des « retenus ». Un de ses camarades de rétention ajoute : « La France joue avec les droits de l’homme. » Un autre est encore plus précis : « Ils ont tapé tout le monde, comme sin nous étions des moutons. » Le père d’enfants français, arrivé en France en 1987, dénonce : « L’arrogance et la grossièreté des policiers et les placements à l’isolement, sans motif. » Selon un responsable de la CIMADE, ce qui est en cause ce n’est pas tant les conditions de la rétention, pourtant détestables, que « l’exaspération face à l’injustice de la menace d’expulsion qui est très angoissante. »
Pour le secrétaire national de la CIMADE : « On est confronté à une industrialisation de l’expulsion. Les modalités d’interpellation ont aussi évolué, les arrestations au domicile sont devenues quotidiennes, alors qu’elles étaient encore rares l’an passé. Plus de 300 mineurs ont été conduits en rétention, avec leurs proches, en 2007. Ces faits qui étaient considérés comme exceptionnels, auparavant, deviennent le lot quotidien de la rétention. » Dans son rapport pour l’année 2006, la CIMADE soulignait : « Certains centres ont été transformés en de véritables camps. » Un gros mot, sans doute, comme celui de « rafle », insupportable aux bons esprits.
Toujours est-il que, dans ce climat, pour la préfecture de police, il s’agit surtout d’un « mouvement d’humeur, pour des raisons multiples et confuses. » Tandis qu’au ministère de l4immigration et de l’Identité nationale, on se montre un peu plus cynique : « Il n’y a ni plus ni moins d’abus que les mois précédents. Tous les étrangers en situation, irrégulière ont vocation à retourner dans leur pays… »
Fermez le ban , et laissez agir la police, sans réagir ! (Sources, Le Nouvel Obs.com, 31 décembre 2007, Libération, 1er janvier et Le Monde, 2 janvier 2008)

Sur le pied de guerre

Pour terminer l’année 2007, la France était mise sous haute surveillance. Ainsi, dans la nuit du 31 décembre 2007 au 1er janvier 2008, ce sont 25.000 policiers et gendarmes mobiles – dont 4.500 pour la seule capitale – qui étaient mobilisés pour maintenir un ordre nullement menacé. A Paris, et en banlieue, hélicoptères à l’appui, des policiers déambulaient presque paisiblement sur les Champs-Elysées, tandis que d’autres, plus provoquants, roulaient des mécaniques, casqués, matraque en main et bouclier offensif brandi. Il y aurait eu, à travers la France, quelque 375 voitures brûlées et une dizaine d’interpellations à Paris. (Sources, images de France 2 et Le Monde, 2 janvier 2008)

Suréquipement

Le ministère de l’Intérieur n’a guère tardé à tirer les conséquences des affrontements survenus entre les forces de police et les jeunes de Villiers-le-Bel, les 25 et 26 novembre 2007. Nul, ne connaît encore les véritables responsabilités des policiers dans le drame qui a provoqué cette confrontation mais il semble qu’il y avait urgence à renforcer l’équipement des forces de l’ordre, face à la « racaille » . Déjà, une enveloppe de 3,5 millions d’euros a été débloquée, et une rallonge de 20 millions d’euros est déjà envisagée pour la seule année 2008. La direction générale de la police nationale a donc décidé de doter les policiers de terrain, dans les banlieues « sensibles », de flash-ball de nouvelle génération, pouvant faire mouche à cinquante mètres. De même, les policiers pourront disposer de « boucliers balistiques »( ?) de 1,8 mètres de haut, souples et pare-balles. Et puis, afin de mieux contrôler les mouvements des « émeutiers », l’utilisation des hélicoptères devrait se généraliser, avec de puissants faisceaux lumineux. Par ailleurs, les unités de police disposeront, de plus en plus en plus souvent, de caméscopes embarqués. Ce n’est peut-être pas la guerre, mais ça commence à y ressembler ! (Source, Le Monde, 4 janvier 2008)

Les bon points sont de retour…

Le 3 janvier, nous apprenions que les ministres feraient désormais l’objet d’une notation. Les appréciations étant effectuées par un cabinet privé. Au fait, pourquoi ne pas privatiser le pouvoir ? Les résultats des uns et des autres permettront sans doute d’indiquer la porte de sortie aux mauvais élèves. S’agit-il de récompenser l’éminence en mesure de faire baiser le taux de chômage, ou celle qui trouverait le secret d’une nouvelle croissance ? En fait, les regards se tournent surtout vers Brice Hortefeux, ministre de l’Identité nationale, seul capable d’améliorer la performance en motivant ses limiers désireux d’expulser de plus en plus de sans papiers. (Source, Le Monde, 4 janvier 2008)

Démesure

Dans la soirée du 4 janvier, rien qu’une vingtaine de CRS ont déboulé dans un café-bar du centre de Lyon, pour verbaliser un fumeur qui ne respectait pas les édits. Cela fait beaucoup de fonctionnaires sur le terrain, pour un seul délit constaté. (Source, France-Info, 5 janvier 2008)

Suicide

Un policier, âgé de 33 ans, s’est suicidé, à Gagny, le 4 janvier, avec son arme de service. Précédemment affecté à la Sûreté départementale de Bobigny, il venait d’être muté à la Brigade de répression du proxénétisme, à la PJ de Paris. Ce qui a peut-être provoqué le geste du désespéré. (Source, 20 Minutes, 7 janvier 2008)

Les cloaques de Brice Hortefeux

Ce qui se passe dans les zones d’attente de l’aéroport de Roissy est bien loin de correspondre à la normalité d’un pays civilisé. Il est vrai que c’est la Police aux frontières (PAF) qui opère dans ces lieux de non-droit où les pratiques de fonctionnaires assermentés sont d’autant plus douteuses qu’il y a, dans cet aéroport, une prison qui ne dit pas son nom. Le 4 janvier, le sénateur Vert Jean Desessard, qui a le droit de visite du fait de son statut de parlementaire, relate ce qu’il a pu constater aux militant du réseau Education sans frontières : « Accueil frais des policiers, visiblement peu enthousiastes à l’idée de faire visiter leur prison clandestine. C’est, effectivement, une salle d’embarquement désaffectée. 68 passagers, hommes et femmes, y séjournent depuis quatre ou cinq jours, et devraient y rester encore plusieurs jours. Ils disposent d’une toilette, mais d’aucune douche… Pas de lit. On dort sur les sièges ou par terre Pas de table, on mange su ses genoux. Pas de cabine téléphonique, ce qui est illégal ! » Le sénateur Desessard est choqué. Dans un autre local, tout aussi repoussant, il a trouvé trois familles de Tchétchènes avec des enfants en bas âge ; les lieux sont crasseux, avec des toilettes sales, des douches bouchées. L’explication de la police est que le ménage y est fait comme dans le reste de l’aéroport. Ah bon ? (Source, Libération, 8 janvier 2008)

Suicidé avec les menottes dans le dos

Le 8 janvier, à Noisy-le-Sec (93), un Algérien sans papier, soupçonné de trafic de stupéfiant (en fait du Subutex), interpellé la veille, est accompagné à son domicile, aux fins de perquisition. De façon tout à fait étonnante, l’homme, menotté dans le dos, aurait réussi à donner un « violent coup de boule » à l’officier censé le surveiller. Puis, tournant le dos à la baie vitrée, aurait pu faire coulisser la porte fenêtre – sans que l’on s’aperçoive de son manège – avant de sauter dans le vide, depuis le 9è étage de l’immeuble. Pour les policiers, « l’individu » aurait donc « fait usage de la violence » pour se « soustraire » à leur vigilance. Il va de soi que le parquet a immédiatement demandé à l’IGS d’enquêter sur les circonstances de ce suicide, pour le moins suspectes. Une certitude pour l’ex-mari de la compagne de la victime : « Ce n’est pas un suicide, c’est un meurtre. Comment aurait-il pu ouvrir les fenêtres s’il avait des menottes ? ». Bien évidemment, les autorités n’ont pas tardé à faire savoir à la presse que l’homme était bien connu des services de police – comme si cela pouvait tout excuser. Comme les policiers sont pleins de délicatesse, le corps est resté au pied de l’immeuble, de 11 heures à 13 heures, ses menottes ayant même été retirées… A suivre.
( Sources, Libération et Métro, 9 janvier 2008 )

Crise du logement…

Le droit au logement opposable permet à la police de faire du chiffre. Ainsi, le lundi 7 janvier, à l’annexe de la préfecture de police de Paris, les policiers interpellent trois personnes, au hasard, suite à une bousculade provoquée par l’affluence des mal-logés. Comme ces témoins étaient présents sur un terrain où ils auraient dû s’abstenir de se trouver, les forces de l’ordre les ont traités tels des « individus » priés de ne pas se mêler de ce qui ne les regarde pas. Jugés en comparution immédiate, dès le mardi 8 janvier, c’est dire si l’affaire était d’importance, ces citoyens ne devaient pas être considérés si dangereux par la justice puisque l’audience a été renvoyée au 11 avril. Ceci afin que ces prévenus puissent mieux préparer leur défense. Avec un peu de malchance, ceux-là seront peut-être logés en prison pour avoir été solidaires des mal-logés. ( D’après Libération, 10 janvier 2008 )

La grande muette doit se taire

Un commandant de gendarmerie s’était exprimé publiquement sur le malaise des militaires. Suite à ce comportement audacieux, des poursuites avaient été engagées, en décembre 2007, contre ce pandore gradé qui ignorait le principe fondamental liant les affidés de la Grande Muette : se taire ! Le 8 janvier, cet élément indiscipliné s’est vu infligé un blâme par le ministre de la Défense. Dans plusieurs médias, le commandant avait fait état de la « dégradation morale des gendarmes. » Source, Libération, 10 janvier 2008)

Que fait la police ?

Dans la nuit du 31 décembre 2007 au 1er janvier 2008, ce sont 878 véhicules qui ont &été incendiés. Soie le double de ce que le ministère de l’Intérieur annonçait au soir du 1er janvier. Il paraît que ce chiffre serait inférieur à celui de l’année précédente. Ce qui devrait nous rassurer. (Source, Le Monde, 11 janvier 2008)

« C’est pas nous »

Le 9 janvier, un Algérien sans papier, menotté dans le dos, tombait du 9ème étage de son immeuble, à Noisy-le-Sec, au cours d’une perquisition à son domicile. Très rapidement, l’accusation d’homicide avait circulé depuis la famille de cet immigré clandestin. Indigné, le syndicat d’officiers de police, Synergie, n’a pas tardé à dénoncer ces allégations, tout en affirmant son soutien aux officiers de la brigade des stups qui opéraient ce jour-là, rappelant simplement que l’homme avait échappé à leur vigilance. (Source, 20 Minutes, 11 janvier 2008)

Grivèlerie

Le 10 janvier, à Paris, un colonel de gendarmerie était pris la main dans le sac. Au lieu de pourchasser les voleurs de poule, il volait du chocolat dans un magasin. Sans doute une impulsion incontrôlée… Le pandore galonné a été immédiatement relevé de ses fonctions. Quand même ! (Source, France 3, 11 janvier 2008)

Sécurité personnelle

Lorsque Nicolas Sarkozy séjourne dans sa résidence de la Lanterne, à Versailles, il n’y a pas moins d’une demie compagnie de CRS – soit 50 hommes – pour veiller sur sa sécurité. (Source, Le Monde, 15 janvier 2008)

C’est pas nos oignons…

Le 9 janvier, trois policiers américain s transitent par l’aéroport de Roissy, pour embarquer sur un vol Paris/Brazzaville. A bord d’un Airbus d’Air France, ils escortent deux ressortissants Congolais, expulsés des Etats-Unis. Environ une heure avant que n’embarque le personnel navigant, il est possible d’assister à une scène d’une rare violence : un véritable passage à tabac est effectué sur le sol français par des policiers US. Pendant ce temps, le commandant de bord reste enfermé dans sa cabine, se gardant bien d’intervenir. Il fallait vraiment que cette séance soit d’une brutalité sans nom pour que les témoins expliquent que cette brutalité déchaînée était sans commune mesure avec la pratique des policiers de la PAF, qui ne sont pourtant pas des enfants de chœur en matière de violence. Pour un syndicaliste d’Air France : « Il est intolérable de voir des policiers américains se comporter comme bon leur semble, sur le territoire français, sur un avion de ligne d’une compagnie française… » Le 11 janvier, le ministère de l’Intérieur, interrogé par des journalistes du site Internet Rue 89, les invitaient à se rapprocher des services de Brice Hortefeux, ministre de l’Identité nationale, lesquels les renvoyaient vers le ministère des Affaires étrangères « dans la mesure où il s’agit d’une affaire diplomatique franco-américaine. » (Source, Rue 89, 12 janvier 2008)

Une avocate prend date contre Dati

Une avocate, qui estime avoir été contrôlée au faciès par un CRS, au tribunal de Bobigny (93), a assigné la ministre de la Justice. Le 14 novembre 2007, cette avocate, sans doute visiblement d’origine maghrébine, devait subir un contrôle dans l’enceinte du tribunal, après que le parquet eut demandé de rechercher d’éventuels porteurs d’armes. Selon cette avocate, ces contrôles avaient pour but unique d’interpeller des étrangers en situation irrégulière. » Ce qui constitue une violence du droit d’accès à un tribunal, et « un acte de discrimination. » (Source, 20 Minutes, 15 janvier 2008)

Planète policière

Le 14 janvier, la ministre de l’Intérieur a annoncé la création d’un bac « sécurité prévention », à la rentrée de septembre 2008, dans un lycée de Gagny (93). Par ailleurs, le nombre de places dans les Cadets de la police nationale, avec formation en alternance dans les lycées, sera triplé d’ici 2010. Quant au dispositif « Défense deuxième chance », il sera en mesure d’accueillir, dès le mois de mars, cent jeunes « désocialisés », de plus. Heureusement que notre police s’intéresse aux jeunes ! (Source, 20 Minutes, 15 janvier 2008)

Salariés en colère

Depuis le 14 janvier, des salariés, victimes d’un prochain licenciement, séquestraient le directeur de leur usine à Saint-Dié (Haute-Marne). Fort heureusement, dans la matinée du 15 janvier, les policiers sont intervenus pour libérer ce chef d’entreprise qui s’apprête à jeter dehors 254 salariés. (Source, Le Monde, 17 janvier 2008)

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