Anniversaire
II y a cinquante ans, le 12 octobre 1944, le général de Gaulle décorait collectivement la police parisienne de la fourragère rouge. Pour s’être insurgés le 19 août 1944, après quatre années de loyaux services pour le compte de l’occupant nazi, nos policiers redevenaient respectables. Pourtant, jusqu’au 15 août 1944, la traque aux Juifs ne les avait jamais tourmentés. Depuis, la qualité de l’intervention des forces de l’ordre ne s’est jamais démentie. Nos gardiens de la paix et leurs supérieurs se sont constamment illustrés sur le terrain de la répression : chasse meurtrière aux Algériens, ponctuée le 17 octobre 1961 (au moins deux cents morts), acharnement contre les militants français au métro Charonne, le 8 février 1962 (huit morts). Pas un policier ne manquait à l’appel durant la répression du mouvement étudiant, en mai 1968, puis tout au long des années Marcellin. Notons simplement, pour mémoire, les centaines de bavures, les provocations multiples et, plus généralement, le comportement haineux face à la population, tout au long de ces vingt-cinq dernières années. Depuis le retour Place Beauvau de Charles Pasqua, en avril 1993, la police est de nouveau au-dessus des lois, comme au bon temps de l’Occupation, lorsque la bavure était quotidienne et le harcèlement une habitude. Simple différence, la persécution des Juifs a été relayée par la chasse aux Arabes. II y a cinquante ans, la fourragère rouge attribuée à des policiers subitement redevenus républicains ressemblait surtout à une énorme goutte de sang.
Octobre 1994
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