quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 25 – décembre 2008

Editorial : Le mot citoyen a-t-il encore une signification ?

Entre les mains de la police, le plus paisible des citoyens n’est plus rien d’autre qu’un « individu ». Avant même d’avoir pu se défendre, le suspect est considéré comme nécessairement coupable. Quant au témoin, dont les déclarations contredisent les certitudes policières, il ne peut qu’être classé dans la catégorie des complices potentiels. Autant dire un possible gibier de potence.

Il faut bien comprendre que, dans la réflexion étroite du défenseur de l’ordre public il y a, d’un côté, le parti de l’ordre et, de l’autre, des fauteurs de désordre. L’ennemi de la société dominante n’est plus seulement le criminel que le policier est censé pourchasser, mais quiconque ose mettre en doute la nécessité d’un ordre public dont l’homme en uniforme serait seul en capacité de définir les limites. Dès lors, le policier devient le maître à penser, sinon le tuteur de la société. Le citoyen n’étant plus que l’encombrante pièce rapportée d’un passé de liberté révolu dans une société qui se doit de marcher droit. Sauf à être constamment verbalisé, réprimé, brutalisé, puis éventuellement considéré comme un hors-la-loi qu’il devient urgent de mettre à l’ombre, s’il n’est pas possible de le faire taire.

Avec Internet, et sur les écrans où parviennent les images des caméras de surveillance –de plus en plus nombreuses- il sera bientôt difficile d’échapper à l’oeil inquisiteur du policier. De plus, à l’aide des nombreux fichiers qui sont déjà en mesure de faire le tri entre les bien-pensants et les suspects, il n’y aura plus guère d’échappatoire au citoyen paisible pour espérer se dérober à la chaude sollicitation d’un appareil policier bien décidé à tout contrôler dans ce pays. Au fur et à mesure que les libertés fondamentales se voient restreintes, le pouvoir policier ne cesse de croître, dans le même temps que l’équipement technologique des forces de l’ordre se perfectionne de jour en jour. Déjà, 1984 peut apparaître comme une image du passé.
Bienvenue en France, jadis pays de la liberté !
Maurice Rajsfus

Violence et mauvaise foi policière
Le 14 octobre, une équipe de policiers, en patrouille nocturne, à Montfermeil (93) aurait été caillassée. Ils partent aussitôt en chasse dans la cité des Bosquets. Opération banale, quasi-quotidienne. Nul n’aurait jamais appris que, ce jour-là, vers 22 heures, se préparait une bavure, si un cinéaste amateur, habitant l’un des immeubles où les policiers s’étaient précipités, n’avait sorti sa caméra pour filmer une de ces scènes de violences qui se déroulent généralement sans témoins. Le document passe sur le site Internet Rue 89, le 18 octobre, et le spectacle odieux de la brutalité policière devient public. Quasiment en flagrant délit, et il est difficile à la Justice de se dérober, même si les policiers allaient porter plainte contre leur victime, qui passera 48 heures en garde-à-vue. Sur les images diffusées par Rue 89, il est possible de voir deux policiers s’acharnant à coups de matraque tonfa et de crosse de flash-ball sur un jeune homme de 20 ans, que les fins limiers venaient d’interpeller au domicile de ses parents, au 5ème étage d’un immeuble. Pour ce faire, les défenseurs de l’ordre public ont enfoncé la porte de l’appartement -ils prétendront même que c’est leur victime qui a elle-même forcé la porte. I1 n’est pas inutile de préciser que le garçon, rapidement menotté et frappé, se prénomme Abdoulaye, ce qui fait de lui un parfait suspect. Au passage, sa mère, également lourdement bousculée, se verra reconnaître six jours d’ITT. Abdoulaye est embarqué, menotté dans le dos, traîné dans les escaliers, avec force bourrades, puis matraqué dans le hall de 1′ immeuble -les images de la vidéo en font foi. La violence déchaînée est telle que les enquêteurs de l’IGS, dans leur rapport de synthèse, reconnaissent que : « Les gestes effectués par les fonctionnaires de police s’apparentent peu avec les techniques réglementaires… » Intéressant de l’entendre dire, d’autant plus qu’Abdoulaye va bénéficier de deux jours d’ITT, tandis que l’un des policiers cogneurs se verra gratifier d’un mois d’ITT car, semble-t-il,celui-ci se serait blessé à un pouce pendant l’interpellation. Face à ce déferlement de haine et de brutalité, les avocats d’ Abdoulaye demandaient l’ouverture d’une information judiciaire, le 21 octobre, tout en déposant plainte pour violences volontaire et menaces de mort subies par leur client et sa famille. Dans le même temps, le procureur de la République de Bobigny annonçait qu’il avait saisi 1’IGS pour enquêter sur ces violences commises en réunion. Pour s’assurer de la bonne foi des brutes, il suffit de rappeler que ceux-ci prétendaient avoir poursuivi un jeune homme chaussé de basketts blanches, alors que celles d’Abdoulaye étaient à dominante vert et violet. Peu importe, la plainte des policiers, placés depuis en garde à vue et mis en examen, suit son cours, et Abdoulaye est convoqué en comparution au tribunal de Bobigny le 10 décembre, pour jet de projectiles sur les forces de l’ordre. Un dernier détail : selon la victime, l’un des deux policiers qui l’avaient malmené dégageait une forte odeur de cannabis…. Comment ne pas rappeler qu’il y a trois ans, presque jour pour jour, à Montfermeil, deux garçons mineurs qui fuyaient des policiers, par peur de l’uniforme, étaient électrocutés dans le transformateur où ils s’étaient réfugiés. (D’après Le Parisien, 20 octobre, Le Monde, Libération et Métro, 22 octobre 2008)

Courbevoie : les policiers sont-ils innocents ?
En 2005, Abou Bakari, un Malien âgé de 26 ans, décédait un mois après une garde à vue mouvementée au commissariat de Courbevoie (92). Entre temps, le jeune homme était tombé dans le coma. Trois ans plus tard, l’enquête n’ayant pas vraiment été conduite sérieusement, la famille de la victime souhaite démontrer que la police n’a pas dit toute la vérité sur cette affaire. (Source, Métro, 23 octobre 2008)

Montfermeil (suite)
Les deux brutes, revêtues d’un uniforme de policier de la République, identifiées par le document diffusé sur Rue 89, ont finalement reconnu les faits. Les deux policiers n’en ont pas moins été remis en liberté sous contrôle judiciaire, mais avec interdiction d’exercer. (Encore heureux). Quant aux autorités policières de Seine Saint-Denis, elles ont annoncé leur intention de recruter un « caméraman de la police » pour « surprendre les violences commises contre la police, et légitimer son action et 1’emploi de la force. » Gageons que les images vues sur Rue 89 n’auraient pas été filmées par le caméraman policier. (D’après Métro, 23 octobre 2008)

Des brutes pas trop coupables
Le 31 juillet, à Verdun, des policiers forçaient la porte d’un appartement occupé par deux toxicomanes. Allait suivre une interpellation musclée et des coups portés au thorax de l’un des deux hommes. Il se trouve que ces violences ont été enregistrées sur vidéo. Pour l’IGPN, pourtant, ces coups « Ã©taient des gestes techniques de protection et d’intervention destinés faire plier l’individu pour l’embarquer dans le véhicule de police sans le blesser. » A l’audience du 8 octobre, devant le tribunal correctionnel de Verdun, la substitute du procureur, qui n’avait pas encore décidé de donner suite a la plainte de la victime, expliquait que les deux policiers avaient déjà été suffisamment sanctionnés car l’un d’eux, brigadier-chef, avait été suspendu, tandis que son collègue, sous-brigadier était interdit de travail de nuit. Justice bien douce, comme bien souvent, lorsque les justiciables sont des policiers. (Source, L’Est Républicain, 6 octobre 2008)

Gendarme zélé, plutôt félé
Certains pandores gardent la nostalgie de leur fonction répressive passé. C’était le cas de cet ancien gendarme, âgé de 55 ans, qui avait longtemps opéré en Moselle, et qui a été placé en garde à vue le 15 octobre. Sans doute déçu de ne plus pouvoir partir en chasse contre les voleurs de poules, il occupait ses loisirs nocturnes à dégrader des voitures garées dans son quartier. Ensuite, pour bien se faire voir dans son voisinage, il revêtait illégalement son ancien uniforme et se livrait à des rondes autour de son domicile. Cela devait durer jusqu’à ce qu’une voisine repère son double manège et le dénonce à la gendarmerie de Vagney. (Source, L’Est Républicain, 18 octobre 2008)

Strasbourg : un policier au coeur d’un trafic de drogue !
Ce n’est pas courant, mais ce n’est pas rare. Une fois de plus, un « superflic » a été pris les doigts dans le pot de confiture, en fait dans un trafic de drogues diverses. Jugez du peu : héroïne, cocaïne, cannabis. Tout ce qu’il était possible de trouver dans les scellées était bon ce capitaine de police, âgé de 45 ans, pour alimenter son propre réseau de trafic de drogue. Ce policier était en situation puisqu’il commandait en second la brigade de répression des stupéfiants, à Strasbourg, jusqu’en 2007. Comme l’affaire était juteuse et la marchandises devenant insuffisante, l’officier de police importait également des produits interdits depuis les Pays-Bas. Il paraît que ce « super flic » était bien connu, en Alsace, pour son efficacité dans la lutte anti-drogue. C’était une véritable « pointure », et son dossier professionnel, rien que l’année 2006, mentionnait l’excellence de son travail. Au cours des premiers mois de 2007, ce brave serviteur de l’ordre et de la santé publiques était dénoncé par l’un de ses indics, qui travaillait tout à la fois pour les services des Douanes et pour les stups. Lors de l’arrestation de ce policier de haut rang, les enquêteurs devaient trouver au domicile de sa compagne 4,5 kilos d’héroïne pure à 95%. Soucieux sans doute de rendre service aux pauvres camés en manque, il n’hésitait pas à fournir également des substituts comme le Subutex et même des amphétamines. (Source, Rue 89, par Internet, 26 octobre 2008)

Dehors !
A l’aube du 23 octobre, boulevard Vincent-Auriol, dans le 13ème arrondissement de Paris, des policiers en grand nombre procèdent à l’évacuation d’un squat, l’immeuble étant classé « insalubre ». Ce qui n’obligeait nullement les braves défenseurs de l’ordre public à sortir les matraques et les bombes lacrymogène, dans le but d’accélérer la manoeuvre. (Sources, FR 3, avec images significatives et 20 Minutes, 24 octobre 2008)

Taser, quand tu nous tiens
Le 24 octobre, le Réseau d’alerte pour les droits de l’homme (RAIDH) réclamait une enquête sur les conditions d’utilisation du Taser, lors d’un incident survenu le 21 octobre, à Marseille entre des sans-papiers et les forces de l’ordre. Ce jour-là, les CRS auraient utilisé le Taser contre un mineur de 15 ans, hors des conditions de la légitime défense. Pourtant, selon le parquet de Marseille, « l’individu » contre lequel a été utilisé le Taser serait majeur, et le CRS auteur du tir se serait senti menacé, après avoir été la cible de jets de pierres et de bouteilles. (Source, Le Parisien, 25 octobre 2005)

Les limites de la bonne foi
Le 20 septembre 2007, un élève du collège de Saint-Michel (Aisne), se plaignait d’avoir été frappé par l’un de ses professeurs, qui lui aurait même cassé une dent. Rapidement, muni d’un certificat médical, le père du garçon, gendarme, le conduisait à la gendarmerie pour porter plainte, pour violences, contre le professeur. Lequel, sans même la moindre enquête, était rapidement interpellé et placé en garde à vue durant sept heures. Nul ne peut savoir comment cet enseignant a été traité pendant sa garde à vue, et pas davantage quelles abjections entendues de la part des gendarmes qui le mettaient sous pression. Toujours est-il que, quelques heures après sa sortie de la gendarmerie, le professeur mettait fin à ses jours, par pendaison.
Le 24 octobre 2005, 1e collégien, dont le témoignage mensonger avait été longuement médiatisé sur toutes les chaînes de télévision, reconnaissait avoir menti. Certes, cet adolescent fera 1’objet de poursuites judiciaires, pour dénonciation calomnieuse. Fort bien, mais qu’en est-il de son gendarme de père, auteur de la plainte, et qui avait peut-être incité son rejeton à charger lourdement le professeur ? Comment se fait-il qu’aucun organe de la presse écrite ou audiovisuelle n’a pas estimé nécessaire de rappeler la profession du père de ce petit demeuré ?
(Communiqué de l’Observatoire des Libertés publiques, 25 octobre 2005)

La police et les beaux arts
Le 24 octobre, à Paris, vers 17 heures, une équipe de policiers en civil s’invitait à la FIAC, au Grand-Palais, sur le stand proposant les oeuvres d’un photographe moscovite. Un témoin raconte : « L’un des policiers a tenté de décroché des photos… Devant les protestations des visiteurs, les policiers ont dit qu’ils avaient un mandat d’un juge, et que les images étaient choquantes. » Ensuite, quelques galiéristes étaient conduits au commissariat du 8ème arrondissement, et menottés à un banc. Ils ne seront libérés que vers 21 heures. I1 paraît que cette intervention policière émanait des services des douanes, lesquels auraient demandé à la police de « faire retirer les photos de la vue d’un public non-averti « … (Source, Le Monde -à la rubrique « culture »- 25 octobre 2005)
Comptine
Bleu, bleu, bleu
Le policier est bleu
Raide, raide, raide
Sa matraque est raide
Blêmes, blêmes, blêmes
Ses victimes sont blêmes
(D’après une comptine fredonnée en Belgique et dans le nord de la France, au XIXème siècle)

Mauvaises manières
Depuis l’obligation faite aux automobilistes de se doter d’un gilet fluo et d’un triangle de signalisation, nos fins limiers traquent les récalcitrants à cet édit, en les lestant d’une amende de 135 euros. I1 n’en reste pas moins que certains productivistes du délit verbalisent doublement les défaillants : une fois pour le gilet, une fois pour le triangle – soit 270 euros et deux délits constatés. Ce serait bon pour la prime de résultat. I1 aura fallu une plainte de l’Association 40 millions d’automobilistes pour que le ministère de l’Intérieur rassure les victimes de cette pratique qui s’étaient déjà acquittés du double PV et promette le remboursement de la somme indûment prélevée. (Source, 20 Minutes, 28 octobre 2008)

Contrevenant
Le 20 octobre, un policier, supporter du club de football de Lens, a été interdit de stade pour trois ans par le tribunal correctionnel d’Amiens. Cet amateur de ballon rond a été condamné pour avoir pénétré ivre, alors qu’il n’était pas de service, dans un stade d’Amiens et s’être rebellé contre les policiers qui voulaient l’expulser. (Source, 20 Minutes, à la rubrique « Sport », 29 octobre 2008)

Retour à Edvige ?
Le 29 octobre, en référé, le Conseil d’Etat a rejeté le recours des associations contre le fichier policier Edvige. Pourtant, ce texte avait été, parait-il, amendé, après l’émoi suscité tout au long de l’été 2008. Devaient être retirées les données individuelles sur la vie sexuelle et la santé des « individus » fichés. Question : la décision du Conseil d’Etat remet-elle en cause la remise à plat du fichier Edvige, qui était devenu Edvirsp (Exploitation documentaire et valorisation de l’information relative à la sécurité publique). Autre interrogation : comment se fait-il que la presse nationale ne se soit pas risquée à trop commenter cette décision du Conseil d’État ? (Communiqué de 1’Observatoire des libertés publiques, 30 octobre 2008)

Autre temps, même mœurs
Une ressortissante équatorienne, sans papiers, désirait faire inscrire son garçon de 8 ans dans une école primaire du 5ème arrondissement de Paris. Mal lui en a pris puisque, le 30 octobre, elle était convoquée au commissariat. I1 se trouve que, dans ce pays, l’école laïque et gratuite est obligatoire pour tous les enfants, sans distinction d’origine. Pourtant, le fonctionnaire municipal de service avait trouvé naturel de dénoncer à la police cette maman et son fils. C’est ainsi que cette jeune femme devait recevoir une convocation au commissariat, ainsi libellée : « Suite à l’inscription de votre enfant à l’école, et votre situation irrégulière… » Cet acte répressif est d’autant plus inattendu que le titre de séjour ne figure pas dans les documents à fournir pour l’inscription à l’école. Le maire du 5ème arrondissement relativise : « Cette personne n’a pas été dénoncée mais signalée… » Bel exemple de langage codé ! (Source, France Info et 20 Minutes, 30 octobre 2008)

Les polices parallèles ont la vie dure !

Il apparaît que, passée leur période d’activité au service des la « protection des biens et des personnes », un certain nombre d’officiers de police continuent à s’investir dans la surveillance de ceux des citoyens qui seraient « susceptibles de troubler l’ordre public », comme il était suggéré par les initiateurs du fichier Edvige. L’affaire de la filature d’Olivier Besancenot par une officine privée dirigée par d’anciens policiers, met au grand jour l’existence d’une « amicale » d’anciens policiers, sans doute nostalgiques de leur rôle passé dans la société. Il s’agit de Perspective 21, qui regroupe des officiers à la retraite. Née en 1996, à l’initiative d’anciens officiers de la PJ, cette « amicale », forte de 120 membres, comprend une majorité de policiers investis, après leur départ en retraite, dans des entreprises de sécurité privées, des agences de détective voire des officines de renseignement.
L’actuel président de cette structure discrète est un ancien de la Brigade financière, mais l’affaire d’espionnage conduite par la société Taser-France contre le porte-parole de la LCR devait nous apprendre que le vice-président de Perspective 21 n’était autre que le patron d’une société d’intelligence économique, lequel avait été chargé par la direction de Taser-France de surveiller Olivier Besancenot. Il a également été possible d’apprendre que deux membres du bureau de Perspective 21 étaient des militants actifs de l’UMP dans les Hauts-de-Seine, tandis que le secrétaire général, ancien de la PJ, était passé par les cabinets de Claude Guéant à la Direction générale de la police nationale. Lorsque l’on sait que l’on devient membre de Perspective 21 par parrainage, le doute ne peut se poser sur la qualité de l’engagement politique de cette fine équipe. Question essentielle : cette « amicale » a-t-elle servi ou sert-elle encore de cadre à un authentique réseau au service des grandes manœuvres politico-financières du pouvoir ? (D’après Le Monde, 29 octobre 2008)

La police et les jeunes

Samir a toujours habité la cité Lamartine, à Villejuif (94). A 15 ans, il s’est déjà fait contrôler une quinzaine de fois par des policiers très zélés. Il raconte : « Les policiers nous demandent de nous tourner contre le mur et de vider nos poches. Comme ça, sans raison. Si on rigole ou qu’ion ne veut pas répondre aux questions, on se prend une petite tape derrière la tête. On doit juste écarter les jambes et répondre. C’est super-humiliant. Quand on les revoit, c’est normal, on se venge sur eux… » (Source, Phosphore, novembre 2008)

Taser, quand tu nous tiens…

On n’arrête pas le progrès. Particulièrement en matière répressive. D’où l’arrivée du Taser dans l’armement policier. Face à l’moi suscité par la banalisation de ce pistolet à décharge électrique, tous les moyens sont bons pour convaincre le bon peuple de son intérêt – ne serait-ce que pour éviter les bavures. C’est ainsi que la télévision est mise à contribution pour prouver que cette arme serait « non-létale ». Des policiers sont même présentés en situation de cobaye pour démontrer que les utilisateurs peuvent également subir cette punition, sans trop souffrir. Bien sûr, le fait de recevoir une décharge de 50 000 volts dans le corps n’est en rien innocent, mais on nous explique, qu’en France, ce nouveau jouet ne sera pas utilisé « n’importe comment », comme USA, est-il suggéré. Pourtant, qu’en est-il des cardiaques, des épileptiques ou même de ceux qui « bénéficient » de plusieurs décharges, y compris menottés au sol, et donc immobilisés – comme cela s’est produit à Lyon, en septembre 2007 ? Le fait que cette arme se soit avérée mortelle, Outre-Atlantique, n’a pas autrement ému nos autorités puisque 4 500 de ces armes équipent désormais nos forces de l’ordre. En attendant que les polices municipales puissent désormais y accéder.
Toujours est-il que, le 21 octobre, un jeune homme sans papiers, interpellé à Marseille, qui s’enfuyait avec un de ses camarades pour se soustraire à un contrôle d’identité, recevait une décharge de Taser, alors qu’il n’était pas menaçant. Suite à l’enquête rapidement conduite, le garçon était relaxé du chef de « violences en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique. » Ce qui signifie clairement que l’argument de la légitime défense alléguée par le CRS auteur du tir électrique était, à l’évidence, fallacieux. Il convient de noter que les principaux syndicats de policiers avaient immédiatement pris la défense du flingueur. Une certitude : la Justice a estimé que rien ne permettait de dire que les jeunes sans papiers avaient pu présenter une menace pour les CRS. Sources, Rue 89, 27 octobre et 86 Minutes, sur M6, 16 novembre 2008)

Vichy, c’est où ?

Le 3 novembre, notre ministre de l’Identité nationale, Brice Hortefeux, avait organisé à Vichy, ne rencontre des vint-sept ministres de l’intégration de l’Union européenne. Dans cette ville à la sinistre réputation, une manifestation contre la politique européenne d’immigration devait être bloquée par un comité d’accueil composé de CRS. Lesquels n’allaient pas tarder à faire usage de gaz lacrymogènes contre ceux qui tenaient à rappeler le symbole xénophobe et raciste qu’avait représenté Vichy. Au-dessus des manifestants, un hélicoptère surveillait la manœuvre. (Sources, Libération, 4 novembre 2008 et correspondants)

Le Taser dans le monde libre

Le 2 novembre, au Canada, un homme d’une trentaine d’années, qui était entré par effraction dans une résidence, se voyait stoppé par un tir de Taser. L’homme est mort sur le coup. Les autorités ont demandé une enquête. (Source, Métro, 5 novembre 2008)

Personnes déplacées

Le 4 novembre, Nicolas Sarkozy avait décidé d’effectuer un déplacement en Seine-Saint-Denis. Il fallait prouver au bon peuple que le président ne craignait pas de se montrer dans le 9-3. La commune de Vaujours avait été choisie à cette fin, de même les interlocuteurs possibles, triés sur le volet. Deux jours plus tôt, les occupants d’une trentaine de caravanes avaient été priés par la police, et le maire divers droite, de vider les lieux, pour aller s’installer provisoirement sur le territoire de la ville de Sevran. L’un des responsables de la communauté tsigane raconte : « La police nous a dit de nous déplacer car Sarkozy devait venir, et que cela donnait une mauvaise image de marque. On nous a traités comme des chiens. » D’autres représentants de cette communauté relatent également les mauvaises manières dont ils ont été l’objet. Si la préfecture de Seine-Saint-Denis se livre à un démenti, c’est uniquement pour préciser que le lieu de destination, après « l’évacuation » de ces « gens du voyage » n’était pas Sevran. Pour sa part, le maire communiste de cette ville devait dénoncer « une opération scandaleuse visant à vider les lieux au passage du prince. » (Source, Le Monde, 6 novembre 2008)

Toujours le Taser

Un arrêté du ministère de l’Intérieur, paru au Journal Officiel, le 4 novembre, formalise les conditions d’utilisation du Taser par les policiers municipaux. Chaque policier municipal devra effectuer quatre tirs d’entraînement par an s’il veut obtenir le droit de porter cette arme à impulsion électrique, soit-disant « non-létale ». Avec une formation préalable de douze heures. (Source, 20 Minutes, 5 novembre 2008)

Casse-toi…

En octobre dernier, un citoyen de Laval qui brandissait une affichette, avec la citation « Casse-toi pov’con ! », au passage de la voiture de Nicolas Sarkozy, avait été rudement interpellé par les policiers. Lors du procès, suivant la plainte du président de la République, pour outrage, le parquet avait requis mille euros d’amende contre l’insolent, estimant que « lorsque l’on insulte le président, on insulte l’institution. » Le 6 novembre, en délibéré, le tribunal condamnait « l’insulteur » à une peine de principe de 30 euros d’amende, avec sursis. Quant à l’invective prononcée par Nicolas Sarkozy, en février dernier, au Salon de l’Agriculture, ce n’était que péché véniel, sous le coup de l’énervement sans doute. (D’après 20 Minutes, 7 novembre 2008)

La SUGE à l’ouvrage

La SUGE, c’est la police ferroviaire, tout comme le GPRS constitue la police privée de la RATP. L’une et l’autre structure n’ayant rien à envier à la police nationale dans ses pratiques. Un exemple parmi d’autres :
En juillet 2008, à Lyon, Isabelle, jeune femme canadienne, s’apprête à prendre le train, pour se rendre à Paris. Sur le quai, elle présente son billet « ID-TGV » (payé 40 euros) à un contrôleur. Lequel lui enjoint de payer un supplément de cinquante euros, pour excédant de bagages – en fait quatre petits sacs. La jeune femme proteste et crie à l’arnaque, mais le contrôleur lui interdit l’accès au train qui va partir. Arrive une équipe de quatre policiers de la SUGE, dont l’un est armé d’un Taser. Comme la victime de « l’arnaque » continue à protester, l’un des policiers de la SUGE lui, lance : « Si vous n’êtes pas contente d’être ici, retournez chez vous ! » Comme le ton monte, l’un des gros bras de la SUGE appelle la police en renfort. Huit policiers de la BAC sont bientôt sur les lieux du « délit », et c’est une policière qui se jette sur la jeune femme et lui tord violemment un bras. Relâchée, elle rassemble ses bagages mais elle est rejointe par un cow-boy de la SUGE, qui grogne : « Vos papiers ! » Isabelle s’exécute, non sans avoir dit à ce policier : « Au Québec, on dit s’il vous plait… » Finalement, cette sinistre aventure se termine au commissariat de police où la jeune femme restera deux heures en garde à vue, d’où elle sortira lestée d’une plainte pour outrage déposée par quatre agents de la SUGE. Bien entendu, elle a raté son train, et devra prendre un autre billet, au prix fort. Son procès, prévu le 6 novembre, devant le tribunal correctionnel de Lyon, a été reporté. (D’après CODEDO, par Internet, 10 novembre 2008)

Rétention

Le 22 juin 2008, le centre de rétention administrative de (CRA) de Vincennes, était détruit par un incendie. L’un des deux bâtiments, moins endommagé que l’autre devait rouvrir ses portes le 10 novembre, et comptera, d’ici 2010, 180 places, au lieu de 280 précédemment. Le 11 novembre, une manifestation se déroulait devant le CRA, tandis que de nombreux policiers quadrillaient le bois de Vincennes, tout en faisant usage de gaz lacrymogènes contre les quelques centaines de manifestants qui défilaient derrière des banderoles proclamant : « Ni rafles, ni centres de rétention, régularisation de tous les sans papiers ! » Une certitude, rappelle la CIMADE, le taux d’occupation prévu de 140 places sera rapidement dépassé, et la poudrière risque d’exploser de nouveau. Surtout si l’on connaît la bienveillance des policiers chargés de surveiller les sans-papiers « retenus », et traités comme de véritables criminels. Parallèlement à cette réouverture du CRA de Vincennes, il était possible d’apprendre qu’un Tunisien, âgé de 34 ans, se trouvait dans l coma après avoir été agressé par son codétenu à la prison de Fresnes ; ce sans-papier était l’un des six étrangers mis en examen et écroué dans le cadre de l’enquête judiciaire sur l’incendie du mois de juin. (D’après Le Parisien, 10 novembre et 20 Minutes, 12 novembre 2008)

Chasse à l’homme, à Calais

Au mois de juillet 2002, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, décidait la fermeture du centre de Sangatte, géré par la Croix-Rouge, près de Calais. Depuis, des centaines de sans-papiers, désireux de gagner la Grande-Bretagne, errent dans la région, pourchassés par les forces de l’ordre. Un communiqué de la Ligue des droits de l’homme nous rappelle la gravité de cette situation, ainsi que la pression planant également sur les militants calaisiens solidaires des sans-papiers.
« Jeudi 6 novembre 2008 : sur ordre du ministre de l’Identité nationale, le préfet déclenche la chasse aux réfugiés afghans autour de Calais. Hélicoptères munis de projecteurs, battues organisées dans les forêts… Pendant que le gibier est ainsi rabattu, les journalistes, prévenus par les militants associatifs, sont eux-mêmes encerclés par les policiers sur le parking de l’hoverport de Calais.
« Vendredi 7 novembre 2008 : nouvelle traque, retour des hélicoptères, des projecteurs et de chiens policiers pistant l’odeur des Afghans. Le président de l’association Salam est ceinturé, mis torse nu, menotté et placé en garde à vue pour outrage, un délit qui submerge décidément les tribunaux, ces temps-ci. La chasse à l’homme a été bonne : 54 Afghans de plus sont placés en rétention à Coquelles.
«Mardi 11 novembre 2008 : la France et le Royaume-Uni font avancer l’Europe de l’expulsion en affrétant un charter pour Kaboul. Destination : un pays dont les familles de soldats français savent à quel point, comme le soutien monsieur Hortefeux, c’est un pays sûr. Parmi les derniers Afghans, reconduits à Kaboul, par l’Australie, certains ont été mutilés puis décapités. (Source, Rue 89, 11 novembre 2008)

Liberté chérie…

Les nombreux protestataires venus à Vichy, le 3 novembre, manifester contre l’équipée de monsieur Hortefeux, gardien de l’Identité nationale, dans cette ville, avaient organisé un camping. Dans la nuit, vers 1 heure du matin, des policiers s’appliqueront à saccager les tentes, tout nen tabassant et terrorisant leurs occupants. (Source, Rue 89, 11 novembre 2008)
Histoire de famille

Chaque année, la préfecture de police de Paris décerne le prix du Quai des Orfèvres à une auteur de polar. Pour 2008, c’est un lieutenant de police qui a été désigné comme lauréat. Le titre de son ouvrage ne pouvait que plaire au jury : Chasse à l’homme. (Source, Direct-Matin, 13 novembre 2008)

Au trou

L’officier de police, ancien numéro 2 de la brigade des « stups », de Strasbourg, poursuivi pour trafic de drogues (voir plus haut) a été condamné à dix ans de prison ferme. Sa complice, greffière au tribunal de la même ville, a écopé de neuf ans de prison. (Source, 20 Minutes, 14 novembre 2008)

Trou à rats

La Commission nationale de déontologie de la sécurité a montré du doigt le commissariat de police de Versailles, dans un avis rendu public le 13 novembre. Il y est fait état des locaux vétustes (toilettes bouchées, fuite de canalisation, etc.) Avec ce commentaire : « Les conditions dans lesquelles les personnes gardées à vue au commissariat de Versailles constituent un traitement inhumain et dégradant. » (Source, Direct-Matin, 14 novembre 2008)

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