QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 47 – février 2011
Editorial : Circulez, il n’y a rien à voir !
Nos informations ne relèvent pas de la fiction. Nous nous sommes toujours attachés à ne fournir que des faits provenant de la presse, donc en principe vérifiés. De même, il nous parait indispensable de citer les sources pour que soit tristement crédible un état des lieux de plus en plus préoccupant. Nous sommes naturellement inquiets de la dégradation des libertés fondamentales, née de l’accumulation des dérives policières, comme des abus de droit, de plus en plus nombreux. Lorsque l’ordre policier prend le pas sur les devoirs de ce corps d’élite, il y a, effectivement, matière à interrogation. D’où cette volonté, partagée par trop d’acteurs de notre vie publique de masquer l’ampleur du pouvoir dévolu aux forces de l’ordre. D’où cette tentation de casser le thermomètre pour que cette emprise policière ne soit pas trop visible. Il faut, ensuite, persuader le bon peuple que nos libertés ne sont nullement menacées. Fermons donc des yeux, et cette cécité obligée nous permettra de garder le meilleur moral possible. Avec cette certitude que la sécurité est le meilleur gage de la défense des droits de l’homme. Particulièrement lorsque les policiers s’affichent en garants de nos libertés. C’est ainsi que, mises à part quelques grosses bavures (meurtre au Taser ou au flash-ball), il faut bien constater que les informations sur les exploits policiers, déjà reléguées dans de rares « brèves », ont de plus en plus tendance à disparaître. Ce que l’on désignait jadis comme la rubrique des « chiens écrasés » ne nous est plus proposée. Il est vrai que, de nos jours, cette rubrique serait surtout alimentée par les bavures policières, mais il ne faut surtout pas laisser croire que l’état de droit est régulièrement bafoué par des fonctionnaires de la République. Le citoyen ordinaire devrait se contenter d’une information tranquille, ayant du sens, comme on dit. Dès lors, à quoi bon s’encombrer de ces petites dérives dont la relation ne pourrait que mettre à mal le moral des citoyens déjà détruit par les effets de la crise et le chômage. Finalement, il nous faut être bien convaincus que les policiers sont devenus plus humains, plus serviables. Persuadons-nous qu’ils redeviennent ces gardiens de la paix (c’est toujours leur titre), protecteurs de la veuve et de l’orphelin. Il faut bien se nourrir d’un peu d’utopie, pour ne pas être trop démoralisés. Plus sérieusement, il conviendrait de s’inquiéter des avancées de cet Etat de plus en plus autoritaire, qui ne parait pas inquiéter outre-mesure les bons citoyens. Lesquels n’ont rien à craindre de la police, « puisqu’ils n’ont rien fait », comme le suggérait un ancien ministre de l’Intérieur, nommé Sarkozy. Est-ce bien certain ? Nous vivons en effet dans une période où, de plus en plus, la certitude de culpabilité tend à remplacer le présomption d’innocence…
Maurice Rajsfus
Des fachos bien protégés
Comme prévu, non seulement la préfecture de police n’a pas interdit les « Assises contre l’islamisation de l’Europe », organisées le 18 décembre par le Bloc Identitaire et les radicaux laïques, mais un important dispositif policier avait été mis en place, à quelques encablures de l’Espace Charenton, dans le XIIème arrondissement de Paris. Outre la volonté annoncée d’éviter un possible trouble à l’ordre public qui, bien entendu, n’aurait pu être que le fait de contremanifestants antifascistes, il est évident que nos autorités policières ne voulaient pas trop contrarier ces fachos qui se proclament violemment « nationaux ». (D’après Libération, 20 décembre 2010)
Fortes pensées
. « Le roman policier est un récit où le raisonnement crée l’effroi qu’il est chargé d’apaiser. » (Narcejac)
. « La police est attirée par le pouvoir, et d’autant plus vite qu’elle est repoussée par l’ensemble des citoyens. Elle est repoussée dans la mesure ou elle est menaçante ou coupable. C’est pourquoi le pouvoir a intérêt à ce que la police soit suffisamment coupable. (Casamayor, La Police)
Comptines
Comme il faut bien rire pour tenter de survivre dans ce monde où la force brutale, les interdits et les obligations prennent de plus en plus le pas sur la raison tranquille, nous poursuivons la publication de cette rubrique. Certes, comme le disait le cher Pierre Desproges, trop tôt disparu, on ne peut pas rire de tout avec n’importe qui, mais les plus nombreux de nos correspondants ne peuvent que se trouver dans le camp des rieurs. Ces dernières semaines, les mésaventures judiciaires d’un ministre nommé Brice Hortefeux n’ont pu que provoquer la verve persifflant de nos correspondants.
. Première gentillesse, sur l’air des lampions :
« Au feu les pompiers
La maison qui brûle
Au feu les pompiers
La maison brûlée.
C’est le gentil Brice
Qui a mis le feu !
. Seconde méchanceté, tout aussi efficace, mais tellement dans l’air du temps :
« Hortefeux follet
Hortefeux tout flamme
Hortefeux de Bengale
Hortefeux à volonté.
Mais qui détient
Le contrefeu ?
(Merci aux insolents de service, à vous de prendre la suite, si le cÅ“ur vous en dit…)
Forfaiture !
« …Apporter son soutien, comme le fait le ministre de l’Intérieur, à des fonctionnaires de police ayant fabriqué un faux procès verbal pour mettre en cause pour tentative d’homicide un citoyen ordinaire, est le type de démarche qui conduit à tous les totalitarismes. Aussi, l’appui de syndicalistes policiers à leurs collègues sanctionnés est-il pour cela insupportable. Le comportement du ministre relève, ni plus ni moins, que d’un crime de forfaiture. Si la France était une démocratie autre que formelle tous devraient être démis de leurs fonctions. (Courrier des lecteurs, Le Monde, 22 décembre 2010)
Charité bien ordonnée
Le 21 décembre, une trentaine de demandeurs d’asile, tous de nationalité afghane, qui occupaient depuis la veille le siège parisien d’Emmaüs, ont été évacués par la police à la demande de cette institution. (Source, Libération, 22 décembre 2010)
La révolte des invisibles
A l’incitation des syndicats de policiers, particulièrement du syndicat Alliance, Brice Hortefeux porte plainte contre le site internet Indymédiaqualifié « d’antiflics ». Motif de cette colère : les animateurs de ce site diffusaient des photos de policiers en civil qui, à l’évidence, n’aimeraient pas être reconnus. Pour certains, les noms et adresses étaient même fournis, quelques-uns d’entre eux se trouvant décrits comme des nazis. Une certitude, notre ministre de l’lntérieur, très en colère, n’a pas honte, lui qui est sous le coup de deux poursuites en justice, pour propos à connotation raciale, ainsi que pour atteinte à la présomption d’innocence. (D’après France Inter et Libération, 24 décembre 2010)
Encore et toujours le flash-ball
Le 18 décembre, à Rennes, des CRS s’appliquent à disperser une manifestation contre la loi de sécurité intérieure OPPSI 2. Un électricien, âgé de 37 ans, qui a le mauvais goût de se trouver non loin du lieu de cette intervention musclée, cherche à contourner les échauffourées. Il n’en reçoit pas moins un tir de flash-ball entre les deux yeux. Le lendemain, il portera plainte au commissariat, en compagnie de deux autres personnes, blessées également en marge de ce rassemblement. Cet homme prénommé Mohammad, qui aura une plaie au front profonde de 12 mm, souffre depuis de violentes migraines et de lourdes courbatures, suite à cette véritable agression. Huit jours plus tard, il attendait toujours que la police reconnaisse son erreur, et présente peut-être des excuses. En cette circonstance, il est rappelé que le flash-ball, arme présentée comme « non-létale », doit être utilisée à une distance comprise entre 12 et 20 mètres, avec interdiction de viser la tête. Ce qui est souvent le cas. En mars 2010, la Commission nationale de déontologie de la sécurité avait pointé « la dangerosité du flash-ball », avec recommandation de « ne pas l’utiliser lors d’une manifestation sur la voie publique, hors de cas très exceptionnels qu’il conviendrait de définir strictement ! » Nous en sommes très loin. Par ailleurs, Amnesty International s’est récemment inquiété des « conditions d’utilisation par les forces de l’ordre d’armes à létalité réduite. » Encore un effort, et le flash-ball sera en fin décrit comme une arme très dangereuse. (D’après Le Parisien, 24 décembre 2010)
Le taser toujours en question
Le 30 novembre 2010, à Colombes (92), un Malien en situation irrégulière, décédait, suite à son interpellation par des policiers appelés pour une querelle de voisinage. Ces policiers avaient cru nécessaire d’utiliser leurs tasers, tout en complétant leur intervention à l’aide des lacrymos. I1 n’en reste pas moins que leur hiérarchie prétendaient que l’homme était mort suite à un malaise cardiaque. Après mûres réflexions, le parquet de Nanterre ouvrait une information contre X pour « homicide involontaire », afin d’éclaircir les circonstances de ce décès. En fait, il pourrait s’agir de la première victime du taser sur le territoire de la République. Pour le procureur-adjoint de Nanterre, deux certitudes médicolégales sont avérées : l’usage de bombes lacrymogènes et l’arrêt cardiaque avec lésion pulmonaire », tout en ajoutant : « Aucune piste n’est pour l’instant écartée… » A ce stade, il faut bien constater cette difficulté des instances judiciaires et policières à vraiment reconnaître les dégâts causés par le taser. Il convient de rappeler que dans les premiers jours de décembre, ce même parquet de Nanterre affirmait qu' »aucune cause certaine et unique et absolue du décès » n’était identifiée. I1 n’en reste pas moins que, selon les résultats de l’autopsie, l’état « dur et contracté » du cÅ“ur de la victime pourrait avoir un lien avec le taser. Cela dit, d’autres analyses ont été demandées par le parquet, pour compléter les résultats partiels de l’autopsie. Par ailleurs, comment ne pas noter que les fabriquants du taser avaient recommandé à ses clients (en l’occurrence, la police et la gendarmerie françaises), en 2009, « de ne pas tirer, si possible, sur la poitrine pour éviter la controverse en cas d’incidence sur le cÅ“ur « . Ah bon. (Source Libération, 28 décembre 2010)
Forte pensée
« Il existe, parmi certaines organisations de policiers, une culture de l’impunité qui a été encouragée par les déclarations des pouvoirs politiques, prêts à les couvrir quoi qu’il arrive. Leur place dans la société a été modifiée de manière parfaitement volontaire. Ce qui a conduit une partie d’entre eux à perdre leurs repères, ce qu’ils font et doivent faire… » (Jean-Pierre Dubois, président de la Ligue des droits de l’homme, dans l’Humanité Dimanche, 16 décembre 2010)
Un petit dernier
Nous bénéficions d’un fichier de plus pour assurer l’ordre public. Il s’agit de « Pulsar », où figureront les auteurs d’infractions routières. Ce nouvel outil, géré par la gendarmerie, devrait assurer la gestion et le suivi des amendes, ainsi que des statistiques de la délinquance routière. Dans ce fichier informatique seront enregistrées des données personnelles concernant le gendarme verbalisateur, ainsi que celles concernant le conducteur verbalisé. (Source, Vosges Matin, 23 décembre 2010)
Grosse bavure langagière
« En réalité, les fichiers il y en a deux qui sont des fichiers majeurs : le fichier des empreintes digitales et le fichier des empreintes digitales. » Ce lapsus s’est échappé de la bouche de Brice Hortefeux, le 17 octobre sur RTL au cours de l’émission Grand Jury. Nul n’ a peut-être expliqué au ministre de l’Intérieur que les lapsus peuvent être révélateurs.
Cuting involontaire
A l’imitation de militants américains, qui ont développé la pratique du copwatch, le site Internet Indymédia s’est également lancé dans l’aventure consistant à dévoiler des identités d’un certain nombre de policiers. Cela à la grande indignation du syndicat de policiers en tenue Alliance (de droite), qui , le 20 décembre, protestait hautement, appelant le ministre de l’Intérieur et le préfet de police de Paris à réagir devant des « propos diffamatoires, des outrages et des menaces », demandant également la fermeture des sites coupables, et que leurs administrateurs soient poursuivis. Le 21 décembre, le syndicat Unité SGP-Police (soit disant de gauche) se joignait aux protestations de leurs collègues. Le 23 décembre, Brice Hortefeux annonçait qu’il allait porter plainte contre Indymédia. (Source, Les Inrocks, sur Internet, 22 et 23 décembre 2010)
Incognito
A partir de janvier 2011, chaque policier berlinois devrait être identifié par un badge visible portant son nom, ou son matricule, pour répondre de ses responsabilités en cas de bavure. Décision prise par le Sénat berlinois, à la grande fureur des policiers de la capitale allemande. Qu’en est-il en France ? Non seulement il n’est pas question de connaître les noms de nos anges-gardiens, mais il y a beau temps que leur matricule a disparu. Il n’en reste pas moins qu’exiger le numéro matricule d’un gardien de la paix est légal, même si celui-ci s’énerve et crie à l’outrage. (Source, Le Canard Enchaîné, 29 décembre 2010)
Palmarès
Le 29 décembre, Brice Hortefeux déclare qu’il va interdire les informations sur le nombre de voitures incendiées dans la nuit du 31 décembre 2010 au 1er janvier 2011. Avec beaucoup de détermination, le ministre de l’Intérieur déclarait, lors d’une visite à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris : « J’ai pris la décision de mettre fin au concours, au palmarès, et de ne plus communiquer sur le nombre de voitures brûlées. » (Source, Libération, 30 décembre 2010)
Alerte au gaz
Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier, des policiers de la BAC procédaient à l’évacuation d’une ancienne champignonnière au Mesnil-Le-Roi. Il s’y déroulait une rave-party, loisir hautement subversif. Motif : risque d’asphyxie au mooxyde de carbone. Action peut-être louable donc, sauf qu’elle devait se dérouler de façon musclée, avec matraquage, usage du tonfa et jets de gaz lacrymogènes. Opération suivie d’une quinzaine d’interpellations. (Source, France 3, 1er janvier 2011)
Légitime défense
Dans la matinée du 1er janvier 2011, un jeune homme de 21 ans, présenté comme un forcené mais souffrant d’une certaine forme de démence était abattu par les policiers dans les bois de Courtry (77). La police qui avait été avertie par la mère du jeune homme, qui avait quitté le domicile familial armé d’un fusil de chasse, l’avait suivi. Se sentant pourchassé, le garçon aurait tiré quelques plombs sur les sept policiers lancés à sa poursuite, lesquels ripostaient lourdement, vidant leurs chargeurs. L’IGS a été chargée d’une enquête. A suivre. (Source, 20 Minutes, 3 janvier 2011)
La police recherche de nouveaux tontons
Depuis le 1er janvier, la préfecture de police de Paris utilise les réseaux sociaux pour relayer ses appels à témoins recensés sur une carte internet PP. C’est ainsi que les Parisiens, qui peuvent localiser les incidents de la route, sont invités à apporter leur contribution pour faire avancer les enquêtes en appelant le service du traitement judiciaire des accidents. Un enquêteur de la police tente d’expliquer qu’il s’agit surtout de débloquer les affaires dans lesquelles « les chauffards ont pris la fuite. » Le même précisant « qu’il faut faire le tri entre les bonnes et les mauvaises informations. » En fait, insiste ce policier, « sur dix appels que l’on reçoit, au moins six s’avèrent complètement loufoques par la suite ! » Si en plus on ose se moquer de nos policiers. Hélas, les « tontons » ne sont plus ce qu’ils devraient être. (D’après 20 Minutes, 5 janvier 2011)
Sursis pour le pandore gradé
Le 3 janvier, un commandant de gendarmerie, âgé de 57 ans, a été condamné à trois ans de prison avec sursis, et mille euros d’amende par le tribunal correctionnel de Tours/ Motif : avoir détruit quelque 90 PV dans une broyeuse à papier entre 2044 et 2005, à Vouvray. Des dossiers de vols et de meurtres avaient également disparu au cours de cette période. (Source, Métro, 5 janvier 2011)
Au secours, ça brûle !
A la veille du 31 décembre 2010, Brice Hortefeux faisait savoir qu’il refusait de publier le nombre de voitures brûlées durant les festivités de fin d’année. Le ministre de l’Intérieur expliquant qu’il ne voulait pas favoriser le nombre de délits. En fait, selon des données sérieuses, le bilan pour l’année 2010 serait équivalent à celui de 2007, lorsque 42.000 voitures étaient parties en fumée sur l’ensemble du territoire. Actes de malveillance ou fraude à l’assurance, le phénomène semble s’être banalisé, et la police n’a réussi à élucider qu’une sur cinq de ces affaires ; Le 4 janvier, selon une estimation réalisée par la chaîne de radio Europe 1, le chiffre global pour les fêtes de fin d’année se situerait entre 900 et 1.000 véhicules détruits. En fait, pris en flagrant délit de mensonge sur les chiffres fournis ces deux dernières années, le ministre semble avoir choisi de s’abstenir quant aux communiqués alarmistes, estimant peut-être qu’ils pouvaient être contre productifs et remettre en cause le bine fondé de la politique sécuritaire. Mais que fait la police ? (D’après Le Monde, 6 janvier 2011)
Récupération commémorative
Décidément, Nicolas Sarkozy n’en finit pas de vouloir tirer bénéfice de la mémoire des grands défunts d’une République qui ne correspond nullement à l’idée qu’il peut se faire d’une authentique démocratie. Après avoir échoué dans sa volonté de faire entrer Albert camus au Panthéon, en 2009, notre Président a décidé de récupérer la mémoire de l’écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire. Pour ne pas risquer l’offense de voir sa famille et ses amis refuser le transfert du corps, notre ami des lettres pense avoir franchi l’obstacle par l’apposition d’une plaque, « scellée au cœur du monument ». Mauvaise pioche, Nicolas Sarkozy et ses conseillers à la culture se sont-ils seulement penchés sérieusement sur les écrits du poète de la négritude ? Ainsi, dès l’ouverture de son Cahier d’un retour au pays natal, Aimé Césaire apostrophait rudement le colonisateur, avec les mots qui convenaient :
« Au bout du petit matin… Vas-t-en lui disais-je, gueule de flic, gueule de vache. Vas-t-en, je déteste les larbins de l’ordre… »
Cette réflexion frontale devrait plaire à Brice Hortefeux, s’il se risque à lire ce monument de littérature anticolonialiste. Comment nos héritiers des trafiquants d’esclaves peuvent-ils se permettre cette récupération « choisie » d’intellectuels noirs ?
Pendant ce temps, la police aux frontières manifeste sa volonté d’interdire l’accès au territoire de la République de familles haïtiennes, tandis que d’autres gardiens de l’ordre public ne manquent jamais d’utiliser leurs armes, dites « non-létales », comme le Taser et le flash-ball, contre des sans papiers, noirs de peau, qui ont eu l’audace de vouloir vivre et travailler au pays de la liberté.
En avril 2011, , lors de l’inauguration de la plaque au Panthéon, il faudrait peut-être interroger les syndicats de policiers à propos du crachat lancé par le poète en direction de leurs anciens…
« Ficher, Filmer, enfermer »
C’est le titre d’une tribune libre publiée par Evelyne Sire-Marin, de la Fondation Copernic. Quelques extraits significatifs :
« …Si l’on parle ici de société de surveillance, c’est que les techniques relevant du droit pénal ont largement débordé le domaine réservé de la justice, étendant le fichage des populations les plus fragiles à l’école (fichier base élèves), à la psychiatrie (le Rimp, Recueil d’informations médicalisées en psychiatrie et le DPI, Dossier patients informatisé) et dans le champ social ( le RNCPS, Répertoire national commun de protection sociale, et le fichier RSA). En réponse au chômage de masse, l’Etat sécuritaire remplaçant l’Etat social, doit gérer des populations devenues inutiles, en terme de force de travail, dans une économie où le capitalisme boursier a succédé au productivisme industriel. » (Source, Libération, 10 janvier 2011)
Suicide
Le 10 janvier, à Strasbourg, un policier s’est suicidé, au commissariat central de la ville, avec son arme de service. « Pour des raisons d’ordre personnel et familial. » (Sources, Métro et 20 Minutes, 11 janvier 2011)
Alertez les bébés !
Le 10 janvier, trois gendarmes étaient missionnés pour rapter un garçon âgé de six ans, dans une école de Langeac (Haute-Loire). Certes, le petit écolier n’avait commis aucun délit. Il était simplement nécessaire – au nom de la réunion des familles – de le conduire au centre de rétention de Nîmes, pour y rejoindre son père retenu derrière les murs de cette prison non-dite. L’enfant était scolarisé à Langeac depuis 2007. Son père, d’origine arménienne, réfugié en France, avait été arrêté pour une infraction mineure. Récemment, il avait reçu une OQTF – Obligation de quitter le territoire français. (Source, Libération, 11 janvier 2011)
Pandore 1, Sarkozy 0
Le 12 janvier, le Conseil d’Etat a annulé le décret daté du 10 mars 2010, radiant de l’armée le chef d’escadron de gendarmerie, Jean-Hugues Matelly, pour « manquement à l’obligation de réserve. » Cet officier avait critiqué, sur Internet, le « rapprochement » entre police et gendarmerie. Ne pas oublier que ce décret avait été pas Nicolas Sarkozy en personne. Il n’en reste pas moins que la direction de la gendarmerie persiste et signe puisqu’elle a annoncé aussitôt qu’une « nouvelle procédure disciplinaire sera engagée, en raison de la faute commise. » Source, Le Monde, 14 janvier 2011)
Prospective
Désireux de laisser sa trace dans le domaine sécuritaire, Brice Hortefeux a chargé le trop fameux criminologue Alain Bauer (ex-grand maître du grand Orient de France) et le préfet de police de Paris Michel Gaudin, de la rédaction d’un Livre blanc sur la sécurité pour les dix ans à venir. Dans un courrier adressé aux syndicats de policiers, le 11 janvier, le ministre de l’Intérieur précise que ce rapport devra présenter « des propositions concrètes d’aménagement et d’évolution des métiers, structures et organisations » de la police. (Source, Le Monde, 14 janvier 2011)
Quand les CRS protègent le Front national…
A l’occasion du congrès du Front national, qui se déroulait les 15 et 16 janvier, à Tours, des renforts de policiers, dont de nombreux CRS (en tenue anti-émeute), étaient mobilisés. Les commerçants étaient exhortés à la vigilance… en raison de manifestations prévues « contre le racisme et la xénophobie, pour le progrès social et l’égalité des peuples. » C’est dans doute la raison des mesures de protections prises par la préfecture d’Indre-et-Loire. (Source, Libération et France 2, 15 janvier 2011)
Silence, on expulse !
Le 13 janvier, à l’aéroport de Roissy, les passagers d’un vol Air France se sont rebellés contre l’expulsion d’un sans-papier, ce qui allait retarder le décollage d’un avion à destination du Cameroun. La police de l’Air et des frontières devait procéder à quatre interpellations. (Source, Libération, 15 janvier 2011)
Les CRS protègent le Front national (2)
Dans l’après-midi du 15 janvier, alors que plusieurs centaines de manifestants se déployaient dans Tours, les incidents ne manquaient pas de survenir, du fait des CRS – avec jets de gaz lacrymogènes et mise en œuvre de canons à eau. , Il est évident que, pour la police, le congrès du FN devait être protégé. Il en allait différemment, dans la soirée, avec les exploits du service d’ordre du Front national, lorsque les gros bras du DPS entreprirent de tabasser un caméraman de la chaîne de TV France 24. Lequel, selon les premiers commentaires de ces humanistes, « n’avait rien à faire ici ». A ce moment, les policiers étaient tristement absents, ou devaient regarder ailleurs. (D’après France Info, 16 janvier 2011)
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