Interdit …
Le projet de loi Sécurité a été définitivement adopté, dans ses derniers articles, le 22 décembre 1994. En complément des textes sur la vidéo surveillance et autres artifices sécuritaires, un « détail », comme dirait Le Pen, est presque passé inaperçu, et en tout cas peu commenté par la presse. II s’agit de l’interdiction de révéler « par quelque moyen d’expression que ce soit » sous peine de 100000 francs d’amende, l’identité des policiers, gendarmes ou douaniers ? « dont les missions exigent, pour des raisons de sécurité, le respect de l’anonymat ». Vu l’imprécision de cette mise en garde à la presse, tout acte policier, même le plus banal, peut être désormais couvert par une véritable censure conduisant donc à une autocensure de rigueur. Cela nous renvoie à la loi de 1979 sur les archives, qui interdit pratiquement aux historiens de faire des recherches sur les dérives de la police, au temps de l’occupation nazie. En ces années noires, il ne fallait pas se risquer à relever le numéro d’un policier se livrant à une banale exaction. En va-t-il différemment aujourd’hui ? Ce texte complémentaire a une autre qualité : celle de nous rappeler que, dans le passé, le seul homologue de notre ministre de l’Intérieur à disposer du contrôle de la police, de la gendarmerie et de la douane comme forces répressives, n’était autre que le secrétaire général à la police de Vichy : le défunt René Bousquet ! A-t-on encore le droit d’ébruiter ce quasi-secret d’État et d’y associer le nom de Charles Pasqua ?
Février 1995
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