quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 33 – octobre 2009

Editorial : Le pire est toujours possible

Lorsque la crainte de l’uniforme tient lieu de morale civique, les libertés fondamentales sont en grand danger. Lorsque la vue des policiers ou des gendarmes suffit pour calmer les ardeurs contestataires d’une population jusqu’alors peu encline à tout accepter, il convient de s’inquiéter de l’avenir des institutions démocratiques. Lorsque les plus déterminés se voient contraints de marcher droit, cela porte un nom : contrôle social ! Lorsque l’on commence à se méfier, entre collègues de travail, pour savoir lequel risque de passer au tourniquet du licenciement, la solidarité n’est plus qu’un vague souvenir. Lorsque l’on soupçonne son voisin de palier de manger le pain de la police, il est certain que la suspicion s’est installée en lieu et place de l’amitié ou de la simple courtoisie. Sommes-nous déjà arrivés à ce niveau de décadence ? Est-il possible d’avoir oublié à ce point les leçons d’un sinistre passé ? En un temps où les forces de l’ordre disposent de plus en plus de pouvoir, il serait utile de rappeler ce que pouvait représenter la police triomphante à une époque où il n’était pas question de répliquer à ses ordres. Sauf à risquer un voyage vers des lieux d’où l’on n’était pas certain de revenir. Bien sûr, il s’agit là d’un passé heureusement révolu, mais les mauvaises manières policières envers les parias n’ont pas varié. Allez donc demander à une famille, placée en centre de rétention administrative, avant son expulsion, si elle est satisfaite de son sort car la porte de sortie ne conduit plus à Auschwitz…
Maurice Rajsfus

Ben, mon Cadet !
Le 6 juillet, un communiqué du ministère de 1’Intérieur annonçait qu’il était mis fin à la promesse faite aux Cadets de la République (Création de Nicolas Sarkozy, lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, en 2004) de pouvoir passer de concours d’entrée aux écoles de police, sans être bacheliers. Suite au concert de lamentation de ces serviteurs de l’ordre public contrariés, et au tollé de certains syndicats de policier, il y a eu revirement. Le 12 août, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, annonçait que 900 Cadets de la République seraient bien admis dans les écoles de police, à partir du 1er octobre 2009. Pour le ministre, ce contretemps n’était dû qu’à une « initiative administrative », ajoutant : « Je souhaite que l’engagement de l’Etat soit respecté. » (D’après Le Monde, 14 août 2009)

Délinquance en hausse
Mais que fait la police ? Si l’on se réfère aux statistiques publiées le 17 août par 1’Observatoire national de la délinquance, il y aurait eu une nette dégradation des résultats de la politique de sécurité. Notamment en ce qui concerne les agressions sur les personnes, en augmentation de plus de 4% sur les douze derniers mois. Par ailleurs, il y aurait une hausse significative sur les vols avec violence, en augmentation de près de 5%. Il est vrai que, dès le mois de juillet dernier, le ministre de l’Intérieur reconnaissait que la délinquance avait  »cessé de reculer ». (Source, Le Monde, 19 août 2009)

Sanction promotion…
Suite aux violences policières, le 8 juillet, à Montreuil (93), au cours desquelles un jeune homme avait perdu un oeil, après un tir de flash-ball, il était possible d’apprendre, qu’à la fin du mois de juillet, le directeur de la sécurité publique de Seine Saint-Denis avait été sanctionné,  »après une succession d’incidents ». Comme bien souvent, ce genre de sanction s’est manifesté par une mutation / promotion de cet éminent policier à l’IGS, institution qualifiée par les connaisseurs de « cimetière des éléphants » (D’après Le Monde, 20 août 2009)

Encore le sursis

En 2006, deux policiers de Romans-sur-Isère (Drôme) avaient frappé sans raison un handicapé âgé de 59 ans. Le 27 août, ces deux brutes ont été condamnées respectivement à 6 et 2 mois de prison, avec sursis. En somme, une invitation à recommencer. (Source, 20 Minutes, 20 août 2009)

Toujours le Flash-ball
Le 26 août, à Amiens, des policiers, en opération de « sécurisation » faisaient usage de leur flash-ball. Résultat : un garçon de 7 ans était blessé à l’épaule. S’agissait-il d’un acte de légitime défense ? (D’après France 2, 27 août et Direct Matin 28 août 2009)

Feu à volonté
Le 23 mai 2000, à Draguignan, un gendarme tirait sept balles de revolver sur un homme menotté, qui tentait de s’évader de la gendarmerie en sautant par une fenêtre. Le fuyard, atteint de trois balles, allait décéder rapidement. Le pandore flingueur était mis en examen, le procureur estimant qu’il n’avait pas agi, « comme il aurait dû le faire ». Suspendu pendant deux jours, l’auteur des coups de feu était déjà relativement absout car il était considéré qu’il avait « accompli un acte prescrit ou autorisé ». Finalement, le 19 août 2009, ce gendarme à la gachette prolifique, devait bénéficier d’un non-lieu. A cette occasion, l’avocat de la famille de la victime devait assurer qu’il n’y avait eu aucune sommation préalable. (Source, Libération, 28 août 2009) – ~

Comptine
Ne le répétez pas trop. Cette charmante bluette est due à l’esprit frondeur d’un policier parisien, peut-être en voie de grave déviances
« Fliquet
Fliquette
Miquet
Miquette
Matraquettes
Et pincettes
Pouet pouet
Cacahuettes »
(Prenez la suite, si le coeur vous en dit car il n’y a rien de plus rassurant que de rire d’une police qui a pour unique vocation de faire peur)

Où allons-nous ?
Avec 143 000 policiers, au 1er août 2009, 1es effectifs ont baissé de 1 400 postes depuis le 1er avril. La diminution programmée des effectifs de fonctionnaires d’autorité va imposer, à terme,la suppression de 8 000 postes de policiers et de gendarmes. Un exemple : d’ici 2011, quatre brigades de gendarmerie vont être supprimées dans le seul département des Vosges. (Sources,Vosges-Matin, 25 août et Libération, 1er septembre 2009)

Mort de peur ?
Le 29 août, à Chevilly-Larue (94), un homme âgé de 22 ans s’est défenestré du 4è étage d’un foyer social. Il semble que la police a été alertée, suite à une dispute avec un autre locataire. Il n’est pas exclu que le jeune homme -Algérien sans papiers- qui devait décéder suite à cette chute, se soit jeté par la fenêtre à la seule vue des policiers qui arrivaient sur les lieux. (D’après Libération, 1er septembre 2009)

Table ronde
Dès son arrivée au ministère de l’Intérieur, au printemps 2002, Nicolas Sarkozy n’avait cessé de proclamer qu’il fallait en terminer avec la politique de prévention, et que les policiers n’étaient sur le terrain que pour constater des délits. Sept ans plus tard, l’échec de cette volonté répressive est évident. De 1eur côté, les syndicats de policiers dénoncent une pression accrue sur leur activité. C’est dans ce cadre qu’était organisée, le 31 août, une réunion interministérielle, avec pour objectif de remobiliser les forces de l’ordre, face à une montée significative de la délinquance. Un rapport réalisé, il y a quelques mois, par le Conseil national des villes, regrettait que les fonds de prévention ont surtout servi à financer la vidéo-surveillance. Ce qui ne fait que confirmer les priorité fixées à la police. C’est ainsi que la politique du résultat est de plus en plus à l’ordre du jour puisque les commissaires et officiers de police voient leur rémunération indexée sur les performances. Faute de véritables avancées dans le cadre de la politique répressive, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, ne peut que nous offrir ce commentaire désabusés : « La sécurité est un combat permanent, il faut nous adapter en permanence ! » (D’après Le Monde, 1er septembre 2009)

Table ronde (2)
Au cours de la table ronde du 31 août, Brice Hortefeux s’est risqué à murmurer : « Les jeunes et la police doivent effectuer un bout de chemin, l’un vers l’autre. » Ajoutant néanmoin :  »…Tolérance zéro pour les voyous, bavures zéro » pour la police et la gendarmerie. Bonne chose, réagissait le responsable de l’association A.C. le feu, qui commentait néanmoins : « La dégradation des relations entre la police et les habitants des quartiers ne concerne pas seulement les jeunes. Les contrôles à répétition, le tutoiement et le non-respect du Code de déontologie par certains policiers, le sentiment d’injustice après des bavures non-sanctionnées, tout cela finit par pourrir la vie des citoyens… »(Propos cités dans Métro, 1er septembre 2009)

Les « Boers » à la manoeuvre
L’animosité des policiers envers les chauffeurs de taxi est bien connue. La brigade chargée de les surveiller est d’autant plus « vigilante » à leur égard que, depuis une vingtaine d’années, une majorité d’entre eux est visiblement d’origine immigrée. Les affrontements qui ont opposé des chauffeurs de taxis aux policiers, dans la nuit du 31 août au 1er septembre, sont significatifs du comportement vindicatif des Boers (sobriquet désignant les policiers des aéroports). Intervenant dans une querelle entre chauffeurs de taxis et un loueur, les Boers, caillassés, demandaient des renforts, qui arrivaient rapidement sous la forme policiers de la PAF et de la BAC. Selon une source policière, un flash-ball aurait été utilisé, « vers le sol », mais blessant malgré tout un chauffeur. L’un d’eux, interpellé, étant retenu quelques heures au commissariat. Résultat, les chauffeurs de taxi bloquaient l’un des terminaux de l’aéroport de Roissy. La tension habituelle, entretenue par les forces de l’ordre est telle que les chauffeurs de taxi, en attente dans la base arrière de Roissy, ont qualifié ce lieu de l’appellation tout à fait évocatrice de « Guantanamo ». Selon d’autres sources, les policiers enquêtaient « sur un véhicule signalé comme volé ». Il n’en reste pas moins que Brice Hortefeux se serait ému de cette bavure, chargeant l’IGS d’enquêter sur les circonstances de cet « incident ». Une certitude : le flash-ball, soi-disant à usage défensif pour les policiers, paraît être devenu une arme aussi banale que la matraque Tonfa. A suivre… (Sources, 20 Minutes, Métro et Libération, 2 septembre 2009)

Les « municipaux » privés de taser
Les policiers municipaux seront momentanément privés de taser. Un arrêt du Conseil d’Etat, pris le 3 septembre, qui ne remet pas en cause le principe de l’emploi  »du pistolet à impulsion électrique, juge cependant que les particularités de cette arme d’un type nouveau impose que son usage soit précisément encadré et contrôlé. » Il n’empêche, quelques heures après cette décision, Brice Hortefeux déclarait : « Nous allons préparer un nouveau texte pour que les policiers municipaux aient une formation adaptée. » Le ministre de l’Intérieur avait peut-être entendu les plaintes du syndicat national de la police municipale, qui regrettait que ses mandants ne « soient pas sur un pied d’égalité avec la police nationale et la gendarmerie ». Le porte-parole de ce syndicat sanglotait : « On ne comprend pas cette décision. Cela fait penser que nous sommes des sous-policiers ! » Est-ce possible ? (D’après Libération et 20 Minutes, 3 septembre 2009)

Brice Hortefeux porte plainte
Le 9 août, à Bagnolet, un garçon âgé de 18 ans était poursuivi par des policiers alors qu’il tentait d’échapper à un contrôle d’ identité. Il devait se tuer en heurtant un muret. Suite aux propos d’habitants de Bagnolet rendant la police responsable de ce décès, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux a porté plainte auprès du parquet pour « diffamation envers la police nationale ». (Sources, 20 Minutes et Direct Matin, 3 septembre 2009)

Bavures et longueur de temps…
Après chaque bavure, les autorités policières, aidés benoîtement par la justice, font durer la procédure et les enquêtes. C’est bien connu, il ne faut pas que l’image des forces de l’ordre puisse souffrir des dérives de quelques cow-boys. Ainsi, le 5 décembre 2004, à Courbevoie (92), un Malien sans papiers, âgé de 38 ans, était interpellé. Durant sa garde à vue, le « délinquant » tombe dans le coma, pour des raisons mal expliquées. C’est seulement le 10 décembre 2004 que la famille de Abou Bakari, tardivement avertie par la police, pourra voir leur proche, dont le corps gonflé présente sur le thorax une plaie qui n’est pas mentionnée sur le rapport médical. Le 4 janvier 2005, Abou Dakari décède à l’hôpital où il a été transporté. En avril 2005, son frère et son oncle décident de porter plainte pour « torture et actes de barbarie ayant entraîné la mort. » L’enquête va d’autant plus s’enliser que les policiers du commissariat de Courbevoie affirment -esprit de corps oblige- que la victime avait sombré dans le coma après s’être frappé la tête contre les murs de sa cellule. Près de cinq ans après les faits, la conclusion de l’expertise médicale est sans équivoque : il y a de fortes probabilités pour que Abou Bakari soit mort des suites de violences policières. Pour les experts, le décès ne serait pas dû à un choc direct contre un mur, avec cette précision : »L’exiguïté de la cellule ne permet pas de prendre un élan suffisant pour créer le type d’oedème constaté. » Pour les légistes, il y aurait eu « un ébranlement cérébral, par violentes secousses de la victime. Par ailleurs, comment négliger le fait que des pièces du dossier médical avaient disparu, à l’hôpital de Colombes où Abou Bakari avait été admis. Le 3 septembre, l’avocat de la famille de la victime remettait une note au magistrat instructeur pour demander la mise en examen des policiers du commissariat de Courbevoie. (Source, Métro, 3 septembre, Le Monde et 20 Minutes, 4 septembre 2009)

Encore une bavure constatée !
Le 11 juin, à Argenteuil (95), Ali, retraité algérien, âgé de 69 ans, devait trouver la mort après avoir été violemment interpellé par des policiers désireux de constater un délit. (Se reporter à Que fait la Police ? numéro 32, août/septembre 2009). Après la première autopsie, réalisée à l’hôpital, le décès était expliqué par une « hypertrophie cardiaque » -ce qui aurait pu laisser croire que la mort était sans lien direct avec l’arrestation. D’où le rapide classement sans suite de cette affaire. Pourtant, sous la pression des proches de la victime, un juge d’instruction allait diligenter une contre-expertise médicale. D’où une seconde autopsie, cette fois pratiquée par l’Institut médico-judiciaire de Paris, qui devait révéler la présence de « vingt-sept hématomes, de 12 à 17 cm de diamètre ». Pour le Comité de soutien, qui s’est constitué à Argenteuil, Ali « est bien décédé des suites de son interpellation -les rapports de cause à effet ayant été établis ». Suite à cette bavure constatée, comme devait le souligner la sénatrice verte Alima Boumedienne-Thiery, Brice Hortefeux va-t-il, une nouvelle fois, porter plainte pour diffamation envers la police nationale ? (D’après 20 Minutes, 4 septembre 2009)

CRS, peu de caresses…
Le 4 septembre, six CRS de Dijon comparaissaient devant le tribunal correctionnel de Dunkerque. Ces braves serviteurs de l’ordre public étaient poursuivis pour avoir commis des violences, après boire, à la sortie d’une discothèque. A la suite d’une altercation avec un groupe de jeunes, ces CRS, momentanément basés, à Dunkerque, les avaient attendus, avant de briser les vitres de leur véhicule, puis les agresser physiquement et les asperger de gaz lacrymogène. Au procès, les CRS devaient reconnaître avoir abusé de boissons alcoolisées en cette soirée de juillet dernier. Huit mois de prison avec sursis pour ces six brutes devait requérir le procureur. Qu’en sera-t-il lors du délibéré ? A suivre. (Source, Le Monde, 7 septembre 2009)

Les syndicats de police surveillent l’information
Le syndicat de policiers en tenue, Alliance, a donc décidé de jouer les censeurs. Le 30 août, une journaliste de la chaîne de télévision M 6 interviewait le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Parmi les questions posées : la multiplication des bavures et le non-respect du Code de déontologie. Avec ce commentaire : « C’est un mauvais film dont on a l’impression qu’il est rediffusé trop souvent » et même » les policiers ayant dérapé sont toujours en fonction. » Le ministre s’était tiré de ce questionnement par des pirouettes. Il n’en n’a pas été de même pour le secrétaire général du syndicat Alliance qui, dans un courrier rendu public s’est appliqué à dénoncer le « dérapage verbal » d’une journaliste « sans doute aveuglée par une haine non-dissimulée de la police. » (Source, Libération, 7 septembre 2009)

Feu à volonté !

Le 7 septembre, lors d’un contrôle routier, à Chalons en Champagne, des policiers en uniforme tentaient de contrôler deux hommes circulant à bord d’une camionnette, sans ceinture de sécurité. Les deux « délinquants » se retrouvant finalement bloqués dans un cul-de-sac. Allait suivre un coup de feu de la part de l’un des deux policiers, lequel ne se trouvait nullement en situation de légitime défense. L’un des deux hommes était blessé à un bras. Le procureur a ordonné une enquête. (Sources, Libération, 8 septembre 2009)

Ordre républicain, vielles méthodes

Le 20 août, en opération de contrôle dans des camps de Roms du département de l’Essonne (91) des gendarmes ont cru bon ressusciter des méthodes de marquage datant d’une époque que l’on croyait révolue. Ces braves pandores se sont autorisés, alors qu’ils recherchaient des personnes sans papiers, à apposer, sur le bras d’un certain de parias, un tampon distinctif. C’était, ont expliqué ces représentants de l’ordre public, « pour faciliter l’identification et éviter les doublons. » Intervention plutôt fâcheuse pour l’image de notre République des droits de l’homme, a dû estimer Eric Besson, gardien de l’Identité nationale, qui a jugé cette pratique inopportune. (D’après Direct Matin, 8 septembre 2009)

Ouah ! Ouah !

La police doit être honorée et, à cette fin, ses meilleurs éléments sont régulièrement pourvus de médailles. Par extension, il en va désormais de même des chiens policiers. En effet, le 7 septembre, un brave toutou, prénommé Pacha, s’est vu décerner la médaille de bronze pour acte de courage et de dévouement. Il est vrai que Pacha avait permis la prise de 16.000 cachets d’Esctasy, en 2006, et 1,2 tonnes de cannabis, en avril 2009. (D’après 20 Minutes, 10 septembre 2009)

Dignité humaine

Le 10 septembre, le tribunal correctionnel de Nancy a jugé que la garde à vue d’un homme qui n’avait rien bu, ni rien mangé durant les 48 heures de sa garde à vue, au commissariat de la ville, était « incompatibles avec la dignité humaine. » Source, 20 Minutes, 11 septembre 2009)

Un Beur, ça va, trois beurs, bonjour les dégâts…

Le 5 septembre, à la fin de l’Université d’été de l’UMP, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a gravement dérapé. Plaisantant avec un jeune UMP d’origine maghrébine, dont une joviale militante précise « qu’il boit de la bière et mange du cochon », l’ancien gardien de l’Identité nationale devait expliquer, sur le mode plaisant : « Il ne correspond pas au prototype… » puis, « Quand il y en a un, ça va. Quand il y en a beaucoup, ça commence à poser des problèmes. » Tout au long de la journée du 10 septembre, cette vilaine saillie s’est répandue comme une trainée de poudre sur les sites Internet, information largement reprise par les stations de radio et, en images, sur les chaînes de télévision. Rapidement, nombre de voix allaient s’élever pour condamner ce propos et demander la démission du ministre.
Il est évident que lorsque le 1er flic de France se permet d’utiliser un tel langage, cela ne peut qu’indigner les antiracistes. Parallèlement, on devait bien ricaner dans les cercles politiques où les Maghrébins sont globalement considérés comme des « individus » hautement suspect, et, en tout cas, comme des facteurs de troubles. Malgré les dénégations de Brice Hortefeux et le soutien appuyé de ses collègues ministres, il convient de ne pas oublier que l’hôte de la place Beauvau est un récidiviste de ce type de dérives. Lorsque Azouz Bégag et lui, se côtoyaient au Conseil des ministres, de 2002 à 2005, l’ami de Nicolas Sarkozy lui susurrait gentiment : « Allez, fissa, sort de là, dégage d’ici, je te dis de dégager ! » Rachida Dati, au temps où elle officiait au ministère de la Justice, aurait qualifié Brice Hortefeux de « gros raciste », et cela à plusieurs reprises. Sans oublié une autre victime, Fadela Amara, dont le cher Brice aurait dit, avec une évidente tendresse : « C’est une compatriote, même si ce n’est pas forcément évident, je le précise… » (Sources diverses dont plus particulièrement Libération, 11 septembre 2009)

Pas très franc du collier !

Après une manifestation, près de la Sorbonne, en 2008, un CRS accusait un homme de 28 ans, agrégé d’histoire, d’avoir lancé une bouteille sur un autre policier. Le 9 septembre, le tribunal correctionnel de Paris devait relaxer ce normalien, lequel avait facilement démontré qu’il n’avait rien du jeune à capuche et bandana décrit par le CRS. Il y a un terme précis pour qualifier cette accusation : faux témoignage ! (D’après Le Monde, 11 septembre 2009)

Gabelous flingueurs

Les douaniers sont armés. Pour que cela se sache, nos gabelous n’hésitent pas à plastronner avec leur pistolet automatique, bien en vue, et éventuellement à s’en servir. De plus, ces braves fonctionnaires du ministère des Finances n’opèrent plus seulement aux frontières, dans les aéroports et dans les ports. C’est ainsi que, le 12 septembre, à Corbeil-Essonne (91), des douaniers n’ont pas hésité à ouvrir le feu, à cinq reprises, sur un automobiliste qui refusait de s’arrêter, lors d’un contrôle dans le quartier des Tarterêts. Selon ces policiers économiques à la nuque raide, l’automobiliste « aurait » foncé sur eux avant de s’enfuir. Question essentielle : comment un automobiliste qui refuse de s’arrêter peut-il foncer sur ceux qui lui intiment l’ordre de s’arrêter ? (D’après Libération, 14 septembre 2009)

Triste courrier

Cela se passe le lundi 14 septembre, vers 15 h 30, à l’angle de la rue Gay-Lussac et du boulevard Saint-Michel, à Paris, à côté d’un abri-bus. Etonnée, puis indignée, une passagère témoigne du spectacle auquel elle vient d’assister :
« …Autour de l’abri-bus, une dizaine de membres de la police privée de la RATP, entourés de quelques policiers, bavardent tranquillement, l’air souriant. Arrive un bus et les policiers de complément se transforment en contrôleurs, exigeant les billets de ceux qui descendent du véhicule. Une jeune femme, au teint coloré, tente d’échapper au contrôle et s’enfuit vers une rue proche. Manque de chance, elle s’enfonce dans le passage Royer-Collard, une impasse où elle est rapidement rattrapée par un premier de ces policiers privés. Un deuxième arrive puis, toute la meute, neuf en tout, pour traquer cet important gibier. Comme je m’étais assise à la terrasse d’une brasserie proche, j’ai pu contempler le regard mauvais, halluciné même, de ces défenseurs de la veuve et de l’orphelin s’activant à faire leur devoir. Va suivre la délivrance d’un procès-verbal. La sécurité a un prix très élevé puisque pour quelques euros récupérés il a fallu mettre en œuvre une telle quantité d’argousins. Pauvre France ! » (Courrier reçu à l’Observatoire des libertés publiques le 16 septembre 2009)

Déontologiquement vôtre !

La Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) créée en juin 2000, est en passe de disparaître, suite à un projet de loi présenté en conseil des ministres, le 9 septembre. Ses compétences s’exerçaient sur les dérives de la police nationale, de la gendarmerie et de l’administration pénitentiaire. Par la suite, cette structure, relativement indépendante, devait être saisie de faits se rapportant aux exploits de la PAF, des polices municipales, et même aux activités de sociétés privées de sécurité. Chaque année, la CNDS remettait un épais rapport au président de la République et au Parlement. D’année en année, le nombre de saisines, par l’intermédiaire d’un parlementaire, ne faisait qu’augmenter. Ce qui ne pouvait qu’irriter nos autorités. Au fil du temps donc, le budget alloué à la CNDS finissait par représenter une véritable peau de chagrin, d’où l’arrêt de la publication de son rapport annuel, faute de crédit. Dans le même temps, le poste de défenseur des enfants va disparaître. Sans doute parce que les jeunes mineurs sont peut-être des délinquants en devenir. Circulez, il n’y a rien à voir ! (D’après Libération, 16 septembre 2009)

Des policiers très inventifs

La volonté de mal faire de nombre de nos policiers n’est pas toujours connue, lors de leurs exploits. Dans le cas évoqué ici, il aura fallu plus de cinq ans pour que l’information concernant un grave dérapage soit enfin révélée par voie de presse. En avril 2004, trois éducateurs ardennais du service départemental d’aide social à l’enfance sont soupçonnés d’agir sous l’influence d’une secte. L’enquête, confiée au SRPJ de Reims conduit à l’interpellation de trois personnes, toutes âgées de plus de 50 ans. Lesquelles sont placées en garde à vue, avec des séances musclées pour les faire craquer. Suivra la mise en examen pour « abus de faiblesse sur mineurs, privation de soins, violence morale et non-présentation d’enfants. » De plus, la « tête pensante » du trio sera incarcérée à la prison de Chalons-en-Champagne, où elle passera plus de trois mois. Ses « complices » étant placés sous contrôle judicaire.
Le 25 juin 2009, les deux policiers zélés, convoqués devant un juge d’instruction de Charleville-Mézières, après une longue enquête, devaient reconnaître qu’ils étaient les auteurs des « aveux » attribués aux trois personnes interpellées. Certes, la justice y retrouve son compte mais les trois éducateurs ont vu leur existence brisée, dans le même temps que l’organisme social dont ils dépendaient voyait son activité bouleversée. Il n’en reste pas moins que ces deux policiers sont encore en liberté, et peut-être même en service. Reste à savoir s’ils ont agi en service commandé, avec obligation de résultat, ou s’ils avaient voulu « se faire mousser » auprès de leur hiérarchie. Toujours est-il qu’il a fallu attendre le mois de septembre 2009 pour que cette bavure soit enfin connue. (D’après L’Union de Reims, a septembre 2009)

Quand les cow-boys se défoulent

Le 15 septembre, vers 6 h 30 du matin, des hommes masqués défoncent la porte d’un appartement, aux Mureaux (78). Ils malmènent les membres de la famille, allant même jusqu’à menotter un garçon âgé de 16 ans. Pendant un quart d’heure, ces malfrats, en fait des policiers, arpentent l’appartement avant de s’apercevoir qu’ils se sont trompés d’adresse et de cible. Selon la famille, un voisin aurait subi le même traitement. Une certitude, les policiers sont repartis sans un mot d’excuse. A la direction de la sécurité publique des Yvelines, on reconnaît : « Ca arrive de temps en temps… » (Source, Libération, 17 septembre 2009)

Voyage présidentiel…

Le 18 septembre, Nicolas Sarkozy avait prévu de visiter l’hôpital Paul-Brousse, de Villejuif (94), pour y rencontrer des patients ayant bénéficié d’une greffe du foie dans cet établissement. Depuis plusieurs jours, les policiers affectés aux voyages officiels, assistés de très nombreux CRS et gendarmes mobiles, avaient investi cet ensemble hospitalier que les syndicats n’ont pas manqué de décrire comme une « zone occupée ». Le coût de cette promenade est estimé à 200.000 euros minimum, en comptant le prix des petits fours. C’est-dire l’équivalent du salaire de 7 infirmières. (Source, Libération, 18 septembre 2009)

Avec « délicatesse… »

Lorsqu’en août 1996, à Paris, le ministre de l’Intérieur Jean-Louis Debré, avait fait évacuer brutalement les sans papiers qui occupaient l’église Saint-Bernard, par les gendarmes mobiles, il avait affirmé que l’opération s’était déroulée « avec cœur et humanité. »
Le 22 septembre 2009, dans la matinée, l’objectif était de chasser de la « Jungle » de Calais quelques centaines de sans papiers, en majorité Afghans qui, depuis des semaines, tentaient de passer en Angleterre. Les images vues à la télévision, à la mi-journée, nous ont prouvé que les méthodes violentes (manifestants frappés à terre) n’avaient pas changé. En fait, les gendarmes mobiles et les CRS se sont surtout déchaînés contre les militants associatifs qui tentaient de s’opposer aux forces de l’ordre. Sans le même temps, les journalistes présents sur le terrain étaient rudement écartés, ce qui permettait, ensuite, de malmener les parias expulsés de leurs campements de fortune. Cela n’a pas empêché Eric Besson, gardien de l’Identité nationale, de proclamer que les CRS et gendarmes mobiles, lancés à la chasse à l’homme, s’étaient conduits « avec délicatesse » et, en tout cas « sans violences ». (D’après les images de Canal + et correspondances téléphoniques, 22 septembre 2009)

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