quefaitlapolicelogo Sarabandes

Ce texte a été reçu par l’Observatoire des Libertés Publiques

« J’aime la police. Toutes les polices, nationale, des airs, des mers, fluviale, scientifique, des autoroutes, des douanes, la fanfare des gardiens de la paix, son équipe spéciale de gymnastique, les polices françaises, étrangères, et si elles existaient, j’aimerais également les polices des forêts et sous-bois, des écoles maternelles, des hôpitaux, de la ceinture d’astéroïdes, et de tous les environs immédiats de la terre. J’aime aussi la police municipale. Cette dernière a très efficacement accompli sa mission il y a quelques jours, sous mes fenêtres, en plein coeur historique de Toulouse. Petite chronologie des faits :

Comme tous les samedi soir vers 22h30, je découpais une feuille pliée en accordéon pour composer une sarabande de personnages, lorsque j’entendis le bruit d’un choc dans ma rue : une voiture conduite par une jeune femme venait d’encastrer maladroitement sa portière conducteur dans un fourgon de la police municipale. Mauvaise pioche me suis-je dit in petto.

C’était aussi l’avis du policier sorti du fourgon.

« Permis de conduire et papiers du véhicule (avé l’accent svp) ». Au lieu de lui présenter les papiers, la jeune femme présenta ses excuses, et mesurant que cela n’était pas suffisant, déjà en larmes, redoubla de sanglots

« Descendez du véhicule ».

La jeune femme ânonna quelque chose.

« Comment ça ? Vous n’avez pas les papiers de véhicule ? »

« Si, si », répondit le jeune homme assis coté passager.

« Vous n’avez pas le permis ? Quel âge avez-vous ? »

Je n’entendis pas bien la réponse de la jeune femme, heureusement le policier répéta pour qu’on l’entendit bien : « Vous avez 17 ans ? Vous n’avez pas le permis alors ? »

La jeune fille est totalement effondrée. Elle et son ami sortent de la voiture. Lui ne dit rien, il n’a pas 20 ans, élégant, costume et chaussures noires, chemise blanche, cheveux plaqués. Un peu trop élégant. Le cheveux peut-être un peu trop plaqué pour le policier qui semble être le chef :

« Vous avez bu ? C’est pour ça qu’elle conduit ? ».

« Non, non », se défendit-il. Le chef persista : « Il est bourré, il lui a passé le volant ».

Deux autres voitures de la police municipale arrivent avec gyrophare mais sans la sirène. La jeune fille redouble de pleurs. Elle parvient à peine à articuler des réponses aux questions des policiers. Le jeune homme ne moufte rien. Les derniers policiers arrivés tournent autour du véhicule encastré dans le car de police. Vérification de la vignette d’assurance, des pneus, des plaques numérologiques, appel au centre des cartes grises…. Allo Houston ? Tout est en règle.

Une 3ème voiture de la police municipale arrive. Un plaisantant chambre ceux dont le fourgon a été embouti. Une 4ème voiture arrive encore… Il y a en tout 5 véhicules de la police municipale dans la rue. Les policiers, parfaitement alignés, forment comme une haie d’honneur autour de leurs collègues et des jeunes gens. Je compte pour le moins 14 policiers, aux mines sévères, les mains reposant sur leur ceinturon. Le chef décide d’emmener la jeune fille au poste.

«Qu’est-ce qu’on fait de lui ? » risqua un jeune policier.

« On l’emmène aussi, il l’attendra à l’accueil.

Et la voiture ? Il peut prendre sa voiture ?

Non, on va la déplacer ».

C’est alors que j’ai entendu émanant d’un balcon voisin une voix féminine, celle d’une mamie vraisemblablement : « Soyez gentils avec eux, ils sont tout jeune, c’est des amoureux, ne les embêtez pas trop ».

Un policier lui répondit : « Rentrez chez vous madame ».

Elle n’entendit probablement pas le policier car elle poursuivi : « N’ayez pas peur mademoiselle ! Ce n’est pas grave. Ne vous inquiétez pas, ils sont gentils dans la police ».

Elle poursuivi en s’adressant aux policiers :

« Soyez gentils avec eux, ils sont pas méchants, c’est des amoureux ».

Une jeune policière, blondinette, pieds écartés à distance réglementaire, les pouces engagés dans son ceinturon, lui demanda de se taire. Elle se tût.

Je vis la jeune fille être entraînée dans une voiture.

Elle suffoque tellement elle sanglote. Une jeune femme de la police demande un sac aux collègues.

« Pour vomir ?

– Non, pour la ventiler ». Personne ne répond. Les deux amoureux sont embarqués dans des voitures différentes. Les voitures partent une à une. Il ne reste plus que deux ou trois policiers. Ils embarquent dans le fourgon embouti.

La voix au balcon s’est alors faite entendre de nouveau :

« Soyez gentils avec eux. Ce ne sont pas des méchants . – Taisez-vous, rentrez chez vous », jeta un policier par la fenêtre du fourgon.

La voix changea alors de ton : « Vous avez pris du gros poisson ce soir. Mission accomplie. Vous pouvez être fiers. J’ai honte pour la police municipale. ». Aucun policier ne répondit. Le fourgon démarra et la rue resta vide.

Je suis rentré déplier ma guirlande. Les coups de ciseaux avaient dessiné des personnages comme en uniforme, se tenant par la main. Je ne vis pas trace des deux jeunes amoureux dans la sarabande.

Des fois, on s’amuse bien dans la police ».

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