QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin intérieur d’information – Numéro 95 – Octobre 2003
Editorial : Au royaume des brutes
Nous mettons au défi quiconque de nous affirmer qu’il n’y a pas de sadiques au sein des forces de l’ordre ! Le relevé systématique de trop fréquentes bavures policières font foi du contraire. Peu importe le nombre ou le pourcentage de ces brutes. Ce qui est préoccupant, c’est le fait que ces éléments ne sont pas automatiquement exclus d’un corps de fonctionnaires d’autorité, censé assurer la sécurité des personnes et des biens.
Qui pourrait nous dire que les policiers usent de la matraque à contrecoeur, lorsqu’ils n’ont pas d’autre choix pour rétablir l’ordre? Il faut bien constater que nombre de policiers éprouvent une réelle satisfaction à frapper (il en va de même des gendarmes mobiles) et se préparent toujours à cette éventualité. Il suffit de regarder un groupe de képis évoluer sur la voie publique, ou dans les transports en commun : inévitablement, plusieurs d’entre eux ne cessent de caresser leur trique tonfa ou la crosse de leur arme. Comme s’il était nécessaire de s’apprêter à châtier un citoyen qui ne marche pas suffisamment droit au gré de la police.
Telle une troupe qui monte au front, les «gardiens de la paix» ont besoin d’un ennemi visible pour justifier leur existence, et la nécessité de leur action. L’adversaire est tout trouvé: c’est le pékin, dont l’innocence est nécessairement douteuse. D’où la nécessité de cogner durement.
À ce stade, le policier n’est plus le supposé régulateur d’une société qui aurait le plus grand besoin d’être sous tutelle permanente, pour le plus grand bien de tous. Ce n’est même plus le croquemitaine dont la fonction est de faire peur. Le policier est devenu le Père Fouettard à qui tout est permis. Y compris la brutalité extrème exercée contre ceux qui feraient mieux d’oublier que la France est un pays bénéficiant d’une constitution démocratique héritée de la Déclaration des droits de l’homme de 1789.
Maurice Rajsfus
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