QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 60 – mai 2012
Editorial : Dégage !
Cette injonction, de plus en plus souvent entendue dans les banlieues, ou inscrite sur les murs, s’adresse surtout au maître d’Å“uvre du système policier mis en place depuis le printemps 2007 : Claude Guéant ! Ces cinq dernières années, à tous les niveaux de notre société, la, présence policière s’est faite de plus en plus prégnante. A chaque instant de notre quotidien, la, chaude sollicitude des forces de l’ordre a pour objet de contrôler la moindre protestation, considérée comme contestataire. Le plus petit tag est considéré comme un trouble à l’ordre publique, susceptible d’un prélèvement ADN du »délinquant ». C’est ainsi qu’une véritable contre-société s’est instituée dans une France jadis patrie des libertés et du droit d’asile. De plus, au-delà du non droit, il y a le mépris du citoyen, généralement désigné comme « individu ». S’ajoute cette certitude des policiers et des gendarmes d’être les véritables maîtres du pays, qu’il ne faut surtout pas se risquer a contredire, sauf à subir les foudres d’une loi évoluant selon des critères définis par les porteurs d’uniforme.
Nous sommes sous la coupe d’une armée de l’ordre qui prétend nous tenir sous son joug. Laquelle devra bien accepter d’en rabattre dans un avenir proche. La rage au cÅ“ur, les plus énergiques de nos défenseurs de l’ordre public devront pourtant se résoudre a redevenir des « gardiens de la paix ». C’est un rêve, une illusion insensée, et il faut se pincer pour tenter d’y croire. Certes, tous les policiers de la république, mais même les plus pacifiques d’entre-eux se gardent bien de montrer du doigt leurs collègues auteurs de graves dérapage, bien qu’il y soient incités par leur Code de déontologie (article 10, deuxième alinéa) – esprit de corps oblige. Tous ceux-là pourront s’entendre dire : dégage ! change de nature ou choisi une autre activité ! Quant à Claude Guéant, son avenir paraît être assuré, puisqu’il se voit déjà député de Boulogne Billancourt…
Maurice Rajsfus
Les balances de l’injustice
Le 16 juillet 2010, à Saint-Aignan (Loir et Cher), un gendarme ouvrait le feu sur un véhicule, à bord duquel se trouvaient deux Gitans, circulant à 10 km /h, et qui n’avait pas respecté un barrage. Le passager était tué sur le coup. S’en était suivi un mouvement de révolte chez les Gitans. Les premiers jours de mars 2012, le flingueur bénéficiait d’un non-lieu. Quant au conducteur de la voiture, il sera condamné a deux ans de prison ferme, le 13 mars 2012, pour refus d’obtempérer. » (Source, Métro, 14 mars 2012)
La police protège les fascistes !
Le 8 mars, dans le 12ème arrondissement de Paris, dix militants anti-fascites, membres de la mouvance anarchiste, du NPA et d’un collectif anti-fasciste, étaient interpellés, puis placés en garde à vue pour outrage, par 1a section antiterroriste de la brigade criminelle, avant d’être mis en examen pour »participation à un groupe fermé , en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions par dégradations de biens. » Cette interventions répressive faisait suite a un collage d’affiches unitaire aux alentours d’une salle qui devait accueillir, le 10 mars, un meeting raciste et xénophobe organisé par le groupe d’extrême droite « Bloc identitaire ». l.a date du procès est fixée pour le 7 mai 2012, et ces militants risquent de lourdes condamnations. (Source, Tout est à nous, 15 mars 2012)
Saint-Dié : état d’urgence
Il y aurait à Saint-Dié (Vosges), un quartier dit « sensible ». Il est donc indispensable de le placer sous contrôle, en certaines circonstances. Le 7 mars, dès 5 heures du matin, le quartier était déjà sous bonne garde. Plusieurs cars de police avaient investi les lieux. Soit une demi compagnie de CRS : soixante-dix hommes, armés jusqu’aux dents accompagnés de tireurs d’élite placés en faction au sol et sur les toits, tandis que le moindre mouvement était scruté à la jumelle. Sans négliger la présence permanente d’un hélicoptère, qui effectuera plusieurs rotations au cours de 1a journée. Pourquoi un tel déploiement de forces dans le quartier Saint-Roch ? Justice et police se livraient à 1a reconstitution d’un règlement de compte mortel entre deux bandes rivales. D’où cette mobilisation policière. Des détenus, extraits de prison, étaient encadrés par les fines équipes des ERIS (policiers de l’administration pénitentiaire), encagoulés et armés. A 19 heures, les troupes du maintien de l’ordre se retiraient. Comme la presse avait été convoquée, quelques photos significatives, illustraient la page consacrée à cet événement local. (Source, Vosges Matin, 8 mars 2012)
Cocufiage entre camarades pandores
C’est la triste histoire d’un pandore qui fut commandant de la brigade de gendarmerie de Chaumont. Ce militaire, âgé de 38 ans, comparaissait les 15 et 16 mars devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle pour avoir tenté d’assassiner l’amant de son épouse, elle-même gendarmette. Le 5 décembre 2008, il avait fait feu onze reprises, avec son arme de service, sur le véhicule de son rival sans l’atteindre, i1 est vrai qu’au cours de son procès, le galonné confiait : « Dès l’instant où j’ai décidé de le tuer je n’ai plus pensé a rien », après avoir envisagé de se suicider. Pour l’avocat du pandore, « son geste est un suicide social ! » Révoqué en février 2009, pour « comportement attentatoire à l’honneur de la gendarmerie », l’ex-défenseur de la veuve et de l’orphelin a été condamné à dix ans de prison ferme. (Vosges Matin, 16 et 17 mars 2012)
Acrostiche
Pour la dernière fois, sans doute, l’actuel futur ministre de l’Intérieur bénéficie de l’un de ces acrostiche qui ont dû le faire grincer des dents ces derniers mois :
Chasse a l’homme
Lance patates
Armes de poing
Uniformes bleus
Déblayeur (de caravanes de Roms}
Embouché (mal…)
Grande
Usine répressive
Ecervelage garanti
Abattoir de la démocratie
Négation du libre arbitre
Tortionnaire de l’esprit
(Ne prenez pas la suite…)
Chansonnette bien connue
Quand un gendarme rit
Dans la gendarmerie
Tous les gendarmes rient
Dans la gendarmerie
La police Protège les anti-IVG
Le 10 mars, quelque 200 personnes manifestaient autour de l’hôpital Tenon, a Paris, pour refuser la venue des intégristes catholiques décidés à s’opposer à l’IVG. C’était la sixième fois, avec l’accord des services de la préfecture de police. Une fois de plus, la police s’efforçait de bloquer les manifestant s’opposant a l’ordre moral. Rapidement, les policiers allaient faire preuve de violence, repoussant les manifestants pro-IVG avec leurs boucliers, coups de pieds et matraquages. L’une des responsables de la contre-manifestation étant délibérément jetée au sol. (Source, Tout est à nous, 15 mars 2012)
Alerte au gaz !
Le 15 mars à Paris, plusieurs centaines d’ouvriers sidérurgistes d’Arcelor-Mittal, du site de Florange, venaient manifester devant le siège de campagne de l’UMP, rue de la Convention. Ils étaient attendus par des CRS et des gendarmes mobiles qui devaient les accueillir à grands jets de gaz lacrymogènes et à coups de matraques. Suite a cette démonstration de convivialité policière, les délégués syndicaux rejetaient l’invitation qui leur avait été faite de rencontrer Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Lequel reprochait aussitôt aux syndicats de « faire de la politique » au lieu de défendre les intérêts des salariés. (Source Canal +, 15 mars 2012, avec images significatives)
On joue aux billes, à l’Elysée
Le petit Louis Sarkozy, quinze ans, s’était laissé aller à jeter des billes et des tomates sur l’un des policiers de garde à l’Elysée. « C’est le fait d’un garnement facétieux », s’est contenté de commenter sèchement le président de la république, qui s’est bien gardé de quelque sanction que ce soit contre le « délinquant ». Comme le disait un humoriste : « Que se serait-il passé si le gamin s’était appelé Mohamed, et demeurait à La Courneuve ? » (D’après France 2, 18 mars 2012)
On n’arrête pas la haine
Le 19 mars, le Conseil de Paris devait débattre d’un vÅ“u présenté par la maire UMP du 17ème arrondissement, avec pour objet d’élargir le premier arrêté anti-mendicité déjà appliqué par la police sur les Champs-Elysées. (Source, Direct Matin, 19 mars 2012
Simple logique
Le 18 mars, deug truands Marseillais trouvaient la mort, suite à un règlement de comptes. Commentaire d’un lecteur de Métro : « Plutôt que de mobiliser les CRS contre les travailleurs, il faudrait les utiliser contre le grand banditisme ! » (Source, Métro, 19 mars 2012)
Pandore Ripou
Le 21 mars, le tribunal correctionnel de Pontoise (95) a condamné à deux ans de prison avec sursis un gendarme du Val d’Oise. Ce pandore demandait de l’argent a des automobilistes contre son indulgence, lors des contrôles routiers. (Source, Libération, 22 mars 2012)
Dehors, les Roms !
A l’aube du 22 mars, un campement de Roms, originaires de l’Europe de l’est, installé à la Porte d’Aubervilliers, était « évacué » par les forces de l’ordre. (Source, France Inter, 22 mars 2012)
Les enfants en rétention
Le 19 janvier 2012, 1a Cour européenne des droits de l’homme avait condamné la France pour sa législation permettant de priver des familles de liberté, et des enfants parmi elles. Pourtant, comme l’a signalé récemment le syndicat de la Magistrature, une famille, avec un bété, avait été placé dans un centre de rétention administrative. (Source, Libération, 22 mars 2012)
Policiers de complément
Selon la CNIL (Commission nationale informatique et liberté), cette institution aurait reçu 6 000 plaintes, en 2011, contre 4 000 en 2009, dont un quart concernaient le monde du travail. Cette hausse étant liée notamment à la vidéo surveillance sur les lieux de travail, dont le nombre de dispositifs est passé de 3 000 à 7 000, sur la même période. La plus forte progression du nombre de recours devant la CNIL concerne le filtrage des sites internet ou les logiciels espions, pour suivre l’activité des salariés. L’affaire Ikea étant une sinistre illustration de cet acharnement à surveiller les salariés. (Source, Libération, 26 mars 2012)
La haine de la police
Dans la nuit du 23 au 24 mars, a Trappes (73), deux jeunes hommes soupçonnés d’avoir pointé des lasers dans les yeux de policiers, étaient placés en garde à vue. Les forces de l’ordre étant allées au devant d’un groupe d’une quinzaine de personnes qui « faisaient du bruit. » (Source, Direct Matin, 26 mars 2012)
Un fichier de plus
De plus en plus soumise à la volonté des autorités policières, la CNIL vient d’avaliser un nouveau fichier répressif. Il s’agit de recenser les données personnelles (adresse, date de naissance, nationalité et activité professionnelle) des automobilistes ayant fait l’objet d’une contravention. « Juste un document statistique », dit-on à la préfecture de police de Paris. (Source, France 3, 26 mars 2012)
Incitation à la chasse au faciès ?
L’encouragement vient de haut. Le 25 mars, au cours de propos »off », Nicolas Sarkozy commettait l’un de ces lapsus que Freud aurait qualifié d’acte manqué. Evoquant de possibles terroristes au teint bronzé, il n’avait pu se retenir de parler de gens « d’apparence musulmane… » En clair, à la suite des meurtres commis à Montauban et à Toulouse, entre les 11 et 19 mars, il y avait comme une incitation faite aux forces de l’ordre à se lancer ouvertement à la chasse au faciès. Encore faudrait-il demander aux racistes bon teint s’il existe un « type musulman ». (D’après Canal +, 26 mars 2012)
Sursis pour le pandore chauffard
Un gendarme Alsacien, qui avait provoqué un accident de la route mortel, avait tenté de retarder l’arrivée des secours, pour éviter l’alcootest, et pris la fuite. Le pandore, qui avait démissionné depuis, a été condamné a 13 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Strasbourg. Un prix d’ami pour cet ancien serviteur de l’Etat. (D’après, 20 Minutes, 27 mars 2012)
On garde le bébé mais on rejette le papa !
Le 2 mars, un ouvrier malgache était interpellé par des policiers à Grigny (91). Trois jours plus tôt, ce sans papiers, qui vit et travaille en France depuis 2009, avait déclaré la naissance de son troisième enfant. Depuis, cet homme est en rétention au centre du Mesnil-Amelot, où il attend son expulsion pour Madagascar. Ses deux autres enfants sont scolarisés à Grigny, mais qu’importe. I1 faut expulser cet étranger, originaire d’une ancienne colonie française, pour respecter les quotas. La mère de ce »délinquant », qui fut directrice d’école, commentait récemment : « J’ai toujours enseigné à mes enfants, et à mes élèves, que la France était une mère pour nous ». Par ailleurs, l’épouse de ce paria, malgache également, n’est pas menacée d’expulsion. (D’après Direct Matin-Essonne, 26 mars 2012)
Suicide
Au cours du week-end du 24 et 25 mars, un gendarme, âgé de 42 ans, s’est tiré une balle dans la tête dans l’enceinte de la gendarmerie de Longué, au sud-est d’Angers. Le désespéré n’a laissé aucun élément permettant d’expliquer son geste. (Source, Direct Matin, 28 mars 2012)
Dehors, les Roms (2)
Dans la matinée du 27 mars, un campement de Roms était évacué par la police, et détruit. Cela se passait à Corbeil-Essonne, suite à un arrêté municipal. Cet arrêté avait été pris le 22 mars, suite à un incendie qui avait ravagé une partie du campement. Selon la mairie, environ 250 personnes vivaient dans ce campement. (Source, Métro, 28 mars 2012)
Enfin…
Le 28 mars, la Commission nationale consultative des droits de 1’homme a critiqué la politique gouvernementale visant les Roms. Cette instance déplorait des « discriminations » qui doivent être combattues par des mesures concrètes d’accès aux droits et pour une volonté politique réelle. » Très bien, mais il ne se passe pas de semaine sans qu’un campement de Roms soit brutalement « évacué » par les forces de l’ordre. (D’après, Libération, 29 mars 2012)
Obsèques particulières
Le 29 mars, Mohamed Merah, auteur de sept meurtres à Montauban et a Toulouse, était inhumé à Toulouse. Seule une quinzaine de personnes assistait à la mise en terre, sous la surveillance vigilante d’ une centaine de gendarmes et de policiers, pendant qu’un hélicoptère devait surveiller le cimetière pendant la durée de la cérémonie. (Source, France 2, 29 mars 2012)
Parole de policier
Au cours du forum organisé par Libération, à Rennes, Yannick Danio, délégué national du syndicat Unité-SGP police, intervenait sur le thème : « Une police à distance des citoyens ». A l’approche des élections présidentielles, ce représentant d’un syndicat policier « de gauche » tenait des propos empreints d’un étonnant réalisme, comme d’une approche pleine d’humanisme. Extraits : « Au cours des dernières années, la police s’est progressivement éloignée des citoyens… Là où il faudrait rassurer les plus fragiles, les plus faibles, la police a presque disparu… le policier doit avoir le temps de dialoguer avec les citoyens… » Encore un effort, et certains policiers pourraient redevenir « républicains ». (D’après Libération, 30 mars 2012)
Libertés syndicales et dérives policière
A Metz, la police parait ne pas apprécier les militants anarchistes de la CNT. Le 27 février, au cours d’une soirée de soutien à ce syndicat, dans ses propres locaux, des policiers intervenaient au prétexte d’un prétendu tapage nocturne. Comme le secrétaire régional de ce syndicat faisait remarquer à l’officier commandant la patrouille qu’i1 n’y avait aucun tapage, ce policier galonné exigeait qu’il lui présente ses papiers d’identité. A la question : »quel est le motif de ce contrôle, l’officier ordonnait à ses hommes : « Ca suffit, on l’embarque ! » Présent à cette soirée, le secrétaire régional du syndicat des travailleurs de d’éducation sera également interpellé, pour avoir osé dire que l’avocat de son syndicat allait être immédiatement contacté. A la suite de quoi l’officier allait tenir des propos inadmissibles. Florilège : « Je vais vous faire fermer votre syndicat de merde ! » ou « Sales rouges ! » et même, « connards de syndicalistes ! », ainsi que « Petit con ! »
Pour clore cet incident provoqué par la police, le chef de patrouille décidait de placer les deux militants en cellule de dégrisement, au commissariat de police pour « ivresse publique manifeste », bien que les policiers leur aient refusé un test d’alcoolémie. La suite est rocambolesque car aucun policier ne demandera à ces militants de signer l’inventaire de fouille, mais leurs anges gardiens indiqueront sur la main courante : « Trop ivres pour signer… » Pour terminer, à la sortie de leur garde à vue, aucun PV ne sera présenté, ni aucune garde à vue notifiée. Comme si cette procédure policière devait rester clandestine. Cette intervention scandaleuse aura des suites car, vers 1 heure du matin, six véhicules, avec une vingtaine de policiers, en uniforme et en civil, devaient encercler le local de ce syndicat, interdisant l’accès au public, et en insultant bassement les militants présents. En cette fin de mars 2012, la CNT de Metz déposait plainte devant le procureur de la République. (Source, Le Monde Libertaire, 30 mars 2012)
Au feu !
A l’aube du 1er avril, un incendie qui serait d’origine accidentel ravageait un commissariat de police du 11è arrondissement de Paris. Sept policiers seront hospitalisés, suite à une légère intoxication. Il n’en reste pas moins que ce sinistre a provoqué d’importants dégâts. (Source, Direct-Matin, 2 avril 2012)
Dans la soirée du 31 mars, un incendie se déclarait dans un campement de Roms, à Bagnolet (93). L’origine du feu paraît être inconnue. (Source, Direct-Matin, 2 avril 2012)
Alerte aux possibles terroristes
Quelques jours après la mort violente de Mohamed Mérah, les fines équipes du RAID interpellaient 17 membres d’un groupuscule islamiste, dissous le 29 février 2012. Réagissant à cette vague d’arrestations, l’ancien chef de la DST (Direction de la sécurité du territoire), Yves Bonnet, estimait : « Cette opération est purement électorale ! » ajoutant : « En 2003, ce sont 1.500 policiers qui avaient arrêté 150 Moudjahidins du peuple, soupçonnés de préparer des attentats. Au final, un non-lieu général avait été rendu. Les services de renseignement s’étaient ridiculisés… » En avril 2012, Bernard Squarcini, patron de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) justifie curieusement l’intervention de ses services : « (les intégristes musulmans) continuent à suivre un entraînement physique dans les bois…Ils semblent préparer un enlèvement… » (Source, Libération, 3 avril 2012)
La police ferroviaire en action
Dans la matinée du 3 avril, en gare de Besançon, huit militants du mouvement « vert » tractaient paisiblement. Sauf que des cow-boys de la police ferroviaire jugeaient qu’il s’agissait d’une activité illégale dans un tel lieu. Cette activité tranquille – et légale – prenait rapidement une tournure d’agression verbale. Les policiers de la SNCF exigeaient que ces militants sortent de l’espace privé de la SNCF, alors qu’il s’agit d’un espace public. Comme le dialogue s’avère impossible, l’un des agents de la police ferroviaire prend l’initiative d’appeler la police nationale à la rescousse. Laquelle ne tarde pas à arriver avec deux véhicules. Le ton monte, et les militants verts sont menacés d’interpellation. Cela en présence de trois élus. Les identités des « délinquants » sont relevées, pendant qu’un policier consulte le tract et se met à délirer sur son contenu. Trois des militants sont verbalisés. A la suite de cet incident, la SNCF devait s’excuser de l’excès de zèle de ses policiers, avec promesse de remboursement des P.V. (Source Europe Ecologie, par Internet, 3 avril 2012)
Interrogation majeure
Et si Mohamed Mérah, tué à son domicile par les policiers du RAID, le 20 mars, avait été purement et simplement « liquidé ». Sans doute pour ne pas parler durant une possible garde à vue. C’est la question que pose l’avocate algérienne de la famille Mérah. D’autres n’ont pas manqué de suggérer que le jeune islamiste aurait été manipulé par les services de la DCRI. (D’après Le Monde, 3 avril 2012)
Liberté musicale mesurée
Le 31 mars, plusieurs centaines d’adeptes de Free party manifestaient au Mans pour réclamer l’organisation de Teknivals multi-sons. Ces quelque 500 raveurs défilaient derrière une banderole proclamant : « Les sauvages, pas délinquants, mais citoyens ! » ou bien « Dans l’illégalité, on se fait matraquer, dans la légalité, on se fait rejeter ! » Le soir même, dans la Sarthe, une rave-partie était annulée, suite au « harcèlement des forces de l’ordre ». Sobrement, les services de la préfecture assuraient que les policiers et gendarmes requis à cette occasion n’avaient procédé qu’à des « contrôles routiers renforcés… » (Source, Le Monde, 3 avril 2012)
Duel singulier
Le 2 avril, près de Bayonne, un duel inédit opposait un homme recherché pour violences envers son médecin et un policier qui tentait de l’interpeller alors qu’il s’enfuyait à bord de son véhicule. « L’individu » était armé d’un sabre avec lequel il devait blesser le policier à une main et à l’épaule, lequel ripostait en tirant un coup de feu dans une cuisse de son adversaire. Force devait rester à la loi, le policier parvenant à maitriser le mousquetaire. Moralité : l’arme à feu est supérieure à l’arme blanche. (D’après Direct-Matin, 3 avril 2012)
Gomme-cogne
Le 3 avril, le tribunal correctionnel de Nantes relaxait le policier auteur d’un tir de gomme-cogne (variété de flash-ball) dans le visage d’un lycéen de 17 ans. C’est au cours d’une manifestation étudiante que le garçon avait été victime de l’intervention policière, au cours de laquelle il devait perdre l’usage de son œil droit. Pour le tribunal : « Le gardien de la paix a obéi à son chef, dont l’ordre n’était pas manifestement illégal. » Faut-il envisager que le supérieur avait demandé au flingueur de viser la tête ? Selon le jugement, il a été enseigné à ce policier que, « dès qu’il y a jets de projectiles, les conditions de la légitime défense sont nécessairement réunies. » Il n’en reste pas moins que la victime a déposé un recours devant le tribunal administratif pour se faire indemniser. (D’après 20 Minutes et Libération, 4 avril 2012)
Cow-boys municipaux
Au cours d’une journée de grève, le 4 avril, les 60 policiers municipaux de Toulouse, disposant déjà d‘un port d’arme limité, manifestaient pour être armés de jour comme de nuit, et non plus seulement de 20 heures à minuit. Argument majeur : « Nous courons les mêmes risques que la police nationale, nous sommes des cibles ! », soulignait leur délégué syndical. (Source, Direct-Matin, 4 avril 2012)
La police française sous l’occupation nazie
Soixante-dix ans après les faits, les Editions du Cherche-Midi viennent de rééditer deux ouvrages de Maurice Rajsfus, rappelant les exploits d’une police alors entièrement dévouée à l’occupant nazi. Dans Opération étoile jaune est relatée l’implication coupable de nos forces de l’ordre, suite à l’obligation faite aux Juifs de la zone occupée de porter ce signe distinctif infâmant, dès le 7 juin 1940. Drancy, un camp de concentration très ordinaire, rappelle que, de l’été 1941 à l’été 1943, c’est la police française qui gérait fidèlement ce camp d’où plusieurs dizaines de milliers de parias seront déportés, sous son contrôle, vers les camps d’extermination. Ce qui n’empêchera pas les gendarmes de ce pays d’exercer une surveillance attentive autour du camp, jusqu’à la libération de Paris. Ce sont deux livres à charge sur le comportement des forces de l’ordre, dont les institutions n’ont jamais été jugées pour leurs forfaits, tout comme elles n’ont jamais témoigné le moindre regret. (Opération étoile jaune et Drancy, un camp de concentration très ordinaire, Le Cherche-Midi, avril 2012)
Com’ policière
A l’aube du 4 avril, de fines équipes de policiers encagoulés investissaient les cités « sensibles », et procédaient à l’interpellation de possibles terroristes, ou de personnes « d’apparence musulmane », à Roubaix, Marseille, Carpentras, comme dans la banlieue parisienne. L’opération ne devant pas passer inaperçue, la presse audiovisuelle avait été suffisamment informée pour se trouver sur les lieux avant l’arrivée de la police. Véritable mise en scène, deux semaines avant les élections présidentielles. Un sociologue suisse, spécialistes des relations entre la police et les médias, commentait : « Ces images nous laissent tout le loisir de contempler les arrestations en cours. On dirait que les policiers ne se pressent pas, et parfois même qu’ils font ouvertement le jeu des caméras : regards vers l’objectif, itinéraire qui passe au milieu des preneurs d’images, véhicules stationnés dans des espaces dégagés et visibles. La performance, en termes de communication, c’est de monter une boule de neige, sans laisser l’impression qu’on l’a provoquée… » (Source, 20 Minutes, 5 avril 2012)
Excès de zèle à la préfecture de Gironde
Un rapport, rendu public par onze associations locales, dénonce la dégradation de l’accueil et du traitement des dossiers des étrangers, aux guichets de la préfecture de Gironde. C’est ainsi que des obstacles se multiplient à l’enregistrement des demandes diverses, tout comme des difficultés pour obtenir un rendez-vous, pourtant obligatoire. Et même que l’on assiste à des arrestations en préfecture, avant même que le dossier ait été examiné. Cerise sur ce gâteau empoisonné, des demandeurs sont parfois menottés aux poignets, aux guichets de la préfecture, à la vue de tous les usagers. (Source, Le Monde libertaire, 5 avril 2012)
Quand la police prend partie
Le 4 avril, un responsable des jeunes du Front de gauche, et deux militants qui l’accompagnaient, étaient interpellés et placés en garde à vue après des échauffourées survenues non loin de l’université Lyon III. Selon la police, une distribution de tracts aurait mal tournée, provoquant des affrontements avec des étudiants d’extrême-droite. Dans u bar, on se battait à coups de chaise et de manche de drapeau. A l’arrivée de la police, seuls des militants de gauche étaient embarqués. Les nervis de l’extrême-droite seraient-ils moins coupables de troubler l’ordre public ? (D’après Direct-Matin, 6 avril 2012)
Cocori-couac…
Tôt dans la matinée du 4 avril (voir plus haut), des policiers du RAID, lourdement armés, interpellaient et plaçaient en garde à vue dix présumés islamistes radicaux, présentés comme dangereux pour la sécurité du pays. Dès le lendemain, quatre d’entre eux étaient remis en liberté, les six autres étant relâchés dans l’après-midi du 6 avril. Aucune charge n’était retenue contre ces jeunes hommes qui avaient sans doute le mauvais profil, mais il semble que la chasse reste ouverte aux possibles terroristes. (Source, Le Parisien, 7 avril 2012)
Mal logés, dehors !
Le 8 avril, à 12 heures 30, dans le 18è arrondissement de Paris, des policiers, déguisés en crustacés, forcent la porte d’un immeuble pour en évacuer les occupants. Ces policiers se sont lancés à l’assaut d’une ancienne clinique de cinq étages laissée à l’abandon depuis 2009, occupée par les militants du DAL (Droit au logement) et du collectif Jeudi Noir, lesquels revendiquaient l’application du droit de réquisition. Dans la soirée du 7 avril, ils avaient accueilli dans ce lieu quatre familles, avec six enfants, toutes reconnues prioritaires au droit au logement opposable. Ce 8 avril, la trentaine de policiers en mission urgente était rapidement rejointe par une vingtaine d’autres, appelés en renfort. La rue était barrée, et les occupants sommés de déguerpir. Le parquet ayant autorisé l’évacuation de l’immeuble pour « flagrant délit d’occupation d’espace privé. » Sans qu’il soit nécessaire de sortir les matraques, force était restée à la loi. (Source, Libération, 8 avril 2012)
Les Roms, dehors !
Le 8 avril, à l’occasion de la Journée mondiale des Roms, des artistes tsiganes et gitans ont rappelé le quinquennat de Nicolas Sarkozy, le plus douloureux de la Vè République pour leur communauté. Ainsi, très récemment, le 5 avril, un campement de Roms était détruit à Massy (91). A ce propos, il convient de rappeler un rapport du commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, paru en janvier 2012. D’où il ressort que les Roms ont été « stigmatisés collectivement comme des criminels dans des propos extrêmement radicaux ces derniers temps. » Exemple cité : « La décision du gouvernement français, juillet-août 2012, d’expulser les migrants Roms…Si nécessaire par la force. » (Source, Libération, 9 avril 2012)
Vos papiers !
Dans nos banlieues dites « sensibles », certains adolescents sont contrôlés plusieurs fois par jour. Ce qui ne peut qu’énerver les jeunes ainsi harcelés. C’est sans doute l’objectif recherché car permettant de constater des délits pour outrage et rébellion qui encombrent les tribunaux. D’où cette proposition, à l’automne 2011, lancée par le collectif « Stop le contrôle au faciès ! » d’instaurer un récépissé qui serait fourni par les policiers, dès la première interpellation. Initiative reprise, le 11 avril, par l’association « Open society justice », et le Syndicat des avocats de France, qui viennent de déposer quinze plaintes contre le ministère de l’Intérieur, pour discrimination de personnes ayant eu le tort de n’avoir pas la peau blanche. Plainte justifiée car, contrairement aux idées reçues, il faut un motif ou une réquisition du procureur pour procéder à un contrôle d’identité (Article 78-2 du Code de procédure pénale). Une certitude : les personnes perçues comme noires ou arabes ont six à huit fois plus de chance de se faire contrôler que celles perçues comme blanches, selon une étude du CNRS datant de 2009 – cette situation n’ayant pu que se détérorier depuis. (D’après Libération, 11 avril et Le Monde, 12 avril 2012)
Multi-compétences
Le 12 avril, dans une supérette du Puy-en-Velay (Haut-Loire), un homme qui tentait de dérober trois bouteilles de whisky, était poursuivi par le ministre de l’enseignement supérieur, maire de la ville, Laurent Wauquiez, qui parvenait à le maîtriser. Faute d’être décoré des Palmes académiques, le ministre pourrait devenir titulaire de la médaille du courage. (Source, Métro, 13 avril 2012)
Trafiquants en petites casquettes
Le 11 avril, une enquête en interne était ouverte, à Lille, à propos de « petits trafics » organisés par des policiers. Lesquels vendaient à des ferrailleurs des épaves de vélos et de motos devant être détruites. Cela au nom de la grande misère économique des commissariats. Pour mieux se couvrir, ces ripoux minables avaient rédigé de faux procès-verbaux de destruction. (Source, Libération, 13 avril 2012)
Affaire de famille
Le 17 février 2009, à Paris, le fils de Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, alors âgé de 17 ans, avait été interpellé, en état d’ébriété, au guidon d’un scooter. Le jeune homme se serait alors rendu coupable d’outrage vis-à -vis de l’un des policiers qui le contrôlaient. Pourtant, vue la qualité du géniteur de ce délinquant, par ailleurs ami personnel du président de la République, l’affaire avait été discrètement classée. Hélas ! Si l’erreur est humaine, persévérer devient diabolique. C’est ainsi que, dans la nuit du 14 au 15 avril 2012, le fils Péchenard, aujourd’hui âgé de 19 ans, était de nouveau interpellé, sous l’emprise de l’alcool, et conduit au commissariat du VIIIè arrondissement, pour « conduite sous l’emprise d’un état alcoolique » et « infraction à la législation sur les stupéfiants », alors qu’il circulait en deux roues dans les beaux quartiers de Paris. Pour que la morale policière soit sauve, il ne reste plus au directeur général de la police nationale qu’à démissionner, lui qui dirige une armée de policiers chargés de pourchasser les jeunes des cités, interpellés avec une barrette de shit dans la poche. Quant à son fils, peut-être devrait-il se faire moine, à moins qu’il ne s’engage à la Légion étrangère. (D’après Métro, 16 avril 2012)
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