QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 27 – février 2009
Editorial Environnement toxique
Lorsque nous déambulons dans les rues de nos villes, comme dans les transports en commun, la présence des forces de l’ordre est de moins en moins anodine. Oubliée la protection des personnes et des biens. Seule compte la surveillance active d’une population qui se doit de marcher droit. Le badaud s’attardant devant la vitrine d’un magasin peut devenir suspect. Le manifestant qui défile derrière une banderole revendicative est susceptible d’être un dangereux agitateur risquant de mettre en danger l’ordre public. Celui qui s’adresse à un policier de méchante humeur, sans respecter les codes imposée par cet homme important, peut être poursuivi pour outrage. Il faut que cela soit bien compris : le fonctionnaire revêtu d’un uniforme bleu marine est devenu, peu à peu, le tuteur d’une société en passe de perdre ses repères démocratiques. Cette situation est d’autant plus préoccupante que la majorité des citoyens de ce pays ne paraît pas prendre conscience de la menace pesant sur les espaces de liberté ayant pu survivre dans cette atmosphère délétère. Transformer le citoyen en auxiliaire inconscient de l’ordre public et, le cas échéant, de l’ordre moral, c’est l’ambition du policier. Chacun pouvant ainsi devenir le cerbère de l’autre. C’était le cas dans certains systèmes totalitaires dont il faut jamais oublier qu’ils avaient pris la suite de régimes démocratiques. Nous n’en sommes pas là . Fort heureusement. Pourtant, lorsque l’intégralité d’une population n’a le choix qu’entre la peur du soupçon et la volonté de faire partie de ceux qui traquent les possibles suspects, l’Etat policier en gestation est déjà en mesure de lancer ces tentacules dans tous les secteurs de la société.
Maurice Rajsfus
Règlement de comptes familial
Le I9 décembre 2008, dans la soirée, à Rivesaltes (66), un policier en tenue, en poste à Perpignan, tue son épouse avant de retourner contre lui son arme de service. Ce gardien de la paix des ménages, âgé de 53 ans, était conduit à l’hôpital dans un état désespéré. Le couple avait deux enfants mineurs. (Source, Direct Matin, 22 décembre 2008)
Silence dans les rangs !
Le 16 décembre 2008, trois professeurs de philosophie embarquent à Roissy, sur un vol Air-France à destination de Kinshasa où se tient un congrès organisé par l’agence universitaire de la Francophonie. Aussitôt, ils constatent la présence d’un Africain, à 1’arrière de l’appareil, menotté et encadré par cinq policiers. Les philosophes demandent juste aux policiers les raisons de ce traitement. Les policiers refusent de répondre et demandent aux enseignants de regagner leur siège. Comme ils insistent, d’autres passagers finissent à leur tour par se lever pour protester contre le menottage de ce sans papiers. Au bout d’un quart d’heure, l’agitation retombe mais, avant le décollage, le commandant de bord signifie à l’un des trois philosophes qu’il va être débarqué. Aussitôt, cet humaniste, qui n’a fait que poser une question, est « arraché » de son siège par les policiers et « très violemment menotté ». A la sortie de l’avion, il est traîné au sol et son visage est en sang. Placé en garde à vue, il sera remis en liberté après plusieurs heures de garde à vue, mais lesté d’une convocation, pour le 4 mars 2009 au tribunal de grande instance de Bobigny. Il est poursuivi pour « opposition à une mesure de reconduite à la frontière, et entrave à la circulation d’un aéronef. » L’affaire ne s’arrête pas là puisque le 22 décembre, ses deux collègues, retour du Congo, sont interpellés à la descente d’avion, et placés en garde-à -vue, également pour avoir posé des questions aux policiers. Ils vont subir dix heures de garde-à -vue. I1 convient de noter que le congrès où se rendaient les trois philosophes traitait de la « culture du dialogue, des frontières et de l’accueil des étrangers ». (Sources, Le Monde et Libération, 24 décembre 2008)
Comptine
Malgré la crise nos policiers ne chôment pas, ce qui excite la verve de nos correspondants. L’un d’eux, Wallon facétieux, nous a communiqué cette charmante bluette adaptée d’une comptine chantée en Belgique à la fin du XIXème siècle :
« Bleu, bleu, bleu
Le policier est bleu
Raide, raide, raide
Sa matraque est raide
Blêmes, blêmes, blêmes
Ses victimes sont blêmes
Bravo, bravo, bravo
Serions-nous tous des veaux ? »
Formation permanente…
Suite à l’interpellation des trois philosophes qui avaient protesté contre le menottage d’un Africain expulsé vers Kinshasa, le I6 décembre, une hôtesse de l’air, syndiquée à la CGT, témoigne de la complicité entre la compagnie Air France et la police de l’air et des frontières (PAF). Tout d’abord, il arrive que le personnel navigant fournisse les noms des voyageurs « fauteurs de troubles » à la police, y compris après l’atterrissage. Ensuite, les hôtesses suivent une « formation musclée », avec le GIGN, pour apprendre à mettre les menottes, bâillonner, et même mettre les doigts dans les globes oculaires… (Source,Rue 89 par Internet, 23 décembre 2008)
Avec ou sans ménagement ?
Dans la matinée du 26 décembre, environ 80 militants de l’association Droit au logement (DAL), occupaient le patio du Grand Hôtel, sur la place de l’Opéra, à Paris. But de cette opération : obtenir du gouvernement le respect des engagements de l’Etat pour le relogement des familles ayant participé au campement de la rue de la Banque, en 2007. La réponse ne s’est pas fait attendre. Au bout d’un quart d’heure, les forces de l’ordre intervenaient : « sans ménagement », commentait le porte-parole du DAL, « sans heurts », selon la préfecture de police. Les images vues sur FR 3 permettaient de constater la « douceur » de l’intervention des gendarmes mobiles. (Source, Libération, 27 décembre 2008)
Droit au logement ?
Le 28 décembre, une manifestation en soutien aux familles de mals logés se déroulait à Paris. Contrairement à d’autres rencontres protestataires, tout s’est relativement bien passé. Pourtant, un document photo significatif nous montrait l’importance du dispositif policier mobilisé pour canaliser l’inquiétude et la colère de ceux qui, malgré la loi sur le logement opposable sont toujours logés dans des conditions déplorables. (Source, Le Monde, avec photo, 1er janvier 2009)
Inflation
35 000 policiers et gendarmes mobiles avaient été mobilisés pour surveiller les fêtards dans les grandes villes. Le passage de 2008 à 2009 était donc hautement sécurisé. Pour la capitale, quelque 7 500 membres des forces de l’ordre patrouillaient dans les beaux quartiers et arrondissements « sensibles » -dont plus de 2 000 pour les seuls Champs-Elysées. Dès I4 heures, le 31 décembre, les gendarmes mobiles et les CRS s’exhibaient dans Paris. Au cours de la nuit, les mêmes pandores et policiers, déguisés en crustacés, s’appliquaient surtout à briser les bouteilles de champagne, interdites cette nuit-là . Cette mobilisation sécuritaire n’a pas empêché les incendies de voitures, nettement plus nombreux que l’année précédente : 1 147 contre 878 dans la nuit du 3I décembre 2007 au 1er janvier 2008, soit 30% d’augmentation. Y aurait-il eu effet d’aubaine en perspective ? I1 semble que cela soit plausible puisque les propriétaires de voitures incendiées peuvent désormais bénéficier d’une indemnisation d’un montant de 4 000 euros… Mais que fait la police ? Y aura-t-il épuration parmi les grands cadres policiers, pour manque d’efficacité. (D’après Canal + et France 2, 1er janvier 2009)
Feu à volonté
Dans la matinée du 31 décembre, à Marseille, trois jeunes braqueurs tentaient de dévaliser un bureau de poste. Comme les policiers, prévenus, les attendaient à la sortie, l’un des garçons prenait une otage parmi les employés. Ce qui ne devait pas empêcher les policiers d’ouvrir le feu, tuant le preneur d’otage, âgé de 20 ans, tout en risquant d’atteindre également la jeune femme. Selon un témoin, il aurait tiré une balle en l’air, ce qui aurait déclenché le feu policier. Atteint de quatre balles, au thorax et à la tête, le braqueur devait décéder rapidement. Au total, quatorze projectiles ont été tirés par six des seize policiers appelés sur les lieux pour intervenir. Y aura-t-il enquête pour savoir si les policiers peuvent tirer en de telles circonstances, mettant alors en jeu la vie de l’otage ? (Source, Le Parisien, 1er janvier 2009)
Policiers et gendarmes : un seul patron !
Depuis le 1er janvier 2009, 1a gendarmerie nationale est officiellement placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur. Une telle situation ne s’était pas présentée depuis qu’en 1942, René Bousquet, secrétaire général à la police de Vichy avait unifié sous son autorité l’ensemble des forces de l’ordre pour mieux traquer les communistes et les Juifs.Une telle situation n’est pas pour plaire aux syndicats de policiers, lesquels n’ont pas tardé à rappeler que, malgré tout, les gendarmes restaient des militaires, pouvant refuser leur subordination aux préfets des départements ou des régions. De plus, comment les syndicats de policiers pourraient-ils ne pas revendiquer ce droit qu’ont les gendarmes, d’ouvrir le feu sur un suspect après sommation, comme-le-leur permet une loi datant de 1903 ? (D’après Le Parisien, 1er janvier 2009)
Tir de barrage
Dans la nuit du 30 au 31 décembre 2008, trois mineurs étaient arrêtés à Montfermeil (93). Ces garçons, âgés de 15 et 16 ans, à bord d’une voiture, avaient foncé sur des policiers qui intervenaient après un accident de la circulation. Craignant un contrôle d’identité, dans ce quartier « sensible », les garçons s’étaient enfuis avant d’être pris en chasse, interpellés, puis placés en garde-à -vue. Au cours de la poursuite, les policiers devaient faire usage de leurs armes -cela devient une habitude- sans faire de blessés, heureusement. (Source, Libération, 2 janvier 2009)
Toujours à propos des philosophes
Suite à l’interpellation des trois philosophes qui avaient eu l’audace de demander aux policiers d’escorte d’un sans papiers pourquoi leur victime était menottée à bord d’un avion en partance pour Kinshasa, un collègue de ces universitaires réagit : « Une police, qui est celle des pleins pouvoirs, est toujours dangereuse, quels que soient les cieux où elle sévit. Une police qui distingue le blanc du noir, et l’Européen de l’Africain, ne saurait être au-dessus de tout soupçon. La politique, aujourd’hui, se réduit, telle une peau de chagrin, à la police et aux opérations de maintien de l’ordre. » (Extraits d’une tribune libre parue dans Le Monde, le 2 janvier 2009, sous le titre « témoigner contre une expulsion forcée est-il un délit ?)
Droit à la matraque opposable…
Le 4 janvier, dans l’après-midi, à Paris, une manifestation organisée par le mouvement Droit au Logement (DAL) était stoppée sur le pont des Arts par des gendarmes mobiles qui attendaient les mal-logés, matraque en main. Suite à cette intervention, cinq personnes, dont quatre femme et le porte-parole du DAL, étaient blessées. Ce que niait la préfecture de police, qui réfutait toute brutalité de la part des forces de l’ordre. (Sources France Info et France 2, avec images significatives, 4 janvier 2009)
Flicage ordinaire
A quoi sert la Commission nationale informatique et liberté (CNIL) qui entérine généralement les empiètements aux libertés fondamentales que se permettent les autorités policières. Particulièrement en ce qui concerne les fichiers qui ne cessent de se multiplier. A l’approche de la généralisation -le 1er février 2009- du passe Navigo, en usage sur le réseau de la RATP, en Ile de France, il semble que la CNIL se soit, cette fois rebellée, rejetant la volonté des autorités de mémoriser les déplacements des personnes, durant 48 heures, avec les dates, heures et lieux de passage de tout utilisateur du passe Navigo, recueillis dans un fichier initié à cet effet. Pour le secrétaire général de-la CNIL, « Aller et venir librement anonymement, constitue une liberté fondamentale. » En 2007, 1a CNIL avait obtenu qu’un titre de transport « Navigo Découverte », anonyme, puisse être obtenu sur simple demande, pour le prix de cinq euros supplémentaires. Les responsables de la CNIL se sont aperçus qu’il était très difficile, sinon impossible, de se procurer cette carte. Par ailleurs, la CNIL a recueilli de nombreuses plaintes de bénéficiaires du RMI ou de l’allocation spécifique de solidarité, qui doivent obligatoirement souscrire au passe Navigo, sans possibilité de choix. Ce qui signifierait que l’anonymat serait refusé aux précaires, sans doute suspects aux yeux de la police. (Source, Le Parisien, 6 janvier 2009)
Justice à deux vitesses
En bonne justice, la procédure d’urgence ne concerne que les jeunes des cités ou les manifestants suspectés d’un jet de cannette en direction des forces de l’ordre. I1 en va différemment lorsque des policiers sont poursuivis pour violence. Dans ce cas, la procédure peut durer des années, les policiers usant de nombreux procédés dilatoires. C’était le cas pour ces quatre policiers de la BAC, dont une femme qui, à Champigny (94), le I7 mai 2003, s’étaient activés à pourchasser un jeune homme de 18 ans circulant sans casque sur une mini moto. Après une course-poursuite, le garçon avait été rattrapé au fond d’une impasse, où les défenseurs de l’ordre public allaient s’appliquer à le tabasser lourdement, avec des coups de pied violents, « très localisés », selon deux expertises médicales. Cinq jours plus tard, la victime était opérée pour une ablation de la rate et d’une partie du pancréas. Durant l’instruction, suite à la plainte déposée par la famille, le parquet avait requis le non-lieu, à deux reprises. Lors de 1’audience, le 1er décembre 2008, aucune peine n’avait été requise par le procureur, lequel estimait que le dossier « n’apportait pas de réponse à un certain nombre d’interrogations. » I1 n’empêche, le 5 janvier 2009, en délibéré, près de six ans après les faits, le tribunal correctionnel de Créteil devait condamner les brutes en uniforme à huit mois de prison, avec sursis, pour « violences en réunion », mais sans inscription au casier judiciaire (ce qui aurait pu nuire à la carrière de ces sympathiques fonctionnaires d’autorité). Immédiatement, néanmoins, les quatre gardiens de l’ordre public faisaient savoir qu’ils contestaient les faits et allaient faire appel de ce jugement. De son côté, l’avocat de la victime -dont il n’est hasardeux que son prénom soit Jamel- se félicitait de l’indépendance des juges, face à un parquet autiste.
Quant aux syndicats de policiers, particulièrement le SGP (FO), ils dénonçaient « une sombre affaire », dans un tract diffusé dès le rendu du jugement. A suivre, bien évidemment. (D’après Le Parisien, 6 janvier 2009)
Concertation
Le 6 janvier, une soixantaine de lycéens parisiens s’étaient rassemblés sur la place de la Concorde pour protester contre les projets du ministre Darcos. Très rapidement, ils étaient « raccompagnés » à la station de métro Madeleine par les gendarmes mobile, au prétexte que la manifestation n’avait pas été autorisée par la préfecture de police. (Source, 20 Minutes, 7 janvier 2009)
Toujours le 6 janvier, les forces de l’ordre devaient intervenir au lycée Joliot-Curie, à Nanterre (92), pour disperser une chaîne humaine de protestation contre les poursuites judiciaires engagées envers trois élèves de l’établissement. Selon le syndicat FSU des Hauts-de-Seine, un enseignant « a été projeté au sol (tandis qu’une autre enseignante était bousculée, et deux lycéens également malmenée ». Bien entendu, la police dément ces brutalités. (Source, Métro, 7 janvier 2009)
La commissaire était pressée
« La police nous protège, mais qui nous protège de la police ? » Ce slogan, qui s’est répandu dans les banlieues et les cités, prend toute sa valeur à l’’évocation d’un drame qui s’est déroulé à Dugny (93), le 16 octobre 2006. Ce jour-là , un jeune homme, alors âgé de 21 ans, fou de jalousie, prenait en otage la sœur de son ex-compagne, menaçant de se jeter dans le vide avec elle si la police intervenait : « Si les flics entrent, j’en bute deux et je saute avec elle ! » Il est rapidement fait appel au RAID, pour « geler la situation » en attendant les spécialistes. En clair, faire taire les sirènes deux tons des véhicules de police, écarter les curieux et, surtout, maintenir le contact avec le « forcené ». Vers 20 heures, après plus de trois de négociation, alors que les hommes du RAID sont en route, une commissaire de police décide de ne pas attendre davantage et ouvre la porte de l’appartement dans lequel le jeune homme s’est retranché avec son otage. Il met aussitôt sa menace à exécution, et se précipite du 4ème étage avec sa victime qui mourra suite à cette chute, ce qui ne sera pas le cas du garçon. Le 6 janvier, à l’ouverture de son procès, devant le tribunal de Bobigny, la commissaire, nullement convaincue de ne pas avoir appréciée correctement la situation, expliquait qu’elle ignorait l’arrivée imminente du RAID. Une défense contestée par la famille de la victime ainsi que par la plupart des policiers présents dans l’immeuble le 16 octobre 2006. A suivre. (D’après Aujourd’hui, 7 janvier 2009)
Moins de police nationale, plus de polices privées
Il paraît que les effectifs policiers étaient pléthoriques – et en tout cas budgétivores. Toujours est-il que, le 6 janvier, lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur, le Direction générale de la police nationale présentait aux organisations syndicales un plan de réduction des effectifs. Il y a actuellement plus de 150.000 fonctionnaires d’autorité, relevant du ministère de l’Intérieur, et la volonté est de supprimer 4.800 emplois d’ici 2001. Ces suppressions de postes concernent surtout la base policière dont les effectifs seraient réduits de près de 3.000 fonctionnaires. Il n’en reste pas moins que les effectifs de la sécurité publique ne seront pas menacés, et pas davantage ceux des CRS. Cela dans le même temps que le gouvernement annonce un plan de création de 100.000 emplois dans la sécurité privée. Et puis, de manière plus perverse, la bonne vieille idée de Jean-Pierre Chevènement des adjoints de sécurité, avec la volonté d’y inclure des jeunes des banlieues, issus de l’immigration, est reprise. Avec la volonté, cette fois, de créer 1 .400 postes de sous-policiers destinés à des chômeurs de longue durée. (D’après Le Monde, 8 janvier 2009)
Droit à la matraque opposable (suite)
Lors de la manifestation des mal-logés du 4 janvier, à Paris, les gendarmes mobiles s’étaient largement défoulés sur des femmes. Jean-Baptiste Ayraut, porte-parole du DAL, lui-même blessé (poignet fracturé) témoigne de la scène qui s’est déroulé sur la passerelle des Arts où, suite à une charge des forces de l’ordre, le cortège a été coupé en deux : « …Les gardes mobiles, lourdement équipés de boucliers, bottes, jambières et de matraques, s’en prennent à ces femmes qui cherchent à rester ensemble. Sabrina traverse le barrage, un gendarme la poursuit et l’attrape par le cou, elle tombe et le gendarme, déséquilibré, lui tombe lourdement dessus ; elle est assommée, évacuée en brancard et se réveille à Cochin, plusieurs côtes cassées. Deux autres mères de famille sont également blessées aux jambes par des coups de matraque, et laissées au sol pendant une heure et demie, avant d’être évacuées par les pompiers… » (Source, Libération, 10 janvier 2009)
Expulsions : le score de 2008
Selon les services du ministère de l’immigration et de l’Identité nationale, le nombre d’expulsés sans papiers, en 2008, aura été exactement de 29.799, pour un objectif fixé par Nicolas Sarkozy à 26.000. Brice Hortefeux a donc dépassé la norme. (D’après Libération, 12 janvier 2009)
Grosses brutes
Le 10 janvier, un professeur du lycée Joliot-Curie, de Nanterre (92) a porté plainte contre la police. A l’issue d’une manifestation de lycéens à laquelle il participait, il avait été victime de « violences volontaires », lors de la dispersion de cette manifestation « pacifique » qui s’était déroulée « sans volonté de blocage. Il convient de rappeler que cette manifestation avait été organisée pour protester contre les poursuites judicaires engagées à l’encontre de trois élèves de cet établissement. (Source, Direct-Matin, 12 janvier 2009)
Snif-snif
Deux policiers de la brigade des stupéfiants, en poste à Orléans, ont été arrêtés et placés en garde à vue par les gendarmes, le 9 janvier. C’est au cours d’une opération de routine de douaniers, à Angoulême, qu’un trafiquant de drogue, interpellé avec trente kilos de résine de cannabis à bord de son véhicule, avait livré ses complices, permettant leur arrestation. Environ 10.000 euros, en liquide, seront retrouvés au domicile de ces deux brigadiers. Difficile de défendre ces deux fonctionnaires d’autorité et, de source policière, il y a eu cette déclaration : « On a affaire à deux voyous, qui le sont devenus par besoin d’argent. Ils ont trahi tout le monde et donné une mauvaise image de notre service ! » On embauche donc des voyous dans la police ? Autre interrogation : il serait donc possible de devenir malfrat en étant policier ? Toujours est-il que les syndicats de policiers, toujours prompts à réagir lorsqu’un collègue est mis en cause suite à une bavure, sont restés étrangement muets. (D’après Libération, 12 janvier 2009)
Concertation
De passage à Saint-Lô, pour y présenter ses vœux au corps enseignant, le président de la République était accompagné d’une armée de gendarmes mobiles et de CRS. Sans doute pour contenir quelque 4.000 manifestant (2.000 selon la police), venus protester contre sa réforme des lycées. Des heurts ne pouvaient que se produire entre les forces de l’ordre, qui ne manquaient pas de brandir leurs matraques, insulter les manifestants et balancer de nombreux jets de gaz lacrymogènes. Il y aura neuf blessés et une quinzaine d’interpellations. (Source, France-Info et France 2, avec images significatives, 12 janvier 2009)
Du parti socialiste à l’identité nationale
L’ancien socialiste Eric Besson a achevé sa mutation. Devenu gardien de l’Identité nationale, après sa nomination à ce poste, le 15 janvier, il rejoint, dans la grande tradition répressive, deux de ses devanciers issus du même sérail : Jules Moch et Jean-Pierre Chevènement. Il n’en reste pas moins que ces deux ministres à la nuque raide n’avaient quand même pas été jusqu’à rejoindre un gouvernement de droite dure, pour s’affirmer comme champion de la répression. Logiquement, cet ancien grand espoir du PS va rejoindre les instances de l’UMP – histoire de témoigner de ses nouvelles convictions. A son nouveau poste, il se devra de démontrer qu’il est tout aussi capable que Brice Hortefeux pour traquer les sans papiers. Désormais grand patron de la police de l’air et des frontières (PAF) tout comme des gardes chiourmes des centres de rétention – ces zones de non-droit qui dépendent désormais de cet ancien militant de gauche devenu ministre de droite, Eric Besson, à son tour, laissera son nom dans la sinistre histoire d’une France xénophobe, et raciste pas destination ! (Communiqué de l’Observatoire des libertés publiques, 16 janvier 2009)
Pour nous écrire
L’Observatoire des libertés publiques a sa boîte aux lettres chez NSP-Agora, 20, rue Courat, 75020 Paris. Continuez à nous y faire parvenir les coupures de la presse régionale sur les bavures et dérives des forces de l’ordre. Elles nous sont très précieuses car nombre de ces « faits divers » ne sont pas relatés dans la presse nationale.
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