QUE FAIT LA POLICE ? Bulletin intérieur d’information – Numéro 59 – Mars 2000
Éditorial : Sauvageons
Les jeunes des banlieues, plus souvent qu’à 1’ordinaire, restent la cible favorite de la police. S’ils ont le teint coloré, l’intérêt porté à leur égard peut aller jusqu’au paroxysme du délire investigateur . Tout adolescent visiblement d’origine maghrébine ou Noir, est considéré comme un suspect potentiel, et les forces de l’ordre estiment indispensable de veiller sur lui.
II convient, en effet, de trier le bon grain de 1’ivraie. D’où ces contrôles d’identité à répétition, ce harcèlement permanent qui a pour conséquence de révolter plus encore des jeunes déjà marginalisés, de rendre enragés ceux que la société a condamnés à la désespérance. La présence de « Grands frères », comme dans les transports en commun, n’y fera rien, et moins encore celle de ces adjoints de sécurité, originaires des mêmes groupes qui apparaissent comme des « collabos ».
Au temps de la Croisade des Albigeois – au Xlll° siècle Simon de Montfort, qui conduisait la traque, avait cette saine philosophie en s’adressant à ses troupes: » Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens ! « . Nous n’en sommes plus là , c’est heureux, mais de nombreux cadavres de jeunes des banlieues figurent au tableau de chasse de notre police républicaine.
Les récentes déclarations du ministre du martinet Claude Allègre, sur la « tolérance zéro », ne peut qu’émoustiller ceux des policiers qui sont persuadés de conduire une croisade salvatrice pour l’avènement d’une France bien blanche.
II faudrait que ces jeunes trop voyants rasent les murs, se fassent oublier mais s’ils disparaissent du paysage, notre ministre de l’intérieur et ses policiers seraient bien ennuyés. Contre qui se déchaîner pour expliquer que la sécurité publique est toujours menacée?
MAURICE RAJSFUS
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LA POLICE SOCIALISTE VEILLE
Outrage, ô désespoir…
Nous savons d’expérience que les policiers sont des êtres très sensibles. Tels ces défenseurs de l’ordre publie du Havre qui ont accusé un professeur de philosophie de les avoir : « outragés par paroles et gestes, menaces de nature à porter atteinte à la dignité et au respect dus à la fonction de policiers dans l’exercice de leurs fonctions » Cela peut coûter très cher à celui qui dérape. Et en tout cas une plainte en bonne et due forme pour réparer ces indignités.
Le 4 septembre 1999, trois policiers, sans ordre ni mandat se sont permis, sur simple appel de voisins délateurs, d’embarquer cet homme âgé de soixante et un ans, menotté comme un vulgaire malfrat. Cela sous le prétexte de tapage nocturne. II est vrai que cette soirée se déroulait chez une famille amie… togolaise. Le rapport médical relèvera une quinzaine d’hématomes, une impotence fonctionnelle de l’épaule, une cervicalgie et un traumatisme dû à l’incarcération.
Il parait que cet homme respectable s’était permis de proclamer, lors de son interpellation illégale » La France a une police fasciste! » C’était plus que tout policier, même raciste, peut normalement supporter. Poursuivi pour ivresse publique ( ?) et manifeste, alors que le contrôle d’alcoolémie n’a pas été effectué, le brave homme estimait à bon droit qu’il vivait désormais sur une autre planète. Le 14 février, le tribunal correctionnel de Caen a débouté les policiers de leur plainte et relaxé le prof. Cet » outrage » restera impuni.
(Source, Libération, 15 février 2000)
Roubaix : police raciste
Selon les militants antiracistes de Roubaix, les passages à tabac sont fréquents au commissariat de police de Roubaix. Ils affirment même: » Tous les trois jours, nous recevons des appels de gens qui n’osent pas déposer plainte parce qu’ils ont peur. » On n’est donc pas étonné d’apprendre que, le soir du 31 janvier, la police soit intervenue, à sa manière – et à domicile – une querelle entre une femme noire et son mari blanc. Embarquée menottes serrées, jetée à plat ventre dans un fourgon, un policier la tire par les cheveux, et dit à cette femme terrorisée qui hurle de peur » Si tu continues comme çà , je vais te foutre mon poing dans la gueule! » Et puis, » Il ne manque plus que le coussin, pour faire comme les Belges… » Au commissariat, cette victime ordinaire de policiers ordinaires, demande à voir un gradé, et on lui répond qu’il n’est pas question » de réveiller le commissaire pour une négresse. »
Une femme policier la force ensuite à se déshabiller devant les « collègues « , qui ricanant sans doute. À 6 heures du matin, elle est relâchée mais refuse de signer un procès-verbal indiquant qu’elle était en état d’ivresse sur la voie publique. Quelques heures plus tard, un médecin constate des hématomes sur les cuisses, les jambes, les bras et des tuméfactions aux poignets. Interrogé, le commissaire divisionnaire » ne souhaite pas polémiquer « . Pourtant, à la demande du préfet, l’IGPN enquête.
(Source, Libération, 18 février 2000)
Bavure judiciaire
Le 3 février, une mère de famille de Marseille a été condamnée, sur plainte des policiers, pour injures, coups et blessures, à 8000 francs d’amende et quatre mois de prison avec sursis. Elle avait également porté plainte contre ces policiers pour injures racistes. A l’origine de cette double plainte, une altercation le 10 septembre 1999, dans les quartiers nord de Marseille entre policiers et jeunes soupçonnés de vol d’accessoires automobile. Au cours de cette intervention, les policiers de la BAC s’étaient acharnés sur un jeune français prénomme Abdallah, et les témoins confirment avoir entendu proférer des injures à caractère raciste. C’est la mère de ce garçon qui a été condamnée, le président du tribunal prenant systématiquement la défense des policiers. De son côté, Abdallah est déjà en prison, préventivement, depuis 5 mois, sans que la date de son procès ait été fixée.
(Source, communiqué de la Ligue des droits de l’homme Marseille)
Liberté, liberté chérie…
Qu’en est-il des libertés démocratiques lorsque la police s’arroge le droit d’intervenir dans tous les actes de la vie publique ? Un citoyen parisien, Rmiste de son état, en fait actuellement l’amère expérience et nous conte ses aventures.
Le 11 septembre 1998, il se rend, avec quelques personnes, dans un centre EDF du VIe arrondissement de Paris. Le but est d’obtenir le respect de la loi sur le revenu minimum d’insertion qui stipule la garantie de l’accès à l’énergie. La police intervient, les identités sont relevées et les personnes filmées une à une à la sortie des locaux.
Le 19 février 1999, il veut se rendre dans un autre centre EDF, dans le Xe arrondissement cette fois, et rendez-vous est fixé par téléphone. A l’arrivée, la police est déjà présente. Le 8 mars, ce citoyen, apparemment suspect, demande par courrier à la commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité de vérifier si des écoutes téléphoniques avaient été opérées, et leur légalité.
Le 7 janvier 2000, ce Parisien, bien dans son rôle citoyen, intervient, avec d’autres personnes, à la mairie du Xe arrondissement. Cette fois, il est question de résoudre un problème de place en crèche. Là encore, la police est présente et tous sont longuement filmés.
Très en colère, à bon droit, notre correspondant met les points sur les i : »
La participation à la vie politique est un droit. L’espionnage par les services de l’État des individus usant de ce droit, particulièrement par les services de la police politique – nommés Renseignements généraux – est contraire à ce droit, donc une atteinte aux libertés publiques, ainsi qu’une atteinte aux droits intangibles de la personnalité. La prise d’image, le recueil d’informations sur la vie privée, la constitution d’un fichier de données sur un individu constituent des instruments de contrainte font peser une menace, comme leur mise en oeuvre patente est utilisée pour susciter la crainte « .
Dans un courrier adressé au président du tribunal de grande instance et au Procureur de la République de Paris, ce citoyen, considéré comme un réfractaire dangereux, demande la restitution des images le concernant, captées et détenues par la police, la communication du fichier le concernant et sa disparition du fichier de police. Les destinataires respectifs de ces courriers n’ont pas daigné répondre.
Réveillon agité
Le 31 décembre 1999, vers 18 heures, un Nancéen qui est attendu par des amis pour fêter le Nouvel an, subit un contrôle d’alcoolémie. Comme il a commencé la fête avec un peu d’avance, son taux d’alcool est mesuré à 1, 88 g/l. Les policiers le placent alors en cellule de dégrisement. Ayant demandé un verre d’eau, qui lui est refusé, il réitère sa demande et voit arriver dans sa cellule deux fonctionnaires armés d’un tuyau d’arrosage -sans doute pour étancher sa soif. Protestant contre ce traitement, le jeune homme ne peut encore imaginer la suite. Son témoignage laisse pantois » Je cogne à nouveau à la porte. Elle s’ouvre. Le plus petit des deux fonctionnaires me ceinture alors que le plus grand, face à moi, me saisit par les cheveux, me relève la tête et m’envoie son poing sur l’arête du nez. Je suis un peu KO, les jambes en coton et je tombe à terre, où je sens que l’on me donne des coups de pied. » À 5h15, le 1er janvier, le » délinquant » est réveillé par un capitaine de police qui lui notifie sa garde à vue et lui propose de voir un médecin, qui constate une fracture du nez. À 6h30, le jeune homme apprend que les deux policiers tortionnaires ont porté plainte contre lui pour » coups et blessures volontaires sur agents de police. » De son côté, il porte plainte également, mais le directeur départemental de la sécurité publique déclare : » Je ne suis pas saisi de la plainte de l’individu. Vous m’apprenez son existence. Je ne connais que celle de mes fonctionnaires, en date du 1er janvier au matin. » Sans commentaires.
(Source, L’Est républicain, 28 janvier 2000)
Hors la loi
La police ne se contente pas d’expulser, avec les méthodes brutales souvent décrites par les témoins. Ces derniers jours, l’approche s’est affinée car les passagers circulant dans les aéroports doivent ignorer ces pratiques peu dignes du pays des droits de l’homme. C’est ainsi que, le 9 février, à l’aéroport de Roissy, onze militants du collectif anti-expulsions d’ÃŽle-de-France ont été interpellés parce qu’il « distribuaient des tracts dans l’espace Schengen « . II s’agit là , apparemment, d’un délit nouveau, inventé par des policiers désireux de se montrer performants. Ce qui est certain, c’est que le ministre de l’Intérieur ne peut supporter les distributions régulières de tracts aux passagers des vols pour l’Afrique et l’Asie, qui ne doivent pas être informés de ces expulsions de sans papiers.
(Source, Libération, 10 février 2000)
Sans témoins
La police ne veut pas de micros chez elle. Les syndicats s’opposent à l’enregistrement sonore des gardes à vue. La police est très en colère. Le 10 février, en effet, les députés se sont laissés allés à voter une disposition instaurant la sonorisation des séances d’interrogatoire. Les syndicats de police s’indignent de ne pas avoir été consultés. Comme si la police consultait les pékins avant de passer à tabac un suspect au teint basané. Argument du secrétaire général d’un syndicat d’officiers de police : « Que se passerait-il si un mis en cause se met à crier sans qu’on le touche? » C’est, effectivement, une perspective cauchemardesque. Nul n’aurait le droit de se mêler des affaires internes de la police. Comme il y a quelque 400 000 gardes à vue par an au pays de la liberté, l’industrie de l’électronique y trouverait pourtant son compte. Ne dramatisons pas trop : les policiers savent très bien bâillonner un sans papiers pour qu’on ne l’entende pas crier lors de son expulsion.
(Source, Libération, 19 février 2000)
Le yo-yo de la justice
Le feuilleton qui a suivi le meurtre d’un garçon de 16 ans en forêt de Fontainebleau par un policier, le 17 décembre 1997, vers 23 heures, se poursuit. Cette nuit-là , un jeune Français prénommé Abdelkader avait été tué d’une balle dans la nuque, alors qu’au volant d’une voiture il tentait de contourner un barrage de police. L’auteur du coup de feu expliquant immédiatement qu’il se trouvait en état de légitime défense (Se reporter à Que fait la police? janvier 1998 et janvier 1999). En novembre 1998, trois policiers étaient mis en examen et, en juillet 1999, il n’était plus question de légitime défense puisque le procureur chargé du dossier requalifie les faits en meurtre. C’est pourtant à une véritable volte-face que vient de se livrer ce même procureur en affirmant qu’il y a bien eu légitime défense. D’où une demande de non-lieu invraisemblable. Ce non-lieu est également requis pour le policier qui avait profité des circonstances pour tabasser lourdement le passager de la voiture. Nous saurons bientôt ce que décidera le juge d’instruction.
(Source, Libération, 3 février 2000)
Je t’écoutes et je te vois !
En 1994, les RG s’étaient déjà risqués à » sonoriser » les débat d’un Conseil national du parti socialiste qui se tenait à Paris. Suite à ce dérapage, les RG abandonnaient officiellement leur mission de « suivi des partis politiques » Il semble qu’il n’en soit rien puisque le siège bordelais du PS aurait été surveillé ces derniers mois par une caméra des RG. Le pot aux roses n’a été découvert que par les révélations de » policiers sympathisants. » Ainsi donc, les mauvaises manières ont la vie dure mais si, en 1994, Charles Pasqua se trouvait place Beauvau, c’est Jean Pierre Chevènement qui est aux manettes aujourd’hui.
(Source, Le Monde, 3 et 12 février 2000)
Fâcheuse méprise
» J’ai cru voir la mort devant moi! » C est une Alsacienne, âgée d’une cinquantaine d’années qui rapporte sa mésaventure. Ce soir-là , des policiers en civil de Sélestat sont en planque et estiment que la voiture qu’ils recherchent vient de passer. Suit alors une séance qui confine à l’horreur. Cette femme, mal remise de cette soirée raconte son aventure : Au premier feu rouge, une voiture s’est rangée à côté de nous, avec quatre gars. Cela m’a inquiété. J’ai dit à mon mari : ils nous regardent bizarrement. Au bout de cinq cents mètres, l’auto nous a doublés pour nous bloquer la route. Deux hommes sont descendus. Je ne savais pas que c’était des policiers. J’étais paniquée et j’ai dit à mon mari d’accélérer. J’ai pensé à une prise d’otages ou à un braquage. » Le capitaine de police, qui conduit l’opération, explique: » J’ai dépassé la voiture des fuyards et j’ai bloqué la route. D’où le choc. » La brave dame poursuit son récit : » Ensuite, ils ont extirpé mon mari de l’habitacle, l’on menotté à terre et quand je suis sortie, un homme m’attendait en pointant un revolver vers mon front » Une fois au commissariat, les policiers s’aperçoivent de leur méprise mais signifient néanmoins au couple plusieurs infractions dont refus d’obtempérer et rébellion. De son côté, le couple a voulu porter plainte mais la police de Sélestat et la gendarmerie ont refusé de l’enregistrer. Le tribunal a quand même relaxé les prévenus.
(Source, L’Alsace, 28 janvier 2000)
Indics institutionnels
La police, c’est bien connu, ne serait guère efficace sans ses indics. Bénévoles ou rétribués, ces bons citoyens sont hélas! nombreux et on en trouve à tous les niveaux de notre société démocratique. Cette fois, c’est la Sonacotra (qui gère des foyers de travailleurs immigrés) qui est épinglée. Une enquête conduite par Libération montre comment le directeur des foyers de la région Rhône-Alpes alimentait les services de police en précieux renseignements, permettant ensuite l’expulsion de travailleurs en situation irrégulière. Comme le souligne Libération, » La confusion du social et du policier est une vieille tentation de la société française. » Faudra-t-il de nouveau se méfier de sa concierge, de son patron, de son voisin de palier ou de son coiffeur?
(Source Libération, 11 février 2000)
Vraiment pathétique
C’est un » policier intelligent, efficace, mais un peu désordre. » Ces mots ne traduisent que faiblement la personnalité du capitaine de police qui est jugé par le tribunal correctionnel de Paris, le 26 janvier, sous l’accusation de » vol et détention d’armes et explosifs « . Oh, bien sûr, ce policier n’était pas un trafiquant dames. Plus simplement il avait négocié avec des truands, liés avec l’extrême droite niçoise, la remise en douceur d’un stock d’armes aux autorités. Pourtant, ce policier aux méthodes » parfois limites » avait mis de côté quelques caisses de munitions dans un box appartenant à sa compagne. Pourquoi ? Réponse du policier au président du tribunal qui l’interroge » Mon bureau était trop petit… » Pour le procureur, ce policier est simplement » pathétique « , ce qui le conduit à ne réclamer contre ce serviteur de l’ordre que deux années de prison, avec sursis, bien évidemment Pathétique, en effet.
(Source, Libération, 27 janvier et Le Monde, 28 janvier 2000)
Heureux temps…
Selon une loi spécifique, datant de 1903, les gendarmes peuvent tirer sur un suspect sans être en situation de légitime défense. Depuis bien des années, certains syndicats de policiers (la FPIP, particulièrement) revendiquent ce statut permettant de tirer tous azimuts sur tout ce qui bouge. après une simple sommation. En fait, ce » privilège » avait été accordé aux policiers, sous l’occupation nazie, par une loi (numéro 513, du 18 septembre 1943) relative à l’usage des armes par les personnels de police. »
…Le chef du gouvernement décrète, Article 1er. Les dispositions de la loi numéro 392 du 22 juillet 1943, portant modification de l’article 231 de la loi du 28 Germinal an VI, et relative de l’emploi de la force armée par les officiers et gradés de la gendarmerie et par les gendarmes, sont applicables aux membres du personnel de la police, en uniforme ou en tenue civile, sous réserve que les sommations prévues à l’article 231 nouveau soient faites sous la forme de l’appel Halte police!; au lieu de Halte gendarmerie! Fait à Vichy le 18 septembre 1943. Signé Pierre Laval »
Heureux temps où les policiers pouvaient flinguer à tout va, sans être dans l’obligation de justifier d’une quelconque légitime défense. En ces temps de violence, les » sauvageons » étaient également clairement désignés, communistes et gaullistes, juifs et francs-maçons…
(Source, Archives de la préfecture de police, Série BA, carton 1800)
EN BREF….
Chers amis RG
Suite à l’affaire de la caméra espion qui surveillait le siège du PS, à Bordeaux, on nous avait affirmé que les RG n’étaient plus une police politique. Faut-il croire à cette fable? Le 19 février, la manifestation contre l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite autrichienne, à Paris, venait de démarrer. Je me trouvais à l’angle de la rue du Cherche-midi et de la rue de Sèvres. Là , j’ai entendu des policiers des RG, en civil, converser avec leur hiérarchie: « … En tête du cortège, nous apercevons Maurice Rajsfus, de son vrai nom Maurice P, de Ras l’front, et qui préside également l’OLP » Nous sommes deux à avoir entendu ce rapport oral. Où en est la liberté de manifester, inscrite dans la constitution?
(Correspondant)
Toujours le sursis
Chacun sait que la destruction ou les surcharges sur un document administratif constitue un délit punissable. La sanction devant être plus forte lorsqu’un fonctionnaire se rend coupable de tels actes. Cela ne semble pas être le cas pour ces gardiens de la paix de Toulon qui, en 1997, avaient détruit le récépissé de demande de statut de réfugié d’un immigré roumain. En effet, l’auteur de cette destruction n’a été condamné qu’à six mois de prison avec sursis, le 28 janvier, par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Certes, ce policier a été révoqué mais il n’en reste pas moins qu’un tel verdict ne peut qu’inciter les imitateurs à reproduire de tels comportements.
(Source, libération, 29 janvier 2000)
Tir instinctif
La police de New-York, tant admirée par notre ministre de l’intérieur, a le tir franc et massif. Un procès vient de se dérouler, suite au véritable meurtre d’un jeune Guinéen dont le seul délit constitué était la couleur de sa peau. Ce jeune homme de vingt-deux ans avait fait un geste vers son manteau pendant que des policiers étaient en chasse. Résultat des courses : 41 balles de revolver transpercent le corps de celui qui aurait mieux fait de se trouver ailleurs. L’un des policiers assassins s’est ainsi expliqué : » Les tirs étaient justifiés au moment où tout s’est passé.
(Source, Libération, 31 janvier 2000)
Techno
Les policiers, tout comme les gendarmes, détestent les » rave party « . Dans la nuit du 5 au 6 février, les forces de l’ordre, qui n’apprécient pas la musique techno, sont intervenues dans un entrepôt, non loin de Fontainebleau. Bien entendu, comme à l’habitude, l’intervention des policiers a provoqué une bagarre, au cours d’une évacuation vigoureuse. Onze participants ont été interpellés.
(Source, Le Monde, 8 février 2000)
Beurk !
Il n’y a pas qu’à New-York que la police du » zéro tolérance » s’illustre régulièrement. A Los Angeles, nous apprend Libération, » Racket, drogue, corruption, crimes : la police forme le pire des gangs du ghetto. » Ces derniers mois, une liste de 99 innocents, envoyés en prison par des policiers ripoux, a été retrouvée, mais tous n’ont pas encore été libérés. Ce qui est certain c’est que les vingt policiers suspendus n’ont pas été inculpés. Be1 exemple d’une police qui fait l’admiration des fervents français du tout sécuritaire.
(Source, libération, 4 février 2000)
Proximité
Les Assises nationales de la police de proximité se tiendront le 30 mars. Pour le ministre de l’Intérieur, ces assises représenteront » le dernier acte qui clôturera la phase d’expérimentation, et le point de départ de la généralisation de cette politique à une vaste échelle sur le territoire national. » Jean-Pierre Chevènement veut convaincre que » la police de proximité doit fournir la réponse adaptée à la demande de sécurité exprimée par la population. » La méthode Coué a du bon pour ceux qui restent persuadés de son efficacité.
(D’après Civic, décembre 1999)
La force de l’habitude
Un ancien policier de la PJ de Paris, révoqué en 1982 et déjà condamné, en 1994, pour trafic de drogue, a été condamné le 8 février à quatre ans de prison ferme. L’ancien policier fournissait les » clients » d’une petite discothèque en cannabis, ecstasy et cocaïne. Au cours du procès, le gardien de l’ordre public devenu dealer a affirmé être tombé dans la drogue en arrêtant la boisson: » Durant mon service, au commissariat de Pigalle, à Paris, j’ai vu mille cadavres et j’ai bu mille bouteilles de whisky pour les oublier. »
(Source, Le Républicain lorrain, édition électronique, 9 février 2000)
En nature
Depuis dix-huit mois, un policier de Saint-Dié (Vosges) profitait des contrôles de vitesse pour » améliorer l’ordinaire. » Comme le précise le procureur de la République, la méthode était simple : » En contre-partie d’une non-verbalisation, les automobilistes devaient faire un geste en nature. » (Invitations au restaurant et bonnes bouteilles) Mis en examen pour » vol par personne dotée de l’autorité publique, faux et corruption « , le policier a reconnu une partie des faits. Arrêté le 3 février, ce ripoux gastronome a été mis en détention provisoire et risquerait dix ans de prison ferme. Comme l’affirme. le procureur » II est hors de question qu’une personne utilise son uniforme, symbole de pouvoir, pour en tirer bénéfice »
(Source, L’Est républicain, 5 février 2000)
Trafiquant d’armes
Pendant la guerre du Liban, un CRS en poste à Beyrouth, avait déjà été condamné à trois ans de prison ferme pour trafic d’armes. Lesquels était écoulés au sein de la pègre du Sud de la France. Le temps a passé, et le CRS a été révoqué mais, précautionneux, l’homme avait conservé un petit stock d’armes dans le box qu’il louait pour sa voiture, dans la région d’Aix-en-Provence. C’est un véritable arsenal que les policiers du SRPJ ont découvert. : lance-roquettes, fusils à pompe, pains de plastic, détonateurs, grenades défensives, fusil d’assaut, pistolets automatiques et munitions adéquates. Écroué depuis le début de l’année pour une banale moquerie, l’ancien défenseur de l’ordre public a été présenté au parquet d’Aix-en-Provence.
(Source, Libération, 29 janvier 2000)
Non-droit
Un correspondant d’Indre-et-Loire nous envoie un témoignage qui illustre parfaitement les libertés que les policiers peuvent prendre avec la liberté des citoyens. Le 24 décembre 1999, pendant la distribution du courrier, un facteur est menacé d’arrestation par un policier en civil. En effet, le facteur refuse de répondre à cet agent qui, lui ayant ostensiblement montré sa carte, lui explique qu’il cherche un certain Mohamed X. Comme il n’est pas dans ses attributions de faire de la délation, le facteur refuse de répondre malgré les menaces qui lui sont faites, du style » obstruction aux forces de l’ordre « . L’agent est alors reparti à sa voiture.
La police à l’école
A partir d’un sondage, publié le 30 janvier dans le Journal du dimanche, sur les violences en milieu scolaire, les Français seraient d’accord à 77 % pour la présence des policiers à l’école. Chacun sait que la façon de poser les questions induit bien souvent les réponses… Il est réconfortant de constater que les enseignants sont plutôt contre.
À l’école
Les 6 et 7 février, à l’aube, les CRS sont intervenus dans plusieurs sièges d’académies occupés par des enseignants qui protestaient contre le manque de postes dans les lycées ou la suppression de classes dans le primaire. Ce même 6 février, une centaine de chasseurs hors-la-loi tiraient le canard et la bécasse, dans l’Hérault. Comme il est moins grave de violer la loi en matière de chasse que de s’inquiéter de l’éducation des enfants, la gendarmerie n’est pas intervenue. Comme l’ont souligné les militants syndicalistes, ces interventions des forces de police contre des enseignants illustrent parfaitement la volonté de mettre des policiers à l’école. Claude Allègre a dû être satisfait.
(Sources, France Inter et Libération, 7 février 2000)
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