quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Au nom de Malik, de Makomé, d’Abdel, de Zyed, de Bouna et de toutes les autres victimes – Juillet 2007

Trouble du comportement

Ces derniers mois, Nicolas Sarkozy s’est lourdement inquiété du comportement mental des enfants, dès l’age de trois ans, Grave problème, s’il en est. Qu’il nous soit permis de faire un utile retour sur le passé. S’il était possible de consulter le carnet de santé du petit Nicolas, et de noter la fréquence de ses crises de nerfs, cela ne manquerait pas d’intérêt. De la même façon, il serait curieux de savoir comment il trépignait avec ses pieds lorsque ses parents refusaient de céder à ses caprices. A l’âge de vingt ans, jeune affilié au parti gaulliste, secouant son abondante chevelure, il tapait déjà du poing sur la table pour affirmer son ambition naissante, et sa volonté de faire sa place dans la jungle politique. Celui qui s’est risqué traiter les jeunes des cités de « racailles », tout en évoquant ces quartiers qu’il fallait passer au « Karcher », régurgite sans doute ses rages d’enfant gâté. L’ennui, c’est qu’au lieu de terroriser ses proches, comme jadis, l’actuel ministre de l’ intérieur déchaîne ses colères contre des pans entiers d’une population qu’il ne cesse de fragiliser. Si l’on s’était intéressé plus tôt à la nature des colères froides du petit Sarkozy -vers 1957- peut-être ne serait-il pas devenu le vibrion incontrôlable que l’on connaît, en 2006. Si l’on avait alors calmé ses cauchemars de bambin avec quelques cuillers de Phénergan, ce fils d’immigré hongrois, devenu Français à l’excès, n’éructerait peut-être pas constamment sa haine contre ceux qui n’ont pas eu le loisir de s’intégrer, comme lui, au point d’ambitionner la magistrature suprême.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 1 – Juillet/Août 2006

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Le parti de l’ordre

Il paraît que notre pays dispose d’une police décrite comme républicaine. On nous affirme que les défenseurs de l’ordre public sont constamment attentifs à notre sécurité. Curieusement, pourtant, un certain nombre de ceux que l’on appelait jadis les gardiens de la paix se comportent bien plus en prédateurs que comme des protecteurs de la veuve et de l’orphelin. On ne comptabilise plus les actes délictueux de policiers déviants. On a appris, le 10 avril 2006, qu’ils avaient été près de 3000 à comparaître devant les Commissions de discipline de la police, en 2005.

Au temps de Vichy, le gouvernement de Pétain avait instauré les ordres de médecins, des avocats, des architectes, etc. Jamais il n’avait été envisagé de créer un ordre de la police. En fait, il ne pouvait être question de contrôler cette institution qui satisfaisait tant les autorités nazies, tout au long des quatre années d’occupation. Ce vide devait être partiellement comblé par la promulgation d’un Code de déontologie de la Police, en mars 1906. Il est vrai que ce document, que chaque policier doit avoir dans une poche de sa vareuse, n’est guère pris au sérieux. Pas plus que n’est respectée, au quotidien, la déclaration des Droits de l’homme et du citoyen.

Lorsque l’on rappelle le policier à son sens du devoir, il répond par l’affirmation de ses droits. Se considérant comme au-dessus des lois qu’il est censé faire appliquer, le policier se persuade qu’il est un citoyen à part. Qu’on lui doit le respect et, comme l’avait affirmé Nicolas Sarkozy en 2003 qu’on doit l’aimer. Faute d’être au service de la société, le policier est surtout le serviteur du parti de l’ordre. En effet, de plus en plus, la police contrôle la société mais qui contrôle vraiment la police ?

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 2 – Septembre 2006

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Une police qui se dit républicaine…

Les exploits des policiers au squat de Cachan, durant la seconde quinzaine d’août 2006 sont encore dans la mémoire de nombre d’esprits anti-autoritaires. Après l’expulsion sans ménagement du 17 août, les véritables agressions dont ont été victimes des femmes portant leur enfant sur le dos, le 18 août, ne pouvaient que révolter les témoins. Comment décrire ces CRS qui jouent de la matraque sous le nez d’une femme enceinte ? Non contents de se comporter en prédateurs locaux certains ricanaient même, ignoblement.

Quelques questions s’imposent. Le policier est-il un homme comme les autres ? Est-ce un fonctionnaire parmi les autres ? S’agit-il d’un robot ? Cette dernière proposition, bien qu’elle soit tentante, est pourtant erronée. En effet, le robot ne fait qu’obéir mécaniquement aux ordres reçus, il n’a pas les moyens de la réflexion, et n’est pas davantage tenaillé par cette volonté d’améliorer la consigne. Ce qui est le cas des hommes et des femmes délégués au maintien de l’ordre.

Le policier n’est pas un robot car il dispose de la possibilité de se retrancher derrière les droits de l’homme qu’il prétend servir. Il a le choix, il lui est possible d’accepter ou de refuser une mission. Bien qu’il soit assermenté, le policier peut remettre en cause les ordres inhumains émanant de sa hiérarchie. Il dispose même d’un Code de déontologie qui lui ouvre la voie de la contestation légale. Il lui est même possible de quitter cette institution, s’il la juge par trop répressive -sans autre risque que devoir se livrer à une autre activité. Bien sûr, il faut du courage, et de la conviction, pour prendre une telle décision. A l’époque de l’occupation nazie, on a pu compter sur les doigts de la main les policiers refusant de se comporter en auxiliaires du bourreau nazi. Alors, pourquoi en serait-il différemment dans une société où les citoyens ont le sentiment d’être en liberté ?

Etat d’âme, courage moral, ces notions sont inconnues du serviteur de l’ordre public. La loi, c’est la loi -même si elle est mauvaise. Le policier a pris librement la décision de se situer d’un côté de la barricade, et d’être impitoyable avec ceux qui se trouvent de l’autre côté. Qui pourrait l’en blâmer ? Les hommes sont libres, comme le stipule l’article 1er de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, mais le policier a appris sur le terrain que les hommes ne sont pas égaux en droits. Etant chargé parmi d’autres tâches, de maintenir l’ordre, la discrimination sociale convient au policier, et plus encore lorsqu’il rencontre sur son chemin ces étrangers qui viennent manger notre pain, comme on disait jadis. L’homme en uniforme devient mauvais quand ces gêneurs ont une couleur de peau qu’on lui a appris à détester.

Le policier ne fait pas de politique. Il se contente d’appliquer, avec conviction, toutes les lois ayant pour objet la marginalisation et l’exclusion de ceux qui ont le grand tort de vivre ici, alors qu’ils devraient être ailleurs. Ayant une trique au bout du bras, il sait qu’il ne sera pas contredit. Serviteur d’une République qui lui a délivré trop de pouvoir, le policier abuse de ce statut lui assurant l’impunité pour l’essentiel de ses méfaits. Il a d’autant moins de comptes à rendre que sa hiérarchie l’incite à être performant et, plus trivialement, à faire du rendement. Finalement, cette volonté de mal faire a transformé une police qui se prétendait républicaine en une armée de mercenaires haineux -éventuellement disponible pour un coup d’Etat. On a pu voir, lorsqu’un vent mauvais soufflait depuis l’Algérie, en mai 1958, à quel niveau se situait la réflexion policière.

Sans être nécessairement au service d’une idéologie, le policier s’adapte aux aléas du moment. Préférant les pouvoirs forts à la démocratie, il n’a aucune difficulté à pratiquer la violence verbale tout autant que la violence physique. Il lui est possible de matraquer hommes, femmes, enfants ou vieillards. Lorsque la trique autoritaire s’abat sur un crâne, le policier ne ressent aucune émotion particulière, n’imaginant même pas que sa mère, son épouse ou son fils puissent subir le même sort.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 3 – Octobre 2006


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Une police de coup d’Etat ?

Nicolas Sarkozy ressemble étrangement à Tatie Danielle : il ne vous connaît pas encore, mais il vous déteste déjà ! Comme disent les jeunes des banlieues : il a « la haine ».

Vous êtes-vous jamais attardé à observer le ministre de l’intérieur lorsqu’il est en campagne médiatique ? Accompagné constamment des indispensables caméras de télévision, et des centaines de policiers chargés de sa protection, il feint de vous fixer, droit dans les yeux, le regard mauvais. Le verbe est haut, délivré avec violence. Les mots sont choisis pour percuter et faire mal à ceux qui deviennent des cibles désignées. La convivialité est absente lorsque cet oracle prend la parole pour dénoncer la « racaille », et proposer la recette  »karcher ».

En fait, cet homme n’aime personne. Il se contente de cultiver sa propre image. Persuadé d’être l’homme providentiel que la France attend, ce fils d’immigré hongrois s’est figé dans une stature de croquemitaine, estimant qu’il doit faire peur pour imposer son image. Chef d’une police nombreuse, violente, à l’occasion xénophobe et même raciste, il n’est pourtant pas plus Fouché que Clemenceau. L’ennui, c’est que de nombreux Vidocq collent à ses basques, attendant un mot du maître pour passer à l’action, quelle que soit la qualité des moyens à mettre en Å“uvre.

Il est peut-être possible de dire que la police de l’actuel ministre de l’Intérieur est tout aussi dangereuse pour la démocratie que celui qu’elle s’applique à servir avec le plus grand zèle. D’autant plus que Nicolas Sarkozy a placé ses hommes à tous les postes sensibles. Dans le même temps, notre ministre de la police est tellement avide de ce pouvoir pour lequel il se prépare depuis bien des années qu’il n’hésitera guère sur la manière d’y accéder. S’il lui faut des alliés sûrs, il les trouvera sans peine au sein d’une institution que l’on ne veut pas encore qualifier de police de coup d’Etat. Bien évidemment, on évoquera la vocation républicaine de la police de ce pays. Argument risible : la police de la République a-t-elle jamais été républicaine ?

S’agit-il ici de propos outranciers, d’un outrage à la personne du ministre de l’Intérieur ou à la collectivité policière ?

L’histoire du siècle passé nous enseigne que la police de ce pays n’a pas hésité à se ranger dans le camp d’un pouvoir répressif lié au régime hitlérien. Comme cela a pu être le cas en Espagne, sous Franco, en Grèce du temps des colonels ou au Chili, avec Pinochet. Bien sûr, ce rappel rapide n’est qu’une hypothèse, mais qui n’a rien d’hasardeuse.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 4 – Novembre 2006

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L’arroseur arrosé

Il n’est plus question de savoir si des policiers ont été agressés ces dernières semaines dans de nombreuses cités et quartiers, ces dernières semaines. Le phénomène ne fait que se multiplier. L’essentiel est de rappeler que, depuis des années, les jeunes des banlieues dites « sensibles » sont constamment harcelés par des policiers (CRS et BAC), bien plus provocateurs et haineux que réellement soucieux d’assurer un ordre public qui n’est pas menacé.

La proximité des élection présidentielles fait craindre la multiplication de ces « contacts » entre jeunes et forces de l’ordre. En effet, il est désormais certains que la campagne électorale sera placée sous le signe de l’insécurité –seule possibilité pour Nicolas Sarkozy d’espérer sortir vainqueur de la compétition. Comme en 2002, si la gauche institutionnelle se laisse entraîner sur ce terrain, il y a de fortes chances pour qu’elle y perde à nouveau son âme.

Il s’agit de s’interroger sur la réaction de ces jeunes, qui attaquent ou répliquent à ces policiers représentant à leurs yeux un Etat qui les rejette. Pourquoi, malgré les risques que cela peut représenter, tant de jeunes des quartiers font face aux policiers ? Beaucoup sont désespérés. Certains estiment n’avoir plus rien à perdre. Plus généralement, quand on ne peut plus supporter, on ne supporte plus !

Bien entendu, les syndicats de policiers dénoncent une recrudescence de violences à leur égard, tout en évitant de demander des comptes à une hiérarchie qui n’ignore en rien les raisons de ces affrontements brutaux, injurieux et racistes, quand ils ne sont pas sexistes. Trop de policiers ne comprennent pas la logique infernale de ce choc en retour. Pour les rassurer, le ministre de l’Intérieur demande que les auteurs d’agressions contre des policiers soient jugés en cours d’assises.

Après avoir conduit une véritable guerre contre la jeunesse des banlieues, issue de l’immigration maghrébine et d’Afrique noire -et semé la haine- les policiers se disent aujourd’hui victimes absolues, oubliant la fable de « l’Arroseur arrosé ».

Certes, il n’y a pas à se réjouir de cette situation, qui fait également le lit de la droite extrême, et de tout ce que ce pays compte de xénophobes et de racistes. N’oublions pas que pour Le Pen et ses séïdes, l’insécurité vient de l’immigration.

Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de lui emboîter le pas dans cette affirmation délivrée de façon imprécatoire. Sans doute veut-il ignorer que les jets du « Karcher » peuvent lui revenir en pleine figure.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série Numéro 5 – Décembre 2006

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Bonne année ! Bonne sécurité !

S’il existe un consensus entre les grands partis de notre Vème République, c’est bien celui de l’idéologie sécuritaire.

Pour les uns, c’est un fonds de commerce traditionnel, avec cette vieille méfiance envers les « classes dangereuses ». Pour les autres, cela relève d’une authentique lâcheté, pour ne pas être dépassé sur un terrain qui ne devrait pas être le-leur.

Face à face, lors des consultations électorales, nous trouvons les véritables nostalgiques des régimes autoritaires, et ceux qui se donnent les allures de matamores pour ne pas paraître dépassés dans le domaine de la répression active.

La gauche institutionnelle va-t-elle tirer les leçons de sa surenchère sécuritaire, lors de la campagne pour les élections présidentielles du printemps 2002 ? Avec les résultats que nous avons connus. Nous y avons déjà insisté : à ce petit jeu, la droite et l’extrême droite sont bien plus habiles, beaucoup plus crédibles dans le rôle du croquemitaine.

La trique est naturellement de droite, et la gauche ne s’exerce à son maniement que par triste mimétisme. De fait, nous avons connu -en France comme dans d’autres pays se revendiquant de la démocratie- des maîtres policiers se qualifiant tranquillement de « socialistes ». Il n’est que de citer, pour les dernières décennies, Jules Moch, Jean-Pierre Chevènement ou Daniel Vaillant.

Il n’en reste pas moins que les professionnels de la matraque sont bien plus séduits par les Raymond Marcellin, Charles Pasqua ou Nicolas Sarkozy.

Nous ne devons jamais oublier, alors que l’actuelle campagne électorale se déroule déjà sur le thème de l’insécurité, que la loi Sécurité quotidienne (LSQ) édictée par Daniel Vaillant, à l’automne 2001, n’a fait qu’ouvrir la voix aux lois sécuritaires de 2002 et 2003 de Nicolas Sarkozy. Nous ne devons pas oublier que c’est Daniel Vaillant qui, par sa loi LSQ, instituait la chasse aux jeunes dans les halls d’immeubles. Nicolas Sarkozy n’a eu qu’à mettre ses pas dans ceux de ce socialiste ultra-sécuritaire -qui reprochera à son successeur d’avoir copié son programme.

Il nous faut garder en mémoire les « sauvageons », désignés d’un doigt vengeur par Jean-Pierre Chevènement, ceux-là même que Nicolas Sarkozy qualifiera de « racailles » en 2005. Même vocabulaire, volonté identique de régler les problèmes sociaux par la traque aux jeunes des quartiers dits « sensibles ».

En ce début d’année 2007, malgré le péril que peut représenter une victoire de la droite dure, nous trouvons déjà en lice les prétendants socialistes désireux de prendre efficacement la suite de Nicolas Sarkozy. Ceux-là n’ont pas encore compris que leurs gesticulations ne font que faciliter la tâche des bravaches qui rêvent de réduire encore ce qui peut subsister des libertés fondamentales et des conquêtes sociales acquises au fil de décennies de luttes.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 6 – Janvier 2007

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Tous suspects, tous dangereux

Depuis bientôt cinq ans, il nous faut supporter une tribu de donneurs de leçons dont la seule ambition est de limiter ce qu’il subsiste de libertés démocratiques dans ce pays. Cette équipe d’énervés, qui détient tous les éléments du pouvoir, nous explique que l’ordre doit s’imposer face à une insécurité qui ne cesse de se développer, alors que les forces de l’ordre n’ont jamais été aussi nombreuses -avec des moyens constamment renforcés. Sans caricaturer, il est possible d’affirmer que les hommes qui nous gouvernent ont déclaré la guerre au pays, ou tout au moins à ceux qui ne supportent plus cette situation de dictature rampante.

Chaque citoyen est devenu un suspect potentiel, et les fichiers de la police et de la gendarmerie s’enrichissent chaque jour, jusqu’à contenir des millions de noms. Par ailleurs, au moindre mouvement de protestation, chacun d’entre nous peut être traité, comme un pédophile ou un violeur récidiviste, et se voir contraint à un prélèvement ADN.

Le policier prétend dicter la loi, et se veut la loi. L’institution policière nous tient sous haute surveillance. La volonté de faire peur est évidente. Le pouvoir doit être craint, et le policier est son bras armé -qui tue à l’occasion. Lorsque le pouvoir estime indispensable de montrer sa force, c’est qu’il est inquiet, avec cette certitude affichée qu’il lui faut être de plus en plus répressif, pour mieux se faire respecter. Le pays serait au bord de l’anarchie. Il convient donc de criminaliser les citoyens récalcitrants, en commençant par les jeunes mineurs, d’ores et déjà menacés par une loi sur la délinquance qui n’est rien moins que liberticide.

Non contentent de placer tout un pays sous haute surveillance policière, la volonté de la tribu au pouvoir – et qui entend y rester – est de remettre en cause tous les acquis sociaux. Le droit du travail est donc malmené tandis que le profit est glorifié. On nous explique qu’il faut travailler plus pour gagner plus alors que les salaires sont bloqués. Dans le même temps, le coût de la vie augmente au même rythme que le travail précaire tend à devenir la règle. Seule l’institution policière ne cesse d’embaucher car il devient de plus en plus nécessaire de contrôler une société considérée comme dangereuse pour l’ordre public.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 7 – Février 2007

http://quefaitlapolice.samizdat.net/?p=52

République gorille !

Ce n’est pas une découverte. Simplement une confirmation. Nous vivons dans une République gorille, et la majorité de nos concitoyens paraissent s’y habituer. Tous les instants de notre vie sont de plus en plus rythmés par les interventions de l’autorité policière. Pour utiliser un langage convenable, nous vivons dans une démocratie sous haute surveillance.

Nous vivons dans un pays où la répression est devenue la règle car il convient de punir les insolents qui ne peuvent se résoudre à baisser la tête. Quiconque refuse d’apporter sa pierre à la société policière en plein essor est, au mieux, marginalisé, au pire fiché, voire en butte aux pires provocations. Nous devons savoir que les services de police et de la gendarmerie n’ont pas la narine fragile, et n’hésitent jamais à fouiller dans les poubelles.

Nous vivons dans un pays où la sanction remplace le dialogue. Nous vivons dans un pays d’ordre, où la punition doit servir de modèle pédagogique. La peur du policier devrait devenir le mode de réflexion ordinaire. Nous vivons dans une société déviante, policière jusqu’aux tréfonds de son administration. Nous serons bientôt les auxiliaires naturels d’une institution policière s’intéressant à tous les instants de notre vie. La loi délinquance, chère à Nicolas Sarkozy a même pour fonction essentielle d’impliquer les maires et les travailleurs sociaux dans un rôle de mouchards.

Au ministère de l’Intérieur, ou simple candidat à la présidence de la République, Nicolas Sarkozy s’est institué maître d’un jeu pervers, transformant les policiers en juges et arbitres de notre société. Prenons garde de ne pas nous y habituer !

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 8 – Mars 2007

http://quefaitlapolice.samizdat.net/?p=56

La menace

Cet homme est dangereux. Il n’est peut-être plus ministre de l’Intérieur, mais la police est tout entière à sa dévotion. Nul ne sait encore quelle sera l’issue des élections présidentielles mais les forces de l’ordre ont acquis un tel pouvoir durant les cinq années écoulées qu’il y a tout à craindre de leur part -quel que soit le verdict rendu par les urnes.

Si la droite gagne cette élection -et les législatives qui suivront- nous ne serons pas loin de ce régime fort, tellement paré aux couleurs d’une fausse démocratie que la tentation fasciste devient inutile. Si la gauche l’emporte, elle sera, à n’en pas douter, sous la haute surveillance d’une police n’ayant pas renoncé à ce rôle de tuteur de la société qui lui a été dévolu ces dernières années.

Cet homme est dangereux. En effet, il s’est évertué à brouiller à ce point les cartes du jeu qu’il peut apparaître comme le sauveur suprême pour un électorat déboussolé qui, à l’instar de Gribouille est prêt à se jeter à l’eau pour ne pas se mouiller. Les chiens couchant ont toujours besoin d’un maître -sauf à se sentir orphelins. Les hommes qui s’estiment inves tis d’un destin hors norme le savent bien, et tentent toujours de se faire ondoyer par le plus grand nombre, expliquant ensuite que le suffrage universel a tranché.

Cet homme est dangereux. Il ne cherche même pas à masquer son rejet des libertés fondamentales. Cet homme est dangereux mais ses sbires, et les laquais ralliés, le sont plus encore. La certitude qui habite ces gens-là de devenir les propriétaires naturels du pays constitue une menace. Il n’empêche, le pouvoir qu’ils estiment à leur portée ne les prive pas d’éprouver de la méfiance envers une population insuffisamment soumise à leur gré.

Cet homme est dangereux. Sous son sourire carnassier, quand il ne présente pas un regard mauvais, se profile la promesse d’un châtiment collectif pour ceux qui se hasarderont à ne pas marcher droit. Déjà, des policiers se hasardent à susurrer, comme une menace : « Tu verras, quand il sera président !  »

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 9 – Avril 2007

http://quefaitlapolice.samizdat.net/?p=58

Répression à la carte…

Quel que soit le candidat dont le nom sortira des urnes, le 6 mai 2007, une certitude : l’importance du rôle de la police n’a été remise en cause par aucun des favoris à l’élection présidentielle. Nous savons, d’expérience, qu’à chaque victoire de la droite, les lois sécuritaires sont durcies, tout comme sont plus menacés les sans papiers. Comme si la République ne pouvait être sauvée qu’au prix d’un tour de vis supplémentaire. Nous savons également que lorsque la gauche est de retour au pouvoir, les lois scélérates de la droite ne sont pas abrogées. C’est ainsi que les lois Pasqua de 1986 ont été, malgré les promesses électorales, conservées par la gauche entre 1988 et 1993 – particulièrement en ce qui concerne les immigrés sans papiers. C’est ainsi que, de 1997 à 2002, les lois Pasqua et Debré ont été non seulement maintenues par le gouvernement Jospin mais qu’elles ont été parfois durcies par les ministres de l’Intérieur Chevènement et Vaillant. On nous fera remarquer qu’il ne faut pas préjuger de l’avenir mais comme les candidats ne se sont guère prononcés sur ce sujet, il convient d’être inquiet, sinon circonspect. Ce qui est sûr, c’est que certains sont plus répressifs que d’autres,et ils ne cachent pas leur volonté de mettre au pas une société qui serait réticente à leurs projets. En face, ceux qui affirment vouloir rétablir un climat plus démocratique, doivent être assurés que nous ne manquerons pas de surveiller leurs pratiques -au-delà du rétablissement d’une police qui n’aurait de proximité que le nom.

Les uns et les autres sont des fidèles de la religion de l’ordre. Pour les plus durs, l’ordre et la morale sont associés, ce qui peut nous conduire à un Etat autoritaire, où le droit de se taire primerait sur la possibilité de s’exprimer. Pour d’autres, l’approche est plus pudique, mais il est indispensable de savoir ce qui se cache sous la promesse d’un ordre juste.

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 10 – Mai 2007

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Le Sarkoland vous ouvre les bras !

Bienvenue en enfer, la police de Nicolas Sarkozy vous y attend. Entrez sans frémir dans cet univers sécurisé qu’il est possible de décrire comme une démocratie sous haute surveillance, Les 250 000 policiers et gendarmes, qui se considèrent de plus en plus comme nos tuteurs naturels, auront désormais les plus mauvaises intentions envers ceux qui ne voudraient pas se laisser dépouiller de leurs libertés fondamentales. Le système policier, déjà en place sur une grande échelle, a de beaux jours devant lui, et surtout des pouvoirs exorbitants. Pour plus de sécurité, les bureaux de recrutement ne vont certainement pas chômer. Faut-il être très pessimiste, et se souvenir de l’avertissement donné en mai 1986, par Denis Langlois, après l’arrivée de Charles Pasqua au ministère de l’Intérieur.

« On rêve d’uniformes bleus et on découvre des chemises brunes !  »

Pas de panique, pourtant. Nous aurions pu avoir Le Pen à l’Elysée. Est-ce une consolation ? Pas vraiment. Le chef du Front national s’est toujours avancé à visage découvert. Nous savons que son projet ressemble à une variété de ce fascisme dont il semble que les leçons n’ont pas été retenues. Nicolas Sarkozy, de son côté, n’a pas hésité à chasser sur les terres de Le Pen avec les mêmes armes de la xénophobie mais c’est au nom d’une certaine image de la démocratie. Ce qui peut nous faire craindre le pire…

Maurice Rajsfus

QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 11 – Juin 2007

http://quefaitlapolice.samizdat.net/?p=63

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