QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 54 – novembre 2011
Editorial : Tous policiers ? Tous indics ?
Nous vivons dans un monde sous haute surveillance. Nous sommes enfermés dans une société où l’on voudrait plonger les citoyens dans une angoisse sécuritaire permettant de leur faire oublier les problèmes du quotidien. La volonté de ceux qui nous gouvernent relève d’une intention bien précise : nous transformer en auxiliaires d’une police dont les effectifs se réduisent pour des impératifs budgétaires. Déjà , en 2002, puis au cours de la campagne pour les élections présidentielles de 2007, on nous avait servi un discours malodorant consistant à laisser entendre que la patrie serait en danger. Il ne fallait pas chercher l’ennemi parmi les spéculateurs mais au sein d’une population menacée par la précarité. D’où cette mobilisation permanente des forces de l’ordre, laissant pourtant le champ libre aux authentiques malfrats. La chasse aux sans papiers, qui mettraient en péril l’économie du pays est à l’ordre du jour dans une France, jadis pays de la liberté, où tout sentiment de fraternité serait désormais exclu.
Il paraît y avoir une contradiction évidente entre cette marginalisation forcenée des plus faibles, et la tendance à réduire le nombre d’uniformes bleus dans les rues de nos villes. Ce n’est pas qu’une apparence. L’ambition est de faire en sorte que chaque citoyen devienne le flic d’un autre bon français. Tout est mis en Å“uvre à cette fin. Dès le lycée, et même depuis le collège, on sensibilise les écoliers à l’idée de devenir « Cadet de la République ». Plus tard, on persuadera les moins diplômés à rejoindre le corps des polices municipales ou, pour les derniers de la classe, les agents des polices privées. Au-delà , il y à toujours de la place dans les rangs des services de sécurité des transports en commun. En descendant vers le niveau zéro, un boulevard est ouvert aux sociétés privées de sécurité qui emploient tous ceux que leur mauvais cursus scolaire a marginalisés, leur laissant le choix de devenir les soutiers d’une population plongée dans l’inquiétude. A la tête de ces laissés pour compte de la société, ces maîtres-chiens qui paradent dans les lieux décrits comme « sensibles ». Il ne faut surtout pas ignorer le fait que ces officines salarient très souvent une variété de sous citoyens très utiles à cette société sécuritaire qui, en dernier recours, tente de susciter un réseau de « voisins vigilants ». Lesquels ne peuvent qu’ouvrir la voie à des mécanismes de délations, par ailleurs fortement encouragés.
Maurice Rajsfus
Protection rapprochée
Le 15 septembre, Nicolas Sarkosy effectuait un voyage officiel en Lybie. Précautionneux, il n’était pas venu seul, puisque 160 policiers, dont 80 CRS l’accompagnaient. Avec un tel environnement, le président de la République devait se sentir rasséréné à Tripoli, puis à Benghazi. Si l’on se risque a détailler le personnel composant cette armada, complétant les gardes du corps locaux, on trouvait deux compagnies de CRS, qui devaient retrouver sur place une unité du RAID. Dans le cadre de ce voyage éclair (rapide aller et retour dans la journée), les CRS avaient pour consigne de revêtir une tenue civile, tout en restant en possession de leur arme de service et d’un gilet pare-balle. Précision pleine d’intérêt : chacun des CRS devait recevoir une prime de 500 euros, pour cette mission exceptionnelle. Cela à la grande colère des rédacteurs du mensuel L’Essor de la Gendarmerie, qui réagissaient, dès le 15 septembre, expliquant qu’avec « les gendarmes mobiles, mieux habitués aux opérations de terrain, cela n’auraient pas coûté un centime aux contribuables. » (Sources, Métro, 15 et 16 septembre 2011)
Plusieurs Horteteux, ça peu créer des problèmes…
En septembre 2009, Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur avait proféré des propos pour le moins raciste, au cours de l’Université d’été de l’UMP. Visé, un jeune militant de ce parti, né de père Algérien, sur le mode : « Quand il y en a un, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes ! » Suite à cette sortie pleine d’urbanité, le ministre avait écopé, en juin 2010, d’une amende de 750 euros. Peu satisfait de cette décision, le MRAP avait fait appel. Le 15 septembre, la cour d’appel de Paris devait relaxer Brice Hortefeux du délit d’injure raciale, dans la mesure où ces propos avaient été prononcés dans un cercle privé. Le MRAP annonçait aussitôt son pourvoi en cassation. (Source, Libération, 16 septembre 2011)
Xénophobie tous azimuts
Le 11 septembre, Claude Guéant, après avoir stigmatisé les Roms et menacé de les expulser en Roumanie, s’en est pris à l’immigration commorienne, nombreuse à Marseille et qui « serait la cause de beaucoup de violences ». Suite à cette déclaration qui avait suscité de nombreuses protestations, le ministre de l’Intérieur se trouvait contraint à présenter des excuses à la communauté comorienne. Il n’ en reste pas moins qu’une manifestation de plusieurs centaines de personnes devait se dérouler devant la préfecture. Par ailleurs, une plainte en diffamation allait être déposée, à Paris, le 20 septembre, et symboliquement au siège du ministère de l’Intérieur. (Source, Métro, 16 septembre 2011)
Forte pensée d’un philosophe de banlieue
« Si l’on habillait les flics avec des soutanes, ils cavaleraient sûrement moins vite… »
Acrostiche
Il semble que l’acrostiche publiée dans le numéro 52 de Que fait la Police ? ait aiguisé la férocité de plusieurs de nos correspondants. Voici donc 1a suite :
Cardinal, c’est son sobriquet
Léonin, c’est son attitude
Architecte
Ubuesque de l’exclusion
Déterminé, toujours
Englué dans ses certitudes
Guerrier convaincu
Urbain, pas trop
Enervé, certainement
Affidé
Naturel de l’Elysée
Terroriste en creux.
Dialogue social…
Le 16 septembre, les salariés d’une usine de transformation d’aluminium, située a Ham (Somme) décidaient de « retenir » cinq cadres dirigeants pour les dissuader de supprimer 127 postes sur 200. Dans la nuit du 16 au 17 septembre, avec la complicité des gendarmes, qui avaient cisaillé le grillage entourant le site, les cinq cadres pouvaient quitter les lieux. Merci aux pandores, toujours aussi attentifs à la paix sociale. (D’après France 3, 17 septembre 2011)
Non-lieu pour un policier national
Le 15 septembre, la Chambre d’instruction de Metz confirmait le non-lieu prononcé en faveur du policier de Metz qui,, en juillet 2010, avait tiré une balle dans la gorge d’un Nancéen âgé de 24 ans. Depuis, ce garçon prénommé Fouad, désormais handicapé à 80%, ne peut plus travailler. De son côté, poursuivi pour « violences aggravées sur personnes dépositaires de l’autorité publique ». Il a été relaxé par le tribunal de Thionville. (Source, Vosges Matin, 17 septembre 2011)
Non-lieu pour des municipaux
Le 20 janvier 2010, vers 1h 30 du matin, à bord d’un véhicule sérigraphié, trois policiers municipaux de Woippy, quartier sensible de la banlieue de Metz, remarquaient, selon leur récit, trois jeunes sans casque sur un scooter. Le trio se serait enfuit a leur vue. Ils assurent avoir suivi le scooter à distance. Selon eux, l’engin aurait mal négocié un virage dans une pente descendante. Bilan de l’accident : un garçon de 19 ans, mort sur le coup, un autre de 20 ans, grièvement blessé, et un troisième, de 20 ans également, qui restera deux mois dans le coma. L’un des blessés avance une version très différente : « Les policiers nous ont coursés, nous ont fait tomber. Ils nous ont tiré dessus avec des flash-ball, puis nous ont frappés alors que nous étions à terre, avec des matraques. Ils m’ont cassé les jambes et m’ont rendu handicapé, » Ce drame avait provoqué trois nuits de heurts entre jeunes et policiers. Placés en garde à vue, puis rapidement relâchés, les trois policiers municipaux n’avaient jamais été mis en examen, et pas davantage poursuivis. Le 16 septembre 2011, la juge d’instruction, suivant les réquisitions du procureur, rendait une décision de non-lieu dans cette affaire. (Source, Vosges Matin, 17 septembre 2011)
Suicide motivé
Le 16 septembre, un CRS a mis fin a ses jours, dans son cantonnement de Saint-Quentin avec son arme de service. Ce policier, âgé de 54 ans, avait laissé une lettre où il expliquait qu’à quelques mois de la retraite il avait « du mal à gérer la transition ». (Source, Direct Matin, 19 septembre 2011)
On peut manifester, m’sieur l’agent ?
Dans la soirée du 19 septembre, dans le VI ème arrondissement de Paris, quelques centaines « d’indignés » manifestaient sur le boulevard Saint-Germain, avec l’intention d’y établir un campement temporaire. Comme cette manifestation n’avait pas été déclarée, la police n’a pas manqué d’intervenir car il y avait menace à l’ordre public. C’est ainsi que soixante « trublions », interpellés, se sont retrouvés au commissariat de police pour un contrôle d’identité pas vraiment convivia1. (Source, France Inter, 20 septembre 2011)
Tragi-comique
L’intoxication sécuritaire peut conduire a de nombreuses dérives. Ainsi, le 19 septembre, à Lille, de bons citoyens avaient cru entendre des bruits identifiés comme des tirs de kalachnikov. La police, une fois alertée, devait faire procéder à l’évacuation d’un immeuble, deux personnes étant interpellées. Finalement, des billes en plastique étaient retrouvées dans une gouttière, mais l’arme factice avait disparu. Beaucoup de bruit pour rien, pour une artillerie de pacotille. (D’après Métro, 20 septembre 2011)
Réaction à des propos indignes
Suite aux mauvaises manières langagières de Claude Guéant sur les Comoriens de Marseille, une originaire de cet archipel de l’Océan indien, interpellait le ministre de l’intérieur : « C’est une grande ignorance et une grande inculture que de vouloir montrer du doigt une prétendue délinquance d’origine comorienne, comme l’a fait Claude Guéant, le ministre de l’Intérieur utilisait déjà les expulsions de Mayotte comme un moyen de réguler sa politique du chiffre en matière d’immigration. Il est indigne qu’un ministre de la République se laisse aller à de tels propos discriminatoires et stigmatisants. » (Propos cité dans Libération, 20 septembre 2011)
Les Roms évacués sans caméras
Dans la matinée du 20 septembre, dans le quartier de la Capelette, à Marseille, une quarantaine de Roms roumains étaient délogés de leur campement par la police. Cela suite à une décision de justice expliquait le nouveau préfet. Il n’en reste pas moins que la presse avait été tenue a l’écart de cette opération. Il est permis de s’interroger sur les conditions, pas trop amicales de cette évacuation. (Source Métro, 21 septembre 2011)
Suicide après harcèlement
Dans les premiers jours de juillet, une policière en poste à Cagnes-sur-Mer, s’était suicidée avec son arme de service, à bord d’un véhicule de police. Les proches de la jeune policière viennent de porter plainte pour « harcèlement moral », auprès du parquet de Grasse. Cette plainte vise notamment le chef de service du commissariat, écarté depuis, bien qu’à l’époque l’IGPN avait conclu à l’absence de responsabilité de ce cadre policier. (Source, Libération, 21 septembre 2011)
Du nouveau à Villiers-le-Bel
Le 22 septembre, l’un des policiers qui, à bord de son véhicule de fonction, avait provoqué la mort de deux adolescents circulant sur une mini-moto, à Villiers-le-Bel (95),le 27 novembre 2007, a finalement été renvoyé en correctionnelle, pour « homicide involontaire ». Il convient de rappeler que ces décès avaient été le point de départ de fortes émeutes dans cette banlieue. (Source, Libération, 23 septembre 2011)
Décès après interpellation musclée
Le 20 septembre, à Marseille, les policiers procèdent à une interpellation musclée sur un homme âgé de 48 ans, par ailleurs autiste. Suite à cette agression, l’homme devait succomber à un arrêt cardio-vasculaire, alors qu’il était en crise. L’IGPN a été saisie. Il semblerait que le comportement de ce malade avait été considéré comme outrageant par les policiers. (Source, Direct-Matin, 23 septembre 2011)
Suicides en série dans la police
Dans la matinée du 22 septembre, trois policiers franciliens se sont donné la mort avec leur arme de service. L’un à Paris, les deux autres dans le Val-de-Marne. « C’est un événement très exceptionnel devait commenter la préfecture de police. Le premier, en poste à la Direction générale de la police judiciaire de Paris, a été retrouvé mort vers 8 heures du matin, devant la mairie du 19è arrondissement, dans une voiture banalisée. Il s’était tiré une balle dans la tête avec son arme de service. Le deuxième, en poste à la Direction générale de l’ordre public et de la circulation, avait tiré sur son épouse, vers 9 heures du matin, à Chevilly-la-Rue (94), avant de retourner contre lui son arme de service. Le troisième, policier de la brigade des réseaux ferrés, était retrouvé pendu, chez lui, dans la matinée, à Alfortville (94). Plusieurs syndicalistes de la police ont évoqué « l’hypothèse des conditions de travail dégradées », rappelant que, depuis le début de l’année, on approcherait déjà de la quarantaine de suicides dans les rangs de la police. Dans ce sens, le syndicat SGP-Unité Police exhorte l’administration policière à être vigilante quant aux conditions de travail des fonctionnaires de l’ordre public. Ces suicides auraient pour origine des raisons d’ordre conjugal, di-on à la préfecture de police. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, très soft, expliquait : « C’est une série noire qu’il faut essayer de comprendre. » (Sources, Libération et 20 Minutes, 23 septembre 2011)
La haine de la police ?
Dans la matinée du 25 septembre, à Aubervilliers (93), un policier de la BAC aurait été volontairement percuté par un jeune homme circulant en deux roues, qu’il tentait d’appréhender. Le policer est sérieusement blessé mais ses jours ne sont pas en danger. (Source, Direct-Matin, 26 septembre 2011)
Dehors, les Roms !
A Marseille, à l’aube du 27 septembre, un campement de 250 Roms était évacué par 250 policiers et gendarmes. C’est-à -dire un homme armé jusqu’aux dents pour chaque homme, femme et enfant. Tous priés d’aller s’installer plus loin. Il fallait bien que le nouveau préfet de Marseille fasse savoir qu’il était bien décidé à rétablir un ordre nullement menacé. (D’après France-Inter, 27 septembre 2011)
Policier de complément
Le 26 septembre, au nom du groupe « Droite populaire » de l’UMP, le député Thierry Mariani, entre autres propositions, n’a pas hésité à prôner la création d’un fichier national centralisé, avec un numéro d’identification personnel qui serait attribué à chaque citoyen, ainsi que la création d’une carte d’identité biométrique. Tout en mettant l’accent sur « la lutte contre les fraudes et l’assistanat ». Tout un programme ! (Source, Le Monde, 28 septembre 2011)
Infanticide par destination
Le 17 août, une jeune femme Kosovar, enceinte de plusieurs mois, interpellée par la police, avec sa famille, à Clermont-Ferrand, avait été placée au centre de rétention de Lesquin (Nord), après un trajet d’une dizaine d’heures dans une estafette de police. Rapidement, un juge des libertés et de la détention l’avait fait remettre en liberté, avec son mari et ses trois enfants, estimant « le traitement subi par cette famille inhumain et dégradant. »
Dans la nuit du 20 au 21 septembre, le bébé, né prématurément au terme de 6 mois de grossesse, devait décéder. Après ce drame, le Réseau Education sans frontière du Puy-de-Dôme, devait dénoncer « une politique inhumaine et dégradante qui engendre la mort ». A la préfecture du Puy-de-Dôme, on argumente laborieusement : « Quand cette femme a été interpellée, il n’y avait rien dans son dossier signalant qu’elle était enceinte. » Pour l’avocat de la famille : « Quand on veut faire du chiffre, cela entraîne des bavures ! » Source, Le Monde, 28 septembre 2011)
Barbarie policière ordinaire
Suite à la mort d’un handicapé, lors d’une interpellation musclée, à Marseille, le 20 septembre, l’IGPN a ouvert une enquête. Tout est parti d’un appel à la police d’une « voisine vigilante », qui trouvait cet homme, autiste profond, âgé de 48 ans, menaçant. Trois policiers n’ont pas tardé à intervenir pour l’interpeller, mais comme ce malade ne se laissait pas faire, ils se sont jetés sur lui pour le maîtriser, effectuant une « geste technique » enseigné en école de police. En clair, il s’agit ici de faire pression sur le dos et la nuque d’une personne projetée à terre et menottée dans le dos. Cette technique d’immobilisation, très controversée, est interdite dans plusieurs pays d’Europe, et a déjà valu à la France d’être condamnée par la Cour européenne des droits de l’homme, en octobre 2007, suite à la mort à Toulon d’un jeune homme d’origine maghrébine.
Réaction rapide du procureur de la République de Marseille : « Il faudra établir si tous les gestes utilisés pour l’interpellation étaient appropriés. Les policiers ne savent pas toujours à qui ils ont affaire. » Soit, mais cet homme ne menaçait personne. Son père, arrivé sur les lieux, après cette agression policière, a vu son fils à plat ventre, au milieu d’une impasse, la tête au sol, du sang coulant de son visage, les mains menottées dans le dos, et un policier à genoux sur lui, au milieu de sa colonne vertébrale. Il témoigne : « Il lui comprimait complètement le diaphragme, pendant que les deux autres policiers lui tenaient les jambes. J’ai dit au policier de descendre de son dos, mais il ne voulait pas. Quand il s’est enlevé, il a vu que Serge ne respirait plus Il s’est mis à courir en criant : Oh putain ! Oh putain ! Une des policières s’est mise à pleurer. » En guise de conclusion provisoire, le procureur s’est contenté de quelques propos plutôt froids : « Nous attendons les résultats de l’autopsie pour savoir si ce monsieur avait des antécédents médicaux. » (Source, Libération, 27 septembre 2011)
Humanisme
A l’aube du 28 septembre, à Pantin (93), suite à l’incendie d’un squat, six réfugiés tunisiens et égyptiens ont trouvé la mort, au pays de la liberté où ils comptaient trouver du travail. Très radse, face à ce drame, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, s’est surtout contenté de dénoncer les filières « criminelles » permettant de favoriser l’immigration clandestine. (Source, France-Inter, 28 septembre 2011)
On se suicide aussi en milieu pandore…
Le 24 septembre, une femme gendarme, âgée de 32 ans, en poste à la caserne Delfosse de Lyon, se donnait la mort avec son arme de service. A plusieurs reprises, elle s’était plainte, auprès de sa hiérarchie, de faits de harcèlement. En vain semble-t-il. L’Association de défense des droits des militaires précise : « La femme nous avait contacté, quelques jours avant son suicide, pour nous faire part de la souffrance morale qui résultait de son travail et notamment, des allusions et injures à caractère racial. » (Sources, 20 Minutes et Métro, 29 septembre 2011)
Copwatch, ques aco ?
Le 20 septembre, le site Copwatch s’installait sur Internet. Immédiatement, cette innovation suscitait la polémique, et le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, déposait un référé auprès du tribunal de grande instance de Paris pour bloquer son accès, exigeant ensuite sa fermeture. Qu’en est-il ? Le côté comique de ce site c’est surtout que l’on y trouve, en ligne, les noms et les photos de 450 policiers en poste en Ile-de-France, parfois assortis de commentaires que certains jugent diffamatoires. Au premier rang des « indignés », les syndicats de policiers, qui qualifient le site d’officine « anti-flics », au motif, évidemment, que les animateurs de Copwatch précisent, sur leur page d’accueil : « Policiers, nous vous identifierons tous, un par un, pour que votre impunité trouve une fin ! » Jean-Claude Delage secrétaire général du syndicat de policiers en tenue, Alliance, va droit à l’essentiel : « Il s’agit ni plus ni moins d’un fichage de policiers ! » La colère de ce syndicaliste catégoriel est attisée par le logo de Copwatch, où se détachent des silhouettes de policiers, casquettes sur la tête et matraques en main, en train de frapper un homme à terre, sous le regard impassible de leurs collègues. Décidément très en colère, Jean-Claude Delage poursuivait : « Ce sont des méthodes inacceptables et inadmissibles. Il y a déjà suffisamment d’organes de contrôle de la police, en France. » Très remonté, Jean-Claude Delage incite les policiers exposés à déposer plainte systématiquement. Il en va de même du côté du syndicat national des officiers de police (SNOP, soi-disant de gauche) dont l’un des dirigeants, Philippe Laborderie, laisse éclater son ressentiment : « Nous soutenons les poursuites engagées par le ministre. Ca fait du bien de se sentir défendus… » On est encore plus raide du côté de du syndicat Synergie-Officiers (classé dans le droite pro gouvernementale), dont le porte-parole, Mohamed Douhane, montrait les dents : « Maintenant que la justice est saisie,, il va falloir que la peine soit à la hauteur de cette atteinte à la dignité de toute une profession ! »
Il n’en reste pas moins que la loi n’interdit nullement de prendre des policiers, en civil ou en uniforme, dans le cadre de leur travail, mais les défenseurs de l’ordre peuvent saisir la justice pour diffamation, outrage ou atteinte au droit à l’image. Surtout s’ils sont surpris, matraque en main, occupés à bastonner. Si l’on s’intéresse de près au contenu, il paraît que ceux qui se cachent derrière Copwatch connaissent bien la maison police. En effet, la terminologie utilisée, ainsi que les précisions apportées, amènent à penser qu’il s’agit de personnes bien renseignées, susurre un haut responsable de la police, qui estime qu’il s’agirait probablement de gens proches de l’extrême-gauche et du courant libertaire, qui se trouvent à la manœuvre. Ah bon ? On rappelle qu’en décembre 2010, un article publié sur le site Indymédia, avait provoqué la colère de Brice Hortefeux, alors ministre de l’Intérieur, lorsqu’il était proclamé haut et fort : « Nous filmerons et identifierons les flics parisiens, un par un ! » (Source, Aujourd’hui, 30 septembre 2011)
Ripoux lyonnais : c’est du lourd !
Notre institution policière, tellement attachée à une respectabilité qui n’est pas toujours évidente, ne manque jamais de s’insurger lorsque l’un de ses membres est mis en cause, ou pris la main dans le sac ou le pot de confiture. A chacune de ces occasions, plus nombreuses que l’actualité peut le révéler, c’est prioritairement la présomption d’innocence qui est évoquée, avec le sempiternel avertissement que les faits ne sont peut-être pas avérés.
La récente implication du numéro 2 de la P.J. lyonnaise, dans un important trafic de drogue ne fait que confirmer cette difficulté des diverses instances de la police à admettre la « fragilité » de certains de ses meilleurs éléments. C’est un véritable coup de tonnerre qui a secoué le monde policier, dans les derniers jours de septembre, avec la révélation publique de faits et d’actes de celui qui, encore très récemment, était considéré comme un « grand flic ». Sans se risquer à généraliser, il faut bien constater qu’il n’y a pas plus de truands dans la police que dans la moyenne de la population.
Michel Neyret, grande figure donc de la P.J. lyonnaise a été interpellé, à l’heure du laitier, le 29 septembre, dans le cadre d’une enquête pour corruption, trafic international de stupéfiants, et blanchiment d’argent. Ce haut fonctionnaire de la police âgé de 54 ans, était immédiatement placé en garde à vue, en compagnie de son épouse, puis rapidement transféré à Paris, sur instruction de la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) qui suivait le dossier depuis plusieurs mois avant cette intervention. Au travers de l’enquête, conduite par l’IGS et la JIRS, il aurait été mis en évidence « des liens entre le grand banditisme et des policiers », dont des commissaires, des officiers de police, voire des magistrats. Pour que le spectacle soit complet, les ripoux auraient été « balancés » par des truands, peut-être insuffisamment prévenus malgré les promesses faites contre rémunérations conséquentes. Il n’en reste pas moins que des comptes bancaires, ouverts en Suisse, vraisemblablement alimentés par l’argent de la drogue, orienterait l’enquête vers de possibles opérations de blanchiment.
Du haut en bas de la hiérarchie policière, on s’est montré consterné par cette révélation. Ainsi, le directeur régional de la police judiciaire de Lyon avait du mal à refouler ses sanglots : « Je suis catastrophé, c’est un cataclysme ! » Selon une source judiciaire, « c’est une véritable trahison, une énorme désillusion, si les faits sont avérés. C’est un gâchis sur le plan humain et sur le plan professionnel. » L’onde de choc est terrible, surtout lorsque l’on s’en remet à cette rumeur tenace qui veut que plusieurs cadres policiers et du monde judiciaire auraient été livrés par des membres du grand banditisme international, impliqués eux-mêmes dans un trafic de cocaïne. Pour le moins, quelques policiers ripoux, dont l’actuel chef de l’antigang lyonnais, et des magistrats corrompus, devaient informés, contre rémunération, les trafiquants qui opéraient en France.
Comme à l’habitude, les syndicats de policiers ont immédiatement fait montre d’incrédulité, comme en témoigne un syndicaliste : « Avec mes collègues, on est sans voix depuis qu’on a appris ça… Neyret est quelqu’un d’intègre, on ne peut pas le croire. Il est certainement victime d’une manipulation. » L’un des collègues de celui qui a été pris la main dans le sac, vend un peu la mèche : « C’était un flic à l’ancienne, avec des méthodes pas toujours réglos. Mais de là à imaginer quelque chose d’aussi énorme, c’était impensable ! » Même discoure au sommet de la hiérarchie, lorsque Claude Guéant menace de sanctions impitoyables, avec toujours cette précision nécessaire : « Si les faits sont avérés… » (Sources, Libération et Métro, 30 septembre 2011)
Cri du cœur
Commentant l’arrestation de Michel Neyret, numéro de 2 de la police judiciaire de Lyon, Claude Guéant a eu ce cri du cœur : « Ce serait une immense douleur pour la police nationale de voir l’un des siens ayant quitté le droit chemin. » (Source, Libération, 1er octobre 2011)
Outrage au drapeau
L’outrage au drapeau est délit puni par la loi. Le 31 décembre 2010, un jeune homme plutôt pris de boisson, avait arraché le drapeau tricolore flottant à la façade du commissariat de police de La Courneuve (93), le traîner au sol, le piétiner avant d’expliquer aux policiers qui l’interpellaient : « Je vais pisser dessus et y mettre le feu. » Non sans avoir eu le temps de gifler un policier. Verdict du tribunal de Bobigny, le 30 septembre : un mois de prison avec sursis et 300 euros d’amende. (Source, Libération, 1er octobre 2011)
Les mauvais sujets de la hiérarchie policière
Le commissaire divisionnaire Michel Neyret n’est pas le premier « grand flic » ayant franchi la ligne rouge. Nombre de ses collègues l’avaient précédé dans cette voie. Quelques exemples célèbres :
. Le 26 novembre 1993, le commissaire Jean-Marc Peyre est condamné à cinq ans de prison pour vol de livres rares.
. Le 3 mars 1997, le commissaire Philippe Féval, de la BRB de Paris, est condamné à quarante deux mois de prison pour trafic de drogue.
. Le 15 janvier 2005, Michel Carrosso, commissaire de police à Carpentras, compromis dans une affaire de prostitution, se voyait lesté d’une année de prison avec sursis.
. Le 13 mars 2008, le commissaire Philippe Moigne, de la Brigade financière de Paris, était placé en garde à vue sous le soupçon de vente de fichiers de police. Il passe cinq mois en détention provisoire. L’affaire n’a pas été encore jugée.
. En mars 2009, le commissaire Stéphane Marchand, en poste à Juvisy (91), est pris dans une affaire de détournement de fonds. Il sera condamné à huit mois de prison avec sursis.
. En juin 2011, le commissaire François Ottavioni est mis en examen dans le cadre d’une affaire de corruption. L’affaire est en cours d’instruction à Paris.
Il est bien évident que cette liste serait bien plus longue si l’on y ajoutait ls hauts cadres de la police qui se sont lourdement compromis avec les occupants nazis, de l’été 1940 à l’été 1944. Au premier rang d’entre eux l’ex-inspecteur Bony qui, en compagnie du truand Lafond, avait constitué une officine de la Gestapo française, la « Carlingue », rue des Saussaies, à Paris. Sans oublier les commissaires Rottée et David, qui s’étaient illustrés comme tortionnaires de résistants, fusillés après la Libération… (D’après Le Monde, 3 octobre 2011)
Les ripoux lyonnais (suite)
Au cours de sa garde à vue, avant d’être mis en examen, le 2 octobre, le commissaire Neyret concédait à ses collègues de l’IGS avoir été « imprudent ». Expliquant qu’il avait communiqué des informations que seul un policier pouvait connaître. Comme le monde policier ne peut se résoudre à laisser entendre que l’un des leurs pouvait être complètement pourri, une source citée par l’AFP mettait en garde contre toute conclusion hâtive, avec ce commentaire des plus curieux : « Pour l’instant, ceux qui le mettent en cause, ce sont des truands d’un milieu que Neyret a affronté. »
On respire. Il n’en reste pas moins que ce policier, jusqu’alors très apprécié, devait reconnaître une amitié « revendiquée » avec des braves gens qui l’invitaient en vacances au Maroc ou mettaient à sa disposition des voitures de luxe lors de ses séjours sur la Côte d’Azur. On apprend également que cinq autres policiers de la région Rhône-Alpes sont gardés à vue : le patron de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI), deux enquêteurs des stups de Lyon, ainsi que le chef de l’antenne grenobloise de la police judiciaire et son adjoint. Selon certaines rumeurs – et elles sont nombreuses – il se murmure que les avocats de Michel Neyret auraient demandé, et obtenu, que leur client soit « logé » dans la galerie des VIP de la prison de la Santé. Sans doute pour éviter les mauvaises fréquentations lors des promenades. (D’après Libération, 3 octobre 2011)
Toujours l’affaire Neyret : l’avis d’un connaisseur
Charles Pellegrini, ancien patron de la BRB (Brigade de recherche contre le grand banditisme, qui fut l’ami de Michel Neyret, est devenu prudent à son égard ; « C’est une affaire très gravez, et il faudra nécessairement réformer la P.J. Cette histoire est déstabilisante pour le monde policier. Si l’on a mis en cause Michel Neyret, c’est que l’on avait des billes contre lui. » Pour cet ancien autre « grand flic », Michel Neyret aurait « commis des imprudences ». (Source, Canal +, 3 octobre 2011)
Fais-moi peur, on va voter !
Culture du résultat et quotas d’interpellation représentent toujours les deux mamelles de la politique répressive sarkozyenne. Le Monde a eu l’opportunité de se procurer des notes internes détaillant les directives données aux policiers et aux gendarmes. Dès le mois de juin 2002, Nicolas Sarkozy avait indiqué la marche à suivre aux commissaires, leur demandant de fixer chaque année des normes très précises, avec ce commentaire : « Je veux que vous soyez tournés vers des objectifs et des résultats ! » Ce n’était pas là qu’une simple ambition, et cette orientation sera fortement précisée dans une instruction du 28 juillet 2006, imposant à l’autorité hiérarchique policier « un acte de management au service de la performance ». Sur les six pages de ce document, adressé aux préfets et aux directeurs départementaux de la sécurité, les termes de management et de performance reviennent à de nombreuses reprises. Exemple : « La recherche de la performance est désormais au cœur de la stratégie de la police nationale ». Ou encore : « La direction par objectifs s’avère particulièrement adaptée à la recherche de la performance… » Cela relève de l’obsession.
Le 4 mars 2008, Nicolas Sarkozy, devenu président de la République, c’est Michèle Alliot-Marie qui adresse ses directives aux préfets et aux responsables centraux de la police et de la gendarmerie, une circulaire interne évoquant : « Les objectifs pour 2008, en matière de sécurité intérieure », où est largement développée la « culture de la performance. » Il y est exigé des forces de l’ordre une réduction de 3% pour la délinquance générale, de 5% pour la délinquance de proximité, ainsi qu’une augmentation sensible du taux d’élucidation. En bout de coures, les acteurs répressifs sont tenus de fournir des résultats. Ainsi, la directrice de la sécurité de Seine-et-Marne explique à ses policiers qu’il leur faut mettre en cause 1.698 sans papiers contre 1.633 l’année précédente, soit les 4 points de hausse exigés par le ministère de l’Intérieur. En revanche, les mises en cause pour trafic de drogue doivent être en baisse de 27% – sans doute pour démontrer l’efficacité des forces de l’ordre. Comme le ridicule ne tue pas, l’objectif des morts sur la route doit être amélioré : il n’y aura que 51 morts, en 2008, contre 52 en 2007, etc.
Côté gendarmes, comme l’échéance des élections présidentielles de 2012 approche, il convient de calmer le jeu en faisant apparaître une amélioration de la situation. C’est pourquoi le directeur de la gendarmerie nationale recommande à ses troupes de lever le pied pour l’enregistrement des vols avec violence, par exemple. De même, pour les fraudes à la carte bancaire, le général rappelait, dans une note du 15 septembre 2011, « qu’il n’y a pas lieu d’orienter les victimes vers un dépôt de plainte. Paradoxe ? Peut-être pas. D’un côté, l’idéologie sécuritaire sera au cœur de la campagne électorale, de l’autre, il convient malgré tout de rassurer la France profonde. (D’après Le Monde, 4 octobre 2011)
Mutation…
Eclaboussé par les exploits de son numéro 2, le directeur régional de la P.J. de Lyon a été sanctionné en interne et expédié à l’IGPN (police des polices), structure connue sous le sobriquet de cimetière des éléphants. (Source, Libération, 5 octobre 2011)
Par le trou de la serrure
Selon L’Express, daté du 4 octobre, qui affirme s’appuyer sur des « sources policières concordantes », la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris aurait « reçu l’ordre d’enquêter sur la journaliste, compagne de François Hollande. » Suite aux réactions provoquées par cette révélation, le ministre de l’Intérieur n’a pas craint d’affirmer : « Moi aussi, si c’était avéré, je serais indigné. Cela dit, ce n’est pas avéré du tout. » Toujours ce terme « avéré » qui est utilisé lorsqu’il paraît difficile d’admettre une certaine réalité. Il n’en demeure pas moins qu’à L’Express on a tenu à réaffirmer la validité de cette information. (Sources, Libération et France-Inter, 5 octobre 2011)
Dans la famille ripoux, donnez-moi Grenoble !
Le chef de la police judiciaire de Grenoble, mis en examen le 4 octobre, a été placé sous contrôle judiciaire dans l’enquête sur l’affaire de corruption présumée, suite à la mise en détention du commissaire divisionnaire Michel Neyret. A Grenoble, le commissaire Gavat est poursuivi pour « trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, vols en réunion et détournements de scellées. » Rien de moins. Avec une certaine ingénuité, l’avocat du ripoux grenoblois a adapté une ligne de défense des plus émouvantes : « Ces poursuites n’ont rien à voir avec la corruption ou l’enrichissement personnel. » (Source, Le Monde, 6 octobre 2011)
Circulez, il n’y a rien à voir !
Dans la matinée du 4 octobre, lors de la visite de Nicolas Sarkozy dans les Cévennes, quelques manifestants ont été interpellés alors qu’ils occupaient le terrain d’atterrissage de l’hélicoptère présidentiel. (Source, Le Monde, 6 octobre 2011)
Morsure
Le 6 octobre, à Paris, lors d’une perquisition houleuse, cinq policiers étaient légèrement blessés, et huit personnes interpellées. L’un d’elle avait mordu un policier, les autres s’étant laissés aller à donner des coups de pied à un maître-chien et à son molosse. (Source, Libération, 8 octobre 2011)
Curieuses fréquentations
Suite à l’arrestation de deux dirigeants de l’hôtel Carlton, de Lille, pour proxénétisme, le quotidien Nord Eclair affirme que ces honorables hôteliers étaient en contact régulier avec les milieux policiers locaux. C’est ainsi qu’au moins quatre fonctionnaires des forces de l’ordre auraient bénéficié des réseaux de prostitution dans des clubs belges. Ce qui laisserait supposer que la police était informée de ce qui se passait au Carlton. (Source, Métro, 10 octobre 2011)
Nos amis les « Tontons »
Selon le journaliste Christophe Cornevin, l’administration policière rémunérerait quelque 1.700 « Tontons » (indics) qui permettent de résoudre bien des affaires. Les sommes attribuées se situeraient entre 50 euros (pour la dénonciation d’un sans papiers, par exemple) et plusieurs dizaines de milliers d’euros pour un gros coup (saisie de drogue). Les noms de ces bons citoyens figurant dans un fichier secret, accessible seulement avec un code protégé. (In, Les indics, de Christophe Cornevin, Flammarion 2011)
Suicide
Le 9 octobre, à Bagneux (92), une policière tue son compagnon, avec son arme de service, puis se suicide. La jeune femme, âgée de 22 ans, était en poste à la PAF, à l’aéroport d’Orly, tandis que son compagnon travaillait au centre de rétention de Palaiseau (91). Ils étaient pourtant bien faits pour s’entendre… (D’après Métro, 10 octobre 2011)
Feu à volonté
Depuis plusieurs semaines, l’île de Mayotte (nouveau département français) connait des manifestations contre la vie chère, durement réprimées. Le 10 octobre, un gendarme mobile a été placé en garde à vue. Le pandore, soupçonné d’être à l’origine d’un tir de flash-ball, avait blessé un enfant de 9 ans, le 7 octobre – la victime aurait perdu l’usage d’un œil. Une information judiciaire a été ouverte pour « violence sur mineur de moins de 15 ans, avec arme. » (Source, Libération, 11 octobre 2011)
Les clous de la violence
Le 10 octobre, un policier parisien a été condamné à deux mois de prison avec sursis, pour avoir malmené un jeune homme interpellé parce qu’il traversait une rue en dehors des clous. Le 9 mai 2004, des policier avaient menotté l’imprudent piéton, avant que l’un d’eux lui assène un violent coup de genou dans les parties génitales. Au commissariat, la victime avait réclamé, en vain, la visite d’un médecin, l’un de ses testicules ayant « triplé de volume ». Pour parfaire le tableau, un policier, supposant qu’il simulait, lui avait administré quelques gifles. Au bout de quelques heures, le « simulateur » était malgré tout conduit à l’hôpital pour y subir une intervention chirurgicale. La justice n’étant pas en mesure de déterminer lequel des policiers avait frappé le jeune homme à l’entrejambe, elle ne poursuivait que le policier auteur des claques. Lequel assurait avoir seulement tapoté la joue du « délinquant », afin de vérifier son état de conscience. Dans son jugement, le 16 septembre, le tribunal avait estimé que les claques données sur le visage du gardé à vue « ne sauraient correspondre aux préconisations des cours de secourisme, s’agissant d’une personne présentant les symptômes allégués. » (Source, Libération, 11 octobre 2011)
Simple précaution
Un périmètre de sécurité a été mis en place, autour de la clinique de La Muette, où Carla Bruni doit mettre au monde l’héritier de la famille Sarkozy. Comme les policiers risquent d’être trop visibles, les « en bourgeois » fourmillent dans ce quartier. On ne signale pas d’interpellations mais il est vrai que le XVIème arrondissement de Paris est bien fréquenté. Bien entendu, il est impossible de pénétrer dans la clinique sans de bonnes raisons. De plus, outre les « civils », très visibles malgré tout, des fourgons de police ne cessent de patrouiller. Les riverains peuvent traverser la rue, mais il est conseillé de ne pas trop flâner, c’est ainsi qu’un policier lâchait aux passants, très explicitement, le 11 octobre : « Personne ne doit rôder à moins de cent mètres de l’entrée », tandis qu’un lycéen rouspétait : « On me demande d’ouvrir mon sac de cours matin et soir… » Un véritable état de siège pour un accouchement qui devait passer inaperçu. (D’après 20 Minutes, 12 octobre 2011)
Pandore incendiaire
Le 11 octobre, un gendarme de Brignoles (Var) soupçonné d’être l’auteur d’incendies volontaires dans le département, a été condamné à trois ans de prison ferme – sans mandat de dépôt il est vrai – par le tribunal correctionnel de Draguignan. C’est surtout à la suite d’incendies répétés dans des bennes à ordures que cet adjudant a pu être confondu. (Source, Métro, 12 octobre 2011)
Au Carlton de Lille (suite)
L’affaire de proxénétisme de l’hôtel Carlton de Lille prend de l’ampleur. Non seulement le propriétaire des lieux est toujours en garde à vue, ainsi que le directeur, écroué en compagnie du responsable des relations publiques de l’hôtel. Dans le même temps, un célèbre avocat lillois a été placé en garde à vue, le 12 octobre. Par ailleurs, cinq policiers dont un haut gradé on été entendus par l’IGPN. (Source, Métro, 13 octobre 2011)
Les toutous des poulets
Afin de nourrir ses 85 chiens policiers, la préfecture de police de Paris a commandé 14 tonnes de croquettes pour l’année 2012. Chacun de ces chiens mange de 300 à 500 grammes de croquettes par jour. Il n’en reste pas moins qu’en ces temps de disette, certains maires de la banlieue parisienne refusent l’accès aux cantines des enfants de chômeurs. (D’après Direct-Matin, 13 octobre 2011)
Copwatch, au piquet !
Cela faisait plusieurs semaines que Claude Guéant attendait le site Copwatch au tournant de sa colère. Décidément, le ministre de l’Intérieur ne pouvait tolérer plus longtemps les pages de ce site Internet qui se permettait de désigner les policiers les plus répressifs, avec palmarès, et photo, parfois – ce qui n’dst pas indispensable (ce qui ne semble pas poser de problème aux Etats-Unis). Déjà , le 9 octobre, le ministre de l’Intérieur, à l’occasion du 90è anniversaire de l’orphelinat de la police s’était appliqué à dénoncer le flicage de ses troupes, apparu sur Internet dans les derniers jours de septembre 2011. Il est rai que le but revendique par Copwatch consistait à permettre « A toute personne victime d’abus, d’humiliations ou de violences de la part des flics, d’identifier le ou les policiers auteurs de ces actes … » A cette occasion, Claude Guéant attendait des dédisions de justice, suite aux deux plaintes qu’il avait déposées quelques jours plus tôt. La procédure d’urgence, examinée le 12 octobre, visait déjà à obtenir le blocage des pages jugées « diffamatoires et injurieuses » du site indésirable par les fournisseurs d’accès. Il convient de noter que le syndicat Alliance (policiers en tenue), avait alerté le ministre de l’Intérieur, dès le 30 septembre, avec ce commentaire : « Filmer et révéler éventuellement des bavures, comme cela se fait aux Etats-Unis, c’est une chose. Mais là , il ne s’agit ni plus ni moins de délation, sur la seule base de photos qui ne sont pas des photos d’interventions, qui ne démontrent rien du tout. Si Copwatch a des éléments tangibles qu’il les communique à la justice. En l’état, c’est de l’anti-flic primaire ! »
Le 14 octobre, le tribunal des référés de Paris est allé plus loin que la requête du ministère de l’Intérieur, en ordonnant le blocage de l’accès au site. Il n’en reste pas moins, juste retour des choses, que le ministère de l’Intérieur devra payer la facture du blocage aux fournisseurs d’accès. (Sources, Libération, 10 et 15 octobre, Le Monde, 17 octobre 2011)
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