quefaitlapolicelogo QUE FAIT LA POLICE ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – Nouvelle série – Numéro 12 – Août/Septembre 2007

Editorial : Une ouverture très « policée »

Le soir de son intronisation à l’Elysée, Nicolas Sarkozy promettait l’ouverture. Ce qui pouvait susciter des craintes chez les tenants de l’idéologie sécuritaire. Ceux-là peuvent être rassurés. La France est toujours sous très haute surveillance. Un peu plus qu’avant les élections même. Nul ne pourra plus, désormais, troubler l’ordre public. Soyons persuadés que les « trublions » n’oseront plus passer à l’acte. En effet, les esprits ont à ce point évolué que le rôle des forces de l’ordre est enfin envisagé à la hauteur des enjeux. Une certitude : l’amateurisme ne doit plus présider en matière de respect de nos institutions.

Garde à vous !

Dans le domaine du maintien de l’ordre, nous sommes censés sortir d’une période de romantisme répressif. On aimerait nous faire croire que Jacques Chirac ne s’intéressait qu’aux grandes causes humanitaires, tandis que son ministre de l’Intérieur, un certain Sarkozy, était impuissant face au laxisme de son président. Depuis les dernières élections présidentielles, la donne s’est considérablement modifiée.

Il est possible de dire que nous bénéficions de la tutelle de quatre spécialistes s’intéressant à l’ordre public. Tout d’abord Nicolas Sarkozy, qui en fait son domaine privilégié. Il est secondé par Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée mais ancien directeur général de la police nationale. Troisième baron sur ce terrain, le fidèle Brice Hortefeux, ministre de l’immigration et de l’identité nationale, chargé également de la police aux frontières. Reste la ministre de l’Intérieur en titre, Michèle Alliot-Marie, qui n’est là que pour exécuter la consigne. Ce quatuor répressif étant complété par Rachida Dati, qui ne cesse de proclamer qu’elle sera impitoyable envers les petits délinquants.

On doit se sentir rasséréné dans les rangs policiers. Non seulement le pouvoir dont ils sont investis n’a pas été remis en cause, mais leur droit d’ingérence a été élargi. Ainsi, il y a fort a parier qu’avec la limitation du droit de grève, les cordons de police remplaceront bientôt les piquets de grève à la porte des entreprises.

Depuis le 6 mai 2007, l’arrogance policière ne connaît plus de bornes. On ressent, chez ces serviteurs indéfectibles de l’ordre public cette certitude de se situer au-dessus des lois qu’ils ont pour mission de faire respecter. Désormais, lorsque les policiers font tournoyer leur matraque tonfa sur les têtes des jeunes manifestants, il n’est pas rare de les entendre dire, face aux protestations des témoins indignés : »Le président ayant été élu démocratiquement, il n’y a rien à redire ».

Maurice Rajsfus

Suicide

Le 15 mai, un policier parisien, adjoint au chef du 1er district de la Direction de l’ordre public, et de la circulation, met fin à ses jours, dans son bureau, avec son arme de service. (Source, 20 Minutes, 16 mai 2007)

Braves policiers

Paris, 23 mai. Un commandant de police, et deux policiers du service régional de la police des transports, sont placés en garde à vue dans le cadre d’une enquête conduite par l’IGS. Les soupçons portent sur des détournements de scellées, dont des vols de matériels informatiques, et peut-être d’argent liquide. Les trois policiers sont déférés au parquet de Paris. (Source, Métro, 24 mai 2007)

Promptitude

Nicolas Sarkozy n’a pas perdu de temps. Le 23 mai, le préfet de police de Paris, Pierre Mutz, jugé trop chiraquien, est prié de dégager au profit d’un homme qui a fait ses classes sous Charles Pasqua, Michel Gaudin. Dans la foulée, un autre proche du nouveau président, Frédéric Péchenard, ancien patron de la PJ, devient directeur-général de la police nationale. (Source, 20 Minutes, 24 mai 2007)

Au viol !

Trois gendarmes avaient agressé sexuellement l’un de leur compagnons de cantonnement, en 2004. Trois ans plus tard, ces charmants militaires ont été condamnés à douze mois de prison avec sursis. (Source, 20 Minutes, 23 mai 2007)

Paroles et musique

Lorsque dans les années 1960, Georges Brassens fredonnait de douces paroles, expliquant que s’il aimait les policiers et les gendarmes, c’était « sous la forme de machcabés », nul n’avait envisagé de le poursuivre en justice, pour mise en danger de fonctionnaires. Il n’en va plus de même, en 2007. C’est ainsi que le 21 mai, un rappeur a été condamné à une forte amende – 1500 euros – pour « injures » et « diffamation » envers les forces de l’ordre, en compagnie de deux animateurs du centre social de Bobigny (93) -1 500 et 3 000 euros d’amende pour chacun d’eux. Ces derniers avaient édité un disque dont les paroles avaient déplu à un élu, le maire de Drancy qui avait porté plainte. De son côté, le syndicat de policiers en tenue, Alliance, estime ces sanctions trop indulgentes, avec cet argument : « En laissant passer des mots aussi forts, la société laisse la porte ouverte toutes sortes de violences verbales ou physiques, à l’encontre des forces de l’ordre. » (Source, Métro, 22 mai 2007)

« Très bien, merci ! »

Pour une fois, un cinéaste s’est inquiété du comportement des policiers de la République. Dans Très bien, merci, de Emmanuelle Cuau met en scène un citoyen lambda qui s’étonne du mode opératoire des forces de l’ordre, à l’occasion d’un contrôle d’identité. Témoin actif, il a le tort de vouloir se mêler du travail des uniformes bleus à petite casquette. Mal lui en prend. Menotté, traîné au commissariat, il passera une nuit en cellule de dégrisement, et sort lesté d’une plainte de ses anges-gardiens, pour « outrage » et « trouble à l’ordre public ». Comme le pauvre héros de cette aventure admet mal le traitement subi, et le fait savoir, il va se retrouver en asile psychiatrique. En effet il ne faut pas être normal pour s’intéresser de trop près à la noble tâche des policiers. A voir absolument, si ce film est toujours programmé.

Fumette et gangstérisme

Le 25 mai, un policier du commissariat de Fréjus (Var), accusé de production, de vente de cannabis, et de vol aggravé, est déféré devant le parquet. Ce brave gardien de la paix, âgé de 40 ans, a été dénoncé par sa compagne après avoir volé un appareil de photo à un accidenté de la route. (Source, Libération, 26 mai 2007)

Gros mensonge

Le 25 mai, dans la Creuse, près de Bourganeuf, un automobiliste quitte une station service sans payer son plein d’essence. Le pompiste alerte la gendarmerie et des motards se lancent à la poursuite du voleur. Première information, un gendarme est tué et un autre grièvement blessé, suite à un choc provoqué par le fuyard. Nous apprenons donc, avec force détails, que cet automobiliste a subitement stoppé pour se retourner contre ses poursuivants, les percutant violemment. C’est du moins ce que l’on affirme à la gendarmerie. Sans attendre, Nicolas Sarkozy exige que « la justice sanctionne ce type de comportement, avec sévérité et fermeté ». Cela va de soi puisque le coupable est « bien connu des services de police »,selon la formule consacrée. Pourtant, dès le 26 mai, il s’avère que l’on s’est hâté de conclure la culpabilité de cet homme, ancien toxicomane, placé sous Subutex. En fait, il est rapidement établi que l’un des gendarmes a percuté son collègue, au cours de la poursuite, d’où 1’accident mortel et le décès du militaire. Gros mensonge donc. D’habitude, lorsque les policiers ou les gendarmes pourchassent un  »délinquant » ‘il n’est pas rare que celui-ci trouve la mort. Cette fois, c’est l’inverse qui s’est produit, à ce jeu pervers qui peut mettre en péril les uns et les autres. Finalement, selon les dernières informations, l’automobiliste serait poursuivit pour tentative de meurtre mais sans intention de donner la mort… A suivre. (Sources, Images France 2 et Libération, 26 et 28 mai, Le Monde, 28 mai 2007)

Tabassage à bord

Le 26 mai, un appareil d’Air-France doit décoller pour Bamako. A bord, un sans papier en cours d’expulsion, ce que les passagers ignorent encore. A peine l’embarquement terminé, l’un des membres d’une équipe de cinéastes s’inquiète à la vue de deux civils tentent de maîtriser un Noir, assis au dernier rang, et qui se débat. Il s’avère que ces deux civils sont des policiers. La scène est des plus violentes. Ce témoin raconte : »Les flics étaient à genoux sur le mec. L’un semblait vouloir l’étrangler, un autre lui assénait de grands coups de poing dans le ventre… Sous les huées des passagers, l’homme finit pas être immobilisé et sanglé. » Il se trouve qu’un passager a filmé la scène avec son téléphone portable. Ce qui provoque la colère des policiers, lesquels expliquent que l’homme n’est pas seulement un sans papiers mais aussi un « double-peine » Dans le même temps, l’homme tabassé a perdu connaissance, et fait une crise d’épilepsie. Un autre témoin raconte : « On l’a vu passer avec les yeux révulsés, la langue qui pendait, de la bave autour de la bouche. » Une fois l’homme débarqué, une bonne dizaine d’agents de la PAF font irruption dans l’avion et paraissent à la recherche de celui a filmé cette ruée sauvage. Finalement, le vol est annulé. Du côté du gouvernement on se renvoie les responsabilités entre le ministère de l’Intérieur et celui de l’identité nationale, désormais responsable des activités de la PAF. (Source, Libération, 28 mai 2007)

Gros poissons

Le 31 mai, le directeur de la police générale de la préfecture de police de Paris était entendu dans les locaux de l’IGS. Selon une source proche du dossier, ce haut fonctionnaire serait mis en cause dans « la vents de papiers d’identité à des étrangers en situation irrégulière ». D’autres cadres administratifs de la préfecture pourraient être mis en cause. En avril 2006, déjà, la direction de la police générale était dans le collimateur de la justice, le responsable de la police des étrangers de la préfecture de police avait été mis en examen, et écroué, pour « corruption passive » et « aide au séjour irrégulier d’étrangers ». A suivre. (Source, Métro, 1er juin 2007)

Peur et tension sociale

Un rapport, considéré comme accablant pour la police de Seine-Saint-Denis, qui n’aurait pas dû être rendu public, est divulgué par des fonctionnaires sans doute « malveillants ». Si les policiers de ce département « sensible » évoquent un « climat d’insécurité permanent », c’est surtout la dégradation des rapports entre la police et la population qui est en cause. Pour les jeunes et les éducateurs des cités de ce département, le timide dialogue avec la police est rompu car les forces de l’ordre s’évertuent surtout à faire peur. Il règne un lourd climat de tension provoqué par la police. (Source FR 3, 3 juin 2007)

Inflation

Le 4 juin, Brice Hortefeux, entre autres ministre de l’identité nationale, a demandé aux responsables des forces de l’ordre de procéder, d’ici la fin de 2007 a 125 000 mises en cause d’étrangers en situation irrégulière devant la justice. Ce qui, dans l’intention, va bien au-delà de la volonté du gouvernement d’expulser 25 000 sans papiers d’ici la fin du mois de décembre de cette année. (Source, 20 Minutes, 5 Juin 2007)

Code électoral

« Le 29 mai, je me rends au commissariat de police de la commune pour remplir un formulaire de vote par procuration pour les élections législatives du 10 Juin. Le fonctionnaire de police qui me reçoit commence par me dévisager longuement, et s’étonne de ma demande, de l’objet de ma démarche, finalement. Peut-être parce que j’ai le teint coloré. Immédiatement, il me répond qu’il n’a plus de formulaires. ]’insiste, et lui explique que son commissariat doit obligatoirement en posséder. Il remue l’air de son bras droit, comme pour me faire comprendre que je commence à l’agacer. C’est un peu le comportement ordinaire du fonctionnaire de police qui, de service dans un centre de rétention administrative, répond à un sans papier qui lui demande un formulaire à adresser à l’OFPRA qu’il n’y en a plus, que le téléphone ne fonctionne pas, etc.

« N’ayant pas réussi à me décourager, le policier m’explique qu’il va demander à ses collègues s’il n’y en pas…à la cave. Il revient au bout de quelques minutes, me fait encore patienter, s’en va feuilleter dans une armoire métallique, remue quelques dossiers, avant d’en ressortir le document prétendument épuisé. Il me le remet de mauvaise grâce. Nous n’avons pas échangé plus de dix mots. La police de la République est vraiment conviviale. Ni bonjour, ni au-revoir. Peut-être même ai-je échappé à une plainte pour outrage si je m’étais laissé aller hausser le ton. (Correspondance reçue à l’Observatoire des libertés publiques, le 5 juin 2007)

Protection rapprochée

Il semble que Nicolas Sarkozy soit tout aussi soucieux de sa sécurité que peut l’être George W. Bush. A chacun de ses déplacements, des centaines de policiers l’accompagnent. Depuis son arrivée à l’Elysée, le président de la République est entouré par une garde rapprochée de onze super-policiers issus du Service de protection des hautes personnalités (SPHP), renforcée par des policiers du RAID. Comme ces anges-gardiens doivent également assurer la sécurité de la famille Sarkozy (sept personnes), l’effectif policier de l’Elysée pourra atteindre rapidement une centaine d’hommes. Nous voilà rassurés. (Source, Libération, 6 juin 2007)

Identité nationale

Le 6 juin, des militants du CSP 59 occupent la faculté de droit de Lille. Ils en sont violemment expulsés par les forces de l’ordre. Plusieurs sans papiers sont blessés au cours de cette opération. (Source, Métro, 7 juin 2007)

Pudibonderie policière

Le 9 juin devait avoir lieu, à Paris, le défilé cyclo-nudiste – manifestation annulée à la dernière minute par la préfecture de police. Pourtant, quelques irréductibles avaient malgré tout décidé d’exhiber leur nudité dans la capitale. Mal leur en a pris. La police parisienne n’ayant guère le sens de l’humour, cinq d’entre eux ont été interpellés pour « exhibition sexuelle ». Pour cette première, à Paris, le contact a été rude. Pourtant, de telles manifestations se sont déroulée récemment à Madrid, Londres et Bruxelles,sans que la police se croit obligée d’intervenir. (Source, Le Parisien-Dimanche, 10 juin 2007)

Farces et attrapes

Le 8 juin, à Besançon, deux hommes tentent de se faire passer pour des policiers, et effectuent des contrôles d’identité dans les rues. L’un d’eux, déçu de n’avoir pu devenir CRS, à cause de sa petite taille, disposait de la panoplie complète du policier ordinaire : gyrophare sur la voiture, menottes, matraque, mais pistolet en plastique, il est vrai. Ces deux faux policiers en avaient peut-être fait un peu trop car, même avec le logo « police », leur voiture Ferrari ne pouvait que faire désordre. (Source, La Provence, 11 juin 2007)

Qui dit vrai ?

Le 20 septembre 2006, 1a police faisait savoir, avec force détails que, la veille, deux CRS étaient tombés dans un guêt-apens à la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonne (91). Selon de nombreuses sources, il paraîtrait plutôt que les deux policiers s’en soient pris à un groupe d’adolescents qui mangeaient tranquillement une pizza, dans un buisson. L’affaire dégénérera, et les CRS seront effectivement blessés. Pourtant, la police jugera utile de présenter des témoins douteux, entendus sous X, ainsi que des personnes n’ayant même pas assisté aux faits. Une certitude : il n’y a pas eu de guêt-apens, ni de traces ADN, contrairement aux déclarations de Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur, à cette époque. De plus, aucun des suspects des coups portés aux policiers ne seront poursuivis pour « tentative de meurtre sur dépositaires de l’autorité publique ». Reste la volonté des autorités policières, et de la justice, de faire un
exemple, ne serait-ce que devant un tribunal correctionnel. (D’après Le Monde,11 juin 2007)

Clandestins : un mort de plus !

A Bordeaux, un Marocain de 27 ans, interpellé le 30 mai pour défaut de visa, se pend au centre de rétention administrative. Pour le syndicat UNSA-Police, ce décès est dû au « manque de moyens ». I1 est vrai que dans cette ville de Bordeaux, les moyens ne manquent pas pour effectuer des descentes de la PAF dans les commerces pour « renforcer la lutte contre la travail illégal des étrangers ». (Source, Métro, 14 Juin 2007)

Inquiétude policière ?

Suite à la volonté proclamée de Brice Hortefeux, entre autres ministre de l’identité nationale, d’expulser 25000 sans papiers d’ici la fin décembre 2007, 1e secrétaire général du syndicat SGP-Police, Nicolas conte, a témoigné de son inquiétude, le 12 juin : « Le risque des objectifs chiffrés, c’est de focaliser sur un type de mission au détriment d’autres aspects de la criminalité. » Par ailleurs, ce syndicaliste policier s’étonne : « La difficulté, avec ces interpellations, c’est qu’elles suscitent l’hostilité d’une partie de la population… et creusent un fossé entre les citoyens et les forces de l’ordre. » (Source, Métro, 14 juin 2007)

Droit d’asile ?

Le 13 Juin, les responsables de Amnesty-International France se sont inquiétés du transfert de tutelle de l’OFPRA, du ministère des Affaires étrangères à celui de l’immigration, en fait au ministère de l’Identité nationale. Pour Amnesty-International, ce transfert  »renforce les craintes sur les risques de confusion entre le droit d’asile et la question des flux migratoires ». Comment oublier que sous Nicolas Sarkozy, le nombre de demandes d’asile a déjà baissé de 20%, en 2005, puis de 40%, en 2006. Qu’en sera-t-il, en 2007, sous Brice Hortefeux ? (Source, Marseille-Plus, 14 juin 2007)

La rancune longue

En juillet 2002, Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, déposait plainte contre Mohamed Bouroka, dit Hamé, membre du groupe de rap « La Rumeur ». Motif ? Un billet d’humeur avait accompagné la sortie de l’album du groupe : « L’ombre sur mesures ». Hamé avait notamment écrit : « Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police. Sans qu’aucun des assassins n’ait jamais été inquiété. » Pour Nicolas Sarkozy, poussé à porté plainte par les syndicats de policiers, ces propos « portaient atteinte à l’honneur et à la considération de la police nationale. » Tout aussi grave, aux yeux du ministre de l’Intérieur, ce constat de Hamé : « La réalité est que vivre aujourd’hui dans nos quartiers, c’est avoir plus de chance de vivre des situations d’abandon économique, de fragilisation psychologique, de discrimination à l’embauche, d’humiliations policières régulières » Insupportable !

Pourtant, lors du procès devant la 17 ème Chambre correctionnelle de Paris, en décembre 2004, Hamé avait été relaxé. De même lors du procès en appel, en juin 2006. Mauvais perdant, M. Sarkozy n’avait pas manqué de se pourvoir en cassation, même s’il n’y avait aucun élément de droit en jeu dans cette affaire. Le 13 juin 2007, jour du recours, la cour de cassation n’a pas cru devoir donner de décision. De son côté, la presse s’est abstenue de fournir cette information, que nous avons obtenu auprès des avocats du groupe  »La Rumeur ».

Liberté d’expression

Suite aux manifestations suivant le second tour des élections présidentielles, un premier bilan des opérations policières a été dressé par les RG. Près de 10 000 personnes auraient manifesté à travers la France. Ces manifestations ont donné lieu à une forte répression, environ un millier d’arrestations ont été opérées entre le 6 et le 9 mai. Pour la seule nuit du 7 au 8 mai, la Direction générale de la police nationale annonçait 160 arrestations, dont 20 à Paris, la nuit suivante se soldant par 80 arrestations. Le 9 mai, ce sont 118 personnes qui sont arrêtées à Paris, lors d’une manifestation antifasciste, soit plus de 30 % des manifestants. A noter, encore une fois, que 400 à 500 néo-nazis ont pu parcourir tranquillement le VIème arrondissement de Paris, encadré par un service d’ordre armé de battes de base-ball, sans être inquiété par la police. Les arrestations ont donné lieu à la condamnation à de la prison ferme de 36 personnes, avec des peines allant de un à huit mois de prison. Bilan répressif incomplet, semble-t-il. (Source, Courant alternatif, juin 2007)

Avec des chiens sans muselière

Le 16 mai, dans la soirée, quelque 30 personnes voulaient manifester sur la place de la Comédie, à Montpellier. Une trentaine de policiers de la BAC, armés de flash-balls et de grenades assourdissantes les attendent. Les charges brutales ne tardent pas. Une manifestante en fauteuil roulant est renversée, et ceux qui tentent de la relever sont sauvagement matraqués au visage. Plusieurs personnes sont blessées. Il y a sept interpellations. Un peu plus tard, lorsque des manifestants se dirigent vers le commissariat central pour obtenir des explications, des chiens policiers sans muselière sont lâchés, tandis que les policiers chargent de nouveau. Ensuite, des éléments de la BAC arrivent en renfort pour bloquer les possibilités de repli, des policiers en civil empêchant les manifestants de partir vers les rues adjacentes. Cinq autres personnes sont alors interpellées. (Source, Courant Alternatif, juin 2007, d’après un communiqué de Sud Etudiants Montpellier)

Travailler pour peau de balle

Le 14 juin, 1e Syndicat national des officiers de police (SN0P) organisait une journée nationale de protestation pour non-règlement des heures supplémentaires. Un millier d’adhérents du SNOP devait manifester alors que leurs collègues de Synergie-Officiers, proches de Sarkozy s’y refusaient. Il semblerait que plus de six millions d’heures sup’ seraient dues depuis 1998 mais l’administration de tutelle ne voudrait payer que 60% de cette dette à des fonctionnaires toujours pleins de zèle, et mal payés de retour. (Source, Le Monde, 15 juin 2007)

Bordeaux : deux décès suspects

Dans la nuit du 15 au 16 juin, un homme de 58 ans était interpellé pour ivresse sur la voie publique. Placé en cellule de dégrisement au commissariat central de Bordeaux, il ne tardait pas à décéder. De source policière, le décès pourrait provenir d’une hémorragie due à un choc à l’arrière du crâne -l’homme ayant pu chuter avant son interpellation. Le 13 juin, déjà, un Marocain s’était pendu au centre de rétention de Bordeaux. (Sources, France Inter, 17 juin et 20 Minutes, 18 juin 2007)

Courants d’air mortels …

Décidément, le saut sans élastique se pratique de plus en plus depuis les fenêtres de nos commissariats de police. Le 14 juin, vers 19 heures, un indépendantiste corse, gardé à vue dans les locaux de la police judiciaire antiterroriste, à Paris, saute du 3ème étage, par une fenêtre laissée ouverte. L’ IGN a été saisie de deux enquêtes pour déterminer les causes du dysfonctionnement ou de la faute policière ayant permis cette tentative de suicide ou de fuite. De son côté, Martine Monteil, patronne de la PJ, balaie d’emblée toute faute policière, invoquant la grande chaleur régnant dans les bureaux. L’homme hospitalisé à La Pitié, est grièvement blessé. Le 19 juin, dans la matinée, un homme se jette du 4ème étage du commissariat central de Lyon, au cours d’un interrogatoire. Il va mourir dans les heures suivantes. Une fois de plus, il semble que les fenêtres soient trop souvent ouvertes par inadvertance dans les locaux de police. Il convient de rappeler, qu’en 2002, l’homme qui avait assassiné plusieurs conseillers municipaux de Nanterre (92) avait profité d’un moment d’inattention des policiers qui l’interrogeaient pour sauter par un vasistas. (Source, Libération,16 juin et France 2, 19 juin 2007)

Alerte aux gaz

Le 20 juin, à Paris, des sans papiers, qui refusent de se laisser interpeller par la police, sont copieusement arrosés de gaz lacrymogènes -les membres de leur comité de soutien en profitant également. (Source, Canal +, 21 juin 2007)

Culture musicale

Durant la Fête de la musique, à Paris, la police est loin d’avoir été inactive. Suite à ses interventions, souvent musclées, une centaine de personne interpellées étaient placées en garde à vue. (Source, France 2, 22 juin 2007)

Opération nocturne

Dans la soirée du 20 juin, à Mainvilliers (Eure et Loire) des policiers s’invitent dans l’appartement d’une famille originaire de Centre-Afrique. Ils embarquent une grand mère qui prenait son bain, voulant même la sortir nue de l’appartement. Cette dame, âgée de 68 ans, affirme même s’être « retrouvée en slip durant sa garde à vue, et sans médicaments ». Ce que la préfecture d’Eure et Loire a formellement démenti. Cette personne vivait depuis quatre ans au domicile de sa fille, qui est de nationalité française. Peu importe, il y a des quotas à respecter. La vieille dame est donc conduite au commissariat central de Chartres, puis à l’aéroport de Roissy, où les policiers l’informent qu’un avion l’attend pour la conduire à Banguy. La fille de cette personne, sans doute considérée comme dangereuse pour la sécurité du pays, réussit à alerter des voisins et des amis, tandis que la victime refuse de monter à bord de l’avion. Le mauvais coup est donc évité et, dans la matinée du 22 juin, le tribunal de Bobigny ordonne la remise en liberté de la grand mère, qui sera néanmoins jugée en septembre pour s’être opposée à son expulsion. (Sources, France Inter, France Info, 22 juin et 20 Minutes, 25 juin 2007)

Policier chauffard !

C’est la sinistre affaire de ce début d’été. Le 23 juin, à Marseille, dans le quartier Saint-Joseph, un véhicule de police, qui circule à vive allure, et apparemment sans signalisation particulière, ni sirène, ni gyrophare, grille un feu rouge et renverse un garçon de 14 ans, qui traverse la chaussée sur un passage piéton, tenant un vélo à la main. Grièvement blessé, le gamin va décéder le lendemain. Le conducteur est un policier âgé de 22 ans, brigadier-adjoint stagiaire. La vitesse de son véhicule est telle que l’adolescent est projeté à plusieurs dizaines de mètres, selon les témoins présents.
Ce même jour, un officier de gendarmerie est tué par des malfaiteurs à Saint-Andéol le Chateau (Rhône). Sans perdre une minute, la ministre de l’Intérieur tient à exprimer sa vive émotion, immédiatement suivie dans la démarche compassionnelle par le premier ministre et le ministre des Armées. Les mêmes ne trouvant pas un mot pour stigmatiser le comportement du policier chauffard de Marseille. Le 24 juin la ministre de l’Intérieur, interrogée, explique que si les faits étaient avérés, les policiers fautifs seraient sanctionnés -tout en ajoutant qu’elle ne manquera jamais de réagir si un policier ou un gendarme étaient injustement accusés.

Lorsqu’un policier se comporte en chauffard assassin parce qu’on lui a appris à l’école de police qu’il avait pratiquement tous les droits, ses méfaits « malheureux » sont qualifiés comme « homicide involontaire avec circonstance aggravante », mais rapidement remis en liberté , sous contrô1e judiciaire, contre 1’avis du parquet.

Finalement, dans la soirée du 25 juin, la ministre Alliot-Marie rencontrera la famille de la victime, pour lui exprimer son émotion, et l’assurer que des sanctions seraient prises contre le coupable -si les faits étaient avérés. (Toujours cette obsession de la présomption d’innocence pour le policier)

Moralité : les policiers ont pris l’habitude de rouler en terrain conquis, les pékins étant dans l’obligation de veiller à leur propre sécurité. Autre réflexion : lors de son arrivée au gouvernement, la ministre de la Justice, Rachida Dati a promis une justice rapide et mesurée. I1 n’en reste pas moins que le nom du policier responsable de la mort d’un adolescent n’a pas été livré à la presse. En principe, ce fidèle serviteur de la loi risque sept ans de prison, qu’en sera-t-il. I1 convient de rester attentifs aux suites données à cette affaire, dans la mesure où les autorités policières ont considéré ce décès comme un « horrible accident de la circulation ». (Sources, l’ensemble de la presse et des stations de radio et de TV, à l’exception de Libération qui, honteusement, n’a consacré que deux brèves, les 25 et 26 juin 2007, à cet exploit de la police)

Course poursuite

Le 24 juin,dans le 9ème arrondissement de Paris, après être intervenus dans un différend conjugal, une équipe de policiers s’est livré à une course poursuite dans les rues de Paris contre un « individu » qui finira par percuter des rambardes de sécurité avant de s’encastrer dans un poteau. Selon la police, l’homme serait sorti de son véhicule avec une arme automatique à la main. Ce qui a conduit un fonctionnaire à ouvrir le feu deux reprises, sans toucher sa cible, un troisième policier faisant usage de son pistolet Taser pour le neutraliser. Saurons-nous la suite ? (Source, Métro, 25 juin 2007)

Encore un décès suspect

Le 17 juin dans le XXème arrondissement de Paris, un jeune homme, âgé de 25 ans, décède en présence de policiers. En fait, il meurt dans le fourgon des policiers qui le conduisaient au commissariat de l’arrondissement, selon la famille. Vers 4 heures du matin, la police avait été appelée pour un différend entre cet homme d’origine africaine et sa compagne. Pour les policiers, l’homme était en état de démence, dans la rue, avant qu’il ne soit victime d’un arrêt cardiaque. Bien évidemment, la famille souhaite connaître les circonstances exactes du décès. De son côté, la préfecture de police indique que l’IGS avait été saisie, ce même jour, de la mort d’un jeune homme prénommé Lamine. A suivre. (Source, Le Monde, 26 juin 2007)

Bonne nouvelle

Suite au décès de Nelson, cet adolescent renversé par une voiture de police, le 23 juin à Marseille, la ministre de l’Intérieur nous a annoncé sa volonté de créer rapidement un cycle de formation à la conduite pour les jeunes policiers sortis de l’école. (Source, 20 Minutes, 27 juin 2007)

Justice musicale

Le 26 juin, l’avocat général de la cour de cassation a demandé la cassation de la relaxe prononcée en faveur du groupe de rappeurs La Rumeur. (Source, 20 Minutes, 27 juin 2007)

Témoin « capital »

Il fallait s’y attende. Dans l’affaire du garçon de 14 ans, percuté par un véhicule de police, le 23 juin, à Marseille, le bon témoin aurait été trouvé. Au cours de leur enquête, les autorités policières de Marseille ont enregistré un témoignage qualifié de « capital ». Une riveraine aurait certifié que le véhicule de police serait passé au feu vert, avec son gyrophare allumé. Témoignage discordant avec ceux des premiers témoins interrogés par les chaînes de TV. (Source, 20 Minutes, 27 juin 2007)


Correspondance

N’oubliez pas de continuer à nous faire parvenir les coupures de presse des journaux régionaux, qui ne peuvent « qu’enrichir » l’information indispensable sur les dérives policières. Chaque bavure ou mauvaise manière des fonctionnaires de la République doit être connues de tous.

Notre adresse postale n’a pas changé : Observatoire des libertés publiques,7/9 Passage Dagorno,75020 Paris.

Légitime défense

Le fait est assez rare pour ne pas être relevé. Lors de la tentative de reconduite à Bamako d’un sans papier, le 26 mai, les policiers de l’escorte avaient lourdement tabassé cet homme, qui n’acceptait pas son expulsion. Clé au cou et brutalités diverses avaient pour objet de le convaincre. Finalement, le Malien, qui est débarqué de l’avion en très mauvais état, se retrouve, le 29 mai, devant le tribunal de Bobigny, sous les inculpations « d’opposition à une mesure d’éloignement », ainsi que de « refus d’embarquement » et de « coups et blessures à policier. » Au cours de la bastonnade, un policier avait été mordu au bras. A la surprise générale, la présidente du tribunal a critiqué la « contrainte, manifestement excessive exercée par les policiers » sur leur victime. A propos de la morsure, la magistrale a même évoqué la « légitime défense ». (Source, Libération, 30 juin 2007)

Pas trop coupable

Il faut en être convaincu, le véhicule de police qui a renversé et tué le jeune Nelson, le 23 juin, à Marseille, n’était pas aussi coupable que de méchantes langues ont pu le prétendre. Il roulait à 70 km/h (au lieu des 50 km/h autorisés), et son gyrophare était actionné, affirment les autorités policières. En revanche, les témoins n’ont pu affirmer que la sirène avait prévenu. De plus, une autre incertitude demeures : la voiture est-elle passée au rouge ou au vert ? Ces précisions ont été données, en toute délicatesse, à la veille des obsèques de Nelson. Par ailleurs, nul n’a encore affirmé que le garçon traversait la chaussée hors du passage protégé. Bientôt, l’adolescent de 14 ans, mort suite à l’impatience d’un policier nerveux, sera peut-être considéré comme victime de son imprudence. (D’après Métro, 2 juillet et Le Monde, 3 juillet 2007)

Gendarmes néo-nazis

Dans la nuit du 10 au 11 décembre 2005, une famille d’origine marocaine est agressée par ce qui paraît être une bande de voyous, à Fache-Thumesnil (Nord), près de Lille. En fait, il s’agit d’une véritable ratonnade, avec coups et insultes racistes. La voiture de la famille est endommagée et une vieille dame est lourdement frappée. Le 2 juillet 2007, après dix-huit mois d’enquête, six personnes des deux sexes sont arrêtées pour avoir participé à cette agression. Parmi elles, deux jeunes gendarmes qui paraissent être les principaux instigateurs de l’opération. A leur domicile, les enquêteurs vont trouver des insignes et des drapeaux nazis, ainsi que des documents idéologiques d’extrême droite, et des photos où les braves défenseurs de l’ordre public posent en faisant le salut nazi. Ce n’étaient que des gendarmes volontaires, explique-t-on en haut lieu, mais on n’entre pas en gendarmerie comme dans un moulin, même s’il s’agit d’emplois jeunes… (Sources principales, 20 Minutes, Métro et images de France 2 et France 3, 3 juillet 2007)

Qui ment ? Qui dit vrai ?

Le 22 juin, un avocat pénaliste, dont les policiers affirment qu’il défend surtout de mauvaises causes, est criblé de balles par deux hommes casqués qui l’attendaient à la sortie de son cabinet, et s’enfuient sur un scooter. L’avocat va réchapper cette véritable tentative d’exécution, que la police attribue des truands. Depuis son lit d’hôpital, l’avocat accuse et n’y va pas par quatre chemins : « 5% des flics sont des voyous ! » Il ajoute, pour être plus précis : « Pour certains flics, en particulier une frange de la Brigade de répression du banditisme (BRB) j’étais l’homme à abattre. C’est facile, pour eux, d’instrumentaliser des jeunes qui défilent dans leurs locaux, on demande un service un indic. Cela ne coûte pas un sou à l’Etat, et la hiérarchie policière n’est même pas informée. » Tout aussi grave. Avant l’agression dont il a été victime, l’avocat dénonçait une tentative d’infiltration de son cabinet par la police. Le 5 juillet, il affirme : « Le 4 juin, j’ai été informé que l’une de mes secrétaires renseignait un service de police. J’ai informé le bâtonnier et licencié la secrétaire. Je suis persuadé que l’attentat contre moi est lié à cette infiltration. » Pour ne rien laisser au hasard, l’avocat, qui se prénomme Karim, estime qu’un certain racisme se serait exprimé dans l’acharnement policier à son égard, car il est fils de Kabyle. Une certitude : si cet avocat défendait des truands – ce qui est son strict droit – il n’est pas seul à avoir cette clientèle. Reste à démontrer s’il était complice de ses clients. Il semble que les services de police s’y appliquent. (Source, Le Monde, 7 juillet 2007)

Esprit de corps

Karim, l’avocat parisien ayant osé dire qu’il y avait au moins 5% de voyous dans la police, le syndicat SGP-FO est monté en première ligne, et annonce avoir saisi l’administration pour « exiger qu’elle porte plainte pour diffamation à l’encontre de nos collègues de la brigade de répression du banditisme. » Pour le SGP-FO, s’aventurer à évoquer ces policiers qui franchissent la ligne jaune n’est rien d’autre qu’une « affirmation délirante ». Peut-être pas … (Libération, 7 juillet 2007)

La police fait peur !

Dans la nuit du 7 au 8 juillet, près de Calais, une jeune femme d’origine Erythréenne est renversée par un véhicule, sur l’autoroute A 16. La victime se trouvait parmi un groupe de migrants qui, à la vue des CRS se sont enfuis en courant. Ce n’est pas la première fois que la peur de la police provoque de tels drames se terminant par la mort de personnes dont le seul crime est d’être démunies de papiers. (D’après 20 Minutes, 9 juillet 2007)

Etrangers clandestins

Le 3 juillet, à Viry-Chatillon (91) une vingtaine de policiers expulsent 68 travailleurs sans papiers qui campent depuis le 8 juin devant l’un des restaurants Buffalo-Grill qui les employait. Dans une rue proche, une compagnie de CRS veillait… On ne sait jamais. Sollicité pour obtenir leur régularisation, Brice Hortefeux, entre autres ministre de l’Identité nationale (et patron de la police aux frontières) a joliment répondu qu’ il était « le ministre des immigrés en situation légale ». (Source Matin Plus, 4 juillet 2007)

Surprise

Selon un rapport sur la révolte des banlieues de novembre 2005, publié le 3 juillet par l’Institut national des hautes études de la sécurité, les forces de l’ordre auraient été « surprises », d’où leur temps de réaction « souvent long ». L’auteur du rapport regrette « la mise en sommeil de la police de proximité » Ah bon. (Source, 20 Minutes, 4 juillet 2007)

Toujours la proximité

Depuis l’été 2002, évoquer la police proximité équivalait à un gros mot, pour Nicolas Sarkozy. Michèle Alliot-Marie, ministre de l’Intérieur n’a pas dû comprendre la leçon puisque le 3 juillet, à Montfermeil (93), elle s’est prononcée pour une « police localisée ». Ce qui n’est guère différent mais le mot honni n’a pas été prononcé. (Source, Métro, 4 juillet 2007)

Une mort « naturelle »

Décidément, il doit être impérativement démontré, à chaque dérapage, que les policiers ne peuvent pas être coupables. C’est le cas après la mort de Lamine, le 17 juin, dans un fourgon de police, dans le quartier de Belleville, à Paris. Selon les conclusions de l’IGS, datées du 9 juillet, le décès serait dû à une crise cardiaque. Avec cette affirmation :  »Aucun élément n’a été recueilli à ce jour pouvant mettre en cause la responsabilité des fonctionnaires. » De plus, pour les enquêteurs, « l’intéressé est décédé d’une mort naturelle ». Pour mieux charger la barque,il est également rappelé que Lamine « Ã©tait défavorablement connu des services de police. » Rengaine habituelle permettant de reléguer au second plan la possible bavure. Comme il est difficile, malgré tout, d’expliquer le décès d’une personne « agitée », les policiers révèlent que dans la chambre d’hôtel de la victime ils ont découvert -après coup- de la cocaïne, du cannabis et de l’alcool. Les huit policiers, qui se sont appliqués à « maîtriser » Lamine ont été : « contraints de maîtriser la personne… l’entravant aux bras avec des menottes, et aux jambes avec une ceinture de contention ». A la suite de cette intervention de fonctionnaires, qui affirment, « avoir appliqué des gestes de maîtrise sur un individu en état de crise et développant une grande puissance physique ». Ensuite, Lamine a été retrouvé mort. C’était sûrement de la faute à pas de chance car « l’autopsie n’a pas fait apparaître de traces de coups ». L’avocat de la famille, qui a porté plainte, avec constitution de partie civile, dès le 22 juin, rappelle que de nombreuses zones d’ombre subsistent : « Comment un garçon de 25 ans, en parfaite santé, a-t-il pu mourir d’une crise cardiaque… Pourquoi la famille n’a-t-elle été prévenue que 48 heures après les faits ?  » Bien entendu, la police ne manquera pas de répondre à ce questionnement ! (D’après Le Monde, 11 juillet 2007)

On ferme

A l’aube du 10 juillet, à Paris, les policiers évacuent une vingtaine de SDF des abris précaires qu’ils occupent sur le quai de Valmy, près du canal Saint-Martin. Selon la préfecture de police, l’opération se serait déroulée sans incidents. (Source, 20 Minutes, 11 juillet 2007)

Carnet de notes

Les CRS ne sont pas contents. Depuis quelques mois, en effet, une grille d’évaluation de leur activité est testée en Seine Saint-Denis. L’UNSA-Police, majoritaire chez les CRS s’estime »insultée par ce flicage de notre boulot. » Il s’agit d’un système à points, qui devrait peu à peu s’étendre à toutes les unités de police. Ainsi, l’arrestation de l’auteur d’un vol avec violence vaut 20 points, de même un feu de poubelle ou des violences exercées contre un policier. En revanche, l’interpellation d’un immigré clandestin, ou fumer du shit, ne vaudrait que 4 points. Très mécontent, le secrétaire national de l’UNSA-Police, pour les CRS, fulmine : « maintenant, avec cette grille d’évaluation, non seulement il faut faire du chiffre mais, en plus, il faut choisir les infractions qui font le plus de points. Noter des délits revient à changer le Code pénal. Il vaut mieux intervenir sur un feu de poubelle, mais laisser trois voitures griller un feu rouge. Un policier blessé vaut autant qu’un feu de poubelle… » (Source, Libération, 11 juillet 2007)

Absolue nécessité ?

C’est déjà une vieille histoire de meurtre dans laquelle des gendarmes du Gard étaient impliqués. Dans la nuit du 1er au 2 mars 2003, un gendarme avait fait feu sur Mourad qui, en compagnie de deux de ses amis s’étaient livrés à une tentative-de cambriolage. Cette nuit-là, quatre gendarmes avaient pris en chasse la voiture où se trouvaient les trois garçons. Deux gendarmes ouvrent le feu : dix-sept balles sont tirées et Mourad, 17 ans, est tué d’une balle dans la tête. Au fil des années et au travers des versions contradictoires, un gendarme est finalement mis en examen pour « complicité de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner », le 10 juillet 2007. Deux gendarmes adjoints seront également poursuivis pour faux témoignage. Le chef de patrouille, qui avait pourtant ordonné de tirer, ne sera pas inquiété « pour des raisons de procédure » – un comble. Bien sûr, les gendarmes bénéficient, depuis 1903, du droit d’ouvrir le feu après sommation, sauf que la jurisprudence précise que les militaires ne peuvent tirer qu’en cas « d’absolue nécessité. » (Source, Le Midi Libre, 11 juillet 2007)

Nouvelle version

Lamine, décédé dans un fourgon de police, à l’aube du 17 juin, ne serait plus mort d’une crise cardiaque mais « très vraisemblablement d’une overdose », a annoncé le procureur de la République de Paris, le 10 juillet. (Source, Libération, 11 juillet 2007)

Règlement de compte

Le 12 juillet, à Malakoff (92), vers 12 heures, un gendarme mobile du fort de Vanves, tue un adjudant, puis ses propres enfants avant de ses suicider. On apprend très vite que les deux hommes étaient en mauvais terme, et que le gendarme flingueur faisait l’objet d’un suivi psychiatrique. On lui avait d’ailleurs retiré son arme de service, ce qui signifiait que le gendarme disposait d’une arme personnelle cachée à sa hiérarchie. (Source, FR 3, France 2, 13 juillet 2007)

Acharnement ordinaire

Résumé des chapitres précédents. Poussé par les syndicats de policiers, le ministre de l’Intérieur, Sarkozy, avait déposé plainte pour diffamation envers la police contre le groupe de rap « La Rumeur ». C’était en 2002. Les rappeurs avaient été relaxés, une première fois, en 2004, puis une deuxième fois, en juin 2006, après un recours en appel de Nicolas Sarkozy. Battu, mais pas content, le futur président de la République s’était aussitôt pourvu en cassation, suivi dans sa démarche par le président de la Chambre criminelle de la cour de cassation qui remet au cause l’interprétation de la loi de 1881 qui avait permis la relaxe des rapeurs. Pour ce digne magistrat, dont l’arrêt a été dévoilé le 11 juillet 2007, l’article de Hamé, leader du groupe « La Rumeur », rappelant les nombreux morts suite aux interventions policières, « constitue une diffamation envers une administration publique ne pouvant être justifiée par le caractère outrancier du propos, l’imputation faite aux forces de police… en toute impunité des centaines de meurtres de jeunes de banlieue. » En 2002, lors de la sortie d’un album, au cours de la campagne présidentielle, en plein délire sécuritaire, Hamé avait publié un texte qui rappelait explicitement : « Les rapports du ministère de l’Intérieur ne feront jamais état des centaines de nos frères abattus par les forces de police, sans qu’aucun des assassins ait été inquiété. La justice pour les jeunes assassinés par la police disparaît sous le slogan médiatique… » Il convient de noter, souligne l’avocat du groupe « La Rumeur », que Hamé n’a jamais écrit que la police avait tué des centaines de jeunes de banlieue mais fait référence à une longue histoire, entre autres méfaits, la répression des Algériens, à Paris, le 17 octobre 1961. Par ailleurs, l’avocat rappelle : « Devenu président, Sarkozy aurait dû demander au parquet de renoncer à son pourvoi. Pendant la campagne électorale, n’a-t-il pas dit qu’il préférait un excès de caricature à une absence de caricature, à propos des dessins de Mahomet ? » La leçon est claire, il est possible de caricaturer Mahomet, mais surtout pas les forces de police. Toujours est-il que si Hamé est de nouveau jugé – et peut-être condamné, cette fois cette décision pourrait être encore contestée devant la cour de cassation. Si besoin, il sera encore possible de faire un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme. A suivre, bien entendu. (D’après Le Monde, 13 juillet 2007)

Les gendarmes de Malakoff (suite)

Le 13 juillet, à peine connue la mort de l’adjudant de gendarmerie du fort de Vanves, à Malakoff, tué par un de ses subordonnés, Nicolas Sarkozy, Michèle Alliot-Marie et Hervé Morin, se précipitaient sur les lieux pour témoigner leur émotion. Pourtant, rapidement, au-delà du fait brut, on apprenait qu’à l’origine de la tuerie, il y aurait eu « un conflit d’ordre individuel » et, déjà, « la piste sentimentale n’était pas exclue » – explication plus ou moins ambigüe. Révélation précédant une information plus précise : le gendarme aurait trucidé son supérieur, et ses propres enfants, avant de se suicider car il ne supportait plus le harcèlement sexuel dont il faisait l’objet de la part de l’adjudant… (Source, France Info, 14 juillet 2007)

Abus de pouvoir !

Deux personnes, qui assistaient à la reconstitution d’un meurtre, avaient voulu s’emparer du matériel d’un journaliste photographe. Le lendemain, 10 juillet, le journaliste s’était rendu au commissariat de Pantin, pour porter plainte. A son grand étonnement, les policiers le plaçaient en garde à vue pour « recel de violation du secret de l’instruction ». Le journaliste a porté plainte contre X devant le tribunal de Bobigny (93) pour « détention arbitraire et violation des droits de la garde à vue ». Question : et si les deux « personnes » n’étaient autre que des policiers en civil ? (D’après Le Monde, 16 juillet 2007)

Taser-France a frappé

Les spécialistes de l’armement policier n’avaient pas manqué d’affirmer, lors de l’apparition du Taser, il y a trois ans, que c’était une arme non-létale. Certains, plus prudents, expliquaient que c’était une arme peu létale. Qui pouvait affirmer qu’un malade du cœur ne risquait pas après un choc électrique de succomber à une crise cardiaque, après avoir été frappé par ce gadget moderne ?

Nous savons de source certaine, que des dizaines d’américains étaient décédés après avoir été victimes de cette arme utilisée par de policiers US. Pour avoir repris cette information, qui n’est même pas un secret de polichinelle, Olivier Besancenot, porte-parole de la LCR, est poursuivi en justice par les « humanistes » de la société qui commercialisent le Taser en France. Il est convoqué le 17 septembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation. (D’après Libération, 20 juillet 2007)

Air-Police

Depuis octobre 2006, la police de l’air et des frontières (PAF) qui dépend des services de Brice Hortefeux -également ministre de l’Identité nationale- a été dotée d’un avion privé pour assurer l’expulsion des sans papiers. Comme les reconduites prises en charge par Air-France commencent à susciter nombre de résistances et de critiques, exprimées entre autres par les syndicats, le ministère de l’Intérieur envisage même de se doter d’un second appareil, d’une capacité de 19 places. Par ailleurs, il est confirmé que la PAF loue des charters avec équipage pour les « Ã©loignements », et réquisitionne même, à l’occasion, des avions bombardiers d’eau reconvertis en appareils de transport de 69 places. (D’après Le Monde, 19 juillet 2007)

La ruée sauvage à la Goutte d’Or

Pas raciste notre police. Pas davantage sexiste. Surtout lorsque les petites casquettes opèrent dans le quartier de la Goutte d’Or, à Paris. Ce qui s’est passé le 17 juillet, dans ces rues où la police ne cesse de provoquer les Noirs et les Maghrébins relève de ces mauvais procédés dont elle est coutumière. En pleine rue, une Camerounaise, vendeuse de légumes à la sauvette, est interpellée, frappée, puis placée en garde à vue. Cette dame, titulaire d’une carte de séjour de dix ans, est enceinte de huit mois. Ce qui n’empêche pas un policier de lui envoyer un coup de poing en plein visage, avant que ses collègues ne la frappent dans le fourgon. Heureusement, comme de plus en plus fréquemment, un témoin a pu filmer cette ruée sauvage. La victime raconte : « Ils m’ont jeté dans la voiture. Je me suis retrouvée allongée à l’arrière. Le policier est monté sur mon dos et il me tabassait. I1 me donnait des coups sur la tête… » Un témoin confirme : « J’ai vu un flic, à l’arrière de la voiture, qui semblait assis sur quelqu’un, allongé, et qui lui tapait dessus ! » De son côté, le mari de cette dame, qui tentait de s’interposer, se faisait arroser de gaz lacrymogène, son fils profitant de cette générosité. Comme si cela ne suffisait pas, les policiers s’en prennent à une cliente de la marchande, qui avait osé protester. Pour prix de son impertinence, cette femme, également enceinte, reçoit un violent coup de matraque qui justifie son évacuation par les pompiers. Pendant ce temps, la marchande à la sauvette, menottée, est conduite au commissariat de la Goutte d’Or, où les policiers tardent à la présenter à un médecin. Finalement, le délit initial – vente de légume illégale – est oublié mais on reproche à cette femme maltraitée un « outrage à dépositaire de la force publique ». A l’hôpital où elle est finalement conduite, les médecins délivrent un certificat de « constatation de lésions », avec des « cervicalgies aigües ». Après vingt-quatre heures de garde à vue, cette victime ordinaire de la police républicaine est remise en liberté, le parquet l’informant qu’il ne « donnait pas suite » à la procédure. Ce qui signifie clairement que les policiers de cette brigade sauvage ont été désavoués. En un temps où le gouvernement veut paraître honorable, il ne semble pourtant pas que sa police veuille le suivre dans cette voie. Il est vrai qu’en matière d’ouverture, l’institution policière a encore tout à apprendre. (D’après Libération, 23 juillet 2007)

Paris : les chauffards à l’Å“uvre

Il n’y a pas qu’à Marseille que des policiers au volant se conduisent comme des cow-boys. Le 17 juillet, dans le 10 ème arrondissement de Paris, près de la place de la République, un véhicule banalisé de la police, qui roulait « très vite », selon un témoin, heurte une voiture à l’intersection de deux rues. La sirène n’ayant été actionnée qu’à la dernière minute. Au milieu du fracas des véhicules enchevêtrés, une habitante du quartier est percutée par une troisième voiture prise à son tour dans l’accident. Le crâne ouvert, la victime, âgée d’une cinquantaine d’années, est hospitalisée, dans un état grave, à l’hôpital de La Pitié-Salpétrière. De source officielle, il est précisé que la mission des deux adjoints de sécurité n’avait pas le moindre caractère d’urgence. De façon plus ambigüe, le secrétaire national du syndicat Alliance de la police nationale explique que : « Discerner le risque que peut engendrer l’intervention de police de l’intervention elle-même est ce que doivent analyser nos collègues en quelques secondes. » En fait, ces deux policiers devaient simplement  »livrer des piles usagées dans un centre de recyclage » (Source, Aujourd’hui, 18 juillet 2007)

Feu à volonté à la gare du Nord

Décidément, la gare du Nord, à Paris, commence à ressembler à un lieu de défoulement de nos forces de l’ordre. Dans la soirée du 27 juillet, des policiers du Service régional des transports procèdent à un contrôle d’identité sur un « individu au comportement bizarre. » Il s’agit d’un Algérien, âgé de 40 ans, assis sur une marche. Selon les premières explications de la police, l’homme « aurait » sorti un pistolet d’alarme à grenailles, et « aurait » tiré à deux reprises vers les quatre policiers, dont une femme qui commandait la patrouille. Ceux-ci, après une première sommation, riposte et tirent à six reprises, dans les pieds et dans la poitrine de l’homme, qui décédera à son arrivée à l’hôpital. Parmi les témoins, une jeune femme a bien vu le pistolet, brandit par l’homme mais affirme que la victime n’a pas tiré. Au fil des heures, les informations évoluent. Tout d’abord, il n’est plus question d’avoir vu « l’individu » tirer. Ensuite, celui-ci n’aurait fait que sortir son pistolet d’alarme, qui s’avérera ne pas contenir de projectiles. Il n’empêche, il y a eu tir immédiat de la femme policière. Et puis, on ne parle plus de sommation, avant d’affirmer qu’il y a eu deux sommations. On apprend ensuite que si l’homme n’est pas connu des services de police, il a néanmoins des antécédents psychiatriques. La seule question que l’on évite de poser est très simple : pourquoi les policiers de service dans les gares et les échangeurs du RER s’obstinent-ils à prendre pour cible privilégiée des « individus » au teint coloré. De source judiciaire, le parquet privilégie la thèse de la légitime défense. Bien évidemment, l’IGS enquête… (Sources, France Inter, France-Info, images de France 2 et France 3, 28 juillet, Le Monde et Libération, 30 juillet 2007)

Gros menteurs

Le 6 mai, à Bordeaux, lors d’une manifestation antisarkozy, un jeune homme était interpellé par des policiers qui l’accusaient d’avoir jeté des bouteilles de bière dans leur direction. Le 30 juillet, lors du procès en correctionnelle, les images alors tournées par France 3 ont prouvé que cet homme était innocent de l’accusation dont il était l’objet. D’où sa relaxe. Les policiers seront-ils poursuivis pour faux témoignage ? (Source, Le Monde, 1er août 2007)

L’Europe des polices

Dès 2008, les polices européennes pourront accéder à l’ensemble des fichiers ADN, empreintes digitales et immatriculations des véhicules des vingt-sept Etats de l’Union. Pour Martine Roure, vice-présidente du parlement européen et membre de la Commission des libertés publiques, il convient de s’inquiéter de cette Europe policière. Cette même parlementaire souligne que le récent élargissement du traité de Prün a été préparé « en dehors de tout processus démocratique ». Par ailleurs, les parlements nationaux n’ont pas été associés aux dernières décisions. D’où ce commentaire : « Je pense qu’une société fliquée n’est pas une bonne société ! » (Source, Libération, 1er août 2007)

A Lille : chasse aux sans papiers

A l’aube du 1er août, sous le prétexte d’un contrôle d’identité, deux compagnies de CRS évacuent 150 sans papiers qui occupent la Bourse du travail de Lille, depuis le 25 juillet. Une centaine d’entre eux sont immédiatement placés en garde à vue et, parmi eux, 56 grévistes de la faim dont certains jeûnent depuis près d’un mois. Pour la préfecture du Nord, cette intervention était justifiée par « l’examen administratif de ces sans papiers. Le 2 août, 27 sans papiers sont placés en centre de rétention. Le 3 août, 86 autres se retrouvent en garde à vue et une douzaines de leurs camarades sont hospitalisés. Face à cette répression, le CSP 59 (Comité de soutien aux sans papiers du Nord) annonce qu’il poursuit sa mobilisation, dénonçant une « rafle » et une « prise d’otages ». De son côté, le préfet du Nord, qui veut « calmer les esprits », n’exclu pas de porter plainte contre le CSP 59, après les propos tenus à son égard par les sans papiers. Pourtant, le 6 août, 64 personnes sont libérées, par décision du juge des libertés. Seuls, 12 sans papiers voient se prolonger la prolongation de leur séjour en centre de rétention. I1 est apparu que les décisions du préfet ne manquaient pas d’irrégularités : manque de coups de tampons, dépositions non relues et garde à vue signalées tardivement à la justice. Bien sûr, le préfet du Nord continue à marteler que, « toutes les personnes en situation irrégulière ont vocation à retourner dans leur pays. » I1 n’en reste pas moins que ce fonctionnaire d’autorité s’est montré trop pressé -sans doute pour respecter les quotas qui lui sont imposés par le ministère de l’Intérieur. Pendant ce temps, le 6 août, une cinquantaine de sans papiers poursuivaient leur grève de la faim, six d’entre eux étant toujours hospitalisés. (Sources, Le Monde, 3, 4 et 7 août et Libération, 2 et 7 août 2007)

Vu à la télé

Dans sa série « Le mieux disant culturel », TF 1 nous a présenté l’incontournable Ripoux 3. 0euvre de fiction, bien évidemment. I1 ne faut jamais croire ce que racontent les journaux, et moins encore une chaîne de télévision amie du clan Sarkozy. Rien ne nous a été épargné sur cette TV. Outre les cucuteries comme Julie Lescaut, Navarro, Femme d’honneur, la série des Ripoux nous revient chaque été, de façon lancinante. Sont mis en évidence : la traque, les trocs, les trucs, qui ne sont pas à la gloire des auteurs de ce navet fédérateur. I1 y a effectivement outrage contre l’institution policière qui ne devrait pas manquer de porter plainte contre les programmateurs de TF 1, coupables de véhiculer des images parfaitement diffamatoires. (Source, TF 1, 5 août 2007)

Police secours ?

Le 6 juillet, vers 19 heures, à Saint-Denis (93), un jeune homme est fauché par un autobus. Une de ses jambes est en charpie. Curieusement, cet homme, Guadeloupéen âgé de 27 ans, avait fait signe au chauffeur de bus de s’arrêter, mais il avait été percuté et traîné sur plusieurs mètres. Les passants le croient mort. Un ami parvient à lui faire deux garrots à la jambe, avant que des policiers arrivent. Ceux-ci ne cherchent même pas à porter secours au blessé. La victime témoigne : « Les policiers se mettent en rond autour de moi. Ils avaient des flash-ball, ils contrôlaient les gens qui étaient là. Mais ils ne m’ont pas porté secours ! » Selon son ami, les pompiers n’arriveront sur place qu’au bout de 40 minutes. Ensuite, alors que les policiers se présentent rapidement à l’hôpital pour vérifier l’alcoolémie de la victime, ils ne viendront l’entendre qu’une semaine plus tard. Pourtant, ce garçon, prénommé Frédéric, a téléphoné à deux reprises au commissariat. Pour toute réponse, il lui était répondu que la brigade routière ne travaillait pas le week-end. Comme il a le mauvais goût d’insister, un représentant de l’ordre se déplace, trois jours plus tard et là, en présence de sa femmes, d’un ami et d’un infirmier, lui dit tranquillement qu’il ne peut pas prendre sa déposition, avant de conclure : « Rétablissez-vous bien et allez vous faire enculer ! » Furieux, un ami de Frédéric se précipite au commissariat pour savoir qui pouvait se permettre de parler de cette façon à un blessé. Pas de réponse. Au départ, les policiers avaient refusé d’enregistrer la plainte de Frédéric, tandis qu’un autre l’insultait. Comme l’enquête tarde à démarrer, l’avocat de la victime écrit au parquet de Bobigny, ce qui va provoquer l’ouverture d’une enquête préliminaire. L’avocat s’indigne : « Le parquet n’était même pas informé. La police avait fait barrage. On est dans le 93. 0n dirait un monde à part. On mise sur le fatalisme de la population. On espère que les gens ne diront rien. » Toujours hospitalisé, dix jours après les faits, Frédéric doit assumer seul les frais médicaux, tandis que la RATP n’avait toujours pas pris contact avec lui. (Source, Libération, 7 août 2007)

Une « mule » bien chargée

Le 26 juillet, à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), un CRS est mis en examen pour infraction à la législation sur les stupéfiants. Le 1er août, ce policier dealer, sur le corps duquel ses collègues de la PAF avaient trouvé des enveloppes scotchées contenant deux kilos de cocaïne, était écroué. Ce policier, bien considéré par sa hiérarchie, travaillait ordinairement à la CRS 1 basée à Vélizy Villacoublay dans une compagnie chargée de la protection des personnalités. Le 3 août, les autorités policières croyaient utile de démentir que cet excellent CRS avait été affecté à la protection rapprochée de Nicolas Sarkozy, lorsque celui-ci était ministre de l’Intérieur. Même si ce CRS, décrit comme « discret et jovial », avait été précédemment condamné pour des délits routiers (?), il semblait bénéficier d’une bonne réputation. Finalement, ce brave CRS, qui servait de « mule » (transporteur) à des trafiquants, encourt une peine de dix ans de prison, d’une amende de 7,5 millions d’euros et, c’est bien le moins, il sera « peut-être » révoqué de la police par décision administrative. (Source, Le Monde, 6 août 2007)

La peur de la police

Cela s’est passé à Amiens, le 9 août, le jour même où le ministre Brice Hortefeux estimait nécessaire de démentir avoir accéléré la chasse aux sans papiers en profitant de la période des vacances. Dans la matinée, des sans papiers Russo-Tchetchènes cherchent à échapper à un contrôle de police. Selon des témoins, les fonctionnaires lancent l’injonction bien connue : « Ouvrez, police, en ajoutant, « sinon on enfonce la porte ! » Pris de panique, le père et le fils tentent de fuir par le balcon des voisins, et le garçon, âgé de 12 ans, tombe du 4 ème étage et s’écrase au sol. Il est conduit à l’hôpital dans un état comateux. Pour le procureur, il y a certainement circonstance atténuante puisqu’il répète aux micros tendus par les journalistes : « Il n’y a pas eu de contact entre les policiers et ces personnes. »
Comme si la peur de la police n’existait pas. Au sommet de l’Etat, pourtant, on s’inquiète et Nicolas Sarkozy, comme Francois Fillon, et Brice Hortefeux -entre autre ministre de l’Identité nationale- demandent à l’IGPN d’enquêter mais n’ont pas eu un mot de compassion pour les parents. (Sources, France 2, FR 3 et Libération, 9 et 10 août 2007)

Activisme policier

A Paris, le Réseau Education sans frontières (RESF) s’est inquiété, dès le 6 août des nombreuses arrestations, mises en garde à vue et placements en centres de rétention de plusieurs parents d’élèves de plusieurs écoles maternelles et primaires des quartiers de Belleville, Ourcq et Bessière. Le 9 août, lors d’un rassemblement sur la place de l’Hôtel de ville, une porte parole de RESF annonçait le placement en centre de rétention de quatorze parents, et précisait :  » Certains ont été arrêtés en sortant du travail. Les interpellations ont lieu dehors, partout, la préfecture a visiblement choisi de passer à la vitesse supérieure. Ils profitent évidemment de l’été… » Le 8 août, selon une militante de RESF, la police a effectué des contrôles d’identité dans les chambres de bonne d’un immeuble du XVIème arrondissement. (Source, Libération, 10 août 2007)

La PAF ne chôme pas !

Durant le mois d’août, les policiers de la PAF ont été à la tâche. La Cimade dénonce des contrôles massifs et systématiques dans certains lieux, avec des méthodes rappelant les « rafles ».
A Orly, le 2 août et à Roissy, le 3 août, suite à des arrestations sans douceur, deux Algériens ont été victimes, lors de leur embarquement, et loin de tout regard extérieur « d’actes de violence particulièrement choquants, et démesurés par des agents de la police de l’air et des frontières ». Ces deux hommes portaient « des ecchymoses un peu partout ». Il est vrai que ces deux Algériens ne devaient pas faire partie de cette immigration choisie définie par le président de la République. (Source, Libération, 10 août 2007)

La chasse est ouverte !

Le 9 juillet, Brice Hortefeux contestait l’accélération des procédures d’expulsion. Une circulaire datée du 11 juillet, révélée le 10 août dément cette affirmation. Dans ce document, il est recommandé à la police d’effectuer des vérifications au domicile des sans papiers, et de « solliciter le procureur de la République afin d’obtenir la coercition », en cas de « non-défèrement » des personnes convoquées. Pour RESF, cette circulaire est « terrible, on y voit noir sur blanc une mécanique finir de se mettre en place… » (Source, Libération, 11 août 2007)

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