30 avril 1997
Il n’est nul besoin de faire appel aux techniques transgéniques pour faire se ressembler les éléments des corps répressifs qui assurent un ordre musclé dans notre République des droits de l’homme. La volonté d’être performant, alliée à l’idéologie xénophobe, le sentiment de supériorité absolue, la morgue, la brutalité fréquente sont autant de facteurs permettant à cette armée de l’ordre (120000 policiers quadrillant les villes, plus 100000 gendarmes présents dans les zones rurales) de produire des individus qui se ressemblent comme des modèles déposés. L’esprit de corps fait le reste. Rares sont ceux qui savent encore sourire ou acceptent le dialogue. Parole de policier vaut de l’or et gare à quiconque se hasarderait à contredire un képi, lequel est persuadé que « son » bon droit vaut largement l’application stricte de la loi. D’où cette faculté de servir sous tous les régimes à la recherche de mercenaires fidèles et inventifs. Peu importe la couleur du pouvoir, pourvu que l’ordre règne !
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Publié par Observatoire des Libertés Publiques
30 mars 1997
Le 30 janvier 1997, le ministre de l’Intérieur s’est plu à déclarer que, désormais, il porterait plainte systématiquement contre ceux qui se hasarderaient à critiquer la police. Curieux coup de clairon, lancé il est vrai depuis un commissariat de police. Pour Jean-Louis Debré, la police étant infaillible, il ne peut pas être procédé, de temps à autre, à un indispensable état des lieux. Plus grave encore, une telle proclamation risque de donner libre cours aux bas instincts de quelques fonctionnaires rarement habitués à connaître les nuances.
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25 février 1997
Le 9 janvier 1997 est un jour à marquer d’une pierre noire. De quoi s’agit-il ? Peu de chose en fait, pour certains ; d’une opération tout à fait inacceptable si l’on y regarde de plus près. Dès l’aube, trois cent cinquante légionnaires du 3e R.E.I. ont été introduits dans le métro parisien, en treillis de combat, béret vert et fusil d’assaut à la hanche. Comme si la police et la gendarmerie mobile – accompagnée de parachutistes – ne suffisait plus. Dans le cadre de l’opération Vigipirate, ces hommes ont été affectés, pour deux semaines, à la sécurité des Parisiens, dans le RER, les gares et le métro de la capitale. Ce groupe de militaires était de retour d’opérations récentes au Gabon et en Centrafrique. Naïvement, nous étions persuadés que la Légion n’était utilisée que dans les conflits postcoloniaux. À moins que les Français soient désormais considérés comme des « bougnoules » qu’il convient de surveiller avec la plus grande attention.
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30 janvier 1997
L’attentat à la bombe, perpétré le 3 décembre 1996 à la station Port-Royal du RER, à Paris, a fait sortir les CRS, les gendarmes mobiles et les parachutistes de leurs cantonnements. Le soir même, en effet, le plan Vigipirate était rétabli. Depuis, les citoyens de ce pays qui ont le tort d’avoir la peau un peu trop colorée sont de nouveau sous le regard de policiers peut-être plus attentifs à les contrôler qu’à la recherche d’un éventuel paquet suspect. Comment oublier les communiqués triomphants – il y a un an – nous expliquant que les réseaux terroristes avaient été démantelés ? À quoi peut donc servir cette police, si nombreuse – si pugnace souvent –, si elle est incapable d’assurer la sécurité des hommes et des femmes de ce pays ? Depuis le 3 décembre, la chasse aux terroristes a été déclarée ouverte.
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30 décembre 1996
Les policiers ne sont pas contents. La hiérarchie désire réformer leurs horaires de travail. C’est du temps de la gauche que nos gardiens de la paix avaient obtenu un cycle dit des 3-2. En clair, trois jours de travail, suivis de deux jours de repos. Ce qui permettait, paraît-il, une meilleure récupération des efforts consentis. Il semble pourtant que ce système était également mis à profit, par de nombreux policiers, pour se livrer plus facilement à ce travail au noir tellement combattu car vecteur supplémentaire du chômage. Dans certaines cités, en effet, lorsqu’on a besoin d’un peintre, d’un plombier d’occasion, ou d’un ami pour exécuter un petit boulot, le policier, mari de la concierge, est presque toujours disponible. N’oublions pas davantage ceux des policiers qui rendent service en jouant les vigiles de complément pour des sociétés privées.
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30 novembre 1996
Combien de fois avons-nous entendu évoquer l’ardente et doublement prioritaire mission des policiers : la protection des personnes et des biens. Qu’en est-il exactement pourraient demander les naïfs, peu au fait du comportement ordinaire des forces de l’ordre ? Pour caricaturer, on peut se risquer à dire rapidement que la police s’applique surtout à protéger les personnes qui ont du bien ! Ce qui ne correspond pas à un emploi du temps trop rempli et laisse des loisirs pour les activités de harcèlement, avec pour principales victimes les sans-papiers, les jeunes (chevelus de préférence) et diverses catégories d’exclus comme les SDF. Pour que l’ordre règne, il est devenu nécessaire de contrôler tous ceux qui ne correspondent pas à un modèle obligé, dont la vue ne peut que choquer dans un périmètre délimité.
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30 octobre 1996
Après avoir vu des gendarmes mobiles et des CRS défoncer à la hache les portes de l’église Saint-Bernard, nous savons désormais que, dans un avenir proche, les forces de l’ordre n’hésiteront pas davantage, le cas échéant, à s’attaquer aux portes des locaux syndicaux ou des partis politiques. À ce stade, il ne s’agit que d’échelons à franchir dans l’escalade répressive. Lorsque de telles interventions paraissent naturelles à des hommes chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens – mission de base de la police –, il y a de quoi être inquiet.
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30 septembre 1996
Un Premier ministre droit dans ses bottes, un ministre de l’Intérieur haineux, un préfet de police prêt à toutes les missions, et trois cents CRS au service de la purification ethnique. C’était la démocratie en marche, la France républicaine oublieuse des droits de l’homme. Le 12 août 1996, à l’heure du laitier, les dix grévistes de la faim de l’église Saint-Bernard étaient raptés, tels des criminels, par une horde en uniforme. S’attaquant à des sans-papiers affaiblis par quarante jours de jeûne – à trente CRS par homme allongé –, nos forces de l’ordre se sont couvertes de gloire.
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30 juillet 1996
Décidément, les vieilles traditions se perdent un peu plus chaque jour. La police ne respecte plus le droit d’asile dans les églises – pas plus que certains prêtres, d’ailleurs. « L’évacuation » brutale des trois cents Africains réfugiés dans l’église Saint-Ambroise, à l’aube du 22 mars 1996, suite à l’appel de « détresse » du cardinal Jean-Marie Lustiger, ne constituait qu’un premier test de la possible collaboration active entre la police et l’Église. Le 7 juin, dans Bayonne mis en état de siège par les CRS, dix « exilés politiques » basques sont interpellés dans la cathédrale d’où ils sortent, menottes dans le dos. Tranquillement, l’évêque de Bayonne regrette « l’occupation de l’église-mère pour un motif loin d’être religieux » et, benoîtement, condamne « toute violence d’où qu’elle vienne ». Dans l’un et l’autre cas, l’expulsion de l’église peut précéder l’expulsion du territoire français. Dans le même temps, comme il ne faut rien laisser au hasard, les forces de l’ordre s’appliquent à matraquer les militants solidaires des minorités opprimées.
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30 mai 1996
Nous y sommes presque. La police va bientôt être en mesure de pourrir tous les instants de notre vie. Bien entendu, comme à l’ordinaire, depuis l’adoption des lois Pasqua, les immigrés sont prioritairement concernés, mais les autres n’ont qu’à bien se tenir. Avec les nouvelles dispositions proposées par la Commission d’enquête parlementaire, les policiers pourront monter la garde devant les écoles pour vérifier la bonne origine des enfants, s’activer aux guichets des hôpitaux afin de traquer les « bougnoules » sans papiers qui auraient le culot de demander des soins, d’enquêter chez les bons Français assez inconscients pour héberger un étranger passant quelques jours de vacances au pays de la liberté. Certes, ces parlementaires dont on s’étonne qu’ils n’ont pas encore adhéré au Front national, n’évoquent pas directement le rôle promis à la police dans ces grandes manœuvres.
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Publié par Observatoire des Libertés Publiques