quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 34 – novembre 2009


Editorial : Faisons un rêve …
Et si la majorité de la population d’un pays démocratique faisait le constat qui s’impose : les forces de l’ordre protègent bien plus le pouvoir établi qu’elles ne se préoccupent du sort des plus démunis. La fameuse légende de la défense de la veuve et de l’orphelin n’est même plus évoquée, tant cela ferait sourire ceux qui ont été « Ã©duqués » pour réprimer, dans les écoles de police. Une certitude : s’il y avait moins de policiers dans nos rues, là même où leur présence ne s’impose pas, la tranquillité de tous ne ferait qu’y gagner. En effet, si la performance exigée n’était plus la priorité, le nombre de délits constatés serait en forte diminution. Dans un climat apaisé, la question majeure ne pourrait que se poser : comment laisser le champ libre aux malfrats qui ne cessent de menacer les citoyens paisibles ? Mauvaise approche du problème car nous savons bien que nos policiers sont surtout occupés à traquer les sans-papiers, tout comme ils s’activent à faire régner un ordre musclé dans les banlieues. Sans oublier leur intérêt porté aux mouvements sociaux ou à la protection des personnalités en déplacement. A ceux qui se posent la question : Que fait la police ?, c’est là une réponse tristement sans réplique.
Maurice Rajsfus

Appel à la délation

C’est nouveau, et cela sent le « caftage » à plein nez. Le 18 septembre, il était possible de prendre connaissance d’une opération pilote, rappelant un sinistre passé. Une adresse mail a été ouverte pour renseigner, en toute discrétion les services de police de l’Essonne (91). Sous couvert d’anonymat, les bons citoyens de ce département peuvent désormais renseigner la police, grâce à cette boite électronique. Le but de cet appel à dénoncer : « Mieux répondre aux attentes de la population, notamment en ce qui con cerne les délits troublant la tranquillité des habitants. Comme par exemple l’occupation des halls d’immeubles, les ivresses sur la voie publique ou les rodéos de moto. » Des fiches explicatives étant mises à la disposition du public dans les commissariats et les mairies. Les bons citoyens mécontents étant également invités à transmettre des photos et des vidéos. Une telle expérience avait déjà été tentée dans le Var, mais sans résultat, eu égard aux « contestataires » qui voyaient là un acte de délation. Il est vrai que lorsque l’on lâche la bride aux mauvais instincts les résultats vont bien au-delà du but recherché. Ainsi, à l’époque de l’occupation nazie (de l’été 1940 à l’été 1944), des millions de lettres de délation devaient arriver dans les Kommandanturs allemandes et les commissariats de police français. Comment ne pas noter que si la police allemande jetait à la corbeille tout ce qui ne concernait pas son activité répressive, les policiers de ce pays gardaient tout. On ne sait jamais… (D’après Direct-Matin, 21 septembre 2009)

Rigolo

En juin 2009, un capitaine de gendarmerie, qui participait à une enquête dans les locaux de la police nationale, à Bayonne, arborait un tee-shirt portant les inscriptions, « Fuck la police » et, en suppléments « Fuck les lois ». Ce qui a déclanché la colère du syndicat d’officiers de police Synergie. Lequel a malgré tout attendu le 24 septembre pour alerter le ministère de l’Intérieur, considérant que ces inscriptions étaient « peu dignes d’un officier de gendarmerie, et insultantes à l’égard de l’institution policière. » On savait que les pandores et les petites casquettes ne s’appréciaient pas vraiment mais, à ce point, qui aurait pu l’imaginer ? (Source, Libération, 25 septembre 2009)

Rigolo (2)

Le 24 septembre, dans la soirée, dans l’Essonne, le directeur départemental de la sécurité publique avait un accrochage avec un autre véhicule. Le lendemain, le syndicat Alliance (policiers en tenue) de la police nationale rédigeait un tract, en interne, pour moquer ce haut fonctionnaire, auteur d’une « Charte du bon conducteur », adressé l’été dernier aux policiers placés sous son autorité. Y a-t-il outrage dans les propos de ces soutiers de la sécurité publique : « La signature d’une charte ne protège pas des accidents courants de la circulation ». (Source, 20 Minutes, 28 septembre 2009)

Crise cardiaque ?

Dans la nuit du 26 au 27 septembre, dans le quartier du Vieux Lille, un homme âgé de 31 ans, qui avait fait un malaise cardiaque dans un fourgon de police devait décéder peu après. Suite à cet « incident », plusieurs voitures allaient être incendiées dans ce quartier, tandis que les forces de l’ordre étaient prises à partie par une quarantaine de personnes, deux jeunes étant placées en garde à vue pour « violences et jets de projectiles ». (Source, Libération, 28 septembre 2009)

Comptine

Cette charmante approximation nous a été confiée par une enseignante à la retraite. Il s’agit de l’adaptation d’une comptine très en vogue dans les écoles maternelles, au temps de la IIIè République :
Petit poulet sur un mur
Qui ne sait que taper dur
Cogne par ci
Tape par là
Range sa trique
Et puis s’en va
(Si ce petit Jeu peut vous distraire, rejoignez les persifleurs qui s’y adonnent avec un certain talent)

Des policiers exemplaires

On se souvient que le 23 juin 2007, à Marseille, un garçon de 14 ans, qui circulait sur son vélo, avait été renversé, sur un passage protégé, par un véhicule de police circulant à vie allure. Avec le gyrophare peut-être allumé, mais dont l’avertisseur deux-tons ne fonctionnait pas. Le garçon devait décéder le lendemain. Selon plusieurs témoins, les policiers avaient « grillé » le feu rouge, alors qu’ils n’étaient pas en mission urgente. Depuis, le conducteur, policier stagiaire à cette époque, a été titularisé. Lors du procès qui se déroulait à Marseille, le 26 septembre, contre ce policier chauffard, la procureure devait requérir une peine de un an de prison avec sursis, ainsi que l’annulation de son permis de conduire. Contre le chef de bord, qui se trouvait à l’arrière du véhicule, c’est une peine de six mois de prison avec sursis qui était requise. Selon la procureure : « ce sont des hommes d’honneur qui ont failli ce jour-là. » Au cours de l’audience, les policiers qui se trouvaient au banc des prévenus, plaisantaient entre eux en attendant de se présenter à la barre, selon les membres de la famille de la jeune victime. (Sources, France Info, 26 septembre et Le Monde, 28 septembre 2009)

Mauvais contact !

Dans la soirée du 25 septembre, à Clerrnont-Ferrand, un jeune motocycliste était gravement blessé, après avoir percuté un véhicule de police, d’après la version officielle. Pourtant, selon des témoins dignes de foi, c’est la voiture des policiers qui aurait reculé, ce qui avait provoqué l’accident. Cette seconde version paraît d’autant plus crédible que l’IGPN a été saisie par le procureur de la République. (Source, Libération, 25 septembre 2009)

Flingueur impulsif

Le policier qui avait fait usage de son flash-ball, à tir tendu, le 8 juillet, à Montreuil (93), provoquant la perte d’un Å“il à un jeune cinéaste, a été mis en examen, le 28 septembre, pour « violence volontaire ». Ce flingueur a néanmoins été laissé en liberté, et même s’il n’a plus droit au port d’arme, il est resté en service. (Source, France-Info, 29 septembre 2009)

Montre-moi ton attestation…

Ce n’est pas nouveau. Cela fait des années que les jeunes des cités, de préférence colorés, sont harcelés par de fréquents contrôles d’identité. Interpellations nécessairement complétées par des fouilles en règle. Excédé par cette pratique, un rappeur de Bondy (53), devait fonder l’association « Banlieue active ». Le 29 septembre, à l’initiative du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires), plusieurs associations de quartier, dont celle de Bondy participaient à un débat avec la police. Parmi les pistes envisagés, il y avait cette dérisoire délivrance d’une attestation à chaque contrôle de police. Imaginons un jeune, plutôt « bronzé », exigeant une attestation après avoir été contrôlé et palpé au corps. Dans le meilleur des cas, le serviteur de l’ordre public ne manquerait pas de lui répondre : tire-toi ! (D’après 20 Minutes, 29 septembre 2009)

Fils à papa

Le 19 mai 2009, sur une route de Bretagne, entre Rennes et Lorient, une voiture 4 x 4 serre de très près une jeune femme circulant en moto, qui dira plus tard : « J’ai eu la trouille de ma vie ! » A bord du véhicule, les passagers trouvent plaisant d’inspirer la peur à la motarde. Dans le même temps, ils lui lancent des noms d’oiseau et font des gestes obscènes à leur souffre-douleur du moment. Il faudra cinq mois pour apprendre que le procureur avait adressé une simple admonestation à cette fine équipe au sein de laquelle le fils du Premier ministre François Fillon, avec un simple rappel à la loi. Peu de chose pour avoir manqué de provoquer un accident qui aurait pu être mortel. Sans oublier le délit de fuite. La victime a porté plainte, avec demande de dommages et intérêts. En cette circonstance comment ne pas rappeler le délit de fuite probable de Jean Sarkozy, après avoir heurté une voiture avec sa moto, en 2006, ainsi que l’altercation du fils de Villepin, avec des policiers, la même année. Circulez, il n’y a rien à voir ! (D’après Canal +, 29 septembre 2009)

Forte pensée

La réflexion qui suit est due à Napoléon 1er : « L’art de la police est de ne pas voir ce qu’il est inutile qu’elle voie! » Il est vrai que notre police est singulièrement aveugle dès lorsqu’il n’est pas de son intérêt de trop s’intéresser à certains délits…

Prélèvement ADN pour tous !

Le sinistre Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG) ne cesse de s’enfler. Créé en 1998, 1e FNAEG ne devait contenir que les prélèvements des délinquants sexuels. Au fil des années, les raisons d’y figurer se sont multipliées depuis le fauchage d’OGM jusqu’au moindre graffiti inscrit sur un mur. En 2002, ce fichier comptait 2 100 empreintes, en 2009, ce sont 900 000 personnes qui y figurent, pour des raisons les plus diverses. Ainsi, il est possible de trouver, dans le FNAEG, même s’il n’y a pas de poursuites judiciaires, des « rebelles » en tous genres : militants d’extrême gauche, jeunes des cités, contestataires de toutes les causes, squatteurs, etc. Refuser un prélèvement de son ADN par la police constitue un délit pouvant être puni d’une peine de un an de prison et d’une amende de 15 000 euros. Cela même pour un simple « mis en cause ». Il paraît que le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, aurait un projet délirant dans ses cartons : faire figurer dans le FNAEG les ascendants, les descendants et collatéraux des victimes de meurtre, de catastrophes naturelles, de disparus et de personnes recherchées. 1984 ? Nous y sommes déjà ! (D’après Le Canard Enchaîné, 16 septembre 2009)

Pas de racisme chez les pandores ?

Six gendarmes mobiles, cantonnés à Satory (78) ont porté plainte auprès de la HALDE (Haute autorité de lutte contre les discriminations raciales et pour l’égalité). L’un de ces gendarmes aurait été, « maintes fois », qualifié de l’aimable sobriquet de « Bougnoule » par son commandant d’unité. Deux autres gendarmes, maghrébins d’origine,et musulmans, affirment avoir été l’objet « d’humiliations » au cours d’une séance de remise de galons, au cours de laquelle un gradé aurait trempé les galons dans un verre de bière, avant d’essayer de les mettre dans la bouche de leurs souffre-douleur. Les gendarmes plaignants se disent également victimes de diverses discriminations. Particulièrement dans leurs « notations administratives singulièrement basses, ce qui a pour conséquence de retarder, voire de rendre impossible toute évolution de carrière. » (Source, Vosges Matin, 26 septembre 2009)

Permis de tuer

Le 1er octobre, la cour d’assises du Gard acquittait un gendarme jugé pour avoir tué par balles, en 2003, un jeune de 17 ans qu’il tentait d’interpeller après un cambriolage. Au cours du procès, les avocats du pandore avaient plaidé la légitime défense mais nous savons que, depuis 1903, 1es gendarmes ont le droit d’ouvrir le feu, après une première sommation -sans même qu’ils se trouvent en situation de légitime défense. (D’après Libération, 2 octobre 2009)

Mensonge identitaire

La main sur le coeur, notre gardien de l’Identité nationale, Eric Besson, n’a cessé d’affirmer que le délit de solidarité n’existe pas. Une fois de plus, cet éminent ministre vient d’être démenti par les faits. C’est ainsi que, le 5 octobre, un réalisateur de cinéma était convoqué à l’hôtel de police de Toulouse. Son délit ? Avoir fourni un certificat d’hébergement à une jeune algérienne de 18 ans qui avait demandé un titre de séjour à la préfecture de Haute-garonne. Il est vrai que ce cinéaste ne pouvait qu’être hautement suspect puisqu’il est en cours de tournage d’un film intitulé Journal de sans-papiers. Cela ne peut que se payer comptant au pays de M. Besson puisque ce citoyen, qui fait l’objet d’une procédure judiciaire « en qualité d’aidant », risque d’être mis en examen et placé en garde-à-vue, s’inquiétaient le producteurs. (D’après Libération, 3 octobre 2009)

Responsables mais pas coupables

Le 1er octobre, à Nice, un véhicule de police percutait un scooter, faisant quatre blessés. Pour justifier cette bavure ordinaire, le préfet des Alpes-Maritimes, qui avait pris le temps de la réflexion, déclarait, le 4 octobre, que les fonctionnaires de police en cause avaient actionné le gyrophare et les sirènes et qu’ils « agissaient pour les nécessités du service. » Circulez, il n’y a pas à commenter les dérives policières. Même lorsque les fonctionnaires de police appuient sur le champignon pour que les pizzas arrivent chaudes au commissariat… (D’après 20 Minutes, 5 octobre 2009)

La police nous observe, observons la police !

Le 23 novembre 2000 (sous la gauche, Daniel Vaillant étant ministre de l’Intérieur), se constituait un Observatoire des usagers de la police (OUP). Initiative pleine d’intérêt car, depuis mai 1997, sous le gouvernement Jospin, le pouvoir policier s’affirmait comme jamais auparavant. Cela plus particulièrement au détriment des sans-papiers, comme des jeunes des cités désignés comme des « sauvageons » par Jean-Pierre Chevènement. Dans le préambule de présentation de cette association, régie par la loi de 1901, il était précisé, à l’article 2, quant au but recherché :
– rendre compte des faits impliquant les forces de l’ordre,
– interpeller toutes les autorités compétentes pour que les suites nécessaires appropriées, conformément à la loi, soient données,
– recenser les dysfonctionnements policiers en analysant les pratiques.
Comme l’Observatoire des Libertés publiques s’était donné cette tâche, depuis le printemps 1994, avec la publication du bulletin mensuel, Que Fait la Police ? (plus de 150 numéros publiés depuis quinze ans), nous ne pouvions que nous rallier à cette initiative salutaire. Laquelle devait pourtant rester sans lendemain, après une réunion tenue le 7 juin 2001. La création de cet OUP présentait cet intérêt qu’elle faisait participer à une Å“uvre de salubrité publique, outre des associations comme la CIMADE ou la FASTI, des magistrats et des avocats, tout comme des représentants de l’Education surveillée. En un temps où les forces de l’ordre, surarmées, disposent d’un pouvoir exorbitant, il serait peut-être bon de reprendre ces contacts permettant de mieux informer les citoyens sur les abus de pouvoir policiers. Une meilleure prise de conscience du danger représenté par une société qui ne connaît qu’une réponse policière aux problèmes économiques et sociaux, ne peut que s’imposer. Le seul remède aux difficultés ressenties par ce pouvoir fort n’étant que l’invective, et la matraque confiée aux policiers, il n’est que temps de sortir de la torpeur ambiante… (Communiqué de l’Observatoire des libertés publiques, 6 octobre 2009)

Sécurité en sol mineur

Cela manquait dans le paysage de l’Education nationale. Des supplétifs policiers sont arrivés, le 5 octobre, dans un lycée professionnel de Seine-Saint-Denis, à Aulnay-sous-Bois. Il s’agit des premières équipes mobiles de sécurité (EMS), qui devraient bientôt se multiplier dans le 9-3. Chacune de ces EMS est constituée de cinq « spécialistes » de la sécurité et de cinq membres du personnel de l’Education nationale. Un objectif : prévenir les tensions dans les établissements scolaires, tout en les sécurisant, pour permettre la continuité des cours « dans la sérénité ». Ce ne sont pas des policiers, mais des « contractuels de l’Education nationale » devait préciser le ministre de l’Education nationale, Luc Chatel, qui inaugurait cette première unité en compagnie – significative – du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux. Les membres des EMS seront reconnaissables à leur blouson vert et à un brassard. Ces policiers de complément ne sont pas armés – c’est heureux – mais cela ne tardera peut-être pas… (D’après Libération, 6 octobre 2009)

Détritus

Nous ne l’apprenons que tardivement. En mars 2009, un homme était arrêté par des policiers nîmois, en compagnie de « deux complices ». Son crime ? Il récupérait de la nourriture dans les poubelles d’un supermarché. Arrestation musclée, menottage, suivis de la garde à vue devenue classique. Le « délinquant » aggravera son cas en refusant de se soumettre au prélèvement ADN désormais de rigueur. Ce dangereux « individu » est convoqué, le 29 octobre, devant le tribunal correctionnel de Nîmes. (Source, Siné-Hebdo, 7 octobre 2009)

Formule 1

Cela se passe dans la soirée du 6 octobre, à Cannes. Une voiture banalisée, avec à son bord trois cow-boys de la BAC, roule à très vive allure sur un boulevard de la ville. Ils ont été appelés par les policiers municipaux pur un simple contrôle d’identité. Les hommes de la BAC, qui ne sont peut-être pas des as du volant, heurtent un lampadaire. Il ,y a deux morts, l’un âgé de 32 ans et l’autre de 45 ; un troisième policier, assis à l’arrière, est grièvement blessé. Aussitôt informé, le ministre de l’Intérieur arrivait à Cannes dans la matinée du 7 octobre. De son côté, l’IGPN a immédiatement annoncé qu’elle allait enquêter sur les conditions de cet accident doublement mortel pour lequel il n’y aurait pas eu de témoin. Une certitude : en mission ou pas, les policiers roulent généralement à tombeau ouvert, y compris dans les petites rues des villes, négligeant parfois les feux rouges, ou même les sens interdits, risquant de provoquer de graves accidents. (D’près France Info et France Inter, 7 octobre 2009)

La peur de la police

Un homme, auditionné dans un commissariat de police du 13ème arrondissement de Paris, s’enfuit en passant par une fenêtre, avant de glisser le long d’une descente de gouttière. Selon la préfecture de police, cet homme, âgé de 22 ans, avait été placé en garde à vue pour « violences volontaires aggravées et agression sexuelle ». Après s’être enfuit, l’homme s’était engouffré dans le métro, à la station place d’Italie, où son corps a été retrouvé, sur les rails, décapité. On ignore encore si les policiers poursuivaient toujours cet homme, à l’heure du drame. Bien évidemment, l’IGS enquête. (Sources, 20 Minutes et Métro, 7 octobre2009)

Toujours dans le social !

Le 5 octobre, en fin d’après-midi, à Toulouse, des dizaines de salariés de l’usine Freescale (anciennement Motorola), qui bloquaient l’entrée de l’établissement, en ont été délogés par les forces de l’ordre. En grève depuis plus ‘un mois, alors que la moitié des 1.600 postes doivent être supprimés, les ouvriers de cette entreprise demandent de meilleures indemnités de départ. (Source, Direct-Matin, 7 octobre 2009)

Grosse fatigue !

C’est un salarié qui, pour son travail, fait plus de 300 Kms par jour en train, soit 3 h 35 de trajet entre Villetaneuse (93) et Longueau (60). Le 8 septembre, après être monté dans le train, à 17 h 15, il retire ses chaussures et s’allonge sur une banquette pour se reposer. Il sera bientôt réveillé par quatre officiers de la police des frontières (PAF) qui invoquent la loi pour lui intimer de s’asseoir, avant de le conduire dans le couloir pour un contrôle d’identité musclé. Alors que l’homme (responsable export d’une grande entreprise) cherche ses papiers, il est menotté et plaqué au sol. Il raconte : « Un policier a tenté de m’étrangler. Un autre a appuyé ses pieds sur les menottes. J’ai été insulté, traité de connard et de petite bite. » Arrivé à la gare du Nord à 18 h 20, l’homme est conduit au commissariat où il est placé en garde à vue pour « outrage, rébellion et incitation à la rébellion. » Il sort des locaux de police bouleversé, avec des bleus sur tout le corps et des douleurs cervicales. Son médecin va lui prescrire 15 jours d’arrêt de travail. Le 25 septembre, il portera plainte auprès de l’IGS, et s’il reconnaît avoir élevé un peu la voix, il affirme être resté poli et n’avoir outragé personne. Faut-il préciser que ce voyageur fatigué se prénomme Karim ? (Source, Métro, 8 octobre 2009)

Big Brother

Notre société policière ne cesse de se perfectionner. On nous regarde de plus en plus. Le collectif Démocratie et Liberté, qui rassemble de nombreuses associations et quelques partis politiques, a lancé, le 8 octobre, une campagne d’affichage pour contester l’installation prévue de 12.000 caméras de « vidéo protection » dans Paris. Ce collectif réclame le retrait immédiat du projet, ainsi que la tenue d’un débat pour informer les Parisiens sur cette volonté de les surveiller. (D’après Direct-Matin, 9 octobre 2009)

Enfin, un début d’aveu

Le 9 juin 2009, à Argenteuil, suite à un banal contrôle d’identité, un retraité algérien âgé de 69 ans, décédait après avoir été tabassé au sol par des policiers, puis dans le fourgon qui le conduisait au commissariat de police. Après une première autopsie, cette bavure avait été classée sans suite. Pourtant, le 9 octobre, le parquet de Pontoise prenait un réquisitoire supplétif « contre X…pour violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner. » Il serait intéressant de voir préciser qui était ce X mystérieux, dont on évite de donner la qualité, faute de fournir le nom. Toujours est-il, précise malgré tout le parquet, que « la deuxième autopsie a mis en évidence beaucoup plus d’hématomes que la première, et a fait un lien entre les hématomes et le décès. » S’il n’y a plus de doute, pourquoi le parquet reste-t-il si discret sur le ou les auteurs de ces violences « ayant entraîné la mort sans intention de la donner » ? (D’après Le Monde, 10 octobre 2009)

Des victimes authentiquement coupables

Le 25 novembre 2007, dans la soirée, à Villiers-le-Bel (95), une mini-moto, avec à son bord deux mineurs âgés de 15 et 16 ans, entre en collision, à un carrefour, avec un véhicule de police. Les deux garçons sont tués sur le coup. Suivront trois nuits d’émeute. Certes, les victimes auraient refusé la priorité à droite aux policiers, ils ne portaient pas de casque et roulaient à 66 Kmh. Il n’en reste pas moins les fausses déclarations des deux fonctionnaires de police de police qui avaient affirmé avoir circulé à 50 Kmh alors qu’ils roulaient à près de 65 Kmh, sans gyrophare ni cet avertisseur deux tons dont ils savent abuser. Cela n’a pas empêché la procureure de la République de Pontoise de demander le non-lieu pour les policiers, le 11 octobre 2009. Il était significatif d’apprendre, le lendemain, 12 octobre, que cinq jeunes, interpellés au cours des émeutes de la fin novembre 2007, et poursuivis pour « tentatives d’homicides volontaires » sur des policiers, étaient renvoyés en cour d’assises. L’accusation, à leur encontre reposant surtout « sur des déclarations sous X de témoins qui, de plus, ont été rémunérés pour leur témoignage », devait déclarer l’avocat des cinq jeunes… (Sources, Métro, Libération, et France Info, le 12 octobre et Métro, 13 octobre 2009)

Rigolo (3)

Peut-être les avez-vous croisés, lors d’une manifestation, ces clowns-activistes qui offrent des fleurs, des sourires et même des bisous aux CRS ou aux gendarmes-mobiles., plutôt que des rictus haineux. Ce qui n’est pas tellement apprécié par nos forces de l’ordre. Cela n’a pas échappé aux pandores retraités qui publient La Revue de la Gendarmerie, publication plutôt persifleuse envers l’institution autoritaire. C’est ainsi que les rédacteurs de cette curieuse revue se sont aventurés à demander aux clowns-activistes quelques photos significatives pour illustrer un de leurs prochains dossiers. Ce qui leur a attiré une réponse circonstancié : « …Nous prenons avec humour votre demande d’autorisation d’exploiter vos photographies de l’armée des clowns. Vous en savez sûrement plus que nous. Mais peut être que le cloisonnement entre services fait que vous n’avez pas accès à l’iconographie de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) ou autre service du ministère de la Défense… » (Source, No Pasaran, octobre/novembre 2009)

Auxiliaires policiers aux guichets

Le 5 octobre, à Boulogne-Billancourt, un guichetier de la Société générale repère un sans papiers venu réaliser une opération bancaire. Immédiatement, il fait bloquer les portes de l’établissement, avant de prévenir la police. Cet homme vivait et travaillait en France depuis de longues années. Suite à cet exploit, ce paria est « retenu » au centre de rétention du Mesnil-Amelot (93), en attente de sone expulsion. (Source, Siné Hebdo, 14 octobre 2009)

La haine

Au cours de la nuit du 13 au 14 octobre, à Champigny-sur-Marne (94), un policier maître-chien, qui n’était pas en service, et promenait son animal, avait demandé aux occupants d’un véhicule de ralentir. Ce qui n’avait pas dû leur plaire puisqu’ils allaient passer à tabac l’auteur de cette injonction. Après un rapide aller et retour à l’hôpital, le policier était incapable d’identifier les suspects, interpellés le 14 octobre, qui devaient finalement être libérés. (Sources, 20 Minutes et Direct Matin, 15 octobre 2009)

Mon Å“il !

Les policiers ne sont jamais en reste d’interventions stupides. C’est à cela que l’on reconnaît les plus rugueux d’entre eux. Le 13 octobre, dans le 18è arrondissement de Paris, dans la matinée, un motocycliste franchissait un feu orange, pour ne pas freiner trop brutalement. Il se fait admonester par deux motards de la police, qui profitent de l’occasion pour procéder à un contrôle d’identité classique, au cours duquel les deux cerbères remarquent, sur le permis de conduire du « délinquant », la mention « dispositif de correctif de vision. » L’homme porte des lentilles, mais comme il ne peut présenter la paire de lunettes supplémentaires demandée par les policiers, il se voit lesté d’une amende de 90 euros pour « conduite d’un véhicule à moteur sans respecter une restriction d’usage mentionnée sur le permis de conduire. » Reste que l’arrêté sur la paire de lunettes supplémentaires a été abrogé en 1977. A la préfecture de police, on explique, sans rire : « Comment un policier peut-il savoir si un conducteur porte vraiment des lentilles ? » (Source, Aujourd’hui, 16 octobre 2009)

A la sainte Edwige, on nous ressert EDVIGE !

Les mauvais coups autoritaires nous sont toujours infligés en douce, le dimanche de préférence. Par voie de décrets et non pas au travers d’une loi nécessitant débat avec la « représentation nationale ». Il en va ainsi de la création de ces fichiers policiers ayant pour objet de placer sous haute surveillance une partie de la population (de plus en plus importante) jugée hautement suspecte. C’est ainsi que, le 18 octobre, au travers de deux décrets, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, nous a resservi une nouvelle mouture de ce fichier EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de la ‘information générale), décrété le 1er juillet 2008, à la veille des vacances. Face à la vague d’indignation suscitée, ce projet avait été prudemment remisé, mais sans être passé à la trappe.
Il convient de rappeler que le fichier EDVIGE avait pour fonction essentielle de recenser tous ceux des citoyens de ce pays étant « susceptibles » d’avoir des responsabilités politiques ou associatives, voire postuler à des responsabilités. Au nom de l’ordre public, la police aurait pu se permettre de se suspecter quiconque se permettrait de s’inquiéter de l’avenir d’un pays n’ayant plus de démocratique que le nom. Le nouveau décret pris par Brice Hortefeux implique création d’un fichier pour cerner les empêcheurs de gouverner en rond, mais il ne porte pas encore de nom. Il est simplement « relatif à la prévention des atteintes à la sécurité publique » et également aux « enquêtes administratives liées à la sécurité publique. » Définitions suffisamment vagues pour mettre en cause ceux qui se risquent à dépasser la ligne rouge fixée par les autorités policières. Le second décret, complétant le substitut d’EDVIGE, et qui envisage de ficher des enfants, dès l’âge de 13 ans a également été publié au Journal officiel, daté du dimanche 18 octobre 2009. C’est là une idée fixe de notre gouvernement, répondant à « l’angoisse sécuritaire » de l’électorat de Nicolas Sarkozy. Il reste à souhaiter une mobilisation identique à celle de l’été 2008, qui avait conduit les têtes pensantes à oublier momentanément le fichier répressif EDVIGE. Il ne faut surtout pas négliger le fait que si les données relatives aux « origines ethniques ou raciales » paraissent abandonnées, il semble que ce nouveau fichier se référera aux « origines géographiques ». C’est là un langage codé qui n’est pas nouveau. Cerise sur le gâteau, ces deux décrets ont été signés le jour de la Sainte-Edwige… (D’après Libération, 19 octobre 2009)

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