Flic et rap
C’est en solidarité active avec mes jeunes amis du groupe « La Rumeur », que je me suis hasardé dans ce domaine du rap, qui n’est pas le mien. Une certitude : bien des rappeurs font plus contre le racisme institutionnel que les gesticulations de certaines organisations censées lutter contre cette dérive qui ne fait que s’accentuer. Triste paradoxe que de voir des «saltimbanques» damer le pion aux professionnels des droits de l’Homme trop souvent en panne d’initiative.
Dramatique constat, en un temps où la haine de 1’autre tient lieu et place de réflexion politique.
Maurice Rajsfus
La France démocratique
Est une République
Baroque
Nos valeurs éthiques
Ne sont pas bénéfiques
Du toc
Il reste des reliques
Très anémiques
En loques
Toute ses boutiques
Nous font la nique
Se moquent,
Du peuple famélique
Mélancolique,
En bloc
Une histoire héroïque
Devenue oblique
Fait floc
Un pays très cynique
Assassin de MaIik
Débloque
Une issue dramatique
Rarement ludique
Interloque
Ce sont surtout les flics
Très hystériques
Qui sèment la panique
A coups de triques
Phalliques
La vie devient merdique
Malgré les suppliques
Des plus pacifiques
Venus des tropiques
Accrocs de la musique
C’est la mécanique
Tragique
Robotique
De nos flics
Apoplectiques
Rarement lymphatiques
Toujours sataniques
Aux mœurs antiques
Peu angéliques
Toujours épidermiques
La France est asthmatique
Ses lois sont élastiques
Ses képis diaboliques.
Ce climat dramatique
Permet aux fanatiques,
À tous les flics,
De représenter cette relique
Chaotique
Que l’on nomme République
Nombreuses sont les victimes stoïques
De ces amateurs de l’alambic
Rougeauds, hydropiques
Cerveaux microscopiques
Rarement philanthropiques
Toujours prêts à la philippique
À la limite du comique
Ces hommes du néolithique
Antipathiques
Peu ludiques
Rarement poétiques
Insensibles aux suppliques,
Sont énigmatiques
À la limite du juridique,
C’est la force publique !
Les policiers hystériques
Sardoniques
Autistiques
Nourrissent la chronique
Avec leurs victimes pathétiques
Ont horreur des loustics
Ils usent de propos caustiques
Sans connaître la linguistique
Trouvent bien pratique
De traiter les autres d’inciviques
Pour calmer leurs coliques
Néphrétiques
Et leur rage autocratique
Regard d’aspic
Menottes qui cliquent
Flash-balls qui claquent
Il n’est pas loin le flic
1l décrète, ex nihilo,
Ce qui est bon, ce qui est beau
Peu importent les sanglots
Dus à leur triste boulot
Dans le commissariat opaque
Qui sent la caque
Ce cloaque
Véritable cul-de-sac
Où ces Cosaques
Nous prennent pour des Polaks
Des Moldovaques
Ou même des Kanaks
On reçoit des claques
Surtout si l’on est Black !
Clic-clac
Les menottes claquent
Dans cette baraque
Où la matraque
Résout tous les micmacs
Peu importe que ces maniaques
Ces paranoïaques démoniaques
Sur le sol vous plaquent
Et vous pètent l’os iliaque
Flic-flaque
Ils vous traitent de bique
Et vous arnaquent
Pauvres mécaniques
Tristes foutraques
Têtes de brique
Qui vous attaquent
Vous prennent au colback
Vous considère comme des macaques
Ces chabraques
Apprécient le cognac
Et bien plus l’armagnac
Ils multiplient les couacs
Et vous passent à tabac
Du tac au tac
Ils vous saquent
Triste come-back
Habituel ressac
Des hommes en casaque
Tels des corbacs
Et parfois l’on craque
Car ils nous rendent cardiaques
Au son des pincettes clic-clac
Merci Kodack
(Ce texte a été publié dans le numéro « spécial été 2008 » du Monde Libertaire.)
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