quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 56 – janvier 2012


Editorial : Bonne année, bonne sécurité !

2012 sera-t-elle une bonne année ? Cela ne dépendra pas forcément de la qualité de la campagne des élections présidentielles qui bat désormais son plein. Une certitude la démagogie ambiante concernant l’insécurité ne pouvait être absente du débat. Ce n’est pas nouveau. Déjà en 2002, comme en 2007, les bons apôtres du tout sécuritaire agitaient le chiffon rouge d’une dérive risquant de plonger le pays dans l’anarchie. Rappelons-nous l’affaire Papy Voise, à Orléans, en avril 2002, qui devait permettre au Front national d’être présent au deuxième tour de la présidentielle, provoquant la réélection de Jacques Chirac et, par contre coup, l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Nous connaissons la suite !
Tout au long de la campagne des présidentielles de 2007, c’était à qui promettait d’être le plus répressif. A ce jeu, Nicolas Sarkozy et ses plus chauds partisans ne pouvaient que remporter la partie. En cette année 2012 qui commence, au moins pensions-nous que la leçon avait été retenue. Il fallait espérer que la gauche convenable, qui aspire à gouverner le pays de la liberté, allait enfin changer de cap et placer les problèmes sociaux et économiques au premier plan de ses préoccupations. Las. Une fois de plus, les socialistes veulent nous convaincre que la sécurité est une « valeur de gauche », comme tentait de nous l’expliquer Lionel Jospin en 2002. Est-ce que dans les prochaines semaines ses successeurs finiront par comprendre que c’est bien plus la lutte contre le chômage qui peut participer efficacement contre l’insécurité, tout comme la fin de la guérilla conduite contre les jeunes des cités poussés vers les mauvaises filières d’éducation.
Dans l’attente des élections présidentielles, la valse des affaires ripounesques se poursuit. On ne compte plus les hauts fonctionnaires de la police mis en examen – sans que certains d’entre eux quittent le service. Un comble ! Pourtant, cela ne crée pas trop de vagues car tout a été fait pour nous expliquer qu’il n’y a pas plus de ripoux dans la police nationale que d’individus malfaisants dans la moyenne de la population. Ce constat, une fois admis, nous devrions être bien conscients du fait que notre police n’est pas pire qu’une autre. On voudrait même nous convaincre que les « grands flics » qui veillent sur notre sécurité, manquent parfois de jugement au point qu’ils ne se rendent même pas compte qu’il leur arrive de franchir la ligne jaune séparant les hommes d’ordre des voyous. Au delà, ces braves défenseurs de l’ordre public connaissent parfaitement leur devoir. C’est ainsi que, plus ils montent en grade, plus ils savent ce qui peut différencier la gauche de la droite. D’où cette sollicitude des princes qui nous gouvernent pour la tribu bleue marine de haut vol.
Maurice Rajsfus

Forte pensée
 » L’administration a souvent intérêt à savoir ce qui a été dit ou écrit sur le compte de la personne qui a éveillé son attention. Le dossier répond à cet intérêt. I1 n’a pas seulement pour but de faire connaître qui vous êtes, mais surtout ce qu’on a dit de vous. L’imputation la plus mensongère peut être une lueur éclairant une trace, avoir pour conséquence un intérêt de la police. Ainsi mettra-t-on dans votre dossier, pêle-mêle, sans distinguer le vrai du faux, tout rapport dont vous aurez été l’objet, toute démonstration vous concernant, tout article de journal, tout fait divers où vous serez nommé. » (Louis Andrieux, Souvenir d’un préfet de police, in Les Archives secrètes de la police, L’Iconoclaste, 2009)

Que fait la police ?
Le 22 novembre, l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) publiait son rapport annuel. Les affirmations officielles sur la baisse de la délinquance y sont mises en doute malgré quelques aspects positifs. En effet, pour l’année 2010, l’enquête de l’ONDRP révèle une flambée des actes de violence envers les personnes, et de même des cambriolages, sans négliger les fraudes fiscales de haut niveau. Les violences contre les personnes sont en hausse de 16%, avec très fréquemment les femmes pour cibles. Pour la même période, les arrachements de distributeurs automatiques de billets sont en hausse de 7%. Cette enquête semble venir à point nommé alors que s’annonce la campagne electorale pour les élections présidentielles. Se pose pourtant la question essentielle: qu’a fait la police depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur, en mai 2002, concernant la sécurité de la population qui lui tient tant à cÅ“ur, si l’on en croit les nombreuses lois votées contre ces « racailles » qui menaceraient 1’ordre public. (D’après Direct Matin, 22 novembre 2011)

Comptine
Il paraît qu’un pourcentage important de nos policiers est utilisé pour protéger les puissants de la sarkozie. D’où cette petite merveille qui nous a été communiquée par un policier fatigué de faire le pied de grue à longueur de journée devant des bâtiments officiels:
« Devant l’Élysée
Les poireaux poirotent
Devant Matignon
Les plantons s’grattent le fion
Devant le Sénat
Les pots d’fleurs, c’est l’horreur
Dans la rue, en plein vent
C’est la Rousse qui tousse  »

Irradiation
Le 23 novembre, à l’aube, un convoi de déchets nucléaires quittait Valognes (Manche) à destination de l’Allemagne. Face aux manifestants antinucléaires, les CRS et gendarmes mobiles étaient présents en grand nombre. Pour que le spectacle soit complet, les forces de l’ordre arrosaient les manifestants de gaz lacrymogène, avant de les matraquer lourdement. Dans la soirée, les CRS encerclaient le camp antinucleaire installé à Yvetot (Seine-Maritime). Par ailleurs, comment ne pas noter que 3 000 policiers avaient été mobilisés pour assurer la sécurité du convoi jusqu’à la frontière allemande. (Sources, Libération, Canal + et France 2, avec images significatives, 24 novembre, et Le Monde, 25 novembre 2011)

Suicide d’un pandore
Dans la soirée du 9 novembre, un gendarme mettait fin à ses jours d’une balle dans la tête, avec son arme de service, dans les locaux de la gendarmerie de Thann, en Alsace. Cet adjudant, âgé de 42 ans, n’a laissé aucun écrit pour expliquer son geste. (Source, Vosges Matin, 11 novembre 2011 I)

Inflation
Le 23 novembre, un troisième policier était placé en garde à vue dans l’affaire de proxénitisme de l’hôtel Carlton de Lille. Entendu dans les locaux de l’IGPN, ce policier en poste à. la brigade des mÅ“urs, devait être mis provisoirement hors de cause, le 24 novembre (Source, Direct Matin, 24 novembre et France Inter, 25 novembre 2011)

Bande organisée ?
Vers le 20 novembre, une infirmière en poste à Angres (Pas-de-Calais), a passé trente-trois heures en garde à vue dans les locaux de la police aux frontières de Lille. Motif ? « Trafic de migrants en bande organisée et association de malfaiteurs. » En fait, cette bénévole, arrêtée chez elle à 6 heures du matin, avait commis le crime majeur de soigner des migrants vietnamiens sans papiers, qui tentaient de gagner l’Angleterre. Interrogée sur cette interpellation, la PAF n’a pas souhaité communiquer. (Source, Libération, 25 novembre 2011)

Ah bon !
Un jeu de société sur l’univers de la police est en vente depuis le 21 novembre. Intitulé « Police Party », ce divertissement familial correspondrait à « L’engouement pour les séries policières », selon son créateur, gardien de la paix à la préfecture de police de Paris.
On va bien s’amuser, après les fêtes de Noël …

Étranger, passe ton chemin !
Le 25 novembre, après le durcissement des conditions de séjour, et d’acquisition de la nationalité française, le ministre de l’Intérieur annonçait une réforme du droit d’asile, estimant que le système actuel est « détourné » par des migrants économiques. Avec un énergique mouvement du menton, Claude Guéant a affirmé: « Notre système d’asile est en danger parce que le dispositif est utilisé pour pénétrer et se maintenir dans notre pays. » En classant les demandeurs d’asile en originaires des « pays sûrs », et d’autres qui le seraient moins, le but est d’éloigner plus facilement, et plus rapidement, les déboutés du droit à séjourner en France. A noter que 70 à 80% des demandeurs d’asile voit déjà leur dossier rejeté chaque année. La voie est de plus en plus ouverte aux policiers pour traquer ceux qui « fraudent ou ne coopèrent pas loyalement avec l’administration. » (Sources, Libération, 26 novembre et Le Monde, 28 novembre 2011)

Réhabilitation policière
De passage à Lyon, 1e 28 novembre 2011, pour y faire le menage dans l’état-major local de la police, Claude Guéant installait un nouveau « grand flic » à la tête de la direction interrégionale de la PJ de Lyon. Outre l’ancien numéro II, Michel Neyret, incarcéré à la Santé, et l’ex-numéro I, muté au cimetière des éléphants (IGPN), le ministre de l’1ntérieur évoquant les quatre policiers de haut rang placés sous contrôle judiciaire, a annoncé qu’il aimerait passer l’éponge: « J’espère que la poursuite de la procédure nous permettra de réintégrer ces quatre fonctionnaires… » Il convient toutefois de rappeler que ces quatre notables de la police lyonnaise, qui auraient dû être irréprochables, ne sont autres que l’ancien patron de la brigade de recherche et d’intervention de la PJ, un membre de la brigade des stupéfiants de Lyon, le chef de l’antenne de la PJ de Grenoble et son adjoint. Il est vrai que des policiers ne peuvent pas être tout à fait coupables, même s’ils étaient complices de leur chef, écroué depuis le 3 octobre 2011 pour corruption et autres délits. Curieusement, par ailleurs, Claude Guéant a cru nécessaire d’annoncer « pour protéger les fonctionnaires de la police judiciaire », parmi d’autres mesures, le renforcement de la formation « initiale et continue », pour qu’y soit intégrés les nouveaux textes de lois ou des notions telles que « la réputation du service ». Il n’était que temps ! (D’après Libération, 29 novembre 2011)

Cohérence nationale
Il ne se passe pas de jour sans que notre ministre de l’Intérieur s’applique à donner des gages à l’électorat du Front national. C’était le cas le 29 novembre 2011. Ce jour-là, Claude Guéant proposait que, dès le mois de janvier 2012, dans le cadre de fraudes sociales supposées, le fichier des étrangers résidant en France puisse être croisé avec ceux des fichiers sociaux comme celui des allocations familiales. (Source, Canal + 29 novembre 2011)

Tout va très bien
Après deux fusillades, provoquant un mort et plusieurs blessés à Marseille – un malfrat tué et un policier gravement blessé – Claude Guéant note toutefois une amélioration de la sécurité dans la ville. Cette évolution, qui serait positive, étant à mettre au crédit du nouveau prétet de police de la ville. Le ministre de l’Intérieur qui a tenu à se montrer optimiste devait estimer malgré tout que cette évolution positive ne saurait être masquée « par un fait divers qui ne fait pas le climat général de sécurité dans une ville de cette importance. » L’essentiel étant de garder le moral… (Source, Métro, 30 novembre 2011)

Correspondant de nuit
L’opération « Voisins vigilants », paraît avoir des difficultés à se mettre en place. Qu’importe. Il y aura désormais les « correspondants de nuit », patrouillant dans les quartiers sensibles. Rassurons-nous: ce ne sont pas des policiers requis pour cet emploi. Les rondes de nuit sont assurées, à Paris, par d’excellents citoyens susceptibles de devenir de bons auxiliaires des forces de l’ordre. Juste pour suppléer la diminution des effectifs policiers. A suivre. (D’après Direct Matin, 30 novembre 2011)

Bons citoyens
Cela se passe à Brest. Un vieil homme, accusé par la rumeur publique d’être un pervers sexuel, est mort d’une crise cardiaoue après avoir été interpellé par la police, le 28 novembre. Les policiers étaient persuadés de mettre la main sur un pédophile. Scénario rapidement démenti par l’enquête. Le parquet a demande une enquête. (Source Direct Matin, 30 novembre 2011)

Des tueurs légaux en liberté !
Le 29 novembre 2011, Amnesty International publiait un rapport sur « l’utilisation abusive de la force par la police. » Parmi d’autres, cinq cas ont été dénoncés, que nous avions relevés en leur temps dans Que fait la Police?, rappellent les pratiques mises en Å“uvre par certains de nos cow-boys de l’ordre. Particulièrement les « méthodes d’immobilisation dangereuses », comme celle consistant à plaquer l’interpellé au sol, sur le ventre, menotté dans le dos, Ce qui peut conduire parfois à une mort par « asphyxie positionnelle. Dans le cas d’un jeune Tunisien, arrêté à Grasse, en mai 2008, et qui se débattait, un policier expliquait: « Nous avons dû utiliser une grande force pour le maitriser car il était très excité. » C’est ce que rappelait tranquillement l’un de ces forcenés légaux, ne cachant pas que l’un de ses collègues faisait au cou du jeune homme, « une clé genre étranglement », lequel ajoutait: « Je précise que je n’ai pas serré à fond. » I1 n’en reste pas moins que ce geste technique, enseigné en école de police, s’était prolongé entre cinq et dix minutes. Abrégeons: les cinq affaires rappelées par Amnesty International ont pour auteurs des fonctionnaires que l’on désigne toujours comme des gardiens de la paix. Lesquels ne sont que rarement poursuivis pour leur brutalité. Ce jeune Tunisien serait mort suite à « un mécanisme de compression associé sans doute à une obstruction des voies aériennes supérieures. » L’un des policiers, meurtrier par destination expliquera: « Nous n’avons fait que des gestes réglementaires. » Il est possible de se poser la question essentielle: qu’en est-il lorsque les défenseurs de l’ordre public vont au-delà du règlement ? (D’après Libération, 30 novembre 2011)

Suicide
Le 30 novembre, à Suresnes (92) une jeune policière s’est suicidée à son domicile, avec son arme de service, laissant une lettre pour expliquer son geste. (Source, France 3, 1er décembre 2011)

C’est du propre
Soupçonnés d’avoir participé à un trafic de faux papiers, deux fonctionnaires travaillant à la sous-préfecture de Boulogne-Billancourt (92) ont été mis en examen en novembre 2011. Des dizaines de faux titres de séjour, réalisés par leurs soins, auraient monnayés aux prix de 15 000 euros par dossier. (Source, Direct Matin, 2 décembre 2011)

Il serait temps…
L’affaire Neyret (se reporter à Que fait la Police ? (numéros 54 et 55) a conduit le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, à annoncer, le 28 novembre, à Lyon, quatre mesures pour améliorer la déontologie policière. Ainsi, il serait question de renforcer les formations, rénover le code de déontologie policière, créer au sein de l’IGPN (police des polices), une équipe spéciale déontologie et, enfin, élaborer un « Code de traitement des sources.  » Il convient de rappeler que le commissaire divisionnaire Neyret a été mis en examen le 3 octobre 20II pour « trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs, corruption passive, trafic d’influence, détournement de saisies, vol en réunion et violation du secret professionnel. (Source, Libération, 2 décembre 2011)

Vers l’État policier ?
Les maires du département de la Vienne ont récemment la surprise de découvrir un courrier du prétet leur demandant de remplir une fiche de renseignements, avec obligation d’indiquer leur nuance politique. Avec cette précision: « Il n’est pas possible de retenir des nuances telles que, apolitique ou sans étiquette. » Devant l’émoi de nombreux maires, la préfecture devait annoncer l’envoi d’un rectificatif. Ballon d’essai, susceptible d’être généralisé, ou initiative sordide d’un baut fonctionnaire désireux de se faire remarquer en haut lieu ? (D’après Aujourd’hui, 3 décembre 2011)

Hôtel Carlton de Lille (Suite)
L’ancien chef de la police judiciaire du Nord, Jean-Claude Menault, dont le nom avait été cité lors de l’enquête sur le proxénétisme à l’hôtel Carlton de Lille prend sa retraite. Selon un arrêté paru au Journal Officiel, daté du 4 décembre, le policier « est admis à faire valoir ses droits à la retraite, par limite d’âge », à compter du 1er février 2012. Motif: dès le 18 novembre, Claude Guéant avait dénoncé à son encontre: « Les entorses à la déontologie publique. » Ce grand flic avait déjà eté suspendu de ses fonctions pour s’être rendu aux USA, et avoir rencontré Dominique Strauss-Kahn au cours d’une « soirée libertine ». Il n’avait pourtant pas été mis en examen pour cette dérive. (Source, Métro, 5 décembre 2011)

De quoi j’me mêle ?
Le 2 décembre à Nancy, un gendarme a été roué de coups alors qu’il s’interposait dans une bagarre. Il est vrai que le pandore était en civil et réagissait à la vue de trois hommes occupés à en frapper un quatrième. Fort heureusement, l’état du défenseur de l’ordre public, hospitalisé, n’inspire pas d’inquiétude. (Source, Direct Matin, 5 décembre 2011)

« Fadettes »: qui mène le jeu ?
L’affaire dite des « fadettes » (factures détaillées des communications téléphoniques), dont les victimes les plus visibles ont été deux journalistes du Monde, a débuté en septembre 2010, en même temps que l’affaire Bettancourt. En toute illégalité, les sources de ces journalistes avaient été espionnées, et de même leur vie privée. Officiellement, c’est la justice qui enquêtait mais, finalement, le directeur général de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), Bernard Squarcini, qui conduisait la manÅ“uvre, prétendait agir au nom de la loi. Le patron de la DCRI était mis en examen, le I7 octobre 2011, pour « collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux », et « atteinte au secret de correspondance par personne dépositaire de l’autorité publique », ainsi que « recel de violation du secret professionnel ». Ce qui peut valoir à ce grand flic dix ans de prison et 750 000 euros d’amende. Il est vrai que, très rapidement, Claude Guéant avait expliqué que « mise en examen ne vaut pas culpabilité… » Il apparaît, aujourd’hui, que le procureur Courroye, qui a lancé cette surveillance, risque également d’être mis en examen à son tour. Pour sa défense, cet honorable exécuteur des basses oeuvres tente d’expliquer que les policiers traitant auraient fait une erreur de procédure. (Source, Le Monde et Canal +, 6 décembre 2011)

Cachez ces Roms que l’on ne saurait voir…
Le 5 décembre, la préfecture de police de Paris prenait deux arrêtés interdisant la mendicité pour le secteur des grands boulevards et du Louvre. Cela, trois ans après avoir interdit la « manche » sur les Champs-Elysées. Jusqu’à la fin juin 2012, pour le quartier des grands magasins, jusqu’au 15 janvier dans le second cas, nos policiers sont donc appelés à la plus grande vigilance. La préfecture de police, qui rappelle que 300 contraventions ont été dressées sur les Champs-Elysées depuis le 13 septembre 2011, tient à souligner que, dans la quasi-totalité des cas, ces PV concernaient des Roumains « appartenant à des réseaux crapuleux organisés. » Dans un communiqué, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, a immédiatement critiqué ces arrêtés qui exposent les mendiants à des amendes, avec ce commentaire : « Vouloir combattre la pauvreté par l’amende et la répression est choquant ! » (Sources, Direct-Matin et 20 Minutes, 6 décembre 2011)

Les policiers ne vont pas être contents !
Le 6 décembre, Dominique Baudis, récemment nommé Défenseur des Droits, a recommandé qu’un policier ayant fait un « usage disproportionné de son flash-ball », fasse l’objet d’une procédure disciplinaire. Il convient de rappeler que, suite à ce « fait divers », remontant au 10 décembre 2010, à Marseille, la victime, âgée d’une quarantaine d’années, s’était battue avec un autre résident dans le foyer où ils vivaient tous les deux, ce qui avait provoqué l’intervention de la police. Cet homme avait succombé à un arrêt cardiaque, et le Défenseur des Droits devait rappeler que le tir avait eu lieu entre quatre et cinq mètres alors que ce type d’arme impose une distance minimum de sept mètres. (Source, Libération, 7 décembre 2011)

Far West !
Alliance, second syndicat de policiers en tenue, a demandé, le 6 décembre, que les cow-boys de la BAC soient armés de fusils à pompe. Ce syndicat, proche de l’UMP¨, estime en effet que les « gardiens de la paix sont insuffisamment équipés pour faire face aux armes de très haut calibre des délinquants qui vont au combat rapproché avec eux. » (Source, Direct Matin, 7 décembre 2011)

Droit au logement
Dans la soirée du 6 décembre, la police procédait à l’évacuation d’un immeuble squatté dans le 10è arrondissement de Paris. Une dizaine de personnes interpellées devaient faire l’objet d’un contrôle d’identité au commissariat de police. (Source, Direct-Matin, 8 décembre 2011)

Armement lourd pour les BAC !
Le policier, blessé par balles, à la suite d’une course-poursuite à Vitrolles, le 28 novembre, est décédé le 8 décembre. Ayant tenu à en faire lui-même l’annonce, Nicolas Sarkozy annonçait à cette occasion la livraison rapide de 150 fusils à pompe et de 600 boucliers balistiques supplémentaires aux policiers – en particulier ceux de la BAC – des Bouches-du-Rhône. En 2012, cet armement concernera toutes les BAC du pays. Cela à la grande satisfaction du syndicat Alliance des policiers en tenue. Commentaire du porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts : « La course aux armements ne protégera ni les fonctionnaires de police, ni la population. » (Sources, 20 Minutes et Métro, 9 décembre 2011)

A poil, devant les pandores
C’est une affaire qui resurgit près de deux ans après les faits. Le 8 mars 2010, une femme âgée de 59 ans était placée en garde à vue dans une gendarmerie du Rhône. Elle passera dix-neuf heures en cellule, suite à un simple contrôle de son permis de conduire, après un excès de vitesse. Les gendarmes soupçonnant cette personne de posséder un faux permis l’avaient convoquée et fouillée au corps, au cours de la garde à vue qui allait suivre. La victime témoigne : « On m’a demandé de me mettre contre le mur, jambes écartées, et de sauter, d’ouvrir la bouche. Comme si j’avais pu cacher quelque chose. » Cette victime des pandores vient de déposer une plainte devant le tribunal de grande instance de Lyon pour « faute grave ». (Source, Libération, 10 décembre 2011)

Silence, dans les rangs !
Dans la nuit du 10 au 11 décembre, à coups de matraques et de jets de gaz lacrymogènes, les CRS évacuent une centaine « d’indignés » qui tentaient d’installer un campement dans le centre de Marseille. Selon les autorités, il n’y aurait pas eu de blessés. (Source, France-Inter, 11 décembre 2011)

Gros mots…
Lors d’une récente visite officielle de Nicolas Sarkozy, dans le quartier de La Défense, un homme était interpellé pour l’avoir insulté. Même s’il nie les faits, cet « individu », âgé d’une vingtaine d’années, a été déféré le 5 décembre au parquet de Nanterre. Il sera prochainement convoqué devant un tribunal. (Source, Libération, 10 décembre 2011)

Viol en réunion
Le 24 février 2010, vers 2 heures du matin, à Nice, trois policiers membres du groupe de sécurité font monter dans leur fourgon une prostituée pour qu’elle les aide à identifier un prétendu agresseur. En fait d’agression, ce sont ce gardiens de la paix qui vont violer cette jeune femme, mère de famille, âgée de 26 ans. Un quatrième policier était resté à l’écart, ce qui lui vaut d’être poursuivi pour non-assistance. Pour leur défense ces braves défenseurs de l’ordre public, expliqueront, le 12 décembre 2010, aux juges de la cour d’assises des Alpes-Maritimes, que la victime leur aurait fait des avances en exhibant ses seins devant eux. C’est alors que « collégialement », ils auraient pris le parti de « bénéficier de ses prestations ». (Source, Métro, 13 décembre 2011)

Pandore à la main chaude
En juillet 2010, à Gérardmer, un adjudant-chef de la gendarmerie mobile, qui a la charge d’encadrer les jeunes recrues de la réserve, se permet d’agresser sexuellement une stagiaire de trente ans sa cadette. Il aurait été provoqué par l’accoutrement de sa victime, devait-il expliqué devant le tribunal correctionnel d’Epinal, le 29 novembre 2011. Suite à la plainte déposée par la jeune femme, le « juteux » avait démissionné. Le procureur devait demander quatre mois de prison avec sursis contre ce « dragueur invétéré », mais le tribunal condamnera le pandore compulsif à six mois de prison, toujours assortis du sursis. (Source, Vosges-Matin, 30 novembre 2011)

Quand même…
En juin 2011, devant la préfecture de police de Paris, deux joyeux drilles, accompagnés par un chœur de quelques dizaine de supporters, avaient décidé de rendre hommage à Georges Brassens en entonnant sa célèbre chanson Hécatombe. En agissant ainsi, ce groupe musical improvisé affichait son soutien à un homme condamné pour avoir importuné avec ces vers subversifs des policiers qui passaient sous ses fenêtres. Les deux chanteurs étaient poursuivis pour « violences », pendant la dispersion du rassemblement. Le 13 décembre, ils devaient être relaxés. (Source, Métro, 14 décembre 2011)

Un fichier de plus
Le 13 décembre, en deuxième lecture, l’Assemblée nationale a adopté une proposition de loi sur la protection de l’identité. Parallèlement, ce texte crée une carte nationale d’identité électronique, adossée à un fichier unique des identités biométriques. Certes, « l’accès à ce fichier ne sera possible, dans le cadre d’une enquête judiciaire, que sur l’autorisation d’un magistrat, pour des infractions directement liées à une usurpation d’identité », propose cette loi. Il n’en reste pas moins qu’un certain nombre de fichiers de police, malgré leur supposée confidentialité, ont pu être utilisées à des fins inavouables par des officines policières agissant parfois hors des limites de leur mission. Cela a été fréquemment le cas pour le STIC (Système de traitement des infractions constatées). Tout comme pour le FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques) créé, en 1998, pour lutter contre les auteurs d’infractions sexuelles, avec des garanties légales interdisant tout autre usage. Nous savons comment le FNAEG a évolué depuis : ainsi l’auteur d’un simple graffiti peut aujourd’hui permettre aux policiers et aux gendarmes de prélever l’empreinte génétique du « délinquant ». Il est possible d’imaginer les dérives que pourraient provoquer un fichier réunissant la quasi-totalité des citoyens de ce pays. (Source, Le Monde, 15 décembre 2011)

Est-ce qu’ils peuvent manifester chef ?
En décembre 2010, Nicolas Sarkozy devait effectuer une visite dans le département de l’Allier. A cette occasion, semble-t-il sur intervention du préfet qui devait redouter des troubles à l’ordre public, un militant syndicaliste avait été interpellé, avant l’arrivée du chef de l’Etat, et maintenu toute la journée dans les locaux de la gendarmerie du Mayet-de-Montagne. Motif : cet individu douteux avait l’intention de manifester contre la réforme des retraites. Finalement, suite à une enquête ouverte après « l’arrestation arbitraire » de ce militant du syndicat Sud, sept pandores, fidèles à la consigne ont été mis en examen le 14 décembre. (D’après Libération, 15 décembre 2011)

Du sursis pour les policiers menteurs
Le 9 septembre 2010, à Aulnay-sous-Bois (93), un gardien de la paix était percuté par le véhicule d’un autre policier, au terme d’une course-poursuite mouvementée. Blessé à une jambe, ce policier et ses collègues décident alors de mentir aux enquêteurs et d’accuser le conducteur du véhicule qu’ils poursuivaient, pour tentative d’homicide sur fonctionnaire de police. Crime passible de la prison à perpétuité. Au cours d’un premier procès, à Bobigny, leurs mensonges ayant été avérés, sept des fonctionnaires impliqués avaient écopé de peines allant de six mois à dix-huit mois de prison ferme. Le 15 décembre 2011, la cour d’appel de Paris est revenue sur cette décision, transformant ces peines en sursis. Toutefois, quatre de ces condamnés sont interdits de toute activité dans la police, durant trois et cinq ans. (Source, Libération, 16 décembre 2011)

Viols impunis
Le 15 décembre, la cour d’assises des Alpes-Maritimes a acquitté les trois policiers qui avaient violé une prostituée dans leur fourgon, expliquant pour leur défense qu’ils avaient été aguichés. (Source, 16 décembre 2011)

Bonne année 2012
En guise de souhaits de bonne année pour 2012, et dans la perspective des prochaines élections, Claude Guéant, a placé très haut le curseur des affinités politiques en tant que premier flic de France, en déclarant tranquillement sur France 5, le 11 décembre : « Si les électeurs du Front national trouve que je réponds à leurs attentes, j’en suis content ! »

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