quefaitlapolicelogo Le chantage au service de l’ordre musclé

Par différentes sources d’information, il nous revient – et très récemment depuis Besançon – les échos de curieuses dérives policières. Des vendeurs de journaux militants sont interpellés, à qui il est signifié une soi-disant interdiction de diffuser des feuilles critiquant le gouvernement ou tel homme politique. De même pour les affiches. Bien au-delà des ukases de Charles Pasqua, des policiers se permettent d’inventer des lois, et de créer ainsi un secteur de non-droit camouflé sous un label de légalité. Plus grave encore, de jeunes militants sont soumis au chantage. On les arrête au cours de manifestations (autorisées) et on agite la menace de prévenir les parents ou les chefs d’établissements des lycées qu’ils fréquentent; en espérant ainsi les intimider. La peur engendrée est souvent telle – et pas seulement chez les esprits fragiles – que le silence risque de devenir la seule attitude envisageable face à un pouvoir policier qui ne connaît plus ses limites. Nous savons déjà ce qu’il en est avec la loi Sécurité, mise en œuvre, de façon aggravée, bien avant que la circulaire d’application ait été publiée. On nous serine trop souvent que la France est terre de liberté pour que de telles pratiques puissent se multiplier impunément et être tolérées, couvertes par l’autorité policière. Donc par l’État lui-même. La légalité républicaine est d’ores et déjà menacée, mais qu’adviendra-t-il demain, lorsque la législation sera calquée sur l’actuel comportement policier ?

Mars 1995

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