quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 15 – décembre 2007

Editorial : République policière

La police n’est plus seulement dans les allées du pouvoir. Elle se trouve au plus près des centres de décision. Nous sommes en bonne voie pour dépendre étroitement de l’Å“il inquisiteur du gardien de l’ordre public devenu protecteur privilégié de l’ordre privé. Depuis les débuts de la Vème République, la tendance était forte à donner un maximum de pouvoir à l’institution policière. Depuis le 6 mai 2007, nous avons franchi une étape supplémentaire, la police est désormais présente à tous les instants de notre vie.

Il n’est pas hasardeux que l’ancien directeur général de la police nationale, devenu directeur du cabinet du ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, occupe le poste de secrétaire général de l’Elysée. En fait, Claude Guéant n’est autre que le second personnage de l’Etat. Il y a quelques semaines, l’hebdomadaire Le Point titrait en première page : « Claude Cuéant, l’homme le plus puissant de France ? » Cet homme est au coeur de la politique conduite par le gouvernement le plus réactionnaire que la France a connu depuis la Libération. Son influence est telle qu’il se permet de morigéner les ministres lorsque ceux ci se hasardent à s’éloigner de la ligne tracée par le président de la République. Notons au passage que le fils de cet éminent policier est membre du cabinet de la ministre de la Justice, Rachida Dati…

Qui pourrait affirmer que ce policier de formation, arrivé au sommet de l’Etat sans le moindre mandat électif, soit vraiment attaché aux idéaux démocratiques et aux valeurs républicaines ?

Qui oserait dire que Claude Guéant a coupé ses liens avec les réseaux policiers qu’il a lui-même activé lorsqu’il pointait au ministère de l’Intérieur ? Comment ne pas envisager que ce maître policier ne soit pas – pour partie – l’inspirateur de la politique répressive conduite par l’actuel gouvernement ? Il est évident que le duo qui préside désormais aux destinées de la France – un policier de coeur et un professionnel de la police – ne peut que satisfaire l’armée des petites casquettes qui prétend protéger les libertés publiques !

Maurice Rajsfus

Perte de mémoire

En mars 2007, à Paris, un grand père Chinois, sans papiers, avait été interpellé dans le quartier de Belleville alors qu’il accompagnait son petit fils à l’école. Le 19 octobre, il était encore arrêté, dans les mêmes circonstances, avant d’être relâché. Les policiers s’étaient sans doute aperçus que la première arrestation avait provoqué une forte émotion. Toujours est-il que dans le calcul des crimes et délis, cette interpellation sera comptabilisé dans les exploits de nos policiers. (D’après 20 Minutes, 22 octobre 2007)

La PAF ne croit pas aux suicides

Le 17 octobre, quatre sans papiers, un Marocain et trois Algériens tentaient de se suicider au centre de rétention du Canet à Marseille. De source policière, « Aucune de ces tentatives n’était vraiment sérieuse », les internés se seraient donc concertés… Une certitude, les policiers de la PAF n’ont pas besoin de se concerter pour se comporter avec un manque d’humanité évident dans les centres de rétention. (D’après 20 Minutes, 22 octobre 2007)

Devoir de mémoire ou volonté d’oubli ?

Le Lundi 22 octobre, c’était la Journée de la lecture obligée de la lettre de Guy Moquet écrite à ses parents à la veille de son exécution, le 22 octobre 1941. Devant bien des établissements scolaires, la police était présente -on ne sait jamais. Pourtant, pour ne pas trop exciter nos gardiens de l’ordre public sur les exploits de leurs anciens, les nombreux commentateurs avaient évité d’insister sur le fait que le jeune militent communiste avait été arrêté par des policiers français, en octobre 1940. (Source, images de france 2 pour les uniformes policiers bien visibles, 22 octobre 2007)

Concentration

Un document de travail émanant d’un inspecteur des finances, chargé de mission sur la réforme de l’Etat, suggère la suppression de 8 000 à 11 000 emplois de policiers et de gendarmes, à l’horizon 2011. En fait, selon un scénario pas encore confirmé par le ministre de l’Intérieur, il serait question de faire passer police et gendarmerie sous une même autorité -ce qui avait déjà été le cas, sous la houlette de René Bousquet, au temps du pouvoir de Vichy. La grogne monte dans les brigades de gendarmerie dont la moitié serait peut-être fermées. Par ailleurs, nos braves pandores craignent de perdre leur statut militaire. A suivre. (Source, Le Monde, 24 octobre 2007)

L’ordre règne sous le périphérique

A l’aube du 24 octobre, la police parisienne s’est employée « Ã©vacuer » rudement quelques dizaines de familles de Roms de Bulgarie installées sous le périphérique. Toutes étant rapidement chargées à bord d’autocars, direction leur pays d’origine. (Source, France Inter, 24 octobre 2007)

Taser humaniste

Paris 19 octobre. Sous la tour Eiffel, un SDF tente de se suicider en s’ouvrant les veines avec un couteau. Au lieu de venir simplement à son secours en le désarmant, un policier, présent sur les lieux, a dû trouver plus simple de sortir son pistolet Taser pour l’immobiliser avec une décharge salvatrice de 50 000 volts, envoyant le désespéré à l’hôpital. (Source, Canal +, 25 octobre 2007)

Clichy-sous-Bois : le courant ne passe plus

Après deux années d’enquête sur la mort de Zyad et Bouna, dans un transformateur de Clichy-sous-Bois (93), deux policiers sont mis en examen pour non-assistance à personnes en dangers. Ces deux policiers, poursuivaient sans raison les deux jeunes, retour d’une partie de football, sans rien faire pour les empêcher de pénétrer dans ce lieu dangereux pour s’y réfugier, tant ils étaient effrayés par l’attitude menaçante des hommes en uniforme. Rappelons que ce double décès avait été à l’origine de la révolte des banlieues d’octobre et de novembre 2005. (Source, France Inter, 25 octobre 2007)

Comptine

Un correspondant malicieux de Montpellier nous a fait parvenir cette petite merveille adaptée d’une comptine languedocienne

« Un poulet passant par un désert

Tout habillé de bleu, parbleu

Criait tout haut sa colère

Pour étaler sa misère… »

Immigré clandestin

C’est l’histoire d’un étranger en situation irrégulière. Où cela devient singulier c’est que cet homme avait réussi à devenir adjoint de sécurité, puis gardien de la paix. De 2002 à 2006, il assurait l’ordre public et, éventuellement, la chasse aux immigrés sans papiers. Non content de s’être ainsi intégré, à haut niveau, dans la douce France, ce policier clandestin ne s’en livrait pas moins à des escroqueries, comme à des abus de confiance. Convoqué devant le Conseil de discipline, ce curieux policier ne devrait donc pas tarder à être révoqué. Avec un peu de chance, il ne sera peut-être pas expulsé… (Source, Le Parisien, 25 octobre 2007)

Immondice policière

Un couple de Moldaves, sans papiers, et leur bébé, âgé de trois semaines étaient interpellés vers le 20 octobre, sur décision du préfet d’Ile et Vilaine, avec main d’Å“uvre policière, et placés en centre de rétention administrative. Comme il reste encore quelques humanistes dans ce pays, la cour d’appel de Rennes a ordonné leur libération, qualifiant cette mesure de « traitement inhumains ». (Source 20 Minutes, 26 octobre 2007)

Les policiers et l’enfant

Le 22 octobre, Libération publiait l’article d’une enseignante de Toulouse, à propos d’un fait divers qui tend à devenir classique : « Guy Moquet n’est pas mort ! Il s’appelle Armen. Il a sept ans. Le 25 septembre, le cartable sur le dos, il traversait la cour de son école, à Montauban, il était encadré par deux policiers en uniforme et en armes… » Passé l’émotion, et dans un silence honteux, le garçon et son père ont été expulsés vers l’Albanie par les soins de la police de l’air et des frontières. C’est ce que rappelle la même enseignante, qui précise : bien que Serbes du Monténégro, le père et l’enfant ont été expulsés en Albanie -la police des frontières de ce pays ayant été payée pour accepter cette mission. L’essentiel étant, pour le préfet, de respecter ses quotas d’expulsion. Comme le dit cette pédagogue, au vrai sens du terme, « Armen est parti. Il ne reste plus que le poids écrasant de notre responsabilité. Nous étions responsables de lui et nous n’avons rien fait !  » (Source, Libération, 29 octobre 2007)

Justice sous surveillance

Paris, 29 octobre. Au Palais de Justice, des gendarmes et des policiers interviennent rudement pour « calmer » la colère des avocats et des magistrats qui faisaient un accueil plutôt froid à la ministre de la Justice Rachida Dati. Laquelle s’ était déplacée pour expliquer le bien-fondé de sa réforme de la carte judiciaire. (Source, France 3, 29 octobre 2007)

Grogne pandore

Deux récents rapports émanant de gradés de la gendarmerie font état d’un malaise des gendarmes. Ces rapports mettent en garde contre la résurrection d’un nouveau mouvement de protestation, comme à l’automne 2001, lorsque les pandores étaient descendus dans la rue. (Sources, Libération et Métro, 30 octobre 2007)

Convivialité commémorative

Le 22 octobre, date anniversaire de l’exécution de Guy Moquet, à Chateaubriant (22 octobre 1941), Nicolas Sarkozy avait demandé aux enseignants de lire, en classe, la lettre d’adieu du jeu ne militant communiste à sa mère. Le président de la République devant même ce rendre au lycée Carnot, où Guy Moquet était éléve. Après mures réflexions, et sans doute averti des manifestations prévues, l’hôte de l’Elysée décidait de s’abstenir. L’épilogue nous est révélé par Pierre Marcelle dans sa chronique « No Smoking » de Libération :

« Au terme de leur intervention dans les murs du lycée, les protestataires de Carnot se trouvèrent encore vingt ou trente pour se rendre à la station de métro Guy Moquet… un fort parti de flics somma les lycéens de se disperser, tandis qu’ils scandaient ces mots d’ordre comparant les policiers qui raflaient hier des résistants à ceux qui raflent aujourd’hui des sans papiers. Comme pour illustrer le bien-fondé de leur propos, Manouchian, sans papiers ! le teint mat et le cheveu corbeau d’une quinquagénaire accompagnant la petite troupe inspirèrent assez un képi pour que, l’interpellant, il promette à cette étrangère, en lui passant les menottes, une expulsion immédiate. La dame n’était pas étrangère mais franco-colombienne. Las ! Toutes les franco-colombiennes n’ont pas l’heur de s’appeler Bétancourt. Celle-là a nom de Maria-Victoria Vuillet. Assistante sociale, elle accompagnait sa fille Emmanuelle, qui se trouve -Bingo !- être étudiante en classe préparatoire à Carnot, et une des inspiratrices du Collectif Rose et Résada, promoteur du comité d’accueil de Nicolas Sarkozy. Après quatre heures d’incarcération, Maria-Victoria Vuillet a été relâchée avec promesse de suite judiciaire, sous forme d’un outrage à préfet (sic). De cet outrage, nous observerons avec intérêt le devenir procédurier… » Bien entendu, il en ira de même à l’Observatoire des libertés publiques. (Source, Libération, 30 octobre 2007)

La grande Armada

Jusqu’où ira la mégalomanie sécuritaire de Nicolas Sarkozy et de son bras droit, Claude Guéant. A l’occasion de son déplacement en Corse, à Bastia et Ajaccio, le 30 octobre, le déploiement policier était digne de celui mis en Å“uvre dans les dictatures bananières où les potentats craignent pour leur vie, tant le système oppressif est devenu insupportable. Aux 1 800 policiers et gendarmes, habituellement en poste dans l’île se sont ajoutés 1 500 gardes mobiles et CRS, appelés en renfort. Sans oublier les équipes du RAID et du GIGN, chargés de la protection personnelle du chef de l’Etat, ainsi que des hélicoptères Puma de l’armée pour transporter d’une ville à l’autre les ministres présents pour un Conseil des ministres décentralisé qui se tenait en Corse le 31 octobre. En fait, depuis le début du mois d’octobre, les services locaux de la PJ et des RG ont quadrillé l’île pour prévenir tout risque d’attentat, tout en tenant à l’Å“il les nationalistes jugés les plus remuants. Croisé dans une rue de Bastia, l’un des responsables de la sécurité à la préfecture de Haute-Corse assure n’avoir « jamais connu un dispositif de cette ampleur à l’occasion d’une visite ministérielle ! » L’ordre public est dans doute à ce prix… (D’après Le Monde, 31 octobre 2007)

Marché aux puces

Le 9 octobre, le commissariat de Dunkerque a été fermé pour cause d’invasion de puces. Selon les policiers, ces parasites auraient pu être amenés en ce lieu par des gardé à vue, et leur prolifération peut-être favorisée par la « présence de moquettes. » (Source, Liberté de l’Est, 10 octobre 2007)

Toujours le sursis

Le 8 mars 2007, dans l’enceinte du tribunal correctionnel de Nanterre (92), alors qu’il venait d’être condamné à 18 mois de prison avec sursis, et 5 années d’interdiction professionnelle, pour violences sur un journaliste camerounais, lors d’un contrôle d’identité, un policier haineux et sans doute raciste, n’a pas hésité à récidiver. Suite à la décision de justice, qui le condamnait légèrement, le policier s’était adressé à sa victime en la menaçant de mort : « C’est très vite parti, une balle, et ce n’est qu ‘avec une seule balle que je t’anéantirai ! » Pour cette nouvelle dérive, l’ex-policier a encore été condamné à neuf mois de prison…mais toujours avec sursis. (Source, 20 Minutes, 31 octobre 2007)

Brutes impunies

Dans la nuit du 19 au 20 avril, à Nancy, un étudiant qui déambule dans la nuit avec trois de ses amis est agressé par des policiers dont l’un lui porte un violent coup de matraque Tonfa dans le ventre. Suite à ce coup, le pancréas du jeune homme est écrasé contre sa colonne vertébrale. Bien entendu, plainte est rapidement déposée pour « violence volontaire ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours, aggravée par deux circonstances pour avoir été commise par une personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions, et non-assistance à personne en péril. » Six mois plus tard, rien n’a bougé et la victime, qui ne s’est pas encore remise de cette maltraitance, estime qu’il y a « impunité pour les dérives policières. » Le père de l’étudiant s’indigne : « Quand c’est dans l’autre sens, quand quelqu’un tape sur un policier, il se retrouve dans les deux jours au tribunal…C’est insupportable. C’est comme s’il n’y avait rien eu ! » Bien entendu, l’IGPN enquête… (Source, L’Est Républicain, 13 octobre 2007)

Abus de pouvoir

Cela se passe sur le boulevard périphérique parisien, à la hauteur de Vincennes. Un témoin raconte : « Deux motards de la police s’infiltrent entre les files de voiture roulant au ralenti. Je les aperçois dans mon rétroviseur, comme des chevaliers, hautains., en train de repousser de la main les automobilistes, pour se frayer un chemin. Ni leur sirène, ni leur gyrophare ne sont allumés. Preuve qu’ils n’ont aucune urgence. Lorsqu’ils me dépassent, j’ai droit à un coup de gant méprisant sur l’aile de la voiture. Je réplique d’un coup de klaxon rageur. Deux voitures plus loin, le même régime est appliqué au conducteur d’une monospace assez large, légèrement décalée vers la droite. Et là, le premier motard décoche cette fois un coup de botte, suivi par son collègue. Mais là, surprise, le conducteur n’abdique pas devant cet abus de pouvoir flagrant et fait bondir son véhicule pour bloquer les motards, dont l’un est désarçonné. Le but est atteint : ils ont leur victime. Le ton monte…Pas de chance pour les motards, le conducteur sort sa carte de police et rappelle que circuler entre les files n’est qu’une tolérance, et en aucun cas un droit – surtout pour les motards chargés de la surveillance de la route. (Source, Le Parisien, 15 octobre 2007)

La police et la paix sociale…

Six mois après les faits, nous avons reçu ce témoignage, qui donne une image fâcheuse – c’est le moins qu’on puisse dire – du comportement de nos policiers, plus désireux de faire du chiffre que de veiller à la paix sociale. Il suffit des cris d’une gamine faisant un caprice pour que de nombreux policiers arrivent sans tarder, alertés par des voisins grincheux. Cela se passe dans la nuit du 13 au 14 juin 2007, à Clichy-sous-Bois (92), lorsque des policiers prennent pour cible une maman isolée et sa fille.

« On tambourine à tout-va sur ma porte : Police, ouvrez ! J’enfile rapidement un peignoir et ouvre ma porte. Là, une lumière très violente m’aveugle. Je demande à plusieurs reprises que l’on baise cette lampe dirigée dans mes yeux, qui me permet à peine de distinguer les sept policiers qui se tiennent là et me disent qu’ils veulent voir ma fille. L’un d’eux me pousse déjà dans mon appartement. Calmement, je leur signale qu’ils n’ont pas le droit d’y pénétrer, mais qu’il n’y a aucun problème. Je vais aller réveiller ma fille pour qu’ils la voient et discutent avec elle. Je leur demande de patienter dehors, et tente de refermer ma porte. Le pied d’un policier vient s’y intercaler. Je pars réveiller ma fille…

« Les policiers n’ont pas voulu attendre, ils ont déjà investi l’appartement. Ils m’attrapent par les poignets et me font sortir de la pièce pour s’enfermer avec fille dans sa chambre. J’ai mal aux poignets tellement ils serrent fort. L’un des policiers me jette sur mon lit et il me demande de me rhabiller. Derrière la porte, ma fille pleure. Je me relève en leur demandant de sortir de chez moi, qu’ils n’ont pas le droit de faire ça, qu’ils ne peuvent pas séquestrer ma fille, et que je veux être auprès d’elle. Ils rient, disent que ce n’est pas bien rangé chez moi. L’un d’eux allume la lampe, prêt de la fenêtre et commence à inspecter ma chambre qui est aussi mon salon, et lit les papiers qui traînent…

« Je dis que je vais téléphoner à mon avocat et j’appelle un ami pour lui demander conseil., et lui fais part du délire que je suis en train de vivre. Cela calme les policiers. Pendant ce temps, ils interrogent ma fille et la menacent d’emmener sa mère avec eux au commissariat si elle refuse de parler. Ils lui demandent de décliner son identité, où habite son père, si je la frappe souvent. Au bout d’un quart d’heure, ils reviennent vers moi et me menacent d’une enquête sociale, me disent qu’ils feront un rapport. Je leur dit de faire ce qu’ils veulent et que pour ma part je peux me passer de leurs services…Comme rien ne peut m’être reprochée, au final, ils invoquent le tapage nocturne…

« Voilà, ils s’en vont. Je suis totalement atterrée. La police se croit tout permis et cela ne présage rien de bon pour ceux qui sont vraiment dans l’embarras ou n’ont pas les papiers adéquats. Que la police n’est là que pour semer la violence et bafouer les droits, que ce ne sont que des imbéciles rétrogrades sans aucune formation, ni sur le droit, ni sur la psychologie… »

(Extraits d’un témoignage reçu à l’Observatoire des libertés publiques, le 2 novembre 2007)

Malfaisance

Au l’aube du 31 octobre, à Paris, des équipes de policiers ont évacué, une fois de plus, des familles de sans-logis, installées dans des tentes, rue de la Banque, près de la Bourse. Au cours de cette opération une militante de Droit au logement aurait été interpellée. (Source, Le Monde, 1er novembre 2007)

La police trahie par les siens

Deux responsables des Renseignements généraux sont suspendus de leur fonction, suite à des fuites dans la presse. Il ne s’agit pas, ici, de cadres intermédiaires, mais du chef de cabinet du directeur central des RG, et du chef du service national des recherches opérationnelles. Tous deux sont soupçonnés d’avoir permis au site internet du Parisien de dévoiler l’existence d’un dispositif de surveillance mis en place en Corse, à l’occasion du déplacement dans l’île du président de la République. La décision de suspendre ces deux « grands flics » a été prise par l’IGPN, saisie par le directeur général de la police nationale. (Sources, Le Point et Le Monde, 1er novembre 2007)

Acharnement (suite)

Paris, 1er novembre. Une fois de plus, les forces de l’ordre, en grand nombre, ont débarqué rue de la Banque, près de la Bourse. Ce sont environ200 gendarmes mobiles et CRS qui ont été requis, à l’aube, pour « évacuer » une cinquantaine de femmes et d’enfants qui campaient sur un bout de trottoir. C’est la cinquième fois, en un mois, que cette opération se renouvelle en ce même lieu. Dans la bousculade provoquée par les hommes en bleu, une militante de Droit au logement (DAL) est blessée au visage, tandis que deux autres femmes sont rudement malmenées. Pour cet exploit, policiers et gendarmes avaient enfilé leurs jambières et sorti les boucliers des fourgons de CRS qui encombraient la rue Réaumur. (Sources, Libération, Images de France 3 et de Canal +, 2 novembre 2007)

Productivisme sécuritaire

Il semblerait que les chiffres de la délinquance, communiqués par le ministère de l’Intérieur, depuis une douzaine d’années, sont largement trafiqués. Est-ce pour affoler la population, et lui faire accepter les mesures sécuritaires les plus drastiques ? Toujours est-il que, selon des sources émanant de la gendarmerie, pour certains délits, les enquêtes résolues seraient plus nombreuses que les faits constatés. Face à cette réalité cynique, il n’y a qu’une explication : laisser croire que nous sommes en danger. Pourtant, les autorités compétentes paraissent faire pression pour que ce paradoxe ne soit pas mis en lumière.

Il en irait de même pour les chiffres fournis par la police, où la pression « productiviste » commence à lasser le petit personnel. Une certitude, les policiers, comme les gendarmes, travaillent davantage sur les délits qui « rapportent » – c’est-à-dire qui permettent de d’afficher des taux d’élucidation élevés. Bien entendu, les interpellations d’étrangers font clairement partie des délits qui « rapportent ».

Comme le souligne un chercheur du CNRS, qui a étudié finement les statistiques délivrées par les forces de l’ordre : « Globalement, on a l’impression que les autorités résolvent les crimes et délits. En fait, elles choisissent ceux sur lesquels elles mettent l’accent. Les taux d’élucidation ne sont, au final, pas un critère fiable pour apprécier ce que fait la police. » (Source, Libération, 2 novembre 2007)

Rafle

Le 26 octobre, à Montpellier, des policiers stoppent les autobus, contrôlent les passagers au faciès, embarquent sans ménagement, et parfois violemment, hommes femmes et enfants qui leur paraissent suspects. Y compris certains qui ont des papiers en règle. Ainsi cette femme qui allait chercher son enfant à l’école. La Cimade dénonce cette opération « qui porte un nom : rafle. Tout simplement. Le terme est approprié. Et nous ne pouvons plus mettre des guillemets. » (Source, Rouge, 1er novembre 2007)

Course poursuite mortelle

Le 1er novembre, dans la soirée, en Seine-Saint-Denis, des policiers poursuivent deux adolescents qui circulent à bord d’une moto volée. Comme cela arrive trop souvent, les policiers poussent le conducteur à la faute, et un grave accident ne peut que se produire. Les deux adolescents sont hospitalisés dans un état grave, et l’un d’eux serait dans le coma. Il va de soi que ces deux « délinquants » sont connus des services de police. Ce qui relève évidemment de la peine de mort par destination. (D’après Libération, 3 novembre 2007)

Pathétique

Les officiers de police, prenant conscience que leur passage au statut de cadre ne leur apportera rien – et surtout pas le paiement de leurs heures supplémentaires – décident de déposer armes de service et téléphones mobiles sur le bureau de leurs chefs de service, le 8 novembre. Les deux syndicats majoritaires chez les officiers de police estiment que leur situation « va devenir intenable. » N’ayant pas le droit de grève, ils envisagent de faire descendre leurs familles dans la rue. En fait, ces galonnés de l’ordre public ne veulent plus travailler davantage pour ne pas gagner davantage. (Source, Libération, 5 novembre 2007)

Ce n’est pas une blague, c’est un blog

C’est nouveau. Ca vient de sortir. La police nationale dispose désormais de son blog. Il y est proposé un tour d’horizon des métiers de la police avec, pour témoins de moralité, des policiers de la BAC, de la brigade fluviale, de la police scientifique, etc. Pour ceux qui seraient intéressés, ainsi que pour le recrutement des Cadets de la police, il suffit d’aller faire un tour sur Internet. (Source, Matin Plus, 5 novembre 2007)

Petite blessure et grosse fatigue

Le 2 novembre, à Boussy-Saint-Antoine (91), un garçon de 16 ans est touché à la main d’une balle tirée par le revolver d’un policier. Que s’est-il passé ? Présent à bord d’une voiture qui aurait été volée dans la journée, l’adolescent se serait protégé le visage alors qu’un policier l’aurait mis en joue. La balle a traversé le pare-brise, puis la main du garçon, avant de lui effleurer une joue. Les policiers affirment que la victime aurait roulé sur le pied du collègue qui, sous le coup de la douleur, aurait appuyé sur la gâchette. Pourtant, souligne l’avocate du garçon, pourquoi la balle a-t-elle pris la direction du pare-brise et non pas le sol ? Opéré le lendemain, le garçon était mis en garde à vue. Quant au fonctionnaire de police, il se voyait prescrire trois semaine d’ITT. Question : pourquoi les contrôles de police s’opèrent-ils l’arme au poing ? (D’après 20 Minutes, 5 novembre 2007)

Un nouveau gibier : les avocats

Tout au long de son tour de France, pour expliquer le bien-fondé de sa nouvelle carte judiciaire, la ministre de la Justice, Rachida Dati, s’est vue contestée par les avocats et les magistrats des différents barreaux visités. CRS et gendarmes mobiles étant appelés à la rescousse pour contenir la colère des uns et des autres. Le 5 novembre, à Colmar, la confrontation a été plus violente qu’à l’ordinaire. Outre les triques, les CRS ont utilisé les gaz lacrymogènes. Plus grave encore, une avocate du barreau de Belfort, qui tentait de franchir un barrage de CRS, était attrapée par ces fiers à bras qui lui ont asséné des coups de matraque, avant de la traîner au sol. L’avocate, la tête en sang, devait être évacuée par les pompiers, avant de se voir admise à l’hôpital. (Source, 20 Minutes, 6 novembre 2007)

La peur de la police

Le 6 novembre, à Marseille, affolé par la présence de policiers dans son foyer, un Africain sans papiers se jette du 3ème étage. Cette chute lui causant de multiples fractures. (Source, 20 Minutes, 7 novembre 2007)

La police à l’université

. Dans la soirée du 6 novembre, les forces de l’ordre « évacuent » les étudiants qui occupent la Sorbonne pour protester contre la loi Pécresse. L’opération se déroule sans violence mais les policiers sont casqués, munis de boucliers, de matraques et de bombes lacrymogènes. A 23 heures, les CRS occupent toujours la place de la Sorbonne. On ne sait jamais… (Source, France 3, avec images, 7 novembre 2007)

. Dans la soirée du 7 novembre, les CRS « évacuent » une centaine d’étudiants qui occupent la faculté de Tolbiac, toujours pour rejeter la loi Pécresse sur les universités. Il en est de même à Nantes. (Source, France Inter, 8 novembre)

Réunion des familles…

Le 8 novembre, Brice Hortefeux, entre autre fonctions ministre de l’Identité nationale, organisait une conférence de presse, entouré du gratin policier. Le Croquemitaine de la République en profitait pour se venter de son action positive depuis le mois de mai 2007. En six mois, a-t-il affirmé, 18.600 sans papiers auraient déjà été expulsés. Avec un tel bilan,l’objectif de 25.000 expulsés en 2007, fixé par Nicolas Sarkozy, pourra sans doute être atteint. Peut-être plus même, grâce à l’efficacité des différents services de police. Adepte d’un langage codé, le ministre a préféré utiliser le terme « éloignement », plutôt que celui « d’expulsion ». Sans fioriture, Brice Hortefeux a proclamé : « Je rappelle un principe claire : un étranger en situation irrégulière a vocation a retourner dans son pays. De manière contrainte, s’il le faut ! »

Ce résultat a-t-il été obtenu au risque de quelques bavures ? Entre autres, la mise en rétention d’un bébé de trois semaines, en Bretagne. Sur ce sujet sensible, le ministre a répondu curieusement , demandant au questionneur si l’on aurait préféré que cet enfant soit séparé de ses parents.

Réponse étonnante, mais le ministre ne semble pas connaître les pages noires de l’histoire de France. En effet, en juillet 1942, après la rafle du Vel d’Hiv, le président du Conseil, Pierre Laval, avait insisté auprès de la Gestapo pour que les enfants Français des Juifs étrangers raflés, ne soient pas séparés de leurs parents et déportés eux-aussi. (D’après Libération, et 20 Minutes, 9 novembre 2007)

Contrôles d’identité forcenés

Pour atteindre les objectifs d’expulsion qui leur sont imposés, les policiers usent et abusent de ce « 78-2 » qui, en jargon judiciaire, n’est rien d’autre qu’un contrôle d’identité. Ainsi, le 26 septembre, des policiers de la banlieue parisienne interpellent un homme. Dans le procès-verbal, il est noté : « Remarquons un homme adossé au mur d’enceinte de la gare SNCF. » L’homme n’a pas ses papiers sur lui, et il est conduit au poste. Pourtant, devant le juge des libertés et de la détention, la procédure s’écroule. Le magistrat note : « Le comportement de Monsieur A. qui était adossé au mur d’enceinte de la gare ne permet pas de conclure qu’il était en train de commettre une infraction. » Un policier parisien commente : « Chaque semaine, j’ai une dizaine de procédures retoquées comme celle-la… » (Source, Libération, 9 novembre 2007)

Bis repetita

Dans la soirée du 9 novembre, les policiers « évacuent » les étudiants qui occupent la faculté d’Aix-en-Provence. (Source, France 2, 10 novembre 2007)

Sous bonne garde

Paris, 11 novembre. Dans la matinée, Nicolas Sarkozy dépose une gerbe sur la dalle du soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe de l’Etoile. Pour cette cérémonie, 1.100 policiers avaient été mobilisés. (Source, France Inter, 11 novembre 2007)

Crimes et délits

Un citoyen, attentif au respect des libertés publiques, nous écrit, sur le mode indigné : « Le Raincy (93), 10 novembre, vers 9 h 30 du matin. J’attends un ami sur la place de la gare. Passe un homme d’une trentaine d’années, barbu, un peu clochard. Crissement de pneus sur la chaussée : un véhicule de police vient de freiner brusquement. En sortent deux policiers qui, sans raison apparente, se saisissent de l’homme, qui ne résiste même pas. Il a pourtant dû proférer quelques paroles qui n’ont peut être pas plu aux deux crânes rasés. Aussitôt, , l’un d’eux saisit le malheureux à la gorge, comme pour l’étrangler, tandis que son collègue se suspend à ses jambes, alors que , visiblement, il n’y a pas tentative de fuite. Ensuite, l’homme est rudement plaqué contre un mur, puis menotté très serré, semble-t-il. Suit une fouille en règle, toujours face au mur. A l’évidence, il n’y pas eu contrôle d’identité, mais l’homme est poussé dans la voiture des policiers, direction le commissariat, où il passera peut être un mauvais quart d’heure, avant d’être relâché après quelques heures de garde à vue. Peu importe. L’essentiel est qu’il s’agit d’un délit constaté, qui pourra figurer dans le compte précis des crimes et délits, chers au ministre de la police. » (Témoignage reçu à l’Observatoire des Libertés publiques, le 13 novembre 2007)

Matraques hautes

. Nanterre (92) dans la matinée du 12 novembre. Des heurts très durs opposent les policiers, casqués et boucliers en main, et matraques hautes, aux étudiants qui viennent de voter la poursuite du blocage des locaux universitaires. La violence des images témoigne de la hargne des forces de l’ordre. (Source, France 2, 12 novembre 2007)

. Dans la matinée du 13 novembre, les CRS chargent, avec encore plus de brutalité, les étudiants qui tentent de bloquer l’université de Nanterre, frappant également de nombreux anti-grévistes. (Source, France Inter, 13 novembre 2007)

. Dans la nuit du 14 au 15 novembre, quelque 200 CRS investissent l’université de Rennes 2 pour « évacuer » sans tendresse les étudiants anti-loi Pécresse qui occupaient les lieux. (Source, France Inter, 15 novembre 2007)

. Dans la matinée du 15 novembre, des dizaines de policiers interviennent au Palais de Justice de Charleville pour en chasser les avocats et magistrats qui s’y étaient réunis pour protester contre la carte judiciaire de Rachida Dati. (Source, France Inter, 15 novembre 2007)

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