quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 45 – décembre 2010

Editorial : La police du parti de l’ordre

L’année 2010 se termine de façon paradoxale. Particulièrement dans le domaine de cette sacro-sainte sécurité servant de paravent à la politique antisociale du gouvernement. Si la révision générale des politiques publiques (RGPP) provoque effectivement des baisses d’effectifs dans les rangs des forces de l’ordre, il n’en reste pas moins que les policiers et gendarmes mobiles se montrent de plus en plus brutaux, compensant ainsi le manque de bras par une productivité digne de tous les éloges. C’est ainsi que, durant les récents mouvements sociaux, on ne les a vus que d’un seul côté de la barricade. Tous ardents à la tâche, rien ne les arrêtait, dès lors qu’il s’agissait de réprimer collégiens, lycéens et étudiants désireux de se joindre aux luttes de leurs aînés. Peu importe que les plus hautes autorités policières se soient appliquées à condamner, à demi-mots, l’usage du flash-ball (cette arme qui, fréquemment, peut rendre borgnes ceux qui ont été soigneusement visés, à tir tendu). Il faut bien que force reste à la loi ! Tiens, il n’est plus question du pistolet à impulsion électrique Taser. Serait-ce que cette arme, dite non-létale- soit désormais considérée comme dangereuse entre les mains fébriles de fonctionnaires désireux de mal faire ?
Où en sommes-nous de cette police républicaine, au service des citoyens ? Où en sommes-nous de ces gardiens de la paix censés protéger la veuve et l’orphelin ? Où en sommes-nous de cet ordre public répondant à la préoccupation proclamée d’une volonté de protéger une population dont la sécurité serait menacée face aux contestataires de tous ordres. Les hommes en bleu paraissent avoir oublié qu’ils sont issus du même creuset qui, au travers des luttes sociales, avait permis l’émergence d’un pays libre où il serait possible de vivre heureux. Ceux-là, loin d’être les défenseurs des libertés fondamentales, sont devenus les mercenaires d’un pouvoir qui n’a plus de démocratique que le nom. Bien sûr, ce n’est pas encore l’Etat policier mais nous en prenons lentement le chemin …
Maurice Rajsfus

Deux poids, deux mesures

. Le I9 octobre, deux policiers sont condamnés par le tribunal correctionnel de Créteil (94) à 1 500 euros d’amende chacun, pour avoir violenté un adolescent de 16 ans, dans la nuit du 18 décembre 2008. Ces fonctionnaires, qui ont donné « une très mauvaise image de la police », pensaient avoir affaire à un fumeur de cannabis, qui s’était enfuit à leur vue, alors que le garçon croyait à une agression. Ensuite, le collégien avait été projeté à terre, puis menotté, avant de recevoir une volée de gifles. L’enquête, suite à une plainte contre les policiers avait duré deux ans… (Sources, Métro et 20 Minutes, 20 octobre 2010)

. Le 18 octobre, un lycéen de Fresnes (94), qui avait blessé à une jambe un CRS par un jet de pierre, en marge d’une manifestation lycéenne, le 17 octobre, a été condamné, en urgence, à huit mois de prison avec sursis. Le policier s’était vu notifié six jours d’ITT. (Source, 20 Minutes, 20 octobre 2010)

Rappel historique

A propos de l’existence d’un véritable fichier ethnique constitué par la gendarmerie, William Bourdon, avocat d’associations de Roms et de gens du voyage, devait dénoncer ces fichiers ayant des « relents qui ne peuvent que rappeler de très mauvais souvenirs. Ils apparaissent comme le paroxysme de dérives d’une logique sécuritaire qui ne fait que s’aggraver ! »

Décès suspect, à Paris

Le 18 octobre, des policiers et des pompiers intervenaient au domicile d’un homme de 37 ans, sous tutelle, avec des antécédents psychiatriques. Cela se passait rue du Chevaleret, dans le 13ème arrondissement de Paris. C’est à la demande de la famille qu’avait lieu cette intervention. Dans l’appartement, les policiers devaient se trouver face à une personne très agitée, qu’ils allaient tenter de maîtriser. L’homme aurait été victime d’un malaise cardiaque. Hospitalisé, à la Salpétrière, il devait décéder le 19 octobre, dans la matinée. (Source, Métro, 20 octobre 2010)

Retour sur Grenoble

Après la mort d’un jeune braqueur, tué par les policiers de la BAC, dans la cité de La Villeneuve, à Grenoble, le 20 Juillet, un témoin raconte : « …Karim avait déjà pris une balle dans le pied et dans la jambe. Ceux de la BAC lui ont tiré une balle dans la tête… Ils l’ont laissé quatre heures, sans le couvrir d’un blouson ou d’une couverture. Nous, on était là, et les BAC ils nous provoquaient. Ils nous disaient : Venez voir comme il est beau votre pote. Il y a même un flic qui nous insultait en arabe. » Un autre témoin explique : « Les Uteq, habillés en robocop, nous filment sans arrêt, ils n’arrêtent pas de nous provoquer. On n’est pas des animaux ! » (Source, CQFD, octobre 2010)

Comptine

Décidément, nos correspondants s’en donnent à cÅ“ur joie sur l’inimitable créateur de fichier, particulièrement de ce remarquable fichier « génital » qui ne manquera pas de passer à la postérité.
D’où entre autres, ce petit joyaux anonyme :
« Hortefeux
Scron gneu-gneu
Hortefeux
Halte au feu
Hortefeux
Boutefeu
Meuh, meuh, meuh
Comme font les bÅ“ufs… »
(A vous de prendre la suite si l’envie vous prend de persifler à votre tour)

Retour sur Villiers-le-Bel

Trois ans après la mort de deux adolescents, percutés sur leur mini-moto par un véhicule de police, le conducteur est mis en examen, pour avoir provoqué « involontairement » ce drame, à l’origine de plusieurs jours d’émeute, à Villiers-le-Bel (93) au cours des premiers jours de novembre 2007. L’avocat des familles rappelle que ce policier devra pouvoir expliquer pourquoi il a accéléré au carrefour où s’est déroulé l’accident, alors qu’il circulait sans gyrophare, ni sirène d’alerte. A suivre, bien évidemment. (Source, France Info, 21 octobre 2010)

Grosse déprime

Une étude récente révèle qu’entre 1998 et 2005, plus de 550 fonctionnaires de police se sont suicidés. Entre 2005 et 2009, il y a eu entre 40 et 50 suicides par an, selon le syndicat Alliance de la police nationale. Selon différentes enquêtes les risques de suicides dans la police seraient supérieurs de 35% à celui du reste de la population. Il est vrai que les policiers sont armés, ce qui facilite le passage à l’acte, les jours de déprime. (Source, 20 Minutes, 22 octobre 2010)

Retour sur Clichy-sous-Bois

Le 27 octobre 2005, à Clichy-sous-Bois (93), trois adolescents, qui n’avaient rien à se reprocher, se réfugiaient dans un transformateur EDF par peur de la police. Deux d’entre eux devaient périr, électrocutés. En septembre 2010, le parquet avait requis le non lieu pour les policiers à l’origine de ce drame. Le 22 octobre 2010, pourtant, après cinq ans de procédure, les juges d’instruction de Bobigny, devaient rendre une ordonnance renvoyant deux policiers en correctionnelle pour « non-assistance à personnes en danger. »
Quelques minutes avant « l’accident », l’un des policiers avait indiqué, par un message radio, voir les garçons enjamber le périmètre du transformateur, précisant : « S’ils entrent dans le site, je ne donne pas cher de leur peau.  » (Source, Le Parisien et Libération , 23 octobre 2010)

Officiers en colère

Le 25 octobre, les syndicats d’officiers de police ont demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des poursuites contre Jean-Luc Mélanchon. Motif : le 24 octobre, le président du parti de gauche assurait que les policiers avaient reçu consigne d’infiltrer les manifestations et jeter des pierres dans les vitrines. (Source, Direct-Matin, 26 octobre 2010)

Toujours Clichy-sous-Bois

Le 25 octobre, le procureur de Bobigny, (93), fait appel de la décision du juge d’instruction de renvoyer devant la justice les deux policiers mis en cause dans la mort de deux adolescents, dans la nuit du 27 octobre, à Clichy-sous-Bois. (Source, Libération, 26 octobre 2010)

Provocations policières

Après bien d’autres témoins, Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a dénoncé par voie de presse, comme à la télévision, la présence de provocateurs policiers dans les manifestations du mois d’octobre. Il n’a pas manqué de noter : « La présence de policiers en exercice, camouflés sous les badges syndicaux à Lyon et a Paris ne fait aucun doute. Des manipulateurs s’installent et poussent au crime dans des piquets de grève, des manifestations, des occupants de ronds points, violentent les situations en fin de manifs, pour avoir des images choc pour la télé et créer un climat de tension. On a vu des policiers, avec des badges GGT, repérés par les nôtres dans un hall d’immeuble, et finissant par se faire exfiltrer par des CRS. » Propos repris par Annick Coupé, de l’Union syndicale Solidaire, à la télévision. Par ailleurs, devant la réaction « indignée » des syndicats de policiers, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, devait expliquer aux policiers, le 25 octobre, qu’il ne porterait pas plainte contre Jean-Luc Mélanchon, pour ne pas donner de caisse de résonnance » à ses propos. (Sources, Libération et Direct-Matin, 28 octobre 2010)

Petits curieux…

Depuis le début du mois d’octobre, des journalistes, chargés de « suivre » l’affaire Woerts/Béttancourt se sont fait voler leur ordinateur. C’était le cas pour des Journalistes du Monde, du Point et de Médiapart. Plus directement, le collaborateur du Monde était, par ailleurs sous surveillance de la Direction centrale du renseignement intérieur. Ce qui a conduit le quotidien du soir à porter plainte pour violation du secret des sources. Ces vols sont-ils le fait d’officines « barbousardes » ou de policiers chargés de faire peur aux journalistes trop curieux ? (Source, Le Parisien, 28 octobre 2010)

Mémoire longue

A l’occasion, nos autorité sécuritaires n’hésitent pas à utiliser des moyens guerriers afin de rétablir un ordre qui n’est nullement menacé. C’est ainsi que, le 10 février 2010, près de six mois avant le calamiteux discours prononcé à Grenoble par Nicolas Sarkozy, une opération de grande envergure, avec hélicoptère à l’appui, se déroulait, dès 6 heures du matin, sur le camp Rom de la Flamberge, à Toulouse. Cette mobilisation policière d’une ampleur exceptionnelle devait pourtant se terminer sans la moindre interpellation, ni la moindre saisie de pièces ou d’objets relatifs aux faits incriminés. Peu importe, il s’agissait simplement de frapper l’opinion publique. Il n’en reste pas moins que, selon le rapport connu récemment, la Commission nationale Citoyens/Justice/Police constatait sobrement, à cette occasion : « Le comportement de certains fonctionnaires de police s’est gravement éloigné des repères déontologiques qui s’imposent à la police ». Ce campement, installé à Toulouse, depuis 2002, avec une trentaine d’enfants, tous scolarisés a été l’objet de « brutalités », avec des attitudes « humiliantes », sans oublier « les portes de caravanes fracturées », ainsi que « le menottage systématique des hommes et, dans certains cas, de femmes, et de mineurs ». De même, que le maintien dehors, par grand froid et sous la neige, y compris de femmes et d’enfants, ou même, le refus de les laisser se recouvrir de vêtements chauds. » Tout fini par se savoir, même en Sarkozye. (Source, Libération, 27 octobre 2010)

Crise cardiaque

Le 27 octobre, dans la soirée, à Dijon, un homme âgé de 53 ans a vraisemblablement succombé à une crise cardiaque lors de son interpellation par des policiers. Cet homme avait été arrêté pour une tentative de vol de câbles de cuivre. Le parquet a ouvert une enquête pour « Ã©claircir les causes de la mort ». (Source, Métro, 29 octobre 2010)

Quand les policiers manifestent…

. Lyon. Lors de la manifestation du 19 octobre, sur la place Bellecour, avant le départ du cortège, un groupe de pompiers assiste à une agression verbale et physique de la part d’individus portant le badge CGT, envers un groupe de jeunes. Les pompiers, qui s’étaient interposés, réussissaient à ceinturer les agresseurs mais, pour se défendre, ces derniers exhibaient leur carte de police car ils faisaient partie de la BAC.

. Chambéry. Le 19 octobre, à 18 heures, des jeunes encagoulés jettent des pierres sur un cordon de robocops. Puis, trois de ces jeunes, l’instant d’avant, les plus hardis à jeter des pierres, remontent un brassard orange (police), foncent un autre lanceur de pierres et l’immobilisent. Dans le même temps une dizaine de policiers surgissent pour protéger l’opération. ‘

. Rennes. Le 20 octobre, à 4 heures du matin, une soixantaine d’étudiants de l’IUT « carrières sociales », bloquent l’entrée d’un dépôt de bus. Vers 9 H 30, c’est l’arrivée des CRS qui, après de rapides sommations, s’en prennent aux conducteurs de bus qui protégeaient les étudiants ; les uns et les autres étant gazés et matraqués. (D’après des témoignages recueillis par Tout est à Nous, 28 octobre 2010)

La police veille sur la considération due à Rachida Dati

A la mi-octobre, un chômeur de Bourg-de-Péage (Drôme) envoyait un mail à Rachida Dati, sur sa messagerie au Parlement européen, pour lui demander une « inflation ». Suite à une plainte de l’ancienne ministre de la Justice, cet abominable délinquant était rapidement interpellé, chez lui, à l’heure du laitier, par des policiers missionnés pour laver l’honneur de la Dame. Son appartement est perquisitionné, et son ordinateur saisi, le tout suivi de 48 heures de garde à vue, à Valence, tout en restant placé sous contrôle judiciaire. Ce joyeux drille comparaîtra en correctionnelle le 3 décembre pour « outrage à personne chargée d’une fonction publique ». Comme la Justice de ce pays ne plaisante pas, il risque jusqu’à six mois de prison ferme et 7 000 euros d’amende. (Source, Libération, 30 octobre 2010)

Incroyable mais vrai

Imaginez qu’un « individu », contrôlé en état d’ébriété, au volant de sa voiture, et se permettant d’insulter les policiers. Il aurait passé un sale quart d’heure, avant de se retrouver dans une cellule de dégrisement, passablement amoché, puis lesté d’une plainte pour outrage. Or, il se trouve que l’insulteur, en cette soirée de septembre 2010, à Paris, n’était autre que le chef de cabinet adjoint de François Fillon. Certes, l’éminent collaborateur du premier ministre avait été prié de démissionner mais, deux mois plus tard, cet honorable citoyen vient d’être récompensé de sa fermeté envers la police, puisque le 3 octobre il était nommé délégué interministériel aux grands événements sportifs… (Source, Le Monde 3 novembre 2010)

De mieux en mieux !

Le 2 novembre, le tribunal correctionnel de Versailles condamnait un préfet hors cadre à 1000 euros d’amende pour une altercation avec un automobiliste sur une autoroute, en avril 2008. En fait, le préfet était poursuivi pour violence volontaire, avec arme par destination. Absent à l’audience, ce « délinquant » de luxe était finalement reconnu coupable de « mise en danger d’autrui ». En 2008, ce préfet était directeur de la sûreté et du management des risques à la direction d’Aéroport de Paris. Surprise, le 22 septembre 2010, cet excellent fonctionnaire d’autorité voyait ses mérites récompensés puisqu’il était nommé délégué interministériel à la sécurité privée. (D’après Le Monde, 4 novembre 2010) ‘

Alertez les bébés

Le 3 novembre, Jean-Marie Bockel, secrétaire d’état à la Justice remettait au président de la République ses « Quinze propositions sur la délinquance des mineurs ». Dans son rapport, cet ex-socialiste n’a pas manqué de reprendre l’une des vieilles lubies de Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci était ministre de l’Intérieur : le repérage précoce des enfants, dès l’âge de 2 ou 3 ans, connaissant des difficultés sociales, afin de les prendre en charge le plus en amont possible. En 2006, déjà, 1e premier flic de France expliquait tranquillement, rapport d’experts à l’appui, qu’il était possible de repérer les possibles criminels, ou même délinquants sexuels, dès l’école maternelle. A l’époque, les protestations avaient été nombreuses et, en 2007, le Comité d’éthique n’avait pas manqué de dénoncer cette dérive sécuritaire. Il n’en reste pas moins que les mauvaises manières sont toujours de saison lorsqu’il n’y a pas de réponse aux problèmes économiques et sociaux. (D’après 20 Minutes, Métro et Canal +, 4 novembre 2010)

Déontologie

A l’occasion de la promotion de 358 nouveaux gardiens de la paix, le 4 novembre, à la préfecture de police de Paris, le préfet de police Michel Gaudin devait leur remettre un livret destiné à les « accompagner dans l’exercice de leur fonction ». Cet opuscule, intitulé, « Déontologie et discernement dans l’exercice du métier de policier ». Ce document n’est autre qu’un rappel des devoirs des policiers, comme des « principes fondamentaux qui doivent guider leur action. » Dans ce petit livret est rappelé le fameux avertissement du préfet Grimaud, aux policiers, à la fin du mois de mai 1968 : « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. » Et Maurice Grimaud poursuivait : « i1 est encore plus grave de frapper des manifestants après leur arrestation et lorsqu’ils sont conduits dans des locaux de police pour être interrogés. » Ce rappel à la déontologie doit faire bien rire dans les commissariats de police. (D’après 20 Minutes, 4 novembre 2010) ‘

Esprit de corps et faux en écriture

Dans la soirée du 9 septembre, à Aulnay-sous-Bois (93), une course poursuite engagée entre des policiers et un automobiliste qui venait de griller un feu rouge va mal se terminer. Au cours de l’opération, l’un des policiers avait été blessé. L’homme interpellé, qui circulait sans papiers, ni permis de conduire, est d’abord passé à tabac après avoir été rejoint. Rapidement, les policiers décident de rédiger un faux procès-verbal, accusant cet homme d’avoir blessé leur collègue. Dès le 10 septembre, ce mensonge collectif est avéré, et l’enquête conduite par l’IGS démontre qu’effectivement c’est un véhicule de police qui a blessé le gardien de la paix. Dans les jours qui suivaient, les sept policiers incriminés étaient placés sous contrôle judiciaire.
Le 4 novembre, lors du procès de ces honnêtes policiers, qui se tenait devant le tribunal correctionnel de Bobigny, la salle était bondée de policiers. Trois des prévenus devaient faire profil bas, l’un d’eux expliquant à la barre : « J’ai menti dans ma première déclaration car le mot d’ordre était de donner cette version », et ce policier pointait du doigt un de ses collègues, lui lançant : « C’est toi qui m’a dit de rédiger le faux procès-verbal. » Suite à cette révélation, on entend sur les bancs occupés par les policiers : « Quelle balance ! » Un autre expliquera : « Je voulais faire comme tout le monde. » Le troisième indiquait avoir agit par solidarité. Les quatre autres niant en bloc.
Très remonté, le procureur pointait du doigt les policiers auteurs de cette grave dérive : « Cette affaire remet en cause toute la crédibilité de la police mais aussi de la justice. C’est toute l’institution judiciaire qui est fragilisée par le comportement de certains ! » Allant au bout de son indignation, il se laissera aller à dire : « La police française ressemble à la Gestapo, dans cette affaire ! » Ensuite, au nom du peuple français, comme on dit, le procureur devait requérir, avec modération, des peines de trois à six ans de prison avec sursis, demandant également que cinq des policiers mis en cause quittent la police. Verdict, en délibéré, le 10 décembre. Il n’y a pas eu de réaction indignée des syndicats de policiers en tenue. (D’après Métro et 20 Minutes, 5 novembre 2010)

Qui surveille les journalistes ?

Le 4 novembre, la délégation parlementaire aux renseignements devait auditionner le directeur général de la police nationale, ainsi que le chef de la direction centrale du renseignement intérieur (DRCI), à propos des affaires d’espionnage d’un certain nombre de journalistes. A cette occasion, l’ordre du jour avait été modifié, suit aux informations publiées la veille dans Le Canard Enchaîné, accusant Nicolas Sarkozy d’avoir constitué une cellule de surveillance de la presse. (Source, Métro, 5 novembre 2010)

Flicage depuis le sommet de l’Etat

Suite aux soupçons portés contre certains services de police de s’intéresser de trop près aux sources des journalistes, des officiers de la DCRI, syndiqués à Synergie et Unité police-SGP n’ont pas manqué de protester contre ces « accusations scandaleuses et ignominieuses. » De son côté, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux jure « qu’il n’y a pas de police politique dans notre pays. La DCRI n’est pas la Stasi ou le KGB. » Il n’en reste pas moins qu’en comité discret, les proches de Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, auraient comparé les méthodes de l’agence Médiapart de « fascistes », et son animateur, Edwy Plenel à « Goebels ». Rien moins que cela. Il est vrai que, dans un éditorial récent, Edwy Plenel avait osé affirmer, à propos de la mise sous surveillance de certains journalistes : « Cette Inquisition d’état est impulsée et coordonnée par le secrétaire général de l’Elysée lui-même. » Comment oublier que, dans une vie antérieure, Claude Guéant avait été directeur général de la police nationale, puis directeur de cabinet d’un ministre de l’Intérieur nommé Nicolas Sarkozy ? (D’après Libération, 5 novembre 2010)

Viol en réunion

Un gardien de la paix, deux CRS, ainsi que deux agents de la police ferroviaire, âgés de 32 à 40 ans, étaient condamnés le 11 octobre à des peines de un à deux ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Mulhouse. Entre septembre 2005 et juillet 2006, ces braves défenseurs de la sécurité publique avaient seulement violé une prostituée roumaine. Certes, la victime, âgée d’une quarantaine d’années, devait obtenir 39.000 euros de dommages et intérêts, mais il faut bien constater que les policiers délinquants ne sont pas des justiciables comme les autres puisque le tribunal n’avait pas délivré de mandat de dépôt. Curieux. Il n’en reste pas moins que les cinq violeurs, tous suspendus de leur fonction avaient comparu pour agression sexuelle par personne abusant de l’autorité conférée par leur fonction. A noter également que pour des agressions de cette nature, c’est la cour d’assises qui rend la justice. (D’après Vosges-Matin, 12 octobre 2010)

Gestapo ?

Le 4 novembre, lors du procès de sept policiers « baveurs », devant le tribunal de Bobigny (93), le procureur s’était risqué à comparer leur comportement aux agissements de la Gestapo. Dès le lendemain, indignée, Michèle Alliot-Marie, ministre de la Justice, ordonnait une en quête administrative contre ce magistrat. (Source, Le Monde, 8 novembre 2010)

Action expéditive

Le 5 novembre, vers midi, 31 tentes étaient installées sur le pont des Arts, à Paris, à l’initiative d’un collectif de 31 associations de soutien aux mal-logés. Le soir même, vers 20 heures 30, les CRS intervenaient pour déloger les militants mal venus. (Source, Le Monde, 8 novembre 2010)

Pandore à la retraite

Le 7 novembre, un ancien gendarme tuait trois personnes dans la déchetterie de Chateaubernard (Charentes), avant de retourner son arme contre lui. Quelques jours auparavant, il avait été accusé de vol et interrogé par la police. Ce qu’il n’avait pas pu supporter. (Source, Canal +, 8 novembre 2010)

Pandore excité

Le 8 novembre, un gendarme était condamné à quatre mois de prison avec sursis par la cour d’appel d’Aix-en-Provence. Pour quel délit ce pandore avait-il été jugé ? Peu de chose ! En effet, en août 2008, alors qu’il patrouillait en voiture, avec trois de ses collègues, il avait braqué son arme sur un cyclomotoriste qui s’était permis de dépasser son véhicule. Peine dérisoire, même si l’avocat général avait estimé que : « L’usage de l’arme n’était ni nécessaire ni proportionnée.» (Source, Aujourd’hui, 9 novembre 2010)

Feu à volonté

Dans la nuit du 7 au 8 novembre, à Carrières-sous-Poissy (78), un policier qui tentait d’interpeller le conducteur d’une voiture volée, échoue dans sa tentative, et ouvre le feu sur une portière alors qu’il n’était pas en état de légitime défense. (Source, Le Courrier des Yvelines, 10 novembre 2010)

Ne pas trop faire perdre leur temps aux policiers

Prompts à intervenir, même quand il ne se passe pas grand chose, nos policiers ne sont pourtant guère disponibles lorsqu’un pékin à l’affront de vouloir déposer plainte dans un commissariat. C’est, semble-t-il, le cas au commissariat de Maisons-Lafitte (78). Ainsi, une plaignante, qu’un policier de permanence avait averti qu’il y avait une heure d’attente à prévoir est repartie au bout de deux heures sans avoir été reçue. Cet exemple ne faisant qu’illustrer un « manque de personnel ». Très souvent, le policier présent à l’accueil tente de faire comprendre que « la seule chose qu’il accepterait serait de faire une main courante. » Dans ce même commissariat, face à la victime de l’accrochage de son véhicule par un chauffard, le fonctionnaire de service lui avait même précisé qu’en vertu d’une circulaire émanant du parquet de Versailles, et signée du procureur de la République, qu’aucune plainte, ni main courante, ne serait enregistrée pour ce genre d’affaires. Une jeune femme, devant se rendre dans ce même commissariat, témoignait : « Même quand on est dans son bon droit, on a l’impression de leur faire perdre leur temps… Maintenant, quand je dois m’y rendre, je suis toute tremblante… » Y-aurait-il un manque de convivialité dans les locaux de police ? (Source, Le Courrier des Yvelines, 10 novembre 2010)

Internationalisme policier…

Cela s’est vu largement sur les écrans de télévision, lors du transfert de déchets nucléaires, de La Hague vers l’Allemagne, le 8 novembre. Parmi les policiers cognant allègrement sur les militants antinucléaires allemands, il était possible de voir un CRS, matraque en main, dans une forêt de Basse-Saxe. Ce document, également visible en France comme en Allemagne était révélateur d’une bonne collaboration entre les polices, et ne manquait pas de montrer ce même CRS pousser à terre des manifestants qui tentaient d’arrêter le train. En Allemagne, on a été scandalisé par ces images – en France, pas tellement. Selon un député Vert allemand, cette présence active d’un policier français était « évidemment illégale ». D’où sans doute cette plainte déposée par un avocat berlinois, témoin de ces scènes, pour « usurpation de fonction » et « port d’arme illégal ». Selon le ministère français de l’Intérieur, quelques policiers français étaient effectivement présents en Allemagne », mais comme « observateurs ». Selon la même source, ce CRS serait venu en aide à ses collègues allemands dans une « situation d’urgence ». (D’après Libération, 13 novembre 2010)

Petit ripou

Au commissariat de police de Montreuil (93) un gardien de la paix était chargé de la surveillance des débits de boisson. Cet honnête fonctionnaire d’autorité est fortement soupçonné d’avoir profité de ce poste, de 2004 à 2006, pour renseigner, contre rétribution, des exploitants de machines à sous clandestines. Mis en examen et placé sous contrôle judiciaire, en 2006 – la justice est lente lorsqu’un policier est mis en cause – il comparaissait, le 15 novembre devant le tribunal correctionnel de Paris, pour complicité d’infraction à la législation sur les jeux d’agent et corruption. Finalement, que reproche-t-on à ce défenseur de la veuve et de l’orphelin ? Peu de choses ! Simplement d’avoir averti les malfrats des descentes de police, recevant en échange un peu de menue monnaie… (D’après Le Parisien, 15 novembre 2010)

Deux poids, deux mesures

On se souvient du refus des dirigeants de l’entreprise Molex de payer le plan social de l’usine de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne). Ces braves licencieurs n’ont pas été réprimés. En revanche, l’ancien secrétaire du comité d’entreprise de l’établissement était convoqué, le 15 novembre, par la police judiciaire de Toulouse, pour avoir participé à la séquestration de l’un de ses patrons en 2009. (Source, Aujourd’hui, 15 novembre 2010)

On respire

Durant quelques jours, les citoyens ont été bourrelés d’inquiétude. Brice Hortefeux devait quitter le ministère de l’Intérieur où il serait remplacé par l’ancien policier Claude Guéant. Il n’en a rien été, et l’ami de trente ans du président de la République a même ajouté à ses fonctions, celle de l’immigration, alors que le ministère de l’Identité nationale disparaît. Il n’en reste pas moins une condamnation – actuellement en appel – pour injure privée sur les « Auvergnats »… (D’après Le Monde, 16 novembre 2010)

Le STIC a encore frappé !

Le STIC (Système de traitement des infractions constatées) vient de faire une nouvelle victime. En septembre 2010, le commandant de police Philippe Pichon publiait, en collaboration avec le sociologue Frédéric Ocqueteau, Une mémoire policière sale, ouvrage où est mis en cause ce tristement fameux STIC où sont fichés quelque 25 millions de personnes. Suite à cette audace, la sanction n’ pas tardé puisqu’à la mi-novembre le parquet de Paris demandait le renvoi en correctionnelle du policier, qui avait qualifié le STIC de « monstruosité policière », ainsi que de « fichier liberticide ». Philippe Pichon est donc poursuivi pour « détournement de données confidentielles », et « violation du secret professionnel ». En fait, l’institution policière ne veut voir qu’une seule tête dans les rangs, même si le Code de déontologie de la police incite les policiers à dénoncer les abus de droit et les violences policières. (D’après Libération, 17 novembre 2010)

Suicide

Le 18 novembre, à Lille, un policier de l’air et des frontières (PAF) s’est suicidé avec son arme de service. On ne connaît pas les raisons de son acte. (Source, France Inter, 19 novembre 2010)

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