quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 24 – novembre 2008

Editorial : Le dernier des métiers…

Les policiers s’évertuent à nous convaincre qu’ils exercent un métier difficile. Une tâche pénible. Ils s’appliquent à nous émouvoir en faisant étalage de leurs états d’âme. A la limite, ils nous feraient verser des larmes en tentant de nous faire comprendre qu’ils ne sont pas aimés. Armés, et même surarmés en opération, nos policiers se plaignent d’être agressés, de tomber dans des guets-apens, et ne cessent de comptabiliser leurs collègues blessés en service commandé. Diable ! Si cette activité leur paraît à ce point dangereuse, qu’ils s’adressent à l’Anpe pour trouver un emploi plus paisible. Bien sûr, le policier nous explique que, par vocation, il a choisi d’assurer l’ordre public. Plus certainement, c’est la perspective du chômage qui a poussé cet homme (ou cette femme) vers la sécurité de l’emploi. Avec cette certitude de se trouver du bon côté de la barricade sociale, et même considéré comme un excellent serviteur de l’Etat. Etant noté au résultat, il a nécessairement tendance à multiplier les interpellations, à constater des délits, souvent imaginaires -et à se faire détester par ses concitoyens.
Peut-on dire que ce gardien de la paix -c’est toujours l’appellation en vigueur- exerce une profession ? Cela peut se discuter ! Un bon professionnel, au terme d’un apprentissage sérieux, doit être en mesure de faire état de son savoir-faire. Le policier quant à lui, ne peut se prévaloir que de la qualité de ses coups de matraque Tonfa ou de son habileté à tabasser un « individu », bien plus que de se souvenir des rares notions de droit acquises au terme d’une année passée à l’école de police. Une certitude : policier, c’est une fonction répressive et, en tout cas, le dernier des métiers…
Maurice Rajsfus

Police et culture !
Cette information nous est parvenue, par Internet, à la fin du mois de septembre. Les faits remontent au 21 juillet 2008, et sont emblématiques des bonnes relations entre les policiers et les pékins sans problème. Cela se passe au cours du dernier festival d’Avignon. Patrick Mohr, acteur et metteur en scène, de nationalité suisse, assiste à l’interpellation de musiciens africains par des CRS qui procèdent à un contrô1e d’identité plutôt rugueux. Choqué, l’humaniste suisse demande aux policiers les raisons de cette intervention, dans ce lieu culturel. Réponse des défenseurs de l’ordre public : « Ta gueule ! Mêle-toi de ce qui te regardes ! » Interloqué, il proteste. Ce qui lui attire la réplique classique : « Tes papiers ! » Le saltimbanque venu d’ailleurs tente d’expliquer que ses papiers sont restés dans sa voiture. Il n’en est pas moins rudoyé. Comme il proteste, c’est le dérapage. La victime raconte : « Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille et ses camarades, les curieux qui assistaient à la scène ont reculé, choqués, alors qu’ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toute leur force les bras en arrière, comme un poulet désarticulé, et m’enfilaient les menottes. Les bras dans le dos, ils m’ont relevé en avant, en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m’a tordu le poignet et pénétré profondément mes chaires. J’ai hurlé, vous n’avez pas le droit. Arrêtez, vous me casser le bras ! » D’où cette aimable réflexion policière : « Tu vas voir ce que tu vas voir, espèce de tapette ! »
Avec la plus grande brutalité, le metteur en scène suisse est traîné au sol, tout en étant brutalisé, jusqu’au fourgon des policiers, situé quelques centaines de mètres plus loin. Ensuite, des coups lui sont généreusement distribués dans le véhicule. Au commissariat, lors de l’interrogatoire de rigueur, il est traité de « fouteur de merde ». Va suivre la fouille intégrale, nu. Passons sur d’autres détails sordides. Après seize heures de garde à vue, l’homme est relâché, lesté d’une plainte pour outrage, incitation à l’émeute, violences envers dépositaires de l’ordre public. Lui-même va porter plainte contre la police, pour les mauvais traitements subis. Quelques jours plus tard, rencontrant l’un des musiciens, il apprendra que celui-ci est Français, qu’il est père de trois enfants et habite à Grenoble. (Source, Internet ,22 septembre 2008)

Les gendarmes et l’enseignant
Le 18 septembre, un professeur de sciences physiques exerçant au collège César-Savart, à Saint-Michel (Aisne), est placé en garde à vue à la gendarmerie, sur la seule plainte d’un élève qui affirme avoir été frappé par l’enseignant, à la fin d’un cours. Le 19 septembre, le professeur était retrouvé, pendu à son domicile. C’est l’information brute. Nul ne saura jamais comment les gendarmes se sont comportés avec cet homme durant les quelques heures de garde à vue subies. D’abord menotté, ensuite interrogé rudement, insulté peut-être et traité tel un criminel de droit commun. Nous savons en quelle considération gendarmes et policiers tiennent les intellectuels en général et les enseignants en particulier. Seule explication fournies : cet homme devait avoir des difficultés familiales. Toujours est-il que le syndicat d’enseignant SNES-FSU mettait immédiatement en cause « la disproportion des moyens mis en oeuvre », alors que le professeur avait nié catégoriquement les accusations portées contre lui. Par ailleurs, les syndicats SNES-FSU et SE-UNSA se sont indignés d’un recours systématique à la garde à vue, alors que les faits « ne semblent pas établis ». De son côté, le SNALC-CSEN évoque un événement « symptomatique de la haine que porte désormais une partie de la société à l’encontre du corps professoral… » (Sources, 20 Minutes, 22 septembre et Le Monde, 24 septembre 2008)

Comptine
Décidément, ce petit jeu plait à nos correspondants. Comme nous le suggérait le cher Jacques Prévert, il faut bien rire un peu, même avec les sujets les plus sérieux. Continuez donc à nous faire parvenir ces petites bluettes qui arrivent même à faire rire les policiers.
« Pif, paf, pouf
Que du bourre pif
Pour le blanc bec
Qui croise la Bac
Petite casquette
Et grosse matraque
Les crânes qui craquent
Et le macaque
est sarcastique »
(D’après une comptine retrouvée en Suisse et en Savoie)

Acharnement policier et judiciaire
Cela fait plus de six ans que les syndicats de policiers, soutenus par le ministre de l’Intérieur, s’acharnent contre l’animateur du groupe de Rap, « la Rumeur ». Celui-ci, Hamé, avait écrit, en marge de l’un de ses albums, en 2002 : « Les rapports du ministre de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police, sans qu’aucun des assassins ait été inquiété. » Plus lourde encore venait la conclusion : « On comprendra que le monde du pouvoir et du profit sans borne a tout intérêt à nous criminaliser en disposant de notre mémoire et de nos vies comme d’un crachoir… » Insupportable ! Happé par l’étau judiciaire, Hamé avait été relaxé à deux reprises mais, à l’instigation de Nicolas Sarkozy, lui-même, ces décisions avaient été cassées, en juillet 2007. Un nouveau procès s’était déroulé à la cour d’appel de Versailles, le 3 juin 2008. Le 23 septembre, en délibéré, nouvelle relaxe. Etait-ce la fin de ce sinistre feuilleton ? Pas vraiment ! Comme l’acharnement policier n’a pas de limite, il y a une suite à cette traque. Avec l’aide d’une justice complaisante les défenseurs de l’ordre public sont toujours dans leur bon droit. C’est ainsi que le 26 septembre, sans perdre de temps, le parquet général de Versailles déposait un recours contre cette troisième relaxe. Le commentaire du Monde, daté du 29 septembre, peut faire craindre le pire : « La haute juridiction va donc examiner une seconde fois le dossier, en formation plénière, cette fois. En cas de nouvelle cassation, la troisième cour désignée devra condamner le rappeur ! Ce qui nous renvoie à de sinistres souvenirs, et particulièrement à la période de Vichy, lorsque des »Sections spéciales » étaient constituées pour condamner sans juger… (Communiqué de l’Observatoire des libertés publiques, 29-9-2008)

Faux témoins
La parole du policier assermenté peut provoquer de redoutables dégâts collatéraux. Le 3 avril 2008, après une manifestation de lycéens, à Paris, un professeur stagiaire était accusé d’avoir lancé des pierres sur le service d’ordre policier. Poursuivi pour « violences volontaires », cet enseignant en mathématiques a été relaxé, le 24 septembre, lors du procès qui lui avait été intenté par des policiers qui, la main sur le coeur, affirmaient avoir été la cible de cet « individu ». En fait, selon le procureur, il n’y avait rien dans le dossier, et le magistrat demandait lui-même la relaxe de ce dangereux agitateur. Entre temps, le professeur n’avait pas été titularisé, compte tenu de l’accusation portée contre lui…. (D’après Libération, 25 septembre 2008)

Le « tricoche », vous connaissez ?
C’est bien connu, nombre de policiers pratiquent ce travail au noir contre lequel ils sont fréquemment mobilisés. Surtout lorsqu’il s’agit de travailleurs sans papiers ! Dans le jargon policier, cette activité, qui permet d’arrondir les fins de mois, est qualifiée du doux nom de « tricoche ». Cela peut aller des petits travaux de bâtiment ou de mécanique, aux services rendus aux sociétés privées de sécurité, comme à des vacations de garde du corps. Sans oublier la corruption active ou le trafic d’influence, plus rémunérateur encore. Toutes activités interdites par la déontologie policière. A ce stade, il peut donc s’agir également de délinquance. Dans une tribune parue en octobre dans la revue des commissaires de police, deux commissaires de haut rang dénoncent cette pratique et réclament des sanctions. Peut-être ces braves gens pourraient-ils épingler leurs collègues en hiérarchie qui dérapent parfois, au cours de leurs investigations. (D’après Libération, 25 septembre 2006)

Avoir un bon copain…
Depuis la promenade d’un groupe de nationalistes corses sur la pelouse de la villa de Christian Clavier, le 29 août 2008, ce qui n’était qu’un simple incident pouvant relever du folklore est devenu une affaire d’Etat. Tout d’abord, le coordonnateur des activités policières de l’Ile, et principalement de la sécurité, Dominique Rossi, a été immédiatement muté dans un placard. Ensuite, une quinzaine de gendarmes ont reçu comme mission de monter la garde jour et nuit devant la villa de l’ami du président. (Source, Le Monde, 26 septembre 2008)

Dans le calme…
Le 25 septembre, à 6 heures du matin (l’heure du laitier), Boulevard Vincent-Auriol, dans le 13ème arrondissement de Paris, les forces de l’ordre procédaient, « par mesure de sécurité », à l’évacuation d’un immeuble squatté par une centaine de travailleurs Ivoiriens, dont 19 enfants. Selon les autorités policières cette opération se serait déroulée dans le calme mais les photos publiées dans la presse ne font que démontrer le contraire. (Sources, Métro et 20 Minutes, avec photos significatives, 26 septembre 2008)

Les braves gens
Dans la matinée du 25 septembre, quatre enquêteurs de la police judiciaire, en poste à Paris, étaient placés en garde à vue dans les locaux de l’IGS, suite à des « disparitions » de drogues. Le côté comique de cette affaire, c’est que ces braves défenseurs de l’ordre public ont été « balancés » par un collègue, lui-même ripoux et déjà impliqué, il y a quelques mois, dans un trafic de substances interdites. Colère d’un porte-parole du syndicat d’officiers de police Synergie : « Aujourd’hui, à la moindre allégation contre un policier, ils le placent en garde à vue… Nous ne bénéficions même pas des droits des citoyens de base ! » Question : les policiers ne seraient-ils pas des citoyens de base ? C’est peut-être suite à ce coup de colère que les possibles ripoux ont été libérés. (D’après, Métro, 26 septembre 2008)

Retour à l’envoyeur ?
Le surarmement des policiers ne peut que susciter des comportements violents dans les banlieues et les cités. C’est ainsi que, le 26 septembre, à la cité des 4 000 à la Courneuve (93), des policiers d’une unité territoriale de quartier ont essuyé des tirs de flash-ball. Selon une source policière, des inscriptions menaçantes ont été retrouvées sur les murs de la cité, de même des prénoms de policiers, ainsi que le numéro de la plaque d’immatriculation d’un véhicule de police, avec ce commentaire : « La prochaine fois, ce sera une vraie arme !  » A méditer sur la qualité des rapports entre policiers et jeunes dans les quartiers sensibles. (Source, Métro, 29 septembre 2008)

Course poursuite
Nous le savons, de triste expérience, que les courses poursuites entre policiers et jeunes des banlieues se terminent souvent tragiquement. C’était le cas, le 28 septembre, à Romans (Drôme). Un garçon de 16 ans, qui circulait à bord d’une voiture volée, s’est tué lorsque le véhicule percutait contre un mur, les policiers le suivant à la trace. Les trois compagnons du jeune pilote, qui ne possédait pas de permis de conduire, étant gravement blessés. Comment s’étonner que, le soir même, les jeunes d’une cité incendiaient des voitures pour exprimer leur colère ? La réponse des autorités était à la hauteur de la situation puisque, rapidement, 150 gendarmes mobiles étaient déplacés dans la cité. Question : avec les moyens technologiques dont disposent les policiers de la BAC, n’était-il pas possible d’alerter les « collègues », en signalant la couleur de la voiture et le numéro de sa plaque d’immatriculation ? Il semble que les policiers de la BAC préfèrent se livrer à ces chasses à l’homme qui se terminent très mal. (Source, 20 Minutes et France Info, 30 septembre 2008)

Non coupable…
Le 29 septembre, Jean Sarkozy était relaxé suite à une plainte portée contre lui par un automobiliste dont il avait accroché le pare-choc, avec son scooter. L’accident avait eu lieu en février 2005 mais ce n’est que quelques mois plus tard, connaissant l’identité du conducteur du deux roues, que la victime avait porté plainte pour « délit de fuite ». Faute de preuves, c’est la victime qui a été condamnée à verser 2 000 euros au fils du président de la République, pour « procédure abusive et téméraire ». Comme l’a soutenu l’auteur de la plainte : « Je n’ai pas pu inventer le numéro de la plaque d’immatriculation du scooter qui m’a heurté sur les Champs-Elysées ! » Après le verdict, la victime dont il n’est pas possible de négliger qu’il porte un patronyme maghrébin, devait ajouter : « J’ai un message pour les français : ne vous attaquez jamais au président de la République ou à ses proches. Cette République a des relents monarchiques ! » Peut-on dire que les juges ont été complaisants ? Ce n’est pas impossible ! Toujours est-il que la victime a fait appel de ce jugement. (D’après Canal + 29 et 30 septembre 2008)

Versons une larme
Selon une note d’un conseiller de François Fillon, quinze escadrons de gendarmerie mobile et 175 brigades territoriales pourraient être supprimés progressivement. (Source, 20 Minutes, 1er octobre 2008)

Policiers high-tech dans le 93
Depuis le 1er octobre la première compagnie de sécurisation, composée de 189 volontaires investi les « quartiers difficiles » de la Seine-Saint-Denis. Ces super policiers bénéficiant de nouveaux moyens techniques pour « lutter contre la petite et la moyenne délinquance ». Ces policiers viennent appuyer les trois unités territoriales déjà en place depuis le mois d’ avril 2008 dans les zones « sensibles » de Saint-Denis, La Courneuve, Clichy-sous-Rois et Montfermeil. Nul doute que ces « volontaires » feront merveille dans le 93… (D’après 20 Minutes, 1er octobre 2008)

Les braves gens

Le 13 septembre, à Gonfreville l’Orcher (76), dans une chambre d’hôtel, un CRS blessait l’un de ses collègues en manipulant son arme de service. Le 23 septembre, le policier était mis en examen pour « blessures volontaires ». Il se trouve qu’un autre CRS avait affirmé, au début de l’enquête, que la victime s’était blessée elle-même. Ce policier-alibi a également été mis en examen pour « dissimulation de preuves ». Tous deux étant suspendus de leur fonction et placés sous contrôle judiciaire. (Source, L’Est Républicain, 25 septembre 2008)

Policiers bénévoles

Testé en 2006, le service volontaire citoyen vient d’être mis en place dans toute la France. Cela devrait permettre aux bénévoles, nous dit-on, de s’investir dans les missions de prévention ou d’accueil, aux côtés des policiers. Dès l’âge de 17 ans, il serait donc possible de suppléer gratuitement les forces de l’ordre. Comme si les 150.000 policiers, les 100.000 gendarmes et les 20.000 policiers municipaux ne suffisaient pas pour assurer notre sécurité… (D’après La Liberté de l’Est, 1er octobre 2008)

Chute mortelle

Le 1er octobre, dans le 10ème arrondissement de Paris, un Nigérian, âgé de 47 ans, soupçonné de trafic de stupéfiant, fait une chute mortelle depuis le 7ème étage de son immeuble, alors que les policiers venaient l’interpeller. Selon l’IGS, qui a ouvert une enquête, on ignore si cet acte désespéré était volontaire ou si l’homme a chuté accidentellement en tentant de s’enfuir. (Source, 20 Minutes, 2 octobre 2008)

Question incidieuse

Vers le 20 septembre, le Conseil régional de Rhône-Alpes recevait un mail des autorités policières du Rhône. Il était demandé à cette institution si elle « employait des agents de confession autre que chrétienne. » La suite du texte était tout aussi incidieuse. « …Pourriez-vous me dire si certains d’entre eux ont demandé des aménagements d’horaires ou de service, pour pratiquer leur religion. » Officiellement, ce questionnaire émanait de la Direction départementale de la sécurité publique du Rhône (en fait les RG qui sont censés ne plus exister.)
Le 26 septembre, le président socialiste de la région Rhône-Alpes écrivait à la ministre de l’Intérieur au sujet de enquête « choquante, tant dans son principe que dans la modalité de sa mise en œuvre. » Place Beauvau, on se défend en affirmant que ce courrier ne lui était pas parvenu, et que l’on avait découvert cette affaire par une dépêche de l’AFP. Ensuite, avec un temps de retard, Michèle Alliot-Marie avait « immédiatement saisi le directeur général de la police nationale pour diligenter une enquête hiérarchique interne », avec ce commentaire : « Il est totalement inadmissible d’adresser ainsi à une collectivité locale une question de la sorte… » Fort bien. Mais si ce faux pas n’était qu’un ballon d’essai pour tester les réactions des élus à l’échelle d’une région ? (D’après Info-France 2, par Internet, 2 octobre 2008)

Innovation

Les collégiens et lycéens de Seine-Saint-Denis ont bien de la chance. Le 2 octobre, la direction départementale de la sécurité publique annonçait le déploiement « occasionnel » de brigades de police équestres. Objectif : répondre au phénomène des affrontements entre bandes des cités, notamment à Villepinte ou Aulnay-Sous-Bois. (Source, 20 Minutes, 3 octobre 2008)

Qualité de l’information

Dans la soirée du 3 octobre, à Ajaccio, trois jeunes français d’origine maghrébine qui sortaient de la mosquée pour aller fêter la rupture du jeune, se font tirer comme des lapins par des Corses sans doute pas plus racistes que xénophobes. Commentaire d’un journaliste : « Les trois victimes n’étaient pas connus des services de police… » Un comble. Une certitude, comme victimes, ces trois jeunes pourront désormais figurer dans le fichier STIC. (D’après France-Inter, 4 octobre 2008)

Tourisme industriel…

Le 6 octobre, Nicolas Sarkozy, en déplacement à l’usine Renault de Sandouville (76) où un millier d’emplois doivent être supprimés, a dû renoncer à visiter le site, suite à une grève des ouvriers. Le président de la République n’était pas venu seul puisque quelque 200 gendarmes mobiles avaient été requis pour être présents, aussi dans l’enceinte de l’usine que face aux salariés, à l’extérieur, lesquels étaient retenus derrière des grilles. Les manifestant étant renvoyés sans ménagement dans leurs ateliers. On sait ce que cela peut signifier. (Source, Le Monde, 8 octobre 2008)

Souriez, vous êtes suivis à la trace !

Le 6 octobre, le groupe Thalès inaugurait à Vélizy (78) son centre européen dédié aux solutions de sécurité en matière de transport et d’infrastructure sensibles, ainsi que de la lutte contre la cybercriminalité. Il s’agit d’un centre capable de maîtriser tous les systèmes de surveillance, de renseignements identitaires, susceptibles d’encadrer la société de demain. Depuis un centre de commandement unique, fourni clé en main par Thalès, des opérateurs publics ou privés seront en mesure de recueillir des informations venant de sources multiples, pour les analyser et les partager en cas de crise d’urgence. Ce qui suppose de la vidéo surveillance, des micros, des équipements télécom, et même des cartes géographiques modélisées.
Pour ces novateurs, installés dans le domaine de la sécurité, il est question « d’allier la libre circulation des personnes à la prévention de la criminalité » ; vaste programme ! C’est ainsi que, pour les aéroports, Thalès vient de créer un prototype permettant d’éviter les arrêts prolongés pour les vérifications d’usage, ce qui permettra une circulation plus fluide. Les passagers traverseront un couloir où des capteurs derniers cris seront en mesure de recueillir des données aussi précieuses que l’identité, grâce au passeport biométrique, la détention de composés d’explosifs ou tout objet, voire marchandise prohibée. (Source, 20 Minutes, 8 octobre 2008)

Devenez maquereau…

Le policier qui s’était reconverti en exploitant d’une véritable maison de passe, dans le quartier de Pigalle, à Paris, a pu bénéficier de la mansuétude de la Justice. Le 10 septembre, le ministère public avait requis contre ce policier, devenu souteneur, cinq ans de prison et 300.000 € d’amende. Le 8 octobre, en délibéré, les juges se sont contentés de le condamner à 18 mois de prison avec sursis, et 10.000 € d’amende. Sûr de son fait, le prévenu ne s’était même pas présenté à l’audience. Une certitude : les policiers, comme les retraités de cette institution, ne sont pas des justiciables comme les autres. (D’après 20 Minutes, 9 octobre 2008)

Procédure et décès suspect

Le 9 mai 2008, une équipe de policiers, en poste à Grasse, avait tabassé au sol, menotté dans le dos un jeune homme de 27 ans. Cet « individu », comme disent nos gardiens de l’ordre public, avait eu le tort d’être « agité ». Relevé inanimé, il devait décéder dans le fourgon de police, durant son transport à l’hôpital. Les policiers expliquent qu’ils n’avaient fait qu’appliquer la procédure. Le fait que se garçon se prénommait Abdelhakim, et que cela se voyait peut-être, n’étant pas forcément étranger à la brutalité policière.
Le 8 octobre, le parquet de Grasse n’a pas exclu que les policiers aient pu « commettre une imprudence » conduisant au décès. Par ailleurs, au vu du rapport d’autopsie, connu cinq mois après les faits, le procureur précisait prudemment : « On a l’impression qu’il y a peut-être eu, de la part des gardiens de la paix, une mauvaise prise en compte des règles qu’ils appliquent pour maîtriser. La durée de la maîtrise a peut-être aussi été trop longue. » C’est ce qui s’appelle avoir le sens de la litote. Indignés par le bruit fait autour de cette authentique bavure, les syndicats de policiers sont montés en ligne pour rappeler, une fois de plus, que leurs collègues s’étaient limités à l’application et au respect de la procédure. (D’après 20 Minutes, 9 octobre et Le Monde, 10 octobre 2008)

A quoi servent les auto-écoles ?

Certains pandores feraient bien de s’inscrire à un stage de perfectionnement en auto-école. Le 9 octobre, près de Fontainebleau, un minibus transportant cinq gendarmes était heurté, sur une route départementale, par un autre véhicule de la gendarmerie. Pour une raison mal déterminée, le second véhicule avait traversé la chaussée pour finir sur le bas côté de la route. La direction de la gendarmerie tenait aussitôt à faire savoir que l’alcool ne semblait pas être la cause de cet accident. Les cinq militaires blessés suivaient un stage au centre national de la sécurité routière pour devenir gendarmes motocyclistes. (Source, 20 Minutes, 10 octobre 2008)

Amnésie

Les 3 et 4 novembre prochains, la présidence française de l’Union européenne sera réunie à Vichy, à l’initiative de notre ministre de l’Identité nationale, Brice Hortefeux. Les 27 ministres de l’Intérieur et de la Justice des pays de l’Union seront présents. Ce qui est certain, c’est que ces braves gens se retrouveront dans une ambiance répressive propice à leurs réflexions. Toujours est-il que ce 3 novembre, des citoyens de Vichy et des environs manifesteront dans l’ancienne capitale de Pétain, pour rafraîchir la mémoire des participants à cette rencontre. (D’après Libération, 13 octobre 2008)

Liberté chérie…

Dans la soirée du 14 octobre, des CRS interviennent au centre météo de Toulouse, où les salariés en grève occupent le site. Il est fait usage de gaz lacrymogènes, et plusieurs grévistes sont blessés au cours d’un affrontement violent. Les policiers avaient pour mission d’assurer la liberté du travail. (Source, France Inter, 15 octobre 2008)

Les barbouzes sont parmi nous !

Lorsqu’il est devenu public, en mai 2008, que le porte-parole de la LCR, Olivier Besancenot, était espionné par une officine de police privée, la question ne pouvait que se poser : ces « privés » agissaient-ils en liaison ou pour le compte de certains services de la police nationale ? Cette « surveillance » durait en fait depuis le mois d’octobre 2007, comme le révélait l’enquête d’un journaliste de L’Express. Rien ne manquait à la curiosité des « enquêteurs » : les comptes bancaires d’Olivier Besancenot et de sa compagne, la description de sa voiture, de son appartement et même l’adresse de l’école maternelle de son petit garçon. Rapidement, les soupçons s’étaient portés sur la société Taser-France, dont le porte-parole de la LCR avait expliqué, à plusieurs reprises que l’arme à décharge électrique qu’elle commercialisait pouvait être mortelle. Suite à cette affirmation, fondée sur les nombreux morts, aux USA et au Canada, le PDG de Taser-France avait porté plainte contre Olivier Besancenot pour diffamation. Depuis, les unités de police et de gendarmerie sont largement dotées de cette arme prétendue « non-létale », de même bientôt, les polices municipales.
Bien entendu, dans les milieux autorisés, on rejetait toute implication de la police nationale dans cette enquête. Le 14 octobre, pourtant, nous pouvions apprendre que onze personnes, dont le patron de Taser-France, avaient été placées en garde à vue dans cette affaire, suite à une enquête de l’IGS. Parmi les « individus » interpellés se trouvaient sept policiers – dont quatre seront remis en liberté le soir même. En première ligne, un policier en poste à Bordeaux qui aurait consulté le fichier des cartes grises, un commandant détaché auprès du Crédit lyonnais et même un douanier. C’est à partir d’un certain nombre d’autres fichiers que les « privés » et les légaux auraient pu affiner leurs recherches. Ce qui donne une idée sur l’utilisation possible de ces fichiers liberticides, dont le trop fameux STIC (Système de traitement des infractions constatées) . Avant que le déjà célèbre EDVIGE ou son substitut ne prenne le relais.
Ce qui est certain, c’est l’existence de passerelles entre police officielle et polices privées. Les uns et les autres trouvant certainement leur intérêt dans cette proximité ; en notant qu’il n’est pas rare qu’un certain nombre de policiers en profitent pour pratiquer cette « tricoche » (en fait travail au noir) tellement décriée par les autorités policières. Cette atmosphère nauséabonde est révélatrice du fonctionnement barbouzard d’une police qui tient en suspicion quiconque est « susceptible de troubler l’ordre public. » Un dernier détail : l’officine de police qui « filochait » Olivier Besancenot, le cabinet de détective privé Dussaucy, est dirigé par un ancien fonctionnaire de police… (Sources, Le Parisien, 20 Minutes, Métro et Libération, 15 octobre 2008)

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