QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 37 – février 2010
Editorial :Â Sommes-nous tous des « Individus » ?
Le jargon policier ne souffre pas de fioritures inutiles. Pour les gardiens de l’ordre public, nous serions tous des « individus ». Il est vrai que cela correspond à une solide tradition dans les rangs des forces de l’ordre. En juin 1848, lorsque les gardes mobiles étaient lancés contre les ouvriers parisiens en lutte pour leur survie économique, leur hiérarchie les envoyaient combattre les « Bédouins ».Ce qui ne faisait qu’évoquer la récente conquête de l’Algérie et les résistances rencontrées dans ce pays en voie de colonisation. Bien évidemment, nos policiers de 2010 ne se risqueraient pas à traiter de « Bougnoules » ces Français qu’ils ont à l’Å“il, car la confusion des genres ferait désordre en un temps où l’Identité nationale est à l’ordre du jour. Plus simplement, pour nos policiers, qui se prétendent républicains, la personne humaine n’existe pas plus que cet humanisme qui devrait être de rigueur, au sein des forces de l’ordre. C’est ainsi que, quiconque est interpellé, ou simplement désigné, est immédiatement ravalé au rang « d’individu ». Il y a là une volonté évidente de considérer chaque citoyen comme un possible suspect. La constitution de très nombreux fichiers de police va d’ailleurs dans ce sens. De plus, cette mauvaise manière langagière fait tristement école, puisque dans la presse, écrite ou audiovisuelle, les journalistes ne font que reprendre, presque mot à mot, la formulation des communiqués émanant des autorités policières, en qualifiant, sans la moindre difficulté, « d’individus » les victimes de la vindicte policière.
Livrons-nous à un peu de sémantique populaire. L’individu peut être, au choix : un triste sire, un joli coco, un pauvre hère, un vilain merle, une mauvaise tête, un bougre ou une tête brûlée. Pour le policier de 2010, « l’individu » n’est plus une personne mais, plus certainement, un énergumène, un zèbre, un voyou peut-être dangereux . En tout cas quelqu’un de louche. A la limite, le policier, plus mesuré parlera d’un quidam car il n’ose même plus utiliser le mot pékin. Avec une logique glaciale, Petit Robert nous explique que l’individu est « l’élément d’une population, en statistique » ou, plus tristement, le « terme inférieur d’une série qui ne dédaigne plus de concept général et ne comporte plus de division logique. » Faudrait-il estimer qu’en école de police nos futurs ange gardiens se penchent longuement sur ce dictionnaire ? Ce qui est sûr, c’est que certains policiers feraient bien d’acquérir un manuel du savoir-vivre…
Maurice Rajsfus
Retour à l’envoyeur
Suite à la mauvaise plaisanterie, de type raciste, adressée par le ministre de l’Intérieur à un jeune militant UMP, qui avait le tort de ne pas être Auvergnat, Brice Hortefeux est poursuivi en justice par le MRAP pour « injure raciale ». I1 devrait comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris, le 14 avril 2010. (Source, 20 Minutes 18 décembre 2010)
Forte pensée
L’empereur Napoléon Ier, connaissait bien les hommes qui le servaient d’où cette utile réflexion : « …L’art de la police est de ne pas voir ce qu’il est inutile qu’elle voie… »
Garde à vue:inflation
Selon le contrôleur général des lieux de privation des libertés, Jean-Marie Delarue, les chiffres de mise en garde à vue, en 2008, ont été minorés. L’estimation officielle serait inférieure de 20 à 30% à la réalité. C’est ainsi que les 578 000 gardes à vue de 2008 ne tenaient pas compte de la plupart des petites infractions, liées au Code la route, ayant également entraîné une mise en garde à vue. (Source, Le Journal du Dimanche, 20 décembre 2009)
Droit d’asile
Le 22 décembre, à Dijon, deux Géorgiens, demandeurs d’asile, sont interpellés par la police alors qu’en compagnie d’un militant de la CIMADE, ils se présentaient au guichet de demande d’asile de la préfecture. (Source, Libération, 24 décembre 2009)
Comptine
Ce gentil couplet aurait pu être fredonné par les étudiants parisiens, en mai 1968, mais il est toujours d’actualité :
« Le gros indic
Hypodermique
Nous fait la nique.
Son imper mastic
Donne la colique.
Il nous pique,
C’est un aspic.
Pique nique douille
C’est toi l’andouille »
(Et si vous preniez la suite…)
Solidarité mal venue
Tenus à l’obligation de résultats, nos policiers ne font pas dans la dentelle. D’où cette attention particulière portée aux faits et gestes des citoyens solidaires envers les migrants en détresse. Le 15 décembre, un diacre, aumônier des prisons à Dunkerque, et l’un de ses amis, étaient entendus pendant deux heures dans les locaux de la PAF à (Police de l’air et des frontières). Tous deux étant les auteurs d’une grave infraction à la loi. Ils avaient tenté, à l’aide d’une pelleteuse, d’assécher un campement de migrants Afghans et Irakiens inondé par les eaux d’un marais. Fort heureusement, la guillotine n’existe pas pour ce genre de délit, mais le procureur de Dunkerque ne manquait pas de déclarer que si ce diacre ne serait pas « poursuivi dans l’immédiat », il ferait néanmoins l’objet d’un rappel à la loi. Il n’en reste pas moins que, côté police, le diacre a appris qu’il se voyait frappé d’une amende de 1 500 euros par les ange gardiens du port autonome. Juste pour lui apprendre que la solidarité a un coût. (D’après Libération, 23 décembre 2009)
Contrôle au faciès
Le ministre de l’Intérieur refuse que l’on puisse dire que nos policiers se livrent au contrôle au faciès. le témoignage qui suit ne fait que contredire cette affirmation :
« Le 21, vers 17 h, j’ai été témoin d’une scène tout à fait insupportable. Je sortais de la librairie Gibert, près de la station de métro Strasbourg Saint-Denis, lorsque j’aperçus trois policiers, qui déambulaient sur le boulevard Saint-Denis, interpeller un jeune homme en lui lançant : vous ne savez pas qu’il est interdit de cracher par terre?, avant de lui demander ses papiers. Ce garçon, au type maghrébin prononcé, devait avoir l’habitude de ce genre d’interpellation au faciès puisqu’il présentait rapidement, d’un air las, sa carte d’identité française, que les policiers allaient examiner avec un soin étonnant. Ce document lui étant remis ensuite sans le moindre mot d’excuse. En s’éloignant, les trois policiers plaisantaient, l’un d’eux disant à ses deux compères : t’as vu comme il a eu les glandes… Je suis écoeurée. Ce jeune homme était convenablement vêtu, il ne gênait personne, et il n’y avait aucune raison pour motiver cette interpellation ! » (Témoignage reçu à l’Observatoire des libertés publiques le 28 décembre 2009)
Entre amis…
Un couple de policiers cannois, membres de la BAC, a été mis en examen pour corruption passive. Ils avaient pris l’habitude d’alerter les gérants de bar de la ville, avant chaque contrô1e de police qui aurait pu contrarier certaines de leur activité parallèle. (Source, France Info, 18 décembre 2009)
A qui se fier ?
Dans les premiers jours de décembre 2009, douze personnes, soupçonnées de revendre des voitures volées étaient arrêtées. Parmi elles, plusieurs fonctionnaires du service des cartes grises de la Seine Saint-Denis. Quelque soixante-dix cartes grises auraient été émises grâce à ces excellents agents de la préfecture. (Source, Libération, 26 décembre 2009)
Feu à volonté !
Dans la soirée du 26 décembre, deux hommes braquaient un restaurant Mac Donald’s, dans le centre de Nîmes. Suite à l’intervention rapide d’une patrouille de police, l’un des agresseurs prenait la fuite, avec une employée en otage, sous la menace de son arme. N’écoutant que son courage, et négligeant le risque encouru par l’otage, l’un des policiers faisait feu à trois reprise, touchant mortellement le braqueur. (D’après Libération, 28 décembre 2009)
Adieu ELOI
Le 29 décembre 2009, 1e Conseil d’État a annulé partiellement le décret créant le fichier informatique ELOI (comme « éloignement »). Y sont recensées les « données à caractère personnel, relatives aux étrangers faisant l’objet d’une mesure d’éloignement. « Déjà ,en mars 2007, 1e Conseil d’Etat avait retoqué la version initiale. Pour la haute autorité, deux dispositions du fichier ELOI posaient problème. Ainsi, la conservation pendant trois ans de certaines données, comme celle relative aux enfants de l’étranger expulsables, ainsi que l’enregistrement du numéro d’identification délivré à toute personne ayant fait une demande de titre de séjour. Pour le Conseil d’Etat : « …La pertinence et d’adéquation de cette donnée, relative au séjour, par rapport aux finalités du traitement, relatif à l’éloignement, ne sont pas établies. » (Source, Libération, 31 décembre 2009)
Violences vigilantes !
Décidément, de nombreux vigiles ont pris d’excellentes leçons chez les authentiques policiers. Particulièrement en matière de violences. Le 29 décembre, a Lyon, dans un magasin Carrefour du quartier de La Part-Dieu, quatre vigiles interceptaient un jeune SDF qui tentait de dérober une canette de bière. Après avoir été immobilisé à l’aide d’une clé au bras, le jeune homme, âgé de 25 ans, était violemment frappé au visage, puis projeté sur une table, où il devait subir une compression de la cage thoracique. Il devait également recevoir des coups puisque son visage et ses bras portaient des traces de bleus car, selon ses tortionnaires, il était énervé et se débattait. Intervention suffisamment brutale conduisant à tuer un jeune homme, pour quelques gorgées de bière. Après avoir visionné le circuit intérieur de vidéo du magasin, le procureur devait décider la mise en examen des quatre brutes pour « violence aggravée ayant entraîné la mort sans intention de la donner. » Les images vidéo faisant effectivement foi, il va de soi que ces vigiles très vigilants allaient bien au-delà de ce que leur « devoir » leur commandait. Ce véritable assassinat, par « asphyxie mécanique », nous renvoie à cette volonté exprimée par Nicolas Sarkozy de réduire les effectifs policiers, et leur remplacement par des vigiles salariés des sociétés privées de sécurité. Manque de chance, comme ces voyous ne sont pas assermentés, à l’instar des policiers, ils ne seront pas soutenus par leur hiérarchie et risquent de longues années de prison. (D’après Le Parisien, 31 décembre 2009)
Les églises ne sont plus des lieux d’asile…
Une centaines de sans papiers, réclamant leur régularisation, ont été expulsés par la police de la basilique Saint-Clotilde, dans le 7ème arrondissement de Paris, le 30 décembre. A l’extérieur du bâtiment, des manifestants avaient déployé une banderole portant des slogans comme : « Arrêt des rafles », « Fermeture des centres de rétention » et « Régulariser est un droit ». I1 ne semble pas que le curé du lieu se soit opposé à cette expulsion.( D’après Le Monde, 1er janvier 2010)
Société policière
Le 16 décembre 2009, un sans papiers Malien qui avait manifesté 1’intention d’ouvrir un compte à l’agence postale de Viry-Chatillon (91), se retrouvait au centre de rétention administratif de Palaiseau. Explication simple : deux mois plus tôt, l’ouverture de son compte lui avait été refusée car ses papiers s’étaient avérés faux. C’est ainsi qu’à la mi-décembre il était convoqué, sans motif précis au commissariat voisin. I1 était aussitôt placé en garde à vue pour faux, usage de faux et infraction à la législation sur les étrangers. A la direction de la Poste, on assure que ce qui n’est rien d’autre qu’une pure et simple délation, venant d’un employé zélé, était dans la règle des choses. Le 31 décembre, ce travailleur Malien ne savait toujours pas quel sort lui serait réservé car le consulat du Mali n’avait pas encore donné le feu vert pour son expulsion. I1 semble que ce type de dénonciation soit devenue pratique courante, aussi bien à la Poste qu’aux guichets des banques, dans les magasins de téléphonie mobile ou même dans les centres d’assurance maladie. (Source, Le Parisien, 1er janvier 2010)
Pots d’échappement
Si l’on voulait s’en remettre aux déclarations fracassantes du ministère de l’Intérieur, la dernière nuit de l’année 2009 devait se passer sans trop de dommages 30 000 policiers et 15 000 gendarmes allaient assurer la sécurité durant les festivités du réveillon. Pour la seule capitale 8 000 policiers avaient été déployés. La traque aux incendiaires de voitures serait assurée. En fait, ce déploiement de forces policières s’est avérée être un véritable flop. Dans la nuit du 31 décembre 2009 au 1er janvier 2010, ce sont 1 137 véhicules qui seront brûlés, soit dix de moins qu’en 2008 pour deux fois de plus de policiers sur le terrain. Alors, à quelle fin cette démonstration policière ? Que fait la police ? (D’après Libération, 2 janvier 2010)
Du grain pour les poulets…
Dès son arrivée au ministère de l’Intérieur, en mai 2002, Nicolas Sarkozy avait fait savoir aux policiers qu’ils devraient désormais d’être plus productifs. I1 leur était demandé de fixer, chaque année, des « objectifs quantifiés », permettant, « l’amélioration de leur efficacité ». En 2003, après l’adoption de la loi Sécurité Intérieure, c’était 1’annonce de classements « productifs », par départements, et même individuellement par commissariat -avec, éventuellement, primes à la clé. A cette époque, nos gardiens de l’ordre public, encore sous le coup de la bonne surprise de travailler sous la houlette d’un ministre de l’Intérieur efficace, n’avaient pas réagi à cette mise en demeure, et leurs syndicats pas davantage. Avait suivi la révolte des banlieues, à l’automne 2005, et les policiers des banlieues « sensibles » avaient pu constater que les primes promises ressemblaient surtout à des peaux de chagrin -sauf pour leur hiérarchie. Depuis, ce qui était suggéré s’est transformé en obligation, avec quotas d’interpellation et chiffres de délits naturellement en hausse. Ainsi, en janvier 2009, un capitaine de police de Chalons-en-Champagne fixait les quotas à atteindre par son unité. Extraits de la note de service : « Chaque brigade de roulement de jour devra, a minima, procéder à 65 interpellations par jour (hors ivresse publique, manifestations et délits routiers), à 10 interpellations de personnes faisant l’objet de fiches de recherche ; établissement de 230 timbres-amendes pour infraction au Code de la route (hors stationnement) et 75 timbres-amendes pour comportements dangereux, etc . » Par ailleurs, la BAC de cette même unité avait pour ordre impératif de réaliser « 162 interpellations ». I1 va de soi que de tels ordres écrits se sont faits rares depuis que des policiers « usés par la politique du chiffre », les ont fait fuiter. Cela ne peut que laisser des traces.
La bronca commence également à gronder dans le monde syndical policier. Un délégué de l’Union SGP-Unité police (syndicat majoritaire chez les policiers en tenue -soit disant de gauche), dénonce cette « religion du chiffre », avec cet exemple éclairant : « On nous demande d’arrêter cinq consommateurs de joints parce que ça fait cinq délits constatés, mais aussi cinq faits élucidés. C’est plus facile que d’interpeller un revendeur de drogue, ce qui va compter pour une seule affaire dans les statistiques ». Après cette belle manifestation de colère, ce syndicaliste vend la mèche : « Après son arrivée au ministère de l’Intérieur, Sarkozy avait promis des effectifs et des moyens, armes, protections, véhicules… Aujourd’hui, on nous réclame toujours des résultats, mais avec moins de moyens ». D’où la conclusion qu’il est possible de tirer : policiers de « gauche » = policier ordinaire. I1 suffirait de quelques grains supplémentaires pour que le poulet soit rassasié ! (D’après Libération, 5 janvier 2010)
Certitude de culpabilité
Dans la soirée du 2 janvier, à Mantes-la-Jolie (78), une trentaine de jeunes s’affrontaient à des policiers. Pourquoi ? Deux jeunes du quartier du Val-Fourré, soupçonnés d’avoir volé de l’essence, venaient d’être placés en garde à vue. Les policiers, alertés du vol par le gérant d’une station-service, ont été pris à partie alors qu’ils procédaient à des interpellations sans preuve ? Réplique immédiate à l’aide de gaz lacrymogènes et de tirs de flash-ball. (Source, Le Monde, 5 janvier 2010)
Tombé du camion…
Le 7 janvier, trois CRS de la compagnie autoroutière de Sant-Etienne ont été suspendus de leur fonction. Cela dans le cadre d’une affaire de détournement de bouteilles de wisky, dans la région de Lyon. Ces braves serviteurs de l’ordre public sont soupçonnés de « s’être servis » dans la cargaison d’un poids lourd qui s’était renversé, avant de revendre ces bouteilles à bas prix. (Peut-être à leurs collègues). Suite à ce gentil larcin, une quinzaine de CRS avaient été interpellés. (Source, France Info, 7 janvier et Métro, 8 janvier 2010)
Stakanovistes !
Le 7 janvier, intervenant sur une radio périphérique, Eric Besson, gardien de l’Identité nationale, se flattait d’avoir pu procéder à 29.000 expulsions de sans papiers, en 2009. Soit 2.000 de plus que le quota fixé par Nicolas Sarkozy. Pour en arriver à un tel résultat, il aura fallu que les préfets, la police de l’air et des frontières (PAF), tout comme les simples gardiens de la paix, toujours l’œil aux aguets, se soient acharnés à la tâche. (D’après Europe 1, 7 janvier 2010)
Que fait la police ?
Après plusieurs braquages à la voiture-bélier, de bureaux de poste en Seine-Saint-Denis – seize établissements agressés en quelques mois – c’est dans le 12è arrondissement de Paris se sont attaqués à une banque, le 11 janvier, pour tenter de s’emparer d’un distributeur de billets. Peut-on dire que les policiers sont trop occupés à traquer les sans papiers et les « racailles » des cités pour s’inquiéter des braquages de banques et de bureaux de postes ? (D’après Direct-Matin, 12 janvier 2010)
Règlement de compte
Le 7 janvier, huit policiers de la Compagnie parisienne de sécurité ont attaqué, de leur propre initiative, des vendeurs à la sauvette, près de la Tour Eiffel. L’un de ces policiers aurait été agressé par deux d’entre eux, quelques jours plus tôt. Une enquête est en cours, et des sanctions administratives auraient déjà été prises, un officier de police étant d’ores et déjà suspendu. Nos policiers seraient donc capables de tout, y compris de s’impliquer dans des règlements de compte, hors service. Tout comme les voyous qu’ils sont censés mettre à la raison. Il est vrai que, parfois, la ligne rouge est difficile à définir. (D’après Direct-Matin, 13 janvier 2010)
Rennes : retour sur le 5 décembre 2009
A la veille d’une manifestation des chômeurs et précaires, annoncée à Rennes, le 5 décembre 2009, la préfecture décidait de l’interdire. Les quelque 500 personnes présentes, malgré tout, cherchaient à rejoindre le centre-ville pour se faire entendre. Immédiatement, les forces de police, en nombre impressionnant, intervenaient pour intimider les manifestants, et multipliaient les provocations pour justifier les arrestations. Alors que les organisateurs tentaient de rassembler les manifestants dans une salle qui leur avait été promise, la police tendait un guet-apens, après en avoir interdit l’accès. Plusieurs dizaines de policiers la BAC chargaient violemment, tabassant les manifestants et les arrosant de gaz lacrymogènes, alors qu’aucune agressivité n’était venu de leur côté. Quatre personnes étaient interpellées sous le prétexte aberrant de « jets d’essence », et une autre pour une soit disant « violence à agent ». Parmi les manifestants, il était possible de constater des blessés graves : un traumatisme cérébral, avec séquelles irréparables, des arcades sourcilières éclatées, des touffes de cheveux arrachées. Le procès des inculpés devait se dérouler le 18 janvier. (D’après un communiqué du Mouvement des chômeurs et précaires, reçu à l’Observatoire des libertés publiques, la 11 janvier 2010)
Justice, selon la police
Plusieurs juges d’instruction du tribunal de grande instance de Bobigny (93), sont en conflit ouvert avec le chef de la police judiciaire. Ce dernier aurait refusé la présence d’un avocat, à la première heure de garde à vue, dans plusieurs enquêtes en cours. Suite à cette mauvaise volonté, les magistrats ont envoyé un courrier de protestation au directeur régional de la police judiciaire. (Source, 20 Minutes, 14 janvier 2010)
Entre collègues…
Dans la soirée du 14 janvier, un policer parisien manipule maladroitement son arme de service dans les locaux de la police judiciaire. Mauvaise connaissance du matériel ou fébrilité ? Toujours-est-il qu’une balle sort du chargeur et va blesser un collègue, dont la vie, fort heureusement, n’est pas en danger. Il n’en reste pas moins que l’IGS enquête. (Source, France Inter, 15 janvier 2010)
Officiers de police démocrates
Avec beaucoup d’à propos, sans doute pour mieux nous convaincre de leurs profonds sentiments humanitaires, le syndicat d’officiers de police Synergie, affirmait dans un communiqué, à propos de la qualité des interpellations et des gardes à vue, un étonnant rappel à la loi policière. Cela à la suite du témoignage d’une avocate particulièrement maltraitée par de braves policiers républicains durant sa garde à vue. Extraits : « …L’intérêt collectif (ne doit pas être) sacrifié sur l’autel des honoraires, drapés dans le voile immaculé des Droits de l’homme.. » Tel quel ! En fait, cette charge visait les avocats qui se permettent de réclamer la simple application de la loi, c’est-à -dire leur présence dès la première heure de garde à vue. Sans oublier, soulignent les policiers de Synergie, que les avocats, « dont les compétences en matière pénale sont proportionnelles au montant des honoraires perçus » sont avant tout des empêcheurs de condamner. En fait, après la disparition programmée des juges d’instruction, les officiers de police aimeraient bien supprimer également les avocats. (D’après CQFD, janvier 2010)
Statistiques policières
Malgré toutes les manipulations des chiffres sur la délinquance du ministère de l’Intérieur, il est difficile à Brice Hortefeux, porte-voix de Nicolas Sarkozy dans le domaine sécuritaire, de vraiment démontrer des avancées en la matière. Il y aurait peut-être une petite baisse de la délinquance globale, en 2009 (-4%), mais ce résultat est contrebalancé par une hausse des agressions aux personnes ‘+ 4,8%), dans le même temps que les vols à main armée auraient augmenté de 20%. De plus, pour éviter de voir gonfler les statistiques, les interpellations de consommateurs de cannabis n’apparaissent plus comme l’année précédente. (Source, Libération, 15 janvier 2010)
Humanisme pandore
Le 12 janvier, à Bourg-en-Bresse, les gendarmes se sont introduits au siège de la communauté Emmaüs. Ils venaient interpeller une famille de sans papiers, originaire du Kosovo. Le père, la mère (enceinte de cinq mois) et deux enfants, âgés de 5 et 7 ans, tous deux scolarisés, étaient rapidement placé dans un avion en partance pour Pristina. Sans même passer par la case centre de rétention. Dans un communiqué, le mouvement Emmaüs s’est dit « profondément choqué et indigné », tout en exigeant l’arrêt d’une « politique aveugle qui privilégie les chiffres de reconduction au détriment du respect de la personne humaine. » (Source, Libération, 18 janvier 2010)
Fumette funeste
Le 14 janvier, un officier de police en poste au 2è district de la police judiciaire de Paris, avait blessé accidentellement l’un de ses collègues en manipulant son arme. (voir plus haut) cet excellent défenseur de l’ordre public a été mis en examen, non seulement pour « blessure involontaire », mais également pour « usage d’un produit stupéfiant. » Cet officier de police, qui venait de consommer de l’alcool, au moment des faits, devait reconnaître qu’il avait également fumé du haschich. L’auteur du tir malencontreux a été suspendu de ses fonctions, et sera soumis à une obligation de soins. De même, il lui est désormais interdit de détenir une arme. C’est bien le moins ! (Source, 20 Minutes, 20 janvier 2010)
Les « municipaux » à l’ouvrage
Dans la soirée du 19 janvier, à Woippy (Moselle), trois jeunes d’une vingtaine d’années, circulant sans casque sur un scooter volé étaient pris en chasse par une patrouille de la police municipale. Dans un virage, le scooter dérapait, le conducteur était tué sur le coup. L’un des passagers étant grièvement blessé. (Source, France Info, 20 janvier 2010)
Productivisme policier
Soixante travailleurs sans papiers en grève qui occupaient depuis octobre 2009 le chantier de l’ancien hôtel Majestic, à Paris, ont été « évacués » par la police, le 20 janvier. (Source, 20 Minutes, 21 janvier 2010)
Informez-nous !
Nous manquons toujours cruellement d’informations parues dans la presse régionale concernant les dérapages policiers. Nous attendons les coupures de journaux, à l’adresse suivante : Observatoire des libertés publiques, C/O NSP, 20 rue Courat, 75020 Paris.
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