quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – numéro 57 – février 2012


Editorial : Sommes nous tous des délinquants étrangers ?
A l’approche des élections présidentielles, les porte-drapeaux du pouvoir sarkozyste ne cessent de mettre en Å“uvre les vieilles recettes xénophobes. L’insécurité n’est la priorité des citoyens de ce pays que bien après le chômage. Les difficultés économiques du plus grand nombre sont surtout à l’ordre du jour, bien plus que le danger qui serait représenté par des étrangers à la peau colorée. Il n’empêche, le tocsin sonne pour annoncer aux électeurs que, la patrie étant en danger, il convient de faire confiance à ceux qui tiennent fermement la barre. Tout comme à la police, censée garantir nos libertés fondamentales. Parallèlement, nous sommes de plus en plus sous haute surveillance idéologique car, en aucun cas, il ne saurait être question d’abandonner les Français à leur seule réflexion. En fond de décor, il y a cette volonté de faire comprendre qu’un pays ne peut fonctionner que s’il est doté de cette colonne vertébrale indispensable représentée par les forces de l’ordre. Sage précaution, susceptible d’assurer la pérennité de nos institutions.
Il faut prendre conscience que l’institution policière a toujours eu la tentation de faire 1a révérence au pouvoir en place -surtout lorsqu’il est répressif. D’où cette capacité à améliorer la punition. Le peuple « d’en bas » n’a pas à se poser de questions. D’où cette indispensable peur du gendarme devant présider dans l’imaginaire de ceux qui auraient la tentation de se révolter. C’est ainsi que, pour réveiller les vieux instincts des Gribouilles qui se jettent à l’eau pour ne pas se mouiller, Claude Guéant ne dédaigne jamais de s’emparer de l’idéologie du Front National, espérant rallier les « nationaux ». Ce qui ne peut que conforter une armée policière, bien plus acquise à la manière forte qu’au maintien de pratiques authentiquement démocratiques.
Depuis plusieurs mois, déjà, les étudiants étrangers ayant terminé leur cursus universitaire, sont priés de quitter le territoire français dès lors qu’ils demandent le statut de salarié. En clair, ceux-là ne doivent en aucun cas se risquer à manger le pain des Francais. Il y a des limites à l’amitié et, surtout, ne pas voir là une quelconque volonté- de rejet de l’étranger. Il y a bien d’autres mauvaises manières de signifier que si l’on aime bien ceux qui sont venus de loin, il n’y a aucune raison de les supporter s’ils s’installent chez nous en trop grande nombre. Le 22 décembre 2011, au cours du journal du soir, sur France 2, le ministre de l’Intérieur s’est laissé aller à dévoiler l’un des aspects de la campagne électorale qui s’ouvre : la volonté de faire adopter une loi prévoyant l’expulsion des délinquants étrangers. Matois, Claude Guéant se plaisait à rassurer les humanistes en expliquant que seuls seraient concernés les étrangers auteurs de graves délits, et que la loi ne serait pas impitoyable pour ceux ayant de fortes attaches familiales dans le pays.
On connaît la chanson, une loi peut toujours être « améliorée », au fil du temps. Ainsi, la loi de 1999, instituant le FNAEG (Fichier national automatisé des empreintes génétiques), ne concernait, à l’origine que des délinquants sexuels et des pédophiles. Rapidement, d’autres délits étaient ajoutés au texte initial et, dix ans plus tard, le moindre délit permet aux Policiers et aux gendarmes de prélever 1’ADN d’un « délinquant » : auteur de fauchage d’OGM, manifestant jugé violent, sur la seule mauvaise foi d’un policier, ou même adolescent interpellé pour avoir tagué un mur.
Pour le ministre de l’Intérieur : « La délinquance étrangère est supérieure à la moyenne enregistrée dans notre pays ! » Nous sommes avertis. Qui nous dit que, dans un avenir proche, ne seront pas concernés par cette loi les étrangers coupables de manifester sur la voie publique avec leurs camarades Français ou, pire encore, de se mettre en grève pour des revendications communes ? Au-delà, pourquoi ne pas envisager des reconduites à la frontière pour ceux qui auront l’audace de ne pas s’exprimer convenablement dans la langue de Molière ? Nous connaissons déjà les difficultés éprouvées par certains étrangers – à la peau colorée – aux guichets des administrations. Certains fonctionnaires, s’estimant détenteurs d’un pouvoir autoritaire, n’hésitant pas à faire appel à la police lorsque le ton monte. Ce qui est alors considéré comme un trouble à, l’ordre public risquant de conduire le « trublion » à l’expulsion.
Avec un doux sourire, le bon docteur Guéant explique au peuple le plus démocratique de la terre qu’il détient le remède absolu de ses difficultés : montrer du doigt l’Etranger, responsable de tous ses maux. En coulisse se trouvent ces parlementaires ayant voté cette loi liberticide et, sur le terrain, une armée de policiers déterminés à mettre un terme à « l’occupation » de notre vieux pays Gaulois par ces étrangers qui n’ont rien à y faire. Comme le soulignait Libération, le 23 décembre 2011, « l’ombre de la double peine se profile à nouveau ».
Maurice Rajsfus

Sous haute surveillance
Depuis le 21 décembre 2011, quelque deux cents caméras de vidéo surveillance supplémentaires ont été installées dans Paris. Le plan de vidéo protection pour la capitale prévoit la mise en place de mille caméras d’ici juin 2012. Ce matériel étant ajouté aux dix mille caméras de la RATP et de la SNCF. Par ailleurs, au-delà des deux salles de commandement de la préfecture de police, les films seront décortiqués, 24 heures sur 24, par la police. 2 500 policiers et pompiers seront formés grâce à des centres de vidéo visualisation implantés dans chaque commissariat. Les films pourront être conservés pendant trente jours. A la préfecture de police de Paris, on explique : « L’objectif est de mieux guider les patrouilles sur le terrain. » (Source, 20 Minutes, 20 décembre 2011)

Comptine
Au travers de ses multiples déclarations xénophobes, Claude Guéant excite toujours la verve de nombre de nos correspondants :
Claude pour les intimes
Lilliputien pour les méchants
Adonis pour les myopes
Unique pour les « nationaux »
Désiré pour les inconscients
Ennemi pour les Roms

Guéant
Utilise
Excellemment
Animosité contre l’un
Nargue l’autre
Théoricien du rejet
(Vous pouvez prendre la suite, avant la fin de l’épisode Guéant qui prendra peut-être fin avec le printemps)

Les policiers se sont moins suicidés en 2011
Le 19 décembre, Claude Guéant annonçait que l’année 2011 a été celle où il y a eu « le moins de suicides policiers depuis 1996. » Avec cette précision : 42 suicides auraient été répertories depuis janvier 2011. (Source, Direct Matin, 20 décembre 2011)

Toujours dans le social !
Evoquant la volonté du gouvernement d’envoyer des policiers suppléer l’absence des agents de sécurité, en grève dans les aéroports, Nicolas Comte, secrétaire général du syndicat Unité Police SGP-FO, a proclamé, la main sur le cÅ“ur : « Les policiers n’ont pas vocation devenir des briseurs de grève. » Nous sommes rassurés. Il n’en reste pas moins que nos policiers sont toujours disponibles pour disperser les piquets de grève et traquer les sans papiers. (D’après Direct Matin, 21 décembre 2011)

A propos de caméras
Commentant l’information annonçant la mise en place a Paris de nouvelles caméras de vidéo surveillance, un officier de police tenait à nous rassurer : « Ce n’est pas parce qu’on va tripler le nombre de caméras que l’on va multiplier par trois les arrestations. » A quoi bon donc. Du côté de la sécurité privée, chargée du développement de la vidéo protection, on assurait : « Quoi qu’en pensent certains, la vidéo est un outil au service des libertés ! » Dans le même temps, un dirigeant du syndicat de policiers en tenue Unité SGP-FO (censé être de gauche), ajoutait : « Ce n’est pas la panacée, on ne peut pas s’attendre à avoir de meilleurs résultats en sacrifiant l’humain au détriment de la technologie. » Charabia, quand tu nous tient. Cet excellent syndicaliste avait dû vouloir dire, « au profit de … ». Passons. (D’après Métro, 21 décembre 2011)


Peloteur municipal
Le 21 décembre, un policier municipal opérant en Saône-et-Loire a été condamné à trois mois de prison avec sursis, peine assortie d’une mise à l’épreuve de deux ans. Ce brave policier de complément, âgé de 55 ans, s’était livré à des attouchements sur une jeune femme alors qu’il était en service. Il devait déclarer, après sa condamnation : « Je n’arrive pas à m’expliquer ce geste ! » (Source, Libération, 22 décembre 2011)

Droit de grève
Dans la matinée du 22 décembre, 180 agents de la PAF et 80 gendarmes mobiles étaient déployés dans l’aéroport de Roissy pour remplacer les agents de sûreté en grève. Mielleusement, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, assurait : « Le droit de grève est respecté car il n’y a aucune réquisition. « Même s’il s’en défend, le gouvernement a bien brisé cette grève, faisant intervenir plusieurs ministres sur le terrain, comme à la télévision. (Source, Libération, 23 décembre 2011)

Libre parole
En novembre 2010, un magistrat, vice-procureur du tribunal de Bobigny (93), avait comparé les méthodes de certains policiers à celles de la Gestapo. A cette époque, le ministre de la Justice avait estimé que ce magistrat avait dépassé les bornes, et « manqué à son devoir de délicatesse à l’égard des services de police. » Le 23 décembre 2011, le Conseil supérieur de la magistrature s’est refusé à céder à la demande du ministère de la justice, et a maintenu sa décision de ne pas sanctionner le procureur qui avait fait usage de sa libre parole. (Source, Libération, 24 décembre 2011)

On n’arrête pas le progrès
Selon un décret publié le 23 décembre, les gardiens des cités de HLM pourront être armés de bâtons de défense de type Tonfa, d’aérosols incapacitants ou de gaz lacrymogène. (Source, Libération, 29 décembre 2011)

Curieuse politique sécuritaire
Il a quelques années, un sondage publié par Le Monde faisait ressortir ce curieux paradoxe : plus on s’éloigne des zones considérées « sensibles », plus la demande sécuritaire était forte. La leçon a été retenue par le ministère de l’Intérieur en 2011, pour ne prendre que l’exemple des effectifs policiers dans Paris, la distorsion est considérable, d’un arrondissement à l’autre. Ainsi, la capitale compte un policier pour 371 habitants mais, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que si dans le 1er arrondissement il y a un policier pour 54 habitants, il en va très différemment dans le 20ème arrondissement qui ne dispose que d’un policier pour 531 habitants. Cherchez l’erreur. (D’après Le Monde, 30 décembre 2011)

A pas de Guéant vers l’Assemblée nationale
Peu sûr de retrouver sa sinécure de ministre de l’Intérieur, en mai 2012, Claude Guéant, réaliste, a décidé d’assurer son avenir – à 67 ans- en se présentant à la députation, à Boulogne-Billancourt (92). Parachutage de luxe et élection assurée. Devenu champion toutes catégories de l’expulsion des sans papiers, ce maître-policier avait éructé, le 17 mars 2011 : « les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ! » Le 11 décembre, cet excellent Gaulois trouvait naturel de préciser, pour les étrangers « acceptés chez nous », qu’il leur fallait respecter, « ce qui a fait l’art de vivre français, comme les civilités, la politesse, la gentillesse… ». Et sans doute la xénophobie ambiante, ainsi qu’une certaine dose de racisme bien tempéré. (D’après Libération, 30 décembre 2011)

Nazie a l’école pandore ?
Il était possible d’apprendre, le 29 décembre, que l’épouse d’un colonel, patron de l’école de gendarmerie basée dans le Finistère, commercialisait, par internet, des statuettes des grandes vedettes du régime nazi. Bien entendu, le catalogue qui propose ses figurines d’environ 36 centimètres de haut, ou se trouvent, Spiderman ou Superman, ne manque pas de suggérer des produits phare : Adolf Hitler, Hermann Goering et l’amiral Doenitz, ainsi que des uniformes rappelant le 3ème Reich. Il n’est pas inutile de préciser que sur la page d’accueil du site figure un numéro de téléphone qui n’est autre que celui du colonel lui-même, tandis que l’adresse affichée correspond à celle de l’école de gendarmerie. La direction de la gendarmerie nationale devait tristement réagir en précisant, dans un communiqué, que « le site de vente incriminé n’est pas hébergé dans une école de gendarmerie » mais au domicile de fonction du couple, situé hors de la caserne. Il n’en reste pas moins que l’Inspection générale de la gendarmerie a été saisi d’une enquête administrative. Quand même… (Source, Libération, 30 décembre 2011)

Figurines nazies (suite)
Suite à l’enquête conduite par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale, le couple de pandores bretons a retiré Adolf Hitler et Hermann Goering de son catalogue de statuettes, y conservant néanmoins le général Rommel. (Source, Libération, 31 décembre 2011)

A méditer
« La soumission des idéologues sécuritaires aux intérêts du capital se dévoile largement lorsqu’ils expliquent, devant les députés, qu’il faut autoriser la sécurité privée, soutenir la création d’entreprises dans ce secteur et leur offrir des marchés en privatisant certains secteurs du contrôle mais aussi dans la répression des quartiers populaires où tout un pan de l’industrie du contrôle se gave des subventions… » (In, Les marchands de peur, de Mathieu Rigouste, Libertalia, 2011)

Exploit pandore
Le 22 juin 2010, à la gendarmerie d’Amancey (Doubs), un homme âgé de 77 ans était placé en garde à vue. Motif : il était soupçonné d’avoir empoisonné des animaux. L’ennui, c’est que cet ancien ouvrier des usines Peugeot devait décéder au cours de la garde à vue. Le 17 décembre 2011, deux gendarmes étaient cités à comparaître, pour « homicide involontaire », le procureur de Besançon estimant pourtant qu’il n’y avait pas eu « ni faute qualifiée, ni faute délibérée ». La défense des deux pandores impliqués évoque une crise cardiaque, probablement causée par un « stress émotionnel aigu ». De son côté, l’avocat de la famille de la victime devait dénoncer plusieurs humiliations génératrices de ce stress dont ‘une fouille à nu », destinée à « obtenir des aveux ». Entre temps, le septuagénaire avait été blanchi, post mortem, des accusations d’empoisonnement. Décision mise en délibéré le 27 janvier 2012. (Source, Vosges-Matin, 18 décembre 2011)

Appelez donc le 17…
Le 19 décembre, le préfet de Haute-Saône adressait une curieuse proposition à la population du département, expliquant : « C’est un appel citoyen. Il faut que les gens nous préviennent des comportements suspects, de la présence d’éléments extérieurs aux agissements curieux… Déjà, dans le passé, à partir d’alertes venues du terrain, nous avons pu contrer des bandes qui opéraient dans le département… » Il serait bon de savoir si de tels appels à la délation ont été lancés dans d’autres départements, et pourquoi pas avec des primes à la clé, comme dans l’affaire de Villiers-le-Bel. (D’après Vosges-Matin, 20 décembre 2011)

Service d’ordre
Le 3 janvier 2012, quelque 250 salariés de la compagnie de ferries Sea-France étaient venus zn autocar à Paris pour assister à l’audience du Tribunal de commerce devant décider de leur avenir. Un important dispositif policier, composé essentiellement de gendarmes mobiles les attendait en guise de comité d’accueil. (Sources, Canal +, 3 janvier, avec images significatives de pandores repoussant rudement des salariés pacifiques, et Métro, 4 janvier 2012)

A la charge !
Le 4 janvier, dans le quartier de la Grande-Borne, à Grigny (91), une vaste opération de police permettait d’interpeller trois jeunes hommes auteurs présumés de tirs sur des agents de la BAC, en décembre 2011, à Juvisy. Quelque 80 policiers avaient été mobilisés pour ce qui ressemblait surtout à une chasse à l’homme spectaculaire, avec pour objectif un gibier aléatoire. (Source, Direct-Matin, 5 janvier 2012)

Convivialité à la mode Guéant
Le 6 janvier, à Chartres, une jeune camerounaise, élève au lycée Théodore-Monod, de Noisy-le-Sec (93), était placée en centre de rétention. Son délit ? La jeune fille, âgée de 23 ans, se trouvait dans une file d’attente, à la préfecture de Chartes, pour régulariser sa situation, et obtenir un titre de séjour. Sans doute était-elle trop âgée, aux yeux des policiers, pour être encore lycéenne. (Source, Libération, 7 janvier 2012)

Gachette facile
En juillet 2010, lors d’un contrôle d’identité à Thésée (Loir-et-Cher), un gendarme, faisant usage de son arme, avait tué un Gitan. A cette époque, ce drame avait provoqué de violentes réactions au sein de la communauté des « gens de voyage ». Le 6 janvier 2012, le parquet de Blois, estimant que le gendarme avait tiré dans les conditions prévues par la loi, a requis le non-lieu pour ce pandore (Source, Le Monde, 9 janvier 2012)

Un mort : pas de poursuite !
En juin 2009, à Argenteuil (95), un retraité algérien, âgé de 69 ans, trouvait la mort suite à un contrôle policier des plus musclés. Près de trois ans après les faits, les parquet a estimé que les policiers à l’origine de l’interpellation ne pouvaient être poursuivis car aucun acte de violence ayant pu être la cause directe, ou indirecte, de ce décès n’avait pu être décelé. En fait, après avoir été violemment agressé, le retraité était tombé dans le coma avant de perdre la vie, sept jours plus tard. Il convient de rappeler qu’une expertise réalisée peu après les faits avait révélé l’existence d’une vingtaine d’hématomes, dans le même temps que la Commission de déontologie de la sécurité avait estimé que les policiers avaient fait un « usage disproportionné » de la force », envers un homme qui aurait été fortement alcoolisé. (Source, Le Monde, 9 janvier 2012)

Violence nécessaire et légitime ?
Au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, à Clermont-Ferrand, un homme de 30 ans, sans doute d’origine visiblement maghrébine, était lourdement tabassé par des policiers, avant de sombrer dans un coma profond. Pour le procureur de la République, « L’enquête devra déterminer si la violence exercée était nécessaire et légitime. » Rappelant également que le jeune homme avait été interpellé « très énervé », le magistrat a néanmoins ouvert une information judiciaire le 6 janvier. Les amis de la victime, qui organisaient une manifestation, suite à cette violence déchaînée, se disaient « révoltés par ce qui ressemble à une ratonnade, exécutée par des agents de l’Etat. » Comme bien souvent, le procureur dans le but de justifier les brutalités policières, devait expliquer que la victime se trouvait sous l’influence de l’alcool, du cannabis et de la cocaïne. Ce qui n’explique nullement pourquoi le jeune homme avait été jeté dans le véhicule de police, menotté dans le dos, l’un des policiers le maintenant allongé sur la banquette arrière, peut-être en situation d’étouffement, comme cela est enseigné dans les écoles de police. Ce n’est pas tout : transporté à l’hôpital, le jeune homme présentait des fractures aux côtes et à la face, ainsi que des lésions autour du cou. Par ailleurs, des témoins affirment qu’il y avait eu tabassage au sol. Ce que conteste le procureur qui, lui, n’était pas témoin de la scène. (D’après Le Monde, 9 janvier 2012)
Rigolo
Dans le cadre de l’émission Complément d’enquête, une équipe de journalistes de France 2 tentait de reconstituer un braquage, survenu en août 2011, au casino de Trouville. A cette fin, ils avaient fait l’achat d’un pistolet en plastique, et s’apprêtaient à filmer la scène. Des témoins qui assistent à la reconstitution se croient en plein western et ne tardent pas à appeler la police, qui serre les journalistes. Lesquels étaient immédiatement placés en garde à vue, avant d’être relâchés. Cette opération n’a pas manqué de provoquer une leçon de morale de la part du procureur de la République de Lisieux, qui dénonçait « un manque de rigueur et de professionnalisme » de la part des journalistes qui avaient omis de prévenir les autorités de ce tournage. (Source, Libération, 9 janvier 2012)

Chauffard
Dans la matinée du 8 janvier, sur l’autoroute A 13, à la hauteur de Feucherolle (78), un fourgon de police, avec à son bord quatre fonctionnaires et trois gardés à vue, percutait un véhicule en stationnement sur la route, tous feux éteints. Une policière souffre de traumatismes crâniens tandis que son collègue conducteur restait inconscient. (Source, Direct-Matin, 9 janvier 2012)

Non-droit ou brutalité au nom du droit ?
Après l’intervention brutale des policiers contre un jeune homme dans la nuit de la Saint-Sylvestre, des dizaines de voitures ont été incendiées à Clermont-Ferrand. Suite à cette véritable agression, des centaines de jeunes, venus des quartiers populaires, ont défilé dans la ville, derrière une banderole où l’on pouvait lire : « Personne au-dessus des lois. On est tous avec toi Wissam ! » Les deux policiers auteurs de l’interpellation, sont bien visés par une information judiciaire pour « coups et blessures volontaires par personne dépositaire de l’autorité publique », mais ces deux brutes n’ont toujours pas été mises en examen, ni même suspendues. Ce qui n’a pas empêché le procureur, qui a mobilisé plus de 200 policiers, « pour tenter de ramener le calme », de hausser le ton, avec ce propos étonnant : « Nous ne laisserons pas s’installer une zone de non-droit à Clermont-Ferrand ! » S’agirait-il du droit des cow-boys à tabasser des jeunes dont la tête ne leur revient pas ? Dans le même temps, le préfet du Puy-de-Dôme martelait : « Chaque individu qui sera en situation d’être interpellé le sera ! (D’après 20 Minutes et Libération, 9 janvier 2012)

Une brute à l’épreuve
Le 6 janvier, un homme salarié par le mouvement Act-Up était tabassé par un policier, dans les locaux du commissariat de police du 3ème arrondissement de Paris. Raison de cette violence déchaînée ? Suite à son interpellation, il sifflotait L’Internationale, alors qu’il était menotté et attaché sur un banc. Le policier l’aurait alors averti de cesser, avant de le gifler violemment. Toujours est-il que cette victime d’une brute souffre d’une fracture du plancher de l’orbite de l’œil gauche, avec douze jours d’interruption temporaire de travail. Le siffleur impertinent a décidé de porter plainte. (Source, Métro, 10 janvier 2012, avec photo significative de la victime)

Sécurité privée
Près de 1.000 sociétés privées de sécurité se créent chaque année. Pour mieux contrôler cette vague sécuritaire, Claude Guéant devait installer, le 9 janvier, le Conseil national des activités privées de sécurité (CNAPS). Il s’agit d’une « haute autorité » destinée à moraliser, réglementer et surveiller les entreprises de ce secteur. Il convient de noter que les patrons de ces trop nombreuses officines embauchent systématiquement d’anciens policiers, gendarmes et militaires à la retraite. Ce qui est suggéré à demi-mots, dans la création de ce CNAPS), c’est la difficulté de gérer ce milieu sécuritaire privé, om les agents se donnent surtout des pouvoirs dont ils ne disposent pas légalement. (D’après Le Monde, 10 janvier 2012)

Clermont-Ferrand : 1 mort !
Dans l’après-midi du 9 janvier, Wassam El-Yamni, dans le coma depuis la nuit du 31 décembre au 1er janvier, est décédé suite aux brutalités policières subies. Le soir même, craignant les retombées de cette information ayant rapidement circulé à Clermont-Ferrand, le préfet du Puy-de-Dôme avait prévu de maintenir un impressionnant dispositif sécuritaire : plus de 400 policiers et gendarmes, accompagnés de deux hélicoptères, avaient été mobilisés dans la soirée du 9 janvier. Ce même jour, en déplacement dans les zones dites « sensibles » de la Seine-Saint-Denis, Claude Guéant devait déclarer que les policiers incriminés à Clermont-Ferrand n’étaient pas responsables de la mort du jeune homme. (Source, Libération et 20 Minutes, 10 janvier 2012)

Expulsions : record battu
Depuis ses bureaux de la place Beauvau, le 9 janvier, Claude Guéant bombait le torse pour annoncer que l’année 2011 avait permis de battre le record d’expulsion de sans-papiers. Près de 33.000 parias ont donc dû quitter le territoire national. Sans négliger les territoires d’Outre-mer, comme la Guyane et Mayotte, d’où l’on expulse à tour de bras. (Source, Le Monde, 11 janvier 2012)

Aulnay-sous-Bois : 1 mort
Dns la nuit du 10 janvier, à Aulnay-sous-Bois (93), un jeune homme de 25 ans, prénommé Abdel, est mort lors d’un contrôle de police, au pied d’un immeuble, conduit par des policiers recherchant des dealers. Rapidement, Abdel se retrouvait menotté avec ses camarades, qui priaient les policiers de ne pas le bousculer, vu ses problèmes cardiaques. Avertissement sans effet et Abdel ne devait pas tarder à décéder. Crise cardiaque devait annoncer immédiatement les autorités policières. De plus, dans la matinée du 11 janvier, le préfet de Seine-Saint-Denis, Didier Lombard, apparaissait sur toutes les chaînes de télévision pour évoquer cette crise cardiaque, ajoutant même que le jeune homme avait consommé du Viagra. Pour plus de crédibilité, le préfet affirmait qu’Abdel n’avait fait l’objet d’aucune violence policière. Le parquet a néanmoins ouvert une enquête. (Source, France Inter et Canal +, 11 janvier 2012)

Violences mortelles à Clermont-Ferrand (suite)
Finalement, les deux policiers à l’origine du décès de Wassam ont été mis en congé et non pas suspendus, comme il aurait paru normal. Par ailleurs, le syndicat Synergie officiers a apporté son soutien aux policiers mis en cause dans la mort de Wassam. Au fil des jours, des témoins commencent à à prendre la parole. Contrairement aux affirmations des autorités, les policiers ont commencé à se conduire violemment sur le trottoir. Une jeune femme, qui a vu la scène depuis sa fenêtre, raconte : « Les deux hommes (policiers) étaient debout ; ils lui ont d’abord donné des coups de pied, notamment dans le dos puis, passant de l’autre côté, sur le thorax. Après, un des deux s’est accroupi et a tapé sur la tête. » Cette mère de famille poursuit son récit : « (Après l’arrivée des renforts)…les deux hommes l’ont menotté, l’ont soulevé et l’ont mis dans la voiture. Il ne bougeait pas. » Sans doute l’effet de la crise cazrdiaque mortelle. (Source, Libération et Direct-Matin, 11 janvier 2011)

Au fond de l’égoût policier
C’est le scandale du jour. L’Inspection générale des services (IGS) est suspectée d’avoir truqué une enquête judiciaire. Des procès-verbaux ont été modifiés, des écoutes détournées, et une possible affaire de corruption étouffée. Parmi les victimes de ces pratiques, d’importants fonctionnaires de police jugés trop proches du Parti socialiste, ont été sanctionnés à tort, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’Intérieur, en 2007. Parmi les hauts cadres de la police mis en cause, l’actuel préfet de police de Paris. En janvier 2011, il y a eu non-lieu dans cette affaire mais les victimes de ces mauvaises manières entre policiers attendent toujours leur réintégration. LA justice enquête. A suivre. (Source, Le Monde, 12 janvier 2012)

Aulnay-sous-Bois : tir de flash-ball au hasard
Il semble qu’à Aulnay-sous-Bois (93), où le jeune Abdel est mort, le 9 janvier, les policiers de la BAC agissent, au quotidien, « en cow-boys et en provocation », selon les habitants de la cité Balagny. Un résident du quartier témoigne que, le soir même de la mort du garçon, il était dangereux de se trouver dans la rue : « Quand je suis sorti de mon appartement, il y avait des flics partout. J’ai levé bras à la vue de la lumière qui était pointée sur moi. Mais trop tard, les policiers ont tiré dans le vide, et j’ai reçu un coup de flash-ball. » Le fils de cet homme précise : « C’est l’équipe de la BAC du soir qui pose problème…On les connait bien, Ils nous provoquent toutes les nuits. » (Source, 20 Minutes, 12 janvier 2012)

Gros mots
Le 12 janvier, à Lille, la police interpellait un homme d’une cinquantaine d’années qui avait insulté Nicolas Sarkozy, en visite dans la ville. Comme on ne peut pas être à jeun pour se comporter de cette manière, l’homme qui a reçu une leçon de morale citoyenne, présentait un taux d’alcoolisme important. Ce qui expliquerait l’outrage fait au président de la République. (Source, Direct-Matin, 13 janvier 2012)

Rigolo
Suite au scandale né de la révélation du trucage de documents par les soins de l’IGS, pour faire « tomber » d’importants fonctionnaires de la police parisienne, le préfet de police de Paris, Michel Gaudin, n’a pas trouvé ridicule de déclarer, alors qu’il ne serait pas innocent dans cette affaire : « Je n’appartiens à aucun clan. Je suis un fonctionnaire et je n’ai pas l’habitude de m’immiscer dans les affaires politiques. » Surtout, ne pas ricaner. (D’après Libération, 14 janvier 2012)

Mort au commissariat en 2004
Le 20 avril 2004, un homme âgé de 29 ans, prénommé Abdel-Krim, trouvait la mort au commissariat de Marignane. C’est le fait brut. Il faudra attendre la fin du mois de septembre 2009 pour apprendre que la victime, trouvée dans u jardin, le visage en sang, avait été conduite au commissariat où les policiers qui le trouvent « agité » vont s’occuper sérieusement de lui. A son arrivée dans les locaux de police, Abdel, menotté aux chevilles et aux poignets, « vu son état d’agitation », était fermement maintenu au sol par quatre policiers, jusqu’à étouffement – ce que révélait Libération le 1er décembre 2009. L’avocat de la famille de la victime déclarait alors : « On sait qui lui maintenait les pieds et la tête, mais, comme par hasard, aucun ne prend la responsabilité des pressions sur le thorax… » En septembre 2011, la juge d’instruction chargée du dossier, devait prononcer le non-lieu, écartant les violences volontaires de la part des policiers. La famille, ayant fait appel de cette décision, la chambre de l’instruction devait rendre sa décision le 17 janvier. (Source, Libération, 16 janvier 2012)

Alerte au gaz
Le 17 janvier, Nicolas Sarkozy était en campagne dans l’Ariège, à Pamiers. Un cortège d’environ 500 personnes désirait s’approcher du lieu de prise de parole du président. Mal leur en a pris. Les gendarmes mobiles qui protégeaient les lieux devaient les accueillir avec des jets de gaz lacrymogènes ; il y aurait même eu plusieurs blessés. (Source, France-Info, 17 janvier 2012)

1 mort dans la rue : douce justice
Le 9 mai 2008, à Grasse (Alpes-Maritimes), un jeune home âgé de 22 ans, prénommé Hakim, était interpellé violemment par une équipe de policiers désireux de faire régner l’ordre public. Brutalisé sur un trottoir, Hakim devait mourir par asphyxie. Devant des témoins, qui protestaient en vain, un policier pratiquait une compression thoracique, tandis que, dans le même temps, l’un de ses collègues exécutait une clé d’étranglement. L’un des témoins dira : « J’ai vu que son visage était tout bleu, puis il a baissé la tête tandis que le policier continuait à l’étrangler. » Au premier jour du procès, le 16 janvier 2012, le débat a justement porté sur ces techniques d’étranglement, désignées dans le jargon policier comme une « méthode de raisonnement opérationnel ». Au cours de cette discussion technique, il devait être fait mention d’une note interne, remontant à 2003, émanant du directeur général de la police nationale, limitant à « trois à cinq secondes l’usage d’une technique d’étranglement ». Le patron de l’IGPN rappelant, en octobre 2008, que « l’immobilisation par compression sur le thorax ou l’abdomen doit être la plus momentanée possible, et relâchée dès que la personne est entravée par les moyens réglementaires et adaptés… » Cette technique d’étranglement, enseignée dans les écoles de police est surtout entendue de façon drastique, les élèves n’écoutant que d’une oreille la leçon de l’instructeur, ne retenant que l’efficacité du geste. Toujours est-il que le 18 janvier 2012, au tribunal correctionnel de Grasse, les deux policiers de la Bac, incriminés, n’étaient accusé que « d’homicide involontaire ». Contre l’un et l’autre, le procureur devait requérir des peines très douces. Quant aux cinq autres policiers, présents sur les lieux, des peines très faibles étaient requises pour « non-assistance à personne en danger. » (Sources, Libération et Tout est à nous, 19 janvier 2012)

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