quefaitlapolicelogo Archive(s) pour la catégorie 'Observatoire des Libertés Publiques'

quefaitlapolicelogo Vichy-pirate : le retour !

jeudi 30 janvier 1997

L’attentat à la bombe, perpétré le 3 décembre 1996 à la station Port-Royal du RER, à Paris, a fait sortir les CRS, les gendarmes mobiles et les parachutistes de leurs cantonnements. Le soir même, en effet, le plan Vigipirate était rétabli. Depuis, les citoyens de ce pays qui ont le tort d’avoir la peau un peu trop colorée sont de nouveau sous le regard de policiers peut-être plus attentifs à les contrôler qu’à la recherche d’un éventuel paquet suspect. Comment oublier les communiqués triomphants – il y a un an – nous expliquant que les réseaux terroristes avaient été démantelés ? À quoi peut donc servir cette police, si nombreuse – si pugnace souvent –, si elle est incapable d’assurer la sécurité des hommes et des femmes de ce pays ? Depuis le 3 décembre, la chasse aux terroristes a été déclarée ouverte.

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quefaitlapolicelogo Petits boulots !

lundi 30 décembre 1996

Les policiers ne sont pas contents. La hiérarchie désire réformer leurs horaires de travail. C’est du temps de la gauche que nos gardiens de la paix avaient obtenu un cycle dit des 3-2. En clair, trois jours de travail, suivis de deux jours de repos. Ce qui permettait, paraît-il, une meilleure récupération des efforts consentis. Il semble pourtant que ce système était également mis à profit, par de nombreux policiers, pour se livrer plus facilement à ce travail au noir tellement combattu car vecteur supplémentaire du chômage. Dans certaines cités, en effet, lorsqu’on a besoin d’un peintre, d’un plombier d’occasion, ou d’un ami pour exécuter un petit boulot, le policier, mari de la concierge, est presque toujours disponible. N’oublions pas davantage ceux des policiers qui rendent service en jouant les vigiles de complément pour des sociétés privées.

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quefaitlapolicelogo La police pour quoi faire ?

samedi 30 novembre 1996

Combien de fois avons-nous entendu évoquer l’ardente et doublement prioritaire mission des policiers : la protection des personnes et des biens. Qu’en est-il exactement pourraient demander les naïfs, peu au fait du comportement ordinaire des forces de l’ordre ? Pour caricaturer, on peut se risquer à dire rapidement que la police s’applique surtout à protéger les personnes qui ont du bien ! Ce qui ne correspond pas à un emploi du temps trop rempli et laisse des loisirs pour les activités de harcèlement, avec pour principales victimes les sans-papiers, les jeunes (chevelus de préférence) et diverses catégories d’exclus comme les SDF. Pour que l’ordre règne, il est devenu nécessaire de contrôler tous ceux qui ne correspondent pas à un modèle obligé, dont la vue ne peut que choquer dans un périmètre délimité.

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quefaitlapolicelogo La réalité peut dépasser la fiction !

mercredi 30 octobre 1996

Après avoir vu des gendarmes mobiles et des CRS défoncer à la hache les portes de l’église Saint-Bernard, nous savons désormais que, dans un avenir proche, les forces de l’ordre n’hésiteront pas davantage, le cas échéant, à s’attaquer aux portes des locaux syndicaux ou des partis politiques. À ce stade, il ne s’agit que d’échelons à franchir dans l’escalade répressive. Lorsque de telles interventions paraissent naturelles à des hommes chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens – mission de base de la police –, il y a de quoi être inquiet.

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quefaitlapolicelogo Ils ont osé !

lundi 30 septembre 1996

Un Premier ministre droit dans ses bottes, un ministre de l’Intérieur haineux, un préfet de police prêt à toutes les missions, et trois cents CRS au service de la purification ethnique. C’était la démocratie en marche, la France républicaine oublieuse des droits de l’homme. Le 12 août 1996, à l’heure du laitier, les dix grévistes de la faim de l’église Saint-Bernard étaient raptés, tels des criminels, par une horde en uniforme. S’attaquant à des sans-papiers affaiblis par quarante jours de jeûne – à trente CRS par homme allongé –, nos forces de l’ordre se sont couvertes de gloire.

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quefaitlapolicelogo La matraque et le goupillon

mardi 30 juillet 1996

Décidément, les vieilles traditions se perdent un peu plus chaque jour. La police ne respecte plus le droit d’asile dans les églises – pas plus que certains prêtres, d’ailleurs. « L’évacuation » brutale des trois cents Africains réfugiés dans l’église Saint-Ambroise, à l’aube du 22 mars 1996, suite à l’appel de « détresse » du cardinal Jean-Marie Lustiger, ne constituait qu’un premier test de la possible collaboration active entre la police et l’Église. Le 7 juin, dans Bayonne mis en état de siège par les CRS, dix « exilés politiques » basques sont interpellés dans la cathédrale d’où ils sortent, menottes dans le dos. Tranquillement, l’évêque de Bayonne regrette « l’occupation de l’église-mère pour un motif loin d’être religieux » et, benoîtement, condamne « toute violence d’où qu’elle vienne ». Dans l’un et l’autre cas, l’expulsion de l’église peut précéder l’expulsion du territoire français. Dans le même temps, comme il ne faut rien laisser au hasard, les forces de l’ordre s’appliquent à matraquer les militants solidaires des minorités opprimées.

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quefaitlapolicelogo Au secours !

jeudi 30 mai 1996

Nous y sommes presque. La police va bientôt être en mesure de pourrir tous les instants de notre vie. Bien entendu, comme à l’ordinaire, depuis l’adoption des lois Pasqua, les immigrés sont prioritairement concernés, mais les autres n’ont qu’à bien se tenir. Avec les nouvelles dispositions proposées par la Commission d’enquête parlementaire, les policiers pourront monter la garde devant les écoles pour vérifier la bonne origine des enfants, s’activer aux guichets des hôpitaux afin de traquer les « bougnoules » sans papiers qui auraient le culot de demander des soins, d’enquêter chez les bons Français assez inconscients pour héberger un étranger passant quelques jours de vacances au pays de la liberté. Certes, ces parlementaires dont on s’étonne qu’ils n’ont pas encore adhéré au Front national, n’évoquent pas directement le rôle promis à la police dans ces grandes manœuvres.

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quefaitlapolicelogo La moyenne des Français

mardi 30 avril 1996

La vague de suicides qui traverse la police depuis le début de l’année ne préoccupe guère le minis-tre de l’Intérieur. À deux reprises en effet, ces dernières semaines, Jean-Louis Debré nous a expliqué que les policiers ne se suicidaient pas plus que la moyenne des Français. Cette sentence n’est pas nouvelle. À chaque méfait d’un policier, c’est le même refrain qui nous est servi. Il n’y a pas plus de délinquants dans la police que parmi la moyenne des Français (la moyenne des Français n’est pas armée). Il n’y a pas plus de racistes dans les commissariats que dans le bistrot du coin, etc. Cela signifie qu’il convient de s’habituer au comportement policier. Si l’homme – ou la femme – chargé de veiller à l’ordre public sort de la normalité, c’est que le citoyen ne se trouve pas davantage sur le bon rail.

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quefaitlapolicelogo Permis de chasse

samedi 30 mars 1996

Même lorsque ses policiers se conduisent en délinquants, ou en tueurs ordinaires, la société qui les a sécrétés ne les considère pas comme de véritables coupables. La requalification du crime de l’inspecteur Pascal Compain, qui aurait « tué sans intention de donner la mort » un garçon de dix-sept ans, est finalement dans l’ordre des choses. Tout au long d’un procès qui avait pour finalité de juger un assassin, la volonté était nette de faire apparaître ce policier comme un bon vivant, un être sensible qui ne buvait pas, ne tenait pas de propos racistes, n’était pas violent.

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quefaitlapolicelogo Une idée fixe

dimanche 25 février 1996

Jean-Louis Debré est tenace. En juin 1995, il envisageait de prendre un décret portant sur les fonctions et obligations des gardiens, employés dans les grands ensembles HLM. Interrogés par la presse, un certain nombre de gardiens et concierges avaient rejeté les tentations du ministre de lérieur de les transformer en auxiliaires de la police. Plus insidieusement, il était également envisagé de favoriser l’accès aux emplois de gardiennage aux épouses des policiers (se reporter à Que fait la police ? n° 13, septembre 1995). N’ayant réussi qu’à faire sourire, l’hôte de la place Beauvau vient de rédiger un autre projet de décret tendant à imposer la présence de vigiles dans les agglomérations de plus de 25000 habitants, ainsi que pour les groupes d’immeubles importants ou aux alentours des parkings de plus de cent places. Le manque de réalisme ne le cède ici qu’à l’absence de calcul des conséquences financières car il deviendrait nécessaire d’embaucher des milliers de ces vigiles, qu’il faudrait bien rémunérer.

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