quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 28 – Mars 2009

Editorial

Les mercenaires de l’ordre

En chaque policier que nous croisons dans la rue ou les transports en commun, y aurait-il un petit Sarkozy par délégation ? Poser la question est déjà un début de réponse ! Même volonté de nuisance envers les immigrés « visibles », et les contestataires par trop remuants, qu’il convient de ramener à la raison, avec des arguments plus ou moins violents. Même mépris vis à vis de la misère. Même volonté d’encadrer la société avec le développement du contrôle social. En chaque policier, posté dans une gare ou sur le lieu d’une manifestation, il est possible de trouver le défenseur d’un ordre nullement menacé. A son niveau, le policier veut se persuader qu’il est l’authentique bras armé du président de la République et, par délégation, du ministre de l’Intérieur, du préfet de police, ainsi que de son supérieur hiérarchique direct. D’où cette certitude, affirmée dans le ton, les ordres aboyés, l’arrogance affichée envers le citoyen sans problème qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Au service d’un pouvoir fort, les policiers ont tendance à devenir un corps étranger au pays. Ils se veulent, de fait, chacun à son niveau, les tuteurs de notre société, et même nos maîtres à penser. Ce qui les rend indifférents, insensibles même aux problèmes sociaux et économiques de leurs concitoyens. Au nom de la religion de l’ordre, dont ils se veulent les grands prêtres, les policiers de ce pays, par leur comportement, donnent le sentiment que la défense des libertés démocratiques est devenu le dernier de leurs soucis.
Maurice Rajsfus

Assermenté mais gros menteur
Le 6 décembre 2004, un Malien sans papiers était tombé dans le coma pendant sa garde-à-vue au commissariat de police de Courbevoie (92). Transporté à l’hôpital, il devait y décéder le 24 janvier 2005, sans avoir repris connaissance. Suite à une enquête rapide, le parquet de Nanterre avait classé l’affaire sans suite, retenant l’hypothèse que cet homme de 38 ans s’était lui-même cogné la tête contre la porte de sa cellule, pour ne pas être expulsé. Tout comme la famille, qui n’avait pas cru à cette explication, une récente enquête de L’IGS démontre que l’un des trois policiers en cause aurait livré un faux témoignage sous serment. Ce qui a conduit l’avocat de la famille de la victime à demander un complément d’enquête, en raison de ce « témoignage mensonger ». Requête transmise au parquet de Nanterre, qui se déjugera peut-être. (Source, Métro, 19 janvier 2009)

Humaniste
Le 19 janvier, après avoir été retenue durant quatre jours par les policiers de la PAF, à l’aéroport de Roissy, une jeune congolaise âgée de 12 ans, était finalement remise à son père, lequel vit régulièrement en France. (Source, Métro, 20 janvier 2009)

Au secours
Le zèle policier, comme leur volonté de mal faire, n’a pas de limite. Le 13 janvier, dans la banlieue de Bordeaux, une automobiliste a été verbalisée pour avoir fumé ure cigarette au volant de sa voiture, écopant d’une amende de 22 euros. I1 est vrai que les policiers, sous pression de leur hiérarchie, se doivent de « faire du chiffre ». (D’après 20 Minutes, 20 janvier 2009)

Comptine
Cette charmante bluette nous a été envoyée par un correspondant toulousain qui a sans doute pu apprécier le contact chaleureux d’une matraque tonfa maniée avec dextérité. N’hésitez pas à nous aider à enrichir cette rubrique

« Le policier
N’est pas de bois
Boit,boit
Mais sa matraque
Qui échaudure
Qui nous bordure
Dur,dur
Est en bois dur
Ca c’est sûr ! »

Strictement nécessaire
La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) « déplore », dans un rapport publié le 18 janvier, au Journal Officiel, que le ministère de l’Intérieur ait ignoré sa demande de rappel à l’ordre de deux policiers impliqués dans le tabassage d’un sans papier, menotté, en 2006, à Toulouse, lors d’une opération de reconduite à la frontière. Après une enquête, qui avait confirmé les violences illégitimes dénoncées par un témoin, la CNDS avait recommandé au ministère de l’Intérieur des poursuites disciplinaires contre ces policiers. De son côté, l’IGPN (police des polices) avait conclu que la « force strictement nécessaire » avait été utilisée. (Source, Le Monde, 20 janvier 2009)

Plus de 33 millions de personnes dans le STIC
Cela fait un certain temps que le fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées) était dénoncé comme un outil répressif totalement incontrôlé. Pour la CNIL (Commission nationale informatique et liberté), les conditions d’utilisation du STIC sont très « imparfaites ». Selon les derniers calculs, il y aurait dans le STIC quelque 5,5 millions de mis en cause, et 28,3 millions de victimes ou témoins, soit près de 34 millions de personnes recensées dans ce fichier. Pour la CNIL : « Non seulement la procédure de mise à jour du STIC est peu utilisée par les procureurs de la République mais, dans certains cas, les demandes d’effacement formulées ne sont pas prises en compte par le ministère de l’Intérieur. Sans entrer dans le détail de l’enquête conduite par la CNIL, il suffit de noter simplement que seules I7% des fiches de mises en cause sont exactes. Parmi les données stockées dans le STIC, il est possible de trouver des qualifications telles que « autiste » ou « handicapé moteur », voire « homosexuel », « travesti » ou « alcoolique »… (Source, le Monde, 20 janvier 2009)

Amnésie policière
Le 21 juin 2008, un Tunisien sans papiers, âgé de 41 ans, décédait au centre de rétention (CRA) de Vincennes. Sa famille ne l’apprendra, fortuitement, qu’à la fin du mois d’octobre. Ce qui a finalement conduit la famille à déposer plainte, le 20 janvier 2009, pour rétention d’information, ainsi que pour homicide involontaire, pour manquement aux obligations de sécurité, omission de porter secours et, enfin, fausses informations, atteintes à la mémoire du mort et à sa réputation, ainsi qu’à celle de sa famille. Pour la préfecture de police, cet homme, prénommé Salem, « se trouvait seul dans sa chambre au moment du décès ». De quoi, Salem est-il mort ? Selon 1’administration : « L’enquête en cours, menée par la police judiciaire, écarte la présence de traces anormales. » Il n’en reste pas moins que, dès le lendemain du décès, le 22 juin 2008, 1a préfecture de police affirmait que « Salem était connu pour des faits de délinquance grave et réitérés, notamment en matière de trafic de stupéfiants, de violence et de viol. » Ce qui, avec retard, a conduit la famille à porter plainte pour atteinte à la mémoire de Salem. N’oublions pas que le 22 juin 2008, des codétenus de Salem avaient mis le feu au CRA de Vincennes. Une certitude, le corps de cette victime qui serait décédée d’un « arrêt cardiaque », selon la préfecture de police, n’a jamais été remis à la famille. (Sources, Libération, 21 janvier et 20 Minutes, 27 janvier 2009)

Boute-feu
Le 21 janvier, à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), lors d’un contrôle routier, l’un des passagers d’un véhicule prend la fuite, affirment les gendarmes de service. Ce qui conduit l’un des pandores qui, n’écoutant que la voix de son devoir, dégaine et tire sur le fuyard qui sera grièvement blessé. I1 est vrai que les gendarmes ont un statut particulier, leur permettant, depuis 1903, de tirer sans être en situation de légitime défense. Bien évidemment, l’Inspection technique de la gendarmerie nationale (ITGN) enquête. Dans l’attente, le flingueur impulsif a été mis en examen, mais laissé en liberté sous contrô1e judiciaire. (D’après Métro, 22 janvier et Direct Matin, 23 janvier 2009)

A la chasse !
Le 24 janvier, quelques centaines de manifestants s’étaient rassemblés pour protester contre le maintien en détention de trois jeunes, sous l’accusation d’avoir tenté d’incendier un fourgon de police, devant le commissariat de police du XVIIIème arrondissement, en mai 2007. Comme ce rassemblement n’avait pas été autorisé par la préfecture, les forces de l’ordre, très nombreuses, encerclaient les manifestants, interpellant une centaine d’entre eux, après avoir chargé violemment et balancé des gaz lacrymogènes. (Source, Métro, 26 janvier 2009)

Pour la police : justice lente !
Dans la nuit du 13 au 14 août 2007, un père de famille, âgé de 37 ans, déprimé et pris de boisson, s’était disputé avec sa petite amie. Alertée par les voisins, les forces de l’ordre ne tardent pas à arriver pour maîtriser le  »forcené ». Le ton monte rapidement, et l’homme lance aux policiers : « Un bon flic est un flic mort ! Sarkozystes ! » Réponse d’un policier : « Tu vas morfler, connard ! ». Propos rapportés par un témoin, qui donne une fâcheuse image de l’expression policière. Comme cet homme désespéré s’applique un couteau sur la gorge, en criant : « Venez, je n’ai plus rien à perdre ! » Le même policier lui répond : « Vas-y, ça arrangera tout le monde ! » Va suivre une fuite par les toits, puis dans la rue. Débusqué, assis entre un mur et une voiture, l’un des policier intime au fuyard : « Sors de là ! » puis tire sans sommation une balle de 9 mm, tuant cet homme sur le coup. Dix-huit mois plus tard, le policier flingueur n’a toujours pas été mis en examen, et son avocat s’escrime à parler de « légitime défense », alors que la victime n’était pas armée. La reconstitution des faits a été reportée à plusieurs reprises. Comment ne pas s’étonner des lenteurs de la justice lorsque des policiers sont mis en cause. Surtout lorsqu’il y a mort d’homme ? (D’après Le Monde, 27 janvier 2009)

Pas contents, les policiers !
Bonne nouvelle. Les policiers se disent écÅ“urés par certaines tâches qui leur sont imposées. C’est ainsi que les deux principaux syndicats de policiers en tenue, SGP-FO et UNSA-Police, appellent une manifestation nationale de leurs troupes, le 28 mars 2009. Motif de cette grogne : « protéger les acquis sociaux ». En fait, ces policiers se plaignent surtout de l’inégalité de la répartition des primes qui, « ne bénéficient qu’à quelques privilégiés ». (Il convient de rappeler qu’après la révolte des banlieues de l’automne 2005, un certain nombre de policiers, en poste sur le terrain s’étaient vu attribuer une prime de 300 euros alors que certains commissaires avaient reçu jusqu’à 15 000 euros pour leurs bons et loyaux services). Même s’ils regrettent les conditions de détention dans les centres de rétention (CRA), ces policiers se gardent bien de dénoncer la politique visant à expulser un maximum de clandestins. Un bon point, pourtant, un ancien délégué du SGP remarque : « Nos concitoyens souhaitent une police efficace, juste, et pas contrainte à la rentabilité, mais prioritairement au service du peuple et de la République, quelle que soit la situation sociale ». I1 est vrai que celui qui tenait ce langage vient de prendre sa retraite. Ce qui explique peut-être ce manque à l’obligation de réserve, comme disent les bons esprits… (D’après Libération, 27 janvier 2009)

Humanisme xénophobe
Le nouveau ministre de l’Identité nationale, Eric Besson, est bien le digne successeur de Brice Hortefeux. Le 27 janvier, en « visite » dans le Pas-de-Calais, près de l’ancien centre d’hébergement de Sangatte, celui qui fut militant socialiste a exprimé de fortes paroles. Après avoir « constaté les conditions de vie déplorables » des parias qui tentent de gagner l’Angleterre, le ministre a proclamé : « I1 n’y a pas de place pour l’immigration clandestine dans notre pays ! » Solution proposée : « Plus d’hommes, de matériels et de moyens sophistiqués pour rendre la frontière étanche… » En clair davantage de policiers avec, peut-être, quelques chiens. Profitant de ce déplacement, Eric Besson n’a pas manqué de se rendre au CRA de Coquelles, proche de Lille. Pourtant, comme le ministre ne veut pas donner de lui une image de barbare, le bon élève du président de la République a expliqué qu’il allait essayer de voir ce qui peut être fait pour améliorer la situation humaine mais, toute fois, « sans rien faire qui puisse laisser penser qu’on va recréer un centre » comme Sangatte. Evidemment, ce serait trop demander à cet humaniste qui a définitivement rompu avec sa tribu politique d’origine. (D’après 20 Minutes, 27 janvier et Libération, 28 janvier 2009)

Mensonge sous serment
Le 22 novembre 2007, à Nantes, trois policiers contrôlaient un homme ivre qui déambulait dans les rues de Nantes. Au lieu de 1’interpeller et de le conduire au commissariat, pour le placer en cellule de dégrisement, comme le veut procédure, ils l’abandonnent à son sort. Ces policiers sont en fin de service et ne veulent pas s’intéresser à cet ivrogne présumé. Ce n’est que vingt jours plus tard que l’on retrouvera le corps de cet ouvrier tunisien, prénommé Taoufik dans les eaux glacées du canal, situé au bout de la rue sombre où le contrôle avait été effectué. Les policiers affirmeront l’avoir laissé dans une rue bien éclairée et passante. (Se reporter à Que fait la Police ?, janvier 2008). Le 28 janvier 2009, les trois policiers comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Nantes pour « délaissement » et « faux témoignage », admettant avoir menti sous serment, aussi bien à leur hiérarchie qu’aux enquêteurs de l’IGPN, mais refusant d’admettre le délit de « délaissement », qui est lourdement condamnable. Comme l’a exprimé l’un des policiers : « …J’ai entendu des commentaires tendancieux et loufoques à la radio et dans les journaux. On a eu peur d’être accusé de l’avoir agressé, tabassé ou tué. » Magnanime, le procureur a requis six mois de prison avec sursis pour chacun des trois policiers, mais pas d’interdiction professionnelle, estimant que c’est à l’institution policière de prendre éventuellement une telle mesure. A suivre. (Libération, 29 janvier 2009)

Vient de paraître
Les Editions Semic ont eu l’excellente idée de publier une bande dessinée intitulée Outrage et Rébellion, signée par Robert Outrage et Marcel Rebellion -en fait, Manook et Cordoba. En vente dans toutes les bonnes librairies. A lire absolument.

Police secours ?
Le 31 janvier, à Chateau-Thierry (Aisnes) les policiers interpellent un homme, pris de boisson, et le mettent en garde à vue au commissariat. Rapidement, 1’homme fait un malaise cardiaque, et les policiers font appel au SMUR, qui envoie aussitôt un médecin pour assurer les premiers soins. Entre temps, un second malaise cardiaque se produit. Le médecin du SMUR informe les policiers qu’il faut absolument conduire cet homme à l’hôpital. Ce qui provoque une vive discussion, et le refus des policiers, qui se mettent à tutoyer ce médecin qui a sans doute le tort d’être noir de peau. Ils lui intiment l’ordre de stopper la réanimation et mettent en doute sa qualité de médecin. (Comment un Noir pourrait-il être médecin ? doivent estimer ces policiers, bruts de décoffrage). Ils lui parlent avec mépris, et vont jusqu’à le menacer d’une mise en garde-à-vue. Finalement transféré à l’hôpital, l’ivrogne, devenue victime de la police est hospitalisé dans un état grave. A l’hôpital, le personnel se montrait indigné du comportement policier envers un médecin dont la couleur de peau ne devait pas leur convenir. (D’après France Info et France 3, 31 janvier 2009)

Invisible
Le 31 janvier, à Paris, une manifestation en soutien aux membres de l’informel « groupe de Tarnac », le fameux « groupuscule invisible » se déroule depuis la place du Luxembourg. Alors que le cortège approchait de la prison de la Santé, où Julien Coupat est toujours détenu, les forces de l’ordre entraient en action. Bilan de cette intervention policière, quinze interpellations et huit policiers blessés. (Source, Journal du Dimanche, 1er février et Libération, 2 février 2009)

En Suisse aussi
Ce même 31 janvier, à Genève, la police suisse disperse rudement un millier de manifestants qui, à l’appel de groupes alter mondialistes, protestent contre le Forum de Davos. La police ayant, parait-il, repéré quelques dizaines de « casseurs » au sein du cortège, n’a pas manqué de se défouler, tout comme le feraient de vulgaires policiers français. (D’après Le Journal du Dimanche, 1er février 2009)

Rétention
Le 31 janvier, quelque 500 personnes manifestaient devant le centre de rétention de Vincennes (CRA) pour en réclamer la fermeture. Les policiers, comme à leur habitude, en ce lieu « sensible », n’ont pas manqué d’intervenir à la matraque. Neuf manifestants étaient interpellés et conduits au commissariat du 12ème arrondissement de Paris pour quelques heures de garde à vue. (Source, Métro, 2 février 2009)

Pas si ripoux que cela ?
Le 26 janvier, à Paris, le chef du groupe « Cabaret » de la Brigade de répression du proxénitisme, soupçonné de « collusion », voire de « corruption » de fonctionnaires, était placé en garde-à-vue. Présenté à un juge d’instruction, le 29 Janvier, cet officier de police de haut grade n’a pas été mis en examen. I1 est vrai que 1’IGS enquête… (Source, Métro, 2 février 2009)

Le corbeau et les policiers

Le 22 janvier, à Louvroil (Nord), à 6 H 30 du matin, trois policiers s’invitent au domicile d’un paisible retraité. Ils lui disent d’entrée de jeu : « C’est très grave, vous êtes un criminel. Vus avez voulu tuer le président Sarkozy ! » Preuve à l’appui, les policiers lui montrent des lettres qu’il aurait adressées au prédisent de la République, le menaçant de « lui faire la peau… » Le brave homme croit à une farce. Sans qu’il lui soit possible de discuter, il est embarqué, en pyjama, au commissariat de Maubeuge où il va subit 7 heures de garde à vue, avec prise d’empreinte génétique, photo face et profil, comme un criminel. Il est interrogé rudement et même tutoyé. Finalement, entre eux, les policiers murmurent qu’ils « se sont plantés ». L’homme va porter plainte contre X, mais il attend également des excuses de la part de la police. (il peut toujours attendre !), qui lui suggère cyniquement de prendre un avocat s’il n’est pas content. Bien entendu, la brigade criminelle enquête pour trouver le corbeau. (Source, Le Monde, 2 février 2009)

Identité nationale

L’ancien socialiste Eric Besson, qui a succédé à Brice Hortefeux au poste de gardien de l’Identité nationale, n’a pas tardé à faire montre de son talent. Intervenant sur une chaîne de radio périphérique, le 4 février, il a déclaré la guerre aux passeurs facilitant l’accès des clandestins en France. Il n’en reste pas moins que, pour rendre son action plus efficace, le ministre a annoncé la mise en place d’un système de délation. Ainsi, tout clandestin décidant de coopérer avec la police, en lui indiquant les responsables de la filière ayant facilité son entrée en France, se verrait attribué un titre de séjour provisoire qui pourrait être renouvelé. Nous savons, d’expérience, que la délation peut être utilisée à toutes les sauces et à toutes les époques, particulièrement durant l’occupation nazie, lorsque la police française incitait les « bons citoyens » à dénoncer les communistes, les Juifs, les gaullistes, en fait tous les possibles fauteurs de troubles. (D’après Le Parisien, 4 février 2009)

Gardes à vue

En 2008, ce sont 577 816 personnes, résidentes en Frances et âgées de plus de 13 ans, qui ont entendu un officier de police judicaire leur notifier leurs droits : « Vous êtes en garde à vue. Vous pouvez appeler un membre de votre famille, et demander à voir un avocat. » Le nombre de gardés à vue ne cesse de croître. Il a enregistré une hausse de près de 55 % en huit ans. Au cours des douze derniers mois, c’est 1 % de la population qui a été placé sous ce régime de contrainte par lequel les policiers répondent devant leur hiérarchie de performances chiffrées qui leur sont imposées. (Source, Le Monde, 5 février 2009)

Brutalités ordinaires

Le 29 janvier, à Paris, à l’occasion du dîner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) un rassemblement avait été organisé pour dénoncer le soutien total de cette organisation aux actes meurtriers de l’armée israélienne, à Gaza. Un important dispositif policier protégeait le lieu de ce dîner, ce qui ne devait manquer de provoquer ces inévitables « incidents » où les forces de l’ordre savent faire montre de leur talent. Au cours de ces affrontements, un militant du comité Résistance Palestine était violemment plaqué au sol et écrasé par plusieurs gendarmes mobiles. Asthmatique et partiellement invalide, ce militant palestinien ne devait être transporté à l’hôpital que très tardivement. (Source, Rouge, 5 février 2009)

Délicatesse policière

Le 4 février, la cour d’assises de Paris entendait le témoignage de la victime d’un violeur, jugé ce jour-là. La jeune femme expliquait qu’après l’agression elle s’était précipitée au commissariat le plus proche, pour porter plainte. Elle racontait son audition « par un flic qui sent l’alcool…et qui redemande quatre fois s’il a éjaculé… » Pour un peu, ce délicat représentant de l’ordre public aurait demandé à cette victime si elle avait pris du plaisir au cours de ce viol. (D’après Le Parisien, 5 février 2009)

Petite curieuse

Depuis quelques mois, il a été beaucoup question de la nocivité des fichiers policiers. Particulièrement le STIC (Système de traitement des infractions constatées). Un mauvais fait divers vient rappeler que nombre de policiers utilisent ce fichier à des fins plus ou moins avouables. Un exemple parmi d’autres ne manque pas d’intérêt : celui d’une femme policière qui, semaine après semaine, suivait les aventures des stars people dans le magazine Gala, avant de consulter indûment le STIC, pour en savoir davantage. Ayant consulté le STIC à plus de 500 reprises, la fliquette, prise en défaut, a été mise en examen en décembre 2008. Peu de chose, bien sûr, puisqu’il ne s’agissait que d’acteurs et de chanteurs, mais authentique abus de pouvoir. (Sources, Le Monde et Métro, 6 février 2009)

Bonne sécurité

Le 6 février, Nicolas Sarkozy se rendait à Flamanville (Manche), pour visiter la centrale nucléaire. Pour assurer la sécurité du chef de l’Etat, 539 policiers et gendarmes mobiles se trouvaient mobilisés sur le terrain. Comme on ne prend jamais assez de précautions pour protéger la personne du président, la préfecture maritime avait pris un arrêté interdisant aux navires de s’approcher à moins de quatre milles nautiques des côtes. Authentique ! (Source, Le Monde, 9 février 2009)

Acharnement

Si une escouade de policiers devait se déplacer à chaque carreau cassé, les effectifs des forces de l’ordre seraient insuffisants. C’est pourtant ce qui s’est passé à Villiers-le-Bel (93), le 7 février, les policiers intervenant dans la ZAC, appelés par un gardien d’immeuble pour une vitre brisée. D’où un affrontement violent entre les policiers et une cinquantaine de jeunes. Comment ne pas rappeler qu’à l’automne 2006, deux jeunes d’une cité de Villiers-le-Bel étaient morts, à bord de leur mini moto, suite à un mauvais contact avec un véhicule de police. Depuis, les policiers de ce secteur ne cessent de harceler les jeunes des cités de Villiers-le-Bel. (D’après Direct-Matin, 9 février 2009)

Fortes paroles

Suite à l’appel à la délation lancé par Eric Besson, gardien de l’Identité nationale, Frédéric Lefebvre, porte-parole musclé de l’UMP, n’a pas hésité à déclarer, le 7 février : « La dénonciation est un devoir républicain ! » (Source, Canal +, 9 février 2009)

Quand l’ordre public n’est pas troublé

Le 6 février, à Paris, aux abords de l’Assemblée nationale, quelque 150 nervis d’extrême droite, brandissant des flambeaux, célébraient le 75ème anniversaire de la tentative de coup de force fasciste du 6 février 1934. Cette action appelée par l’Oeuvre Française et le Renouveau Français, organisation néo-fascistes, était autorisée par la préfecture de police. (Source, Libération, 9 février 2009)

A Nancy : interpellation musclée

Tout finit par se savoir. Même lorsqu’une bavure se déroule dans la France profonde. Dans la nuit du 11 ou 12 décembre 2008, vers 22 H 30, une nancéienne, après une petite fête en famille, descend sortir une poubelle mais, une fois dans la rue, , la porte claque derrière elle, et elle n’a pas sa clé. Elle tape sur la porte, pour prévenir son mari. Dans la rue passe une voiture de police, dont les occupants sautent sur cette femme, lui passent les menottes et la jettent dans leur véhicule avant de la fouiller. Comme elle demande les raisons de ce traitement, une policière lui intime de « fermer sa gueule ! », puis, l’attrapant par les cheveux, lui tape la tête à plusieurs reprises sur une vitre latérale. Elle finit par s’évanouir. Lorsqu’elle se réveille, en cellule, on lui ordonne de souffler dans un éthylotest – elle est positive. Il était déjà 6 H du matin et, à 9 H, on lui dit qu’elle peut partir, lestée d’une contravention pour ivresse sur la voie publique. Cette victime de la police ne comprend pas ce qui lui est arrivé, et elle va porter plainte pour « violences commises en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique » car elle est couverte de marques sur tout le corps et le visage. « J’espère que ceux qui ont fait ça seront sanctionnés », dit la jeune femme. Pour son avocat, comme il n’y a aucune justification à ce mauvais traitement, « On va nous dire certainement qu’il y a eu outrages, injures ou rébellion. » De son côté, le directeur départemental de la sécurité publique ne souhaitait pas faire de commentaires. (Source, Vosges-Matin, 4 janvier 2009)

Suicide

Le 9 février, à Paris, une jeune femme policière de 23 ans se suicide au commissariat du 15ème arrondissement, avec son arme de service. Selon les premiers éléments de l’enquête, cette femme policière, arrivée dans ce commissariat en mai 2008, souffrait de troubles psychologiques, et faisait l’objet d’un suivi pour cette raison. Question : comment peut-on être policier lorsqu’on souffre de troubles psychologiques ? (D’après Direct-Matin et Métro, 11 février 2009)

Sécurité asociale

Notre éminent gardien de l’Identité nationale, Eric Besson, doit craindre pour sa personne. Arrivé à son nouveau poste ministériel, il devait demander que sept officiers de sécurité soient mis à sa disposition. Relativement généreux, le ministère de l’Intérieur lui en accordé cinq. Il est vrai que lorsqu’on occupe un tel poste à risque, il est important d’assurer ses arrières. (D’après France-Info, 11 février 2009)

Quand l’ordre public n’est pas troublé (suite)

L’information fournie par Libération (voir ci-dessus), était incomplète. Ce 6 février 2009, si les petits nazillons ont pu fêter impunément le 70ème anniversaire du 6 février 1934, près de la Chambre des députés, il n’en a pas été de même pour quelques anti-fascistes. En effet, d’une voiture passant près du cortège, les quatre occupants avaient crié, à l’adresse des manifestants : « Salauds, fachos ! » Ce que les policiers en civil, présents sur le terrain, ne pouvaient supporter. La voiture des impertinents était immédiatement immobilisée par ces défenseurs de la République, aussitôt rejoints par deux fourgons de police, puis par une dizaine de policiers arrivant au pas de course et, enfin, de deux véhicules de la Direction de l’ordre public. Les quatre garçons, priés de sortir de leur voiture, allaient subir, durant une vingtaine de minutes, contrôles d’identité et fouilles au corps. (Source, Le Canard Enchaîné, 11 février 2009)

Les gendarmes à l’école

Dans le département de l’Hérault, les gendarmes se montrent particulièrement entreprenants. Entre le 19 et le 29 janvier, des gendarmes se sont rendus dans cinq écoles du département. Dans la première, ils ont demandé « si tout allait bien », à la deuxième, ils se sont inquiétés de savoir s’il n’y avait pas de « troubles à l’ordre public » dans l’établissement. Dans une troisième, ils ont téléphoné tous les matins, entre le 19 et le 21 janvier, également pour savoir « si tout allait bien ». Le 22 janvier, à l’école Georges-Brassens de Paulhan, ils ont pris soin de noter, rappellent les enseignants, « qu’il y avait des banderoles devant la clôture, et demandé si les enseignants n’étaient pas gêné par des parents qui occuperaient l’école », demandant également « si les évaluations du CM2 se déroulaient dans des conditions normales. » Enfin, cerise sur le gâteau, le 29 janvier, deux gendarmes se présentaient à l’école Marie-Roustant de Maugio. Motif : « Demander aux enseignants non-grévistes de leur donner le nombre de grévistes de l’école. » Refus très fermes, mais les enseignants, qui se sont émus de ces interventions dans l’espace éducatif posent la question de la provenance des ordres donnés aux gendarmes. (Source, L’Humanité, 11 février 2009)

La police fait peur

Le 9 février 2009, dans la soirée, à Paris, un homme de trente ans qui s’était enfuit du commissariat du 5ème arrondissement, plongeait dans la Seine pour échapper aux policiers. Repêché, il décédera quelques heures plus tard. Son crime : avoir proféré des menaces au tenancier d’un bar. (Source, 20 Minutes, 12 février 2009)

Les gendarmes au collège

Le 10 février, à 8 H 15 du matin, dans la commune d’Arthez-de-Béarn (Pyrénées Atlantiques) arrivent des cars de ramassage scolaire. A leur descente des bus, sur la place du village, une centaine d’élèves du collège reçoivent l’ordre, donné par une dizaine de gendarmes, de s’aligner, cartable au pied. Un chien renifle les sacs des enfants. Aucun produit stupéfiant n’est trouvé. Objectif, selon l’inspecteur d’académie, « sensibiliser les jeunes aux problèmes de drogues. » Devant la levée de bouclier des partis de gauche, l’inspecteur déclarait : « Je m’étonne d’un tel souffle médiatique… » Pour la présidente locale de la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), qui avait assisté à la scène : « C’était vraiment choquant. Il fallait voir la tête des enfants Ils étaient décomposés ! » De son côté, le secrétaire départemental du SNES déclarait : « Ces contrôles sont des mesures de violence symbolique. Bien sûr, il n’y a pas eu de violences physiques mais des gendarmes en uniforme, qui donnent des ordres, c’est impressionnant pour un gamin de 11-12 ans… » (Source, Libération, 12 février 2009)

Code la route ?

Equipés de leur gyrophare et de leur sirène deux tons, les policiers et les gendarmes foncent sur les routes sans retenue, d’où de nombreux accidents. Le 15 février, des gendarmes de l’Essonne, qui poursuivent une voiture, à bord de leur fourgon, à Chamarande, qui ont sans doute négligé la priorité à un carrefour, devaient percuter le véhicule d’un couple de sexagénaires. Bilan : deux morts ! Le 17 février, le gendarme qui conduisait le fourgon était mis en examen pour « blessures involontaires. » (Source, 20 Minutes, 16 février 2009)

Sous haute surveillance

Michelle Alliot-Marie a annoncé son intention de tripler le nombre de caméras de surveillance, sur la voie publique, d’ici la fin de 2009. Le parc de caméras passerait ainsi de 20 000 à 60 000. Au cours d’une interview, la ministre de l’Intérieur a également révélé qu’elle prévoyait le redéploiement de 4 000 policiers dans les quartiers dits « sensibles », avec la mise en place d’unités territoriales de quartiers (UTQ) et de compagnies de sécurisation, qui se poursuivront jusqu’en 2011. (Source, France-Soir, 16 février 2009)

Toujours dans le social…

Le 16 février, des policiers interviennent à la communauté Emmaüs de Marseille pour y interpeller un sans papier hébergé dans les locaux de cette association. Le 17 février, une perquisition était conduite, dans les mêmes locaux, par des policiers de la PAF – le responsable du centre, interpellé à son tour, sera placé en garde à vue pendant six heures. (Source, Métro, 19 février 2009)

Pas racistes nos forces de l’ordre ?

Le 16 février, les gendarmes mobiles intervenaient avec la plus grande violence au Gosier, en Guadeloupe. Des militants syndicalistes, témoins et victimes de ce déchaînement racontent : « Ils nous tabassaient en vociférant des amabilités telles que : Sales nègres ou Chiens de nègres !, quand ce n’était pas simplement Négros ou, plus lourdement encore : Sales nègres, on va vous casser la gueule ! Un militant politique, lui-même blessé, témoigne depuis son lit d’hôpital : « Des gendarmes, fraîchement arrivés de Métropole, m’ont dit, avant de me tabasser : on a reconnu ta sale petite gueule, qu’on a vue à la télé. Sales nègres, on finira par avoir votre peau ! » Propos rapportés dans l’émission Là-bas si j’y suis, sur France-Inter, 19 février 2009)

Inflation sécuritaire

Le 19 février, Nicolas Sarkozy visitait le village de Daumeray (Maine-et-Loire). Aucun rassemblement protestataire ,’était annoncé et le déplacement était relativement discret. Il n’en reste pas moins que 700 policiers et gendarmes mobiles avaient accompagné le président, qui venait s’intéresser aux élevages bovins de la région. Le préfet et le directeur départemental de la sécurité publique de ce département agricole étaient peut-être inquiets pour leur avenir, au cas où le moindre mouvement de foule se serait produit. (Source, Métro, 20 février 2009)

Recherche

Dans la soirée du 19 février, à Paris, après la manifestation des enseignants-chercheurs, quelque 200 étudiants occupent un amphithéâtre de la Sorbonne. A l’aube du 20 février, un escadron de gendarmes mobiles, dépêché sur les lieux, va se charger d’expulser dans ménagement ces possibles nostalgiques de mai 1968. (Source, Canal +, avec images significatives, 20 février 2009)

Qui sont les voyous ?

A la mi-février, au cours d’un débat télévisé sur les événements de la Guadeloupe, le secrétaire général du syndicat de policiers en tenue, Alliance, dont le nom ne mérite pas de passer à la postérité, se permettait de traiter de « voyous » les jeunes en révolte dans cette île des Antilles françaises. Il serait possible de retourner ce compliment à cet héritier du système colonial qui, lui-même, ne mérite pas d’autre qualificatif que celui de voyou en uniforme. En fait, cette éructation correspondait à la mentalité moyenne du policier ordinaire pour qui la société est divisée en trois catégories : les honnêtes gens, les individus et ces « voyous » qui hantent les cauchemars de nos forces de l’ordre tellement soucieuses de la défense des institutions républicaines. Fort heureusement, il y a les policiers, catégorie à part dans notre société, sans qui rien ne serait possible dans une démocratie placée sous haute surveillance. (Communiqué de l’Observatoire des libertés publiques, 25 février 2009.)

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