QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 50 – mai 2011
Editorial : Tous policiers de complément ?
Nous devons en être convaincus. La France n’est pas un pays sûr ! Nous serions environnés d’éléments hostiles aux institutions, risquant de déstabiliser notre République des droits de l’homme, et peut-être même des citoyens. Récapitulons :
– Des salariés de plus en plus revendicatifs, qui refusent de travailler plus pour gagner moins.
– Des chômeurs qui n’acceptent pas le sort qui leur est réservé et le font savoir.
– Des travailleurs licenciés qui n’hésitent pas à séquestrer leur patron, menaçant même de saboter l’outil de travail.
– Des immigrés sans papiers qu’il faut constamment tenir sous haute surveillance, avant qu’ils ne soient renvoyés dans leur pays d’origine.
– Les jeunes des banlieues déshéritées, mécontents de leur sort et qui détestent la police à force d’être soumis à des contrôles dix fois par jour.
– Les éternels revendicateurs et « gréviculteurs » qui ne cessent de manifester pour mille mauvaises raisons, tout en participant à la désorganisation de l’économie.
– Sans négliger quelques malfrats du grand banditisme, voire des proxénètes notoires, mais nos gardiens de l’ordre public sont tellement surchargés qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper.
C’est là un tableau plutôt désolant. Comme vivre dans un pays où l’insécurité règne par le seul fait que des dizaines de millions d’hommes et de femmes veulent être considérés pour ce qu’ils sont : des citoyens et non pas des « individus ». L’actuel pouvoir se doit donc d’être vigilant mais, paradoxalement, avec la RGPP (Révision générale des politiques publiques), tout comme pour les autres salariés de la fonction publique, un policier sur deux partant a la retraite n’est pas remplacé. D’où la nécessité de faire appel au secteur privé pour combler le manque d’effectifs. Tout serait bon pour effectuer cette tâche de mercenaires : policiers municipaux, « réserve civile » prévue par la loi LOPPSI 2, « voisins vigilants », sans négliger ceux qui ont toujours été tenaillés par la joie mauvaise de cette délation, encouragée au plus haut niveau de l’Etat. Serait-ce que les hommes et les femmes qui nous gouvernent aimeraient nous transformer en policiers de complément. A la grande fureur pourtant de ces bons fonctionnaires d’autorité dont c’est le métier…
Maurice Rajsfus
Rejet par ordonnance
Deux notes ayant pour objet l’activité de la police de l’air et des frontières (PAF) des Alpes-Maritimes ne laissent pas d’inquiéter les défenseurs des droits de l’homme, mais également certains syndicats de policiers. C’est ainsi que, dans ce département, les fonctionnaires de la PAF ont reçu leur feuille de route pour 2011 avec objectifs chiffrés. Le préfet des Alpes-Maritimes a donc fixé à 1 420 le nombre d’étrangers à « éloigner » vers leur pays d’origine. La froideur des chiffres est étonnante : 160 expulsions depuis Nice, 210 depuis Menton, 105 par les soins de la brigade des chemins de fer et 90 réalisés par l’unité d’identification, avec cet précision « les 820 restant étant à la charge des autres services du ministère de l’Intérieur ». Autre précision chiffrée : pour parvenir aux résultats escomptés, les policiers de la PAF des Alpes-Maritimes devront, en 2011, procéder à 6200 interpellations, dont 4 000 à Menton (proche de la frontière italienne), et 2 200 à Nice. Cette politique du chiffre n’a pas manqué de provoquer une réaction très vive du syndicat Unité-SGP-Police : « La culture du résultat, c’est dangereux, et il n’est pas possible qu’il soit demandé à tous les collègues, par écrit, comme cela, de parvenir à un tel chiffre, pour un type d’infraction préalablement désigné. » De même, ce syndicat devait s’inquiéter de ce qu’il faut bien qualifier de « ciblage ethnique ». (Source, Le Monde, 22 mars 2011)
Les Roms sous haute surveillance
Le 21 mars, SOS-Racisme annonçait avoir engagé plusieurs procédures judiciaires contre le fichage des Roms. Notamment avec des dépôts de plainte contre le maire de Kirrwiller (Bas-Rhin) car les habitants de cette petite bourgade avaient reçu en février 2011, depuis la mairie, un courrier signé du commandant de la gendarmerie de Husfelden, les invitant à signaler, « Toute personne d’apparence pays de l’Est ». Les auteurs de cette démarche étant accusés de pratiquer « une politique raciste d’Etat ». Les poursuites engagées ayant pour objet de « mettre fin à une politique discriminatoire » qui se manifeste notamment « par un système de fichage ethnique des populations Rom, tant sur leur localisation que sur leur circulation ». Pour conclure, SOS-Racisme demandait au ministre de l’Intérieur une transparence réelle sur les fichiers de police, la suppression de toutes les catégories révélant l’appartenance ethnique directe ou indirecte ainsi, bien évidemment, qu’un audit public des fichiers existant. (Source, Libération, 22 mars 2011)
Comptine
Ce portrait du policier ordinaire, que l’on jugera peut-être excessif, correspond trop souvent a une triste réalité. Sans doute, une fois mis en musique, ces propos hargneux pourraient être fredonnés sur l’air des lampions, entre deux gnons délivrés par un serviteur de l’ordre public.
« Saute, saute
Saute dessus.
Braille, braille
Sans retenue
Petit vocabulaire.
Sort matraque
Et pincettes.
Devoir accompli
Vide petite cannette ! »
(Si cela vous inspire, rejoignez les persifleurs qui témoigne de leur vif intérêt de nos policiers républicains)
Feu à volonté
Le 21 mars, à Sevran (93), vers 19 h 30, lors d’une opération policière de contrôle dans les halls d’immeubles, un CRS tire sur un automobiliste qui aurait tenté de renverser l’un de ses collègues. Lequel procédait également à des contrôles. Il n’y a pas eu de blessé. (Source, 20 Minutes, 23 mars 2011)
Convivialité policière
Le 15 janvier, lors d’une manifestation à Tours, des policiers de la BAC, en civil, s’infiltrent dans le cortège, et procèdent à des interpellations musclées. Témoignage : « Alors que je tente d’échapper à une charge policière, projeté à terre je reçois ensuite un coup de matraque à une jambe, avant d’être menotté. Je suis conduit au commissariat de police où on me signifie ma garde à vue. Je suis accusé d’avoir jeté des pavés sur les CRS qui protégeaient le congrès du FN ». Deux jours plus tard, en comparution immédiate, le procureur me dépeint comme un « castagneur venu spécialement pour en découdre ». Suite à une demande de complément d’information, un nouveau procès intervient le 24 février, et le jeune homme est condamné à trois mois de prison avec sursis et 110 heures de travaux d’intérêt général. Il fera appel de ce jugement, et la prochaine audience devrait se tenir vers le mois d’août 2011, avec le risque d’être condamné plus lourdement car le procureur n’a pas hésité à faire l’éloge de la police. (Source, Nulle Part Ailleurs, 24 mars 2011)
Policiers le jour, braqueurs la nuit !
En 2006 et 2007, une fine équipe de braqueurs opérait dans la région de Marseille. Parmi eux, une femme policière et deux adjoints de sécurité (ADS). Verdict, au terme du procès qui devait se dérouler devant la cour d’assises d’Aix-en-Provence du 21 au 25 mars : deux et sept ans de prison pour les deux braqueurs adjoints de sécurité, qui s’étaient connus à l’école de police, pendant leur période de formation. Quant a la policière, reconnue coupable de simple délit de recel, elle n’écopait que d’une peine de deux ans de prison avec sursis. Curieusement, l’un des défenseurs des braqueurs tenait à rappeler à la cour : « On ne condamne pas des gens sur de simples coïncidences ». (Source, La Provence, 26 mars 2011)
Police de complément
Le 24 mars, le patron d’un hypermarché Leclerc nantais avait trouvé naturel d’expulser des familles Roms d’un terrain où elles s’étaient installées, à l’aide d’un bulldozer. A ce moment, deux jeunes enfants se trouvaient encore dans les caravanes. Les deux familles Rom expulsées devaient déposer une main courante au commissariat mais n’ont pas pu porter plainte. Les policiers estimant que celles-ci ne se trouvaient pas sur un terrain « destiné aux gens du voyage ». (Sources, 20 Minutes et images de Canal +, 28 mars 2011)
Outrage au drapeau
Le 17 mars, trois jeunes fil1es, âgées de 16 et 17 ans, étaient placées en garde à vue, après avoir brûlé deux drapeaux tricolores, à Chevilly-Larue (94), devant le monument aux morts. Relâchées le lendemain, deux d’entre elles seront néanmoins convoquées devant un juge des enfants, le 15 juin prochain. Il faut rappeler que l’outrage au drapeau français est passible d’une amende de 1 500 euros, depuis le mois de juillet 2010. (Source, Vosges Matin, 19 et 20 mars 2011)
Que fait la police ?
Au cours de la journée du 28 mars, trois bijouteries étaient cambriolées par des équipes de braqueurs, en Seine-et-Marne, dont deux dans un centre commercial de Pontault-Combault. Cela se passait vers 10 h 30. A 11 heure, une troisième bijouterie était braquée par quatre hommes cagoulés, dans la petite commune de Collégien. A chacune de ces agressions, la police était absente, sans doute occupée à contrôler de possibles immigrés sans papiers… (D’après Métro, 29 mars 2011)
Chaleur humaine
A l’aube du 29 mars, 270 personnes étaient évacuées d’un campement de Roms situé entre Bobigny et Noisy-le-Sec (93). Ces familles occupaient un terrain sur les bords du canal de l’Ourcq. Comme a l’ordinaire, si l’expulsion s’est déroulée soit disant dans le calme, de nombreuses caravanes, écrasées par des bulldozers, faisaient les frais de cette mesure d’épuration ethnique. Comme bien souvent, les enfants étaient scolarisés. (Source, Métro, 30 mars 2011)
Prunes
Depuis la mi-mars, les policiers du Val d’Oise seraient en révolte. Motif ? Leur hiérarchie leur a adressé une « fiche d’activité contraventionnelle nominative », dans laquelle chaque fonctionnaire doit indiquer le nombre de PV dressés. Le responsable départemental du syndicat Unité SGP-Police protestait : « On nous met en compétition pour trouver des infractions. Bientôt, il faudra se planquer derrière des buissons ! » (Source, 20 Minutes, 31 mars 2011)
Convivialité policière
Le 23 juin 2008, à Paris, un jeune homme âgé de 21 ans se pressait de rejoindre, à pieds, la station de métro Châtelet. Remarquant deux policiers en tenue qui le suivent, il accélère le pas, puis se met courir car il a oublié sa carte d’identité chez lui. Ce garçon a sans doute des raisons d’avoir peur car, Guadeloupéen, il est noir de peau. Comme les policiers lui ordonnent de s’arrêter, il obéit et se retrouve jeté au sol, et menotté très serré dans le dos. Les deux cow-boys l’entrainent plus loin, dans une impasse et lui plaquent la tête contre une porte. De la fenêtre de son atelier, un peintre voit l’un des policiers, « lui enlever les menottes et l’autre sortir une bombe lacrymogène et, à bout portant, lui envoyer du gaz au visage. Le jeune homme de couleur a hurlé. J’étais stupéfait. Un des policiers lui a lancé : « passez une bonne soirée ! » Un autre témoin voit : « Deux policiers en uniforme sortir de l’impasse puis un jeune se traîner et tomber. Il suffoquait, on l’a secouru. » Soigné pour ses yeux et une fracture au poignet droit dû au menottage tros serré, qui lui occasionnera dix jours d’ITT, le jeune homme a voulu porter plainte à l’IGS mais il était éconduit. Il lui faudra attendre un an pour que le procureur consente a déclencher une enquête. « Reconnus formellement », sur photo, par leur victime, les deux policiers, qui venaient d’être titularisés récemment, sont placés en garde à vue le 23 juin 2009 mais vont nier tout en bloc bien qu’il soit avéré qu’ils patrouillaient ce jour là sur le lieu même de l’agression. Libérés quelques heures plus tard, ils devaient pourtant être jugés le 31 mars pour »violences en réunion » mais leur procès a été renvoyé au 5 octobre. Sans doute pour complément d’information. Dans l’attente, les deux compères sévissent toujours dans la police. (Source, Libération, 2 avril 2011)
Grosse tête confisquée
Le 31 mars, à Angers, une soixantaine de personnes protestaient contre la censure policière. En effet, le 24 mars, les habitués de la maison de quartier du Lac avaient promené sur un rond point de la ville une effigie de carnaval de Sarkozy. Le président étant mis en cage, avec une pancarte « Zozo doué », par référence avec le zoo de Doué-la-Fontaine, proche. Confisqué car une loi interdit de se produire masqué sur la voie publique. Même s’il n’y a personne sous le masque, ont dû estimer les policiers auteurs de cette saisie. (D’après Libération, 2 avril 2011)
Ah bon
Il n’y aurait pas de fichier ethnique « structuré et pérenne » concernant les Roms, constitué par les services de la gendarmerie. C’est ce qu’affirme un rapport publié par la Commission nationale informatique et libertés (CNIL), le 1er avril. En cause, un fichier baptisé Mens (Minorités étrangères no sédentaires). La CNIL n’en a pas moins constaté « une méconnaissance de certaines des obligations issues de la loi informatique et liberté ». (Source, Libération, 2 avril 2011)
Réflexion méchante
A propos des constantes charges du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, sur les musulmans, l’un de nos correspondants a proposé une plaisante formule : « La police au culte… »
Socialisme sécuritaire
« Pour une société plus juste », affirme le programme socialiste en vue des élections présidentielles de 2012. Parmi les 30 mesures qui seront soumises au vote des militants du PS, le 19 mai, figure la promesse du recrutement de dix mille policiers et gendarmes, dans les cinq ans. Ce mouvement de menton sécuritaire, digne de Jean-Pierre Chevènement, veut justifier un « pacte de tranquillité et de sécurité publique. » C’est ainsi que le PS nous informe qu’il désire « bâtir une société qui crée de la sécurité. » Pour que nous ne sous sentions pas trop seuls, le parti qui se veut celui d’une gauche conquérante entend assurer une « présence quotidienne pérenne » de la police. Déjà , en 2002, Lionel Jospin voulait nous persuader que « la sécurité est une valeur de gauche ! » Il n’y a donc rien de changé sous le soleil de nos socialistes. (D’après Le Monde, 5 avril 2011)
Feu à volonté !
Le 2 avril, près de Limours (91), deux hommes de la communauté des « gens du voyage » étaient blessés par un policier qui n’était pas en service. Ce brigadier poursuivait de présumés voleurs, qui auraient dérobé des magrets de canard dans un supermarché. L’intrépide défenseur de l’ordre public, n’écoutant que son devoir, avait vidé son chargeur en tirant à six reprises, blessant grièvement au bras l’un des deux hommes, et l’autre à une jambe. Ecroué à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis, ce cow-boy, en poste au commissariat de Rambouillet, a été mis en examen pour « violences volontaires avec arme », alors qu’il invoquait la légitime défense. Pour le parquet, le policier aurait fait usage de son arme « de façon disproportionnée. » C’est le moins qu’on puisse dire… (Sources, Libération, 5 avril et Direct Matin, 6 avril 2011)
Enfouraillé !
Le 6 avril, le commissariat du IXè arrondissement de Paris entamait une semaine de « prévention de la violence » au collège Lamartine. Au-delà des bons sentiments et des leçons de morale administrées, il est intéressant de noter que la photo de cet entretien parue dans la presse représentait un policier exhibant très visiblement son arme de service à la ceinture. A ce niveau, plus question de violence mais d’ordre public. (D’après Métro, 7 avril 2011)
Forte pensée
« La France a besoin des immigrés. LA France n’a pas besoin de Claude Guéant. » (Interview de Dominique Voynet sur Canal +, 7 avril 2011)
Mesure répressive retoquée
A la suite du discours de Nicolas Sarkozy, à Grenoble, stigmatisant les Roms, le 30 juillet 2010, les préfets pouvaient s’appuyer sur une circulaire datée du 5 août suivant, émanant du ministère de l’Intérieur pour faire « évacuer les camps de Roms illicites ». Le 7 avril, le Conseil d’Etat annulait cette mesure discriminatoire, « en se fondant sur l’article 1er de la Constitution, qui pose le principe d’égalité devant la loi. » Attendons pour voir si la police et la gendarmerie respecteront cette décision. Autre possibilité : nos gouvernants chercheront bien à passer par l’escalier de service, lorsque l’entrée légale leur sera refusée. (Source, Direct Matin, et Métro, 8 avril 2011)
Rigolo
Le 8 avril, en début de soirée, un « intrus », d’origine maghrébine, de surcroît, avait réussi à s’introduire dans les locaux du ministère de l’Intérieur. Il paraît que sa présence, durant quelques minutes, dans un lieu censé être super protégé, avait semé la panique durant plusieurs heures. Les images de vidéo surveillance en font foi. Toutefois, il est certain que cet « individu » n’a pu accéder aux secteurs les plus « sensibles » du ministère, affirme-t-on place Beauvau. On respire. Il est comique de rappeler que des dizaines de policiers se sont activés durant cinq heures à une chasse à l’homme. En vain. Le citoyen au « type maghrébin » n’a pu être interpellé, ni même identifié. (D’après Le Parisien, 10 avril 2011)
Généreux Claude Guéant
Selon le ministère de l’Intérieur, 10.000 étrangers auraient bénéficié du droit d’asile, en 2010. Soit bien plus qu’en Allemagne et en Grande-Bretagne, pour la même période. Cela « malgré les restrictions apportées », devait souligner Claude Guéant qui est pris la main dans le sac, puisque, selon les chiffres publiés par l’OFPRA, seules 5.115 réponses positives auraient été accordées aux demandeurs d’asile, en 2010. Soit la moitié qu’en 2009. (Source, Libération, 11 avril 2011)
Vient de paraître
Dans la droite ligne du discours sécuritaire de Lionel Jospin, au cours de la campagne des élections présidentielles du printemps 2002, le parti socialiste, sous le patronage de Martine Aubry, a cru indispensable de publier, dans un petit opuscule intitulé : « Sécurité, le fiasco de Sarkozy », ses solutions pour imposer une sécurité démocratique. En vingt-deux propositions, le PS tente de nous convaincre que son approche de la sécurité, plus ou moins bien tempérée, devrait nous rassurer. Parmi ces mesures, l’augmentation du nombre de policiers et de gendarmes n’a guère de quoi rasséréner ceux qui espèrent en finir avec la société policière que la Sarkozie tente de nous imposer depuis neuf ans. Il est possible d’être inquiet lorsque le projet affirme : « La sécurité ne peut pas procéder d’un passage occasionnel des forces de l’ordre là où elles sont nécessaires en permanence. » Bien dit, mais sans compter sur la volonté des forces de l’ordre d’imposer leur propre loi, là même où cela n’est pas forcément nécessaire. Il est également question d’un nouveau Code de la déontologie de la police. Nous savons ce qu’il en est depuis l’élaboration du Code de déontologie de la police nationale, par les socialistes déjà , en 1986. Avec son comique article 10 : « Toute personne appréhendée est placée sous la responsabilité et la protection de la plice. Elle ne doit subir de la part des fonctionnaires de police aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant… » (Sécurité : le fiasco de Sarkozy, Editions Jean-Claude Gawsewitch, mars 2011)
Nettoyage ethnique
Dans la matinée du 12 avril, à Créteil (94), un campement de Roms était « évacué » par la police. (Source, France 3, 12 avril 2011)
Que fait la police ? (2)
Le 11 avril, vers midi, trois braqueurs se sont attaqués à une bijouterie de Boulogne-Billancourt (93), emportant un butin estimé à 40.000 euros, avant de s’enfuir à bord d’une Porsche 911. Une fois de plus, pas de policiers à l’horizon. (Source, Libération, 12 avril 2011)
Voile
Le 12 avril, appliquant la loi entrée en vigueur le 11 avril sur le port du voile intégral dans les lieux publics, des policiers de Saint-Denis (93) ont conduit une femme au commissariat pour un rappel à la loi. Dans le même temps, aux Mureaux (78), une femme écopait d’une amende de 150 euros pour n’avoir pas respecté les édits. (Source, Libération, 13 avril 2011)
Que fait la police ? (3)
Le 13 avril, en début d’après-midi, une petite bijouterie était braquée boulevard des Batignolles, dans le 17è arrondissement de Paris, et son gérant retrouvé mort. Victime de cette agression, le bijoutier avait déjà été agressée trois semaines plus tôt. Absents lors de l’intrusion des malfrats dans la boutique, les policiers étaient nombreux après les faits. Commentaire d’un policier du syndicat Alliance : « Avec la hausse du prix de l’or, ce genre d’agression a tendance à augmenter… » (Source, Le Parisien, 12 avril 2011, avec des photos des forces de l’ordre, devenues inutiles)
Education martiale
Le 14 avril, dans la matinée, Nicolas Sarkozy était en visite pré électorale à Bagnères-de-Luchon (Haute-Garonne). Motif de ce déplacement, une rencontre avec les élèves d’un internat pour adolescents perturbateurs. Très présentes, les forces de l’ordre, en tenue anti-émeute, attendaient de façon musclée les enseignants qui, de leur côté, manifestaient contre les suppressions de poste. (Source, Canal +, avec images significatives, 14 avril 2011)
La haine de la police
Suite à un contrôle routier, à Mantes-la-Jolie (78), une femme avait mordu un policier. Ilse trouve pourtant que cette personne serait porteuse du virus VIH. Elle donc été mise en examen pour « tentative d’empoisonnement par substance nuisible. » Source, 20 Minutes, 15 avril 2011)
Visibilité
Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, estime que « les forces de l’ordre devraient être plus visibles, afin que leur présence soit dissuasive et rassurante. » Pas de quoi rassurer les citoyens qui estiment que l’espace public est déjà suffisamment encombré. (D’après Métro, 15 avril 2011)
Interpellation mortelle
Dans la nuit du 12 au 13 avril, à Angers, quatre policiers intervenaient au domicile d’un homme en état d’ivresse, connu comme schizophrène, qui venait de brutalise sa compagne. Les policiers le plaquaient au sol ; alors qu’il menaçait d’aller chercher une hache, et lui passaient les menottes. Lorsque les policiers l’ont relevé, l’homme était inconscient, affirment ceux qui l’avaient agressé. Il devait décéder au cours de la nuit suivante. L’enquête confiée à l’IGPN « devra déterminer les causes de la mort et voir si des responsabilités pénales peuvent être recherchées », devait indiquer la procureure de la République. (Source, Libération, 16 avril 2011)
Garde à vous…
Une décision de la Cour européenne des droits de l’homme faisait obligation à la France de faire évoluer les conditions de la garde à vue dans les commissariats de police. A la grande fureur des syndicats de policiers, suite à une consigne express de la cour de cassation, les avocats devaient donc être présents dès la première heure de garde à vue, et ce dès le 15 avril. Sans qu’aucun choix leur soit donné, les policiers devaient donc respecter cet édit. Par ailleurs, le procureur de la République, Jean-Claude Marin, ordonnait aux services de police relevant de son ressort, « de limiter, dans un certain nombre de cas, le placement en garde à vue des personnes soupçonnées d’avoir commis des délits pouvant être considérés come mineurs. »
En clair, comme le prévoyait déjà une note adressée à la hiérarchie policière en mars dernier, les personnes en légère infraction, mais sans antécédents judiciaires, pourraient échapper aux contraintes de la garde à vue. De plus, sans doute pour titiller davantage encore les gardiens de l’ordre public, Jean-Claude Marin leur suggérait de mentionner, dans les procès-verbaux, que : « La personne à accepté de se rendre volontairement dans les locaux de police. » Tout en précisant également : « Le placement en garde à vue n’est pas obligatoire dès lors que la personne n’est pas tenue dans la contrainte de demeurer à la disposition des enquêteurs et qu’elle a été informée qu’elle peut à tout moment quitter les locaux de police ou de gendarmerie. » Ce qui correspondrait finalement à la volonté de réduire les placements en garde à vue de 800.000 à 500.000 par an. Parmi les protestataires, seul le syndicat indépendant des commissaires de police (SICP) a appelé ses mandants à « ne pas appliquer » les directives du procureur. (Source, Le Monde, 18 avril 2011)
Etranger, passe ton chemin !
Dans la matinée du 17 avril, à la frontière franco-italienne, entre Vintimille et Menton, un fort contingent de gendarmes mobiles s’opposait à l’entrée en France de migrants tunisiens, pourtant munis de titres de séjour en règle pour circuler dans l’espace Schengen. Par ailleurs, le préfet des Alpes-Maritimes avait pris un arrêté pour stopper la circulation des trains entre les deux villes frontières. Motif ? Menace de trouble à l’ordre public car, côté français, un groupe de militants, défenseurs des droits de l’homme, manifestait sa solidarité envers ceux que les forces de l’ordre ne voulaient pas laisser entrer en France. Dans l’après-midi, les trains circulaient à nouveau mais les Tunisiens n’avaient pas obtenu l’autorisation de pénétrer sur le territoire du pays des droits de l’homme. Force était restée à la loi. (Source, France-Inter, 18 avril 2011)
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