quefaitlapolicelogo Bien dire et laisser faire

La Place Beauvau a changé de locataire. Les déclarations tonitruantes de Charles Pasqua semblent dater d’un passé lointain. Comme lorsque Jacques Chirac était ministre de l’Intérieur, il y a une vingtaine d’années, les apparences sont au retour au calme. Si le déploiement des forces de l’ordre est très visible depuis les récents attentats (métro Saint-Michel et place de l’Étoile), les provocations policières se font plus rares au terme des manifestations, lors de la dispersion. Depuis la mi-mai 1995, le pouvoir tente de faire dans le social, et l’accent est mis sur le dialogue. Rien n’a changé pourtant dans les petites habitudes quotidiennes de la police. Même brutalité avec les « suspects », même morgue avec les « innocents ». Il y a toujours autant de policiers ripoux connus et d’autres, plus habiles, qui ne se font pas prendre. Les immigrés sont toujours dans le collimateur et les lois concoctées par le trio infernal, Balladur, Pasqua, Méhaignerie, avec la bienveillance de Simone Veil, appliquées avec la même rigueur. Les effets pervers de ces lois, non prévus parfois, ne gênent guère les fonctionnaires qui appliquent leur propre légalité. Combien sont-ils de ces guichetiers intègres qui, dans les préfectures, les mairies, les hôpitaux, mais aussi à la Poste et à la SNCF, voire dans les aéroports, harcèlent des êtres traqués, peu à peu transformés en clandestins ? Savent-ils, ces fonctionnaires, qu’ils peaufinent tranquillement l’enveloppe de l’État policier ?

Septembre 1995

Partagez et diffusez:
  • Envoyer cet article par Email !
  • Facebook
  • Twitter
  • del.icio.us
  • Google Bookmarks
  • Identi.ca
  • Live
  • Netvibes
  • Technorati
  • Viadeo
  • Wikio FR
  • Zataz
  • Digg France

----------

----------

Les commentaires sont fermés.